Abou Obeida al-Maghribi
Mohamed Amine Boutahar, dit Abou Obeida al-Maghribi, né le à Rabat et mort à l'été 2014 en Syrie, est un djihadiste marocain et néerlandais, chef de l'Amniyat, les services de renseignement de l'État islamique.
Abou Obeida al-Maghribi | |
Surnom | Mohamed Amine Boutahar |
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Naissance | Rabat (Maroc) |
Décès | Syrie |
Origine | Marocain, NĂ©erlandais |
Allégeance | Majlis Choura al-Moudjahidin (2013) État islamique (2013-2014) |
Commandement | Amniyat Ă Alep |
Conflits | Guerre civile syrienne |
Faits d'armes | Bataille d'Alep |
Biographie
Né le à Rabat, au Maroc, Mohamed Amine Boutahar vient d'une famille pieuse mais modérée[1]. Son père est consul du Maroc à Bois-le-Duc, aux Pays-Bas[1]. Il s'inscrit dans plusieurs écoles françaises d'Allemagne et des Pays-Bas mais ne valide aucun cursus[1]. Après avoir ambitionné de devenir imam, il est embauché au consulat d'Utrecht, où travaillait son père[1]. Il épouse une psychologue pour enfant et devient père de plusieurs enfants[1]. Il parle l'arabe, l'anglais, l'allemand et le français[2].
Après le début de la guerre civile syrienne, Mohamed Amine Boutahar participe pendant six mois à des entraînements paramilitaires avec des aspirants djihadistes dans la forêt d'Utrecht[1]. Le , il quitte les Pays-Bas et sa famille pour se rendre en Syrie[1]. Il rejoint le Majlis Choura al-Moudjahidin, dirigé par Abou al-Athir, et prend le nom d'Abou Obeida al-Maghribi[1]. Il épouse une Syrienne, mais sa première femme le rejoint ensuite en Syrie avec ses enfants[1]. Il tente par la suite de les faire rentrer aux Pays-Bas, mais sa première épouse refuse de repartir[1]. Il reste également en contact avec sa mère qui vit à Rabat[1].
En mars 2013, le groupe d'Abou al-Athir rallie l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL)[3]. Abou Obeida al-Maghribi devient l'« émir des Amniyyin », le chef régional des espions de l'EIIL[2]. Il dirige le centre de détention de l'EIIL, situé dans les sous-sols de l'hôpital ophtalmologique d'Alep, où sont détenus des prisonniers syriens et des otages occidentaux[2]. Il a notamment sous ses ordres de nombreux francophones, dont Salim Benghalem, Mehdi Nemmouche et Najim Laachraoui, ainsi que « Jihadi John » et un groupe de Britanniques surnommé les « Beatles » par les otages occidentaux[2] - [4]. Selon le témoignage de l'otage français Édouard Élias, Abou Obeida al-Maghribi est « particulièrement intelligent par rapport aux autres », toujours « très calme, jamais agressif »[2]. Pour Nicolas Hénin, il est « obsédé par les détails »[2]. Abou Obeida al-Maghribi dirige les interrogatoires des détenus et la torture est massivement employée[2].
Le , l'hôpital ophtalmologique est abandonné par les djihadistes et pris par les rebelles[5]. Les forces de l'EIIL se replient alors sur Raqqa[5].
Au début de l'année 2014, une purge est menée par Abou Lôqman à l'intérieur de l'Amniyat[1]. Abou Obeida al-Maghribi est arrêté et est accusé d'espionnage pour le compte du MI6, les services secrets britanniques[1]. Il est condamné à mort et exécuté au printemps ou à l'été 2014 dans la cour d'une prison syrienne surnommée « Guantánamo », face à un rassemblement d'Amniyyin[1]. Condamné à la décapitation, il se débat et est finalement tué d'une balle dans la tête[1]. Son corps est jeté dans un puits[1].
La réalité des accusations menées contre Abou Obeida al-Maghribi n'est pas éclaircie[1]. Le journaliste Matthieu Suc déclare pour sa part : « Durant deux ans, j'ai interrogé une dizaine d'officiers de renseignement, de magistrats et d'ex-otages, sur ce qu'ils savaient de la taupe Abou Obeida. Tous (sauf un) tiennent pour acquis qu'il était un espion à la solde des Anglais. Sans pouvoir préciser son rôle. Sans pouvoir dire s'il était infiltré de longue date par le MI6 ou s'il a livré des informations sur la fin pour acheter son exfiltration de Syrie »[1].
Références
Bibliographie
- Matthieu Suc, Les espions de la Terreur, HarperCollins, , 490 p. (ISBN 979-1033902652). .