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Ablation par radiofréquence


L’ablation par radiofrĂ©quence est une technique mĂ©dicale utilisĂ©e en cardiologie pour le traitement de certains troubles du rythme cardiaque ou dans d'autres spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales pour rĂ©aliser l'ablation de nĂ©oplasies. En cardiologie, elle consiste Ă  Ă©liminer les foyers de dĂ©polarisation ectopiques ou les voies de conduction non souhaitĂ©es par une brĂ»lure superficielle, produite par un cathĂ©ter chauffant au contact de la zone.


Ablation d'une tumeur

Matériel

Outre celui d'une exploration électrophysiologique (baie d'électrophysiologie, sondes et scopie), l'ablation nécessite un générateur de radiofréquence, ainsi qu'une sonde dédiée connectée à ce dernier. Le générateur ressemble à une petite boßte de la taille d'une unité centrale de PC (mini tour) et comporte plusieurs indicateurs : température en bout de sonde, puissance délivrée, impédance de la sonde et durée d'ablation.

La sonde d'ablation est un long cathĂ©ter semi rigide dont la tĂȘte, orientable, est munie d'une Ă©lectrode chauffante de mm, grĂące Ă  la radio-frĂ©quence. La sonde est plus souple qu'un petit cĂąble Ă©lectrique en cuivre sauf les derniers centimĂštres qui sont plus rigides. L’extrĂ©mitĂ© distale est recourbĂ©e de quelques cm, la rotation manuelle de la sonde permettant donc de balayer un espace. Cette courbure est rĂ©glable par une manette ce qui permet "d'appuyer" sur la surface. Les derniers modĂšles ont mĂȘme un dynamomĂštre Ă  leur extrĂ©mitĂ© permettant de visualiser qu'il y a bien une force en retour Ă  l'extrĂ©mitĂ© et qu'on est donc bien au contact.

Dans les cas plus complexes, comme lors d'une cure de fibrillation auriculaire, l'intervention peut ĂȘtre aidĂ©e par un systĂšme de cartographie tridimensionnelle permettant de visualiser en temps rĂ©el, la position des diffĂ©rentes sondes dans les cavitĂ©s cardiaques.

Dans ces cas, des sondes irriguées sont utilisées, pour minimiser le risque de coagulation du sang au contact du cathéter pendant le chauffage du tissu : le cathéter est muni de plusieurs orifices à son extrémité, juste avant l'électrode d'ablation. La perfusion de liquide par le cathéter permet ainsi de refroidir le sang autour du tissu qui doit subir l'ablation, permettant ainsi un geste plus précis et plus profond, tout en évitant la coagulation par le flux de lavage autour du cathéter.

Quant Ă  la mobilitĂ© du cƓur, Ă  l'exception des ablations de certaines tachycardies ventriculaires, les procĂ©dures se dĂ©roulent dans des segments relativement peu mobiles (oreillettes) avec un flux assez lent (il est infĂ©rieur Ă  1 m/s dans les orifices valvulaires) et cela ne pose pas de problĂšmes majeurs.

RĂ©alisation

Le patient est donc sous anesthĂ©sie locale (rĂ©gion iliaque, oĂč la sonde est insĂ©rĂ©e dans la veine fĂ©morale) et le bloc opĂ©ratoire est Ă©quipĂ© d'une scopie. La procĂ©dure dĂ©bute toujours par une exploration Ă©lectrophysiologique destinĂ©e Ă  confirmer l'identitĂ© du trouble rythmique et d'en analyser le mĂ©canisme. La zone Ă  ablater est repĂ©rĂ©e par le positionnement de la sonde d'ablation Ă  la scopie ainsi que par l'analyse du signal Ă©lectrique de cette derniĂšre et d'une ou plusieurs sondes exploratoires. La sonde d'ablation est emmenĂ©e au contact de cette zone. Son extrĂ©mitĂ© est alors chauffĂ©e par un courant de radio-frĂ©quence permettant la destruction de la zone contiguĂ«.

Indications

Certaines procédures sont relativement simples, ne nécessitant qu'un matériel minimal et un cathétérisme uniquement droit (veine fémorale) :

  • L'ablation du faisceau de His peut ĂȘtre proposĂ©e en cas de fibrillation auriculaire dont la cadence ventriculaire n'est pas suffisamment ralentie par le traitement mĂ©dicamenteux (ou en cas d'intolĂ©rance de ce dernier). Le but Ă©tant la constitution d'un bloc auriculo-ventriculaire, la procĂ©dure doit ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©e par l'implantation d'un stimulateur cardiaque dĂ©finitif (pacemaker). Ce type d'ablation peut Ă©galement ĂȘtre rĂ©alisĂ© si l'on dĂ©sire un Ă©lectroentraĂźnement ventriculaire permanent dans le cadre d'une resynchronisation cardiaque lors d'une insuffisance cardiaque.
  • Lors d'un flutter auriculaire, le circuit passe le plus souvent par l'isthme cavo-tricuspide : la rĂ©alisation d'une ligne de brĂ»lure entre la valve tricuspide et l'abouchement de la veine cave infĂ©rieure permet de couper ce circuit et d'empĂȘcher la rĂ©cidive du trouble rythmique.
  • Lors d'une maladie de Bouveret par rĂ©entrĂ©e intra nodale, il existe un dĂ©doublement de la voie de conduction intra nodale (voie rapide et voie lente), les deux participant au circuit de la tachycardie. L'ablation de la voie lente est la plus habituelle. Cette derniĂšre est cependant proche du faisceau de His avec un risque de lĂ©ser cette derniĂšre et de se compliquer par un bloc auriculo-ventriculaire.

D'autres procédures sont plus complexes, pouvant nécessiter le passage à gauche (par l'artÚre fémorale) :

  • Lors d'un syndrome de Wolff-Parkinson-White, ce dernier est caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence d'une voie de conduction auriculo-ventriculaire surnumĂ©raire, responsable d'une prĂ©excitation du ventricule et des symptĂŽmes liĂ©s Ă  des tachycardies rapides. La brĂ»lure de cette voie, aprĂšs sa localisation, permet de guĂ©rir le syndrome. Si la voie est situĂ©e entre l'oreillette gauche et le ventricule gauche, un cathĂ©tĂ©risme gauche est souvent nĂ©cessaire, soit par l'artĂšre fĂ©morale, soit par voie trans-septale (voir infra).

D'autres procĂ©dures nĂ©cessitent une exploration plus poussĂ©e pour localiser avec prĂ©cision le foyer anormal d'excitation ou le circuit d'une tachycardie. L'utilisation d'un systĂšme de cartographie tridimensionnelle est alors trĂšs utile. C'est le cas pour le traitement d'une tachysystolie auriculaire ou de certaines tachycardies ventriculaires oĂč l'ablation cible le foyer d'Ă©mergence des tachycardies.

La cure de la fibrillation auriculaire repose sur l'isolement Ă©lectrique des quatre veines pulmonaires, complĂ©tĂ© Ă©ventuellement par d'autres lignes dans l'oreillette gauche. L'accĂšs Ă  cette derniĂšre nĂ©cessite presque toujours la rĂ©alisation d'un cathĂ©tĂ©risme trans-septal : une gaine recouvrant une aiguille est positionnĂ©e dans l’oreillette droite contre le septum inter-auriculaire. Ce dernier est alors ponctionnĂ© et est traversĂ© par la gaine qui permettra d'introduire un cathĂ©ter circulaire dans les veines pulmonaires, ainsi que le cathĂ©ter d'ablation. Seuls les patients ayant un foramen ovale permĂ©able (non fermeture du trou de Botal prĂ©sent chez le fƓtus) n'auront pas besoin de subir une ponction du septum inter-auriculaire.

Une autre application est la dénervation sympathique rénale qui consiste à faire un trait circulaire de brûlure superficielle au niveau des deux artÚres rénales à l'aide d'un cathéter muni d'un générateur de radio-fréquence. Les résultats en cas d'hypertension artérielle réfractaire semblent prometteurs[1].

Incidents et accidents

La sensation de brûlure est parfois pénible et peut nécessiter l'emploi d'antalgiques majeurs.

Une complication thrombo-embolique est possible (formation d'un caillot sur le lieu de la brûlure) et est prévenue par l'administration d'héparine pendant la procédure ou la réalisation de cette derniÚre sous un traitement anticoagulant.

Le risque d'une lésion d'une structure adjacente est possible : faisceau de His avec survenue d'un bloc auriculo-ventriculaire transitoire ou définitif.

Il peut exister une rĂ©action pĂ©ricardique par brĂ»lure trop profonde. Elle est le plus souvent transitoire et sans gravitĂ©, se manifestant par une douleur de type pĂ©ricardique (inhibant la respiration) et par la visualisation d'un Ă©panchement pĂ©ricardique Ă  l'Ă©chocardiographie. De maniĂšre exceptionnelle, cet Ă©panchement peut devenir abondant et comprimer le cƓur, imposant un drainage en urgences.

Enfin, la technique d'ablation peut simplement Ă©chouer, avec rĂ©cidive du trouble rythmique Ă  court terme. Une nouvelle procĂ©dure peut alors ĂȘtre proposĂ©e.

Technique alternative : la cryo ablation

L'ablation ne se fait plus par chauffage Ă  +60 °C mais par refroidissement Ă  −70 °C grĂące Ă  un circuit interne d'azote liquide. L'avantage est son caractĂšre moins douloureux, et la rĂ©versibilitĂ© du geste Ă  faible puissance permettant de tester la zone Ă  ablater. Cette technique est surtout utilisĂ©e dans le Bouveret nodal, ou les voies de prĂ©excitation proche du faisceau de His, car si on provoque involontairement un bloc auriculo-ventriculaire celui-ci est rĂ©versible au rĂ©chauffement. L'inconvĂ©nient reste une plus grande proportion d'Ă©chec des procĂ©dures car il est plus difficile de prĂ©dire le rĂ©sultat. Par ailleurs la taille plus importante du cathĂ©ter d'ablation nĂ©cessite un introducteur veineux plus volumineux, avec une majoration des complications vasculaires liĂ©es Ă  l'abord. Cette technique est Ă©galement proposĂ©e comme alternative Ă  la radiofrĂ©quence pour l'ablation des veines pulmonaires dans la fibrillation auriculaire paroxystique. Mais elle ne permet pas de faire un geste complĂ©mentaire comme des lignes d'ablation, et elle expose Ă  une complication trĂšs inhabituelle en radiofrĂ©quence: la paralysie phrĂ©nique (nerf qui permet la mobilitĂ© du diaphragme). À ce jour, la cryoablation n'a pas montrĂ© d'avantage dĂ©cisif par rapport Ă  la radiofrĂ©quence, technique de rĂ©fĂ©rence utilisĂ©e dans tous les pays dĂ©veloppĂ©s depuis 1992.

Notes et références

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