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Abdel Basset Sarout

Abdel Basset Sarout, né en 1992 à Homs en Syrie et mort le à Reyhanlı en Turquie, est un footballeur syrien, évoluant au poste de gardien de but. En 2011, lors des manifestations du printemps arabe, il devient une figure de l'opposition syrienne à Homs, puis de 2012 à 2019 un chef rebelle de la guerre civile syrienne.

Abdel Basset Sarout
Abdel Basset Sarout
Abdel Basset Sarout à Idleb, le 18 mars 2019.

Naissance
Homs (Syrie)
Décès (à 27 ans)
Reyhanlı (Turquie)
Origine Syrien
Allégeance Armée syrienne libre
Conflits Guerre civile syrienne
Faits d'armes Siège de Homs
Offensive d'Idleb
Abdel Basset Sarout
Image illustrative de l’article Abdel Basset Sarout
Biographie
Nationalité Syrienne
Naissance
Homs (Syrie)
Décès
Reyhanlı (Turquie)
Poste Gardien de but
Parcours senior1
AnnéesClub 0M.0(B.)
?-2011 Al Karamah?? (?)
Sélections en équipe nationale2
AnnéesÉquipe 0M.0(B.)
2007-2008 Syrie -17 ans?? (?)
2009-2010 Syrie -20 ans?? (?)
1 Compétitions officielles nationales et internationales.
2 Matchs officiels (amicaux validés par la FIFA compris).

Biographie

Carrière dans le football

Abdel Basset Sarout est le gardien de but du club local d'Al-Karama et ses exploits avec la sélection syrienne des moins de 20 ans lui ont valu le titre de « deuxième meilleur gardien de but d'Asie », lorsqu'il interrompt sa carrière, à 19 ans, pour rejoindre les premières manifestations au printemps 2011[1] - [2].

Révolution syrienne

Originaire du quartier sunnite de Bayada dans la ville Homs, en mars 2011, il met sa notoriété au service des protestataires et devient une des figures les plus populaires de l'opposition syrienne[2] - [3] - [4]. Pendant le siège de Homs, il lance des slogans et des chants repris en chœur par les manifestants[3] : « Écoute sniper, voici ma nuque et voici ma tête ! », « Pourquoi s'entre-tuer, l'armée et le peuple sont frères ». Il partage parfois le podium avec Fadwa Souleimane, une actrice et poétesse alaouite ayant rallié de l'opposition[2] - [3]. Désireux de contrer la propagande du régime qui présente la contestation comme un complot sectaire, purement sunnite, les deux frondeurs plaident pour un mouvement pacifique et populaire[2]. Abdel Basset Sarout se lie également avec d'autres militants pacifistes, dont le jeune réalisateur Bassem Shehabeh[2]. Cependant Bassem Shehabeh est tué en , tandis que Fadwa Souleimane s'enfuit en France où elle meurt d'un cancer en 2017[2].

Selon de nombreuses sources, Sarout aurait embrassé la tête ensanglantée d'un jeune manifestant de 19 ans mort, tandis qu'une foule scandait au rythme d'un tambour: « Dors bien, nous allons continuer la lutte… Des mères pleurent pour les jeunes de Syrie[5] ».

Il fait rapidement parler de lui, à tel point que le média Al Jazeera le décrit comme: « l'icône la plus célèbre de la révolution syrienne[6] ».

Siège de Homs

En 2012, alors que les quartiers rebelles de Homs sont assiégés par l'armée syrienne, Abdel Basset Sarout finit par prendre les armes et prend la tête d'un groupe rebelle, la Brigade des martyrs de Bayada[2] - [3].

Son père et ses quatre frères trouvent la mort pendant le siège de Homs[7]. Son oncle, Mohe Edden Sarout, est également tué en à Homs[8]. Abdel Basset Sarout survit quant à lui à de multiples tentatives d'assassinat[2].

En 2014, après la capitulation des rebelles à Homs, Abdel Basset Sarout fait partie des personnes qui sont évacuées vers la région d'Idleb[7].

Rumeurs d'allégeance à l'État islamique

Selon Le Monde, « Traqué, désabusé, réduit à manger de l’herbe pour se nourrir, convaincu d’avoir été trahi par l’opposition et la communauté internationale, le chef de guerre adopte une rhétorique de plus en plus nihiliste et sectaire »[2]. En , quelques jours avant la capitulation rebelle à Homs, Abdel Basset Sarout enregistre une vidéo où il loue les actions du Front al-Nosra et de l'État islamique et appelle à combattre les chrétiens et les chiites[2] - [9]. Quelques mois plus tard, il apparaît dans une autre vidéo au milieu d'une assemblée, chantant un chant faisant l'apologie des attentats du 11 septembre 2001[3]. Malgré son rapprochement avec al-Nosra, Talal Derki, réalisateur du documentaire « Homs, chronique d’une révolte » et qui connait bien Sarout, estime que jamais ce dernier ne deviendra terroriste. Selon Talal Derki, Sarout est dans une « logique de revanche » : « Il n’a plus rien à perdre. Le régime a détruit la ville et tué des civils, des membres de sa famille. Comment rester normal après cela ? N’importe qui deviendrait fou. »[10]. En , le groupe armé de Sarout dément les rumeurs faisant état de son allégeance à l'État islamique[2]. Fin , un militant de l'opposition, Abou Bilal Al-Homsi, affirme que Sarout a bien rejoint l'État islamique[11] - [12]. Mais en , dans une longue interview, dos au drapeau de la révolution syrienne, Abdel Basset Sarout, dément avoir jamais prêté allégeance à l'organisation djihadiste[2] - [13] - [14]. Selon le journaliste du Monde Benjamin Barthe, « ces zigzags, qui ternissent sa réputation, laissent les observateurs perplexes. Était-ce un simple mouvement tactique, pour amadouer un mouvement alors en pleine expansion dans la région de Homs et avec lequel la Brigade des martyrs de Bayada devait cohabiter ? Un moment de confusion et de découragement ? Le marqueur d’une radicalisation sans basculement dans le djihadisme à proprement parler ? Probablement un peu des trois »[2].

Combats dans la région d'Idleb et mort

Après avoir séjourné quelque temps en Turquie, Abdel Basset Sarout rejoint le gouvernorat d'Idleb et rallie le groupe rebelle Jaych al-Ezzah[2].

Au printemps 2019, Abdel Basset Sarout combat dans les rangs du groupe rebelle Jaych al-Ezzah, alors que les troupes du régime mènent une offensive contre la poche d'Idleb[15] - [7]. Dans la nuit du 6 au , il est grièvement blessé par un obus loyaliste près du village de Tal Maleh (en), dans le nord du gouvernorat de Hama[15] - [7]. Le , il succombe à ses blessures dans l'hôpital de Reyhanlı, en Turquie[15] - [16] - [17]. Son corps est enterré le dans le village de Dana (en), dans le nord-ouest de la Syrie, en présence d'une foule de plusieurs centaines de personnes[18] - [3].

Notes et références

  1. « Abdel Basset Sarout, icône de la révolution, blessé mais vivant », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Benjamin Barthe, Abdel Basset Al-Sarout, voix des révoltés de Homs, mort au combat à 27 ans, Le Monde, 10 juin 2019.
  3. Caroline Hayek, La révolution syrienne dit adieu à son « oiseau chanteur », OLJ, 10 juin 2019.
  4. (en) « London 2012 Olympics: Syrian goalkeeper takes a stand in Homs as national side aim for Olympics », Telegraph, (consulté le )
  5. (en) « Syrian secret police defect, Arab deadline looms », reuters.com, (consulté le )
  6. (en) « Abdul Baset Al Sarout Live Blog », AlJazeera.net, (consulté le )
  7. Un footballeur devenu combattant rebelle meurt dans le nord-ouest de la Syrie, AFP, 8 juin 2019.
  8. (en) « Syria reacts to Arab League suspension - Sunday 13 November 2011 », Guardian, (consulté le )
  9. (ar) بالفيديو: عبد الباسط الساروت، هدفنا من هدف داعش والنصرة وسوف نتكاتف معهمhttp://www.annafir.com
  10. « Itinéraire d'un gardien passé à l'attaque », sur www.laliberte.ch, (consulté le )
  11. Hélène Sallon, Sarout, icône de la révolution syrienne, rejoint l’EI, Le Monde, 31 décembre 2014.
  12. Abdel Sarout : le foot, la révolution syrienne et l'EI, L'Obs, 31 décembre 2014.
  13. (en) « Syria Feature: Hope and Tragedy of an Uprising — An Interview with Abdel Basset Sarout », (consulté le )
  14. Lien vers une vidéo
  15. (en-US) xmarn, « The death of Abdul Basit al Sarout on Jun 8, due to wounds sustained in a shelling by Syrian regime on a front in Hama », sur Syrian Network for Human Rights, (consulté le )
  16. (ar) « 'Revolution Icon' Abdul Basset al-Sarout died of wounds sustained in Hama battles: commander », sur en.zamanalwsl.net (consulté le )
  17. Fehim Tastekin, The Syrian funeral that divided Turkey, Al-Monitor, 13 juin 2019.
  18. En Syrie, les funérailles du "gardien de but de la révolution", AFP, 9 juin 2019.

Liens externes

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