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Abbaye Saint-Martin de Tournai

L'abbaye Saint-Martin, située au cœur de la ville de Tournai, datait du VIIe siècle quand saint Éloi y fonda un monastère pour évangéliser la région. Alors que les invasions normandes ont mis fin provisoirement à la vie monastique, Odon de Tournai refonda le monastère à la fin du XIe siècle. Il adopta la règle de saint Benoît pour sa communauté et fut élu abbé.

Ancienne abbaye Saint-Martin de Tournai
Ancien palais abbatial (XVIIIe siècle)
Ancien palais abbatial (XVIIIe siècle)

Ordre bénédictin
Fondation VIIe siècle puis XIe siècle
Fermeture 1797
Fondateur Éloi de Noyon puis Odon de Tournai
Personnes liées Alvise (évêque d'Arras)
Localisation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
RĂ©gion Drapeau de la RĂ©gion wallonne RĂ©gion wallonne
Province Drapeau de la province de Hainaut Province de Hainaut
Commune Tournai
CoordonnĂ©es 50° 36′ 11″ nord, 3° 23′ 13″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Ancienne abbaye Saint-Martin de Tournai
GĂ©olocalisation sur la carte : Hainaut
(Voir situation sur carte : Hainaut)
Ancienne abbaye Saint-Martin de Tournai
Moine de l'Abbaye de St. Martin

L’abbaye prit alors rapidement un grand essor, en particulier grâce à son atelier de scribes et de copistes. À la fin du XIIIe siècle, une petite centaine de moines géraient un vaste domaine foncier et immobilier, avec une quarantaine de prieurés, des bois, une vingtaine de moulins et l’exercice de droit de justice en de nombreux endroits. Au début du XIVe siècle cependant, la mauvaise gestion ruina l'abbaye.

Au XVIIIe siècle, de grands travaux furent entrepris. Le meilleur architecte de l’époque, Laurent-Benoît Dewez, fit construire un grandiose palais abbatial. Mais la Révolution française dans les Pays-Bas méridionaux chassa les religieux puis supprima l'abbaye en 1797, qui fut en grande partie démolie. Le quartier abbatial fut cependant sauvegardé et abrite, depuis 1830, l’administration communale de la ville de Tournai.

Historique

Origines et fondation du monastère

Avant même l’édit de tolérance du christianisme dans l’Empire romain (313) promulgué par l’empereur Constantin, saint Piat (mort à Tournai vers 286) évangélisait la région de Tournai, alors bourg romain (Tornacum) ayant une certaine importance. Des chrétiens y sont présents dès le IVe siècle.

Une nouvelle évangélisation commence au VIIe siècle avec saint Éloi, évêque de Noyon et Tournai[1], qui, pour promouvoir l’activité missionnaire dans la région du Tournaisis, fonde un monastère à Tournai. Les invasions normandes mettent fin à la vie monastique.

Refondation du monastère par Odon de Tournai

Lorsque Odon, écolâtre de la cathédrale de Tournai et homme de grande culture se convertit à une vie spirituelle plus intense, et décide de se faire moine, l’évêque Radbod II et les autorités de la ville tentent de le garder chez eux en lui offrant, le [2], ce qui reste des bâtiments à l’abandon de l’ancien monastère Saint-Martin. En 1092, avec quelques élèves devenus disciples, Odon fonde une communauté d’abord canoniale, et bientôt monastique. Ils sont rapidement une vingtaine.

Règle monastique, essor, rayonnement de l'abbaye

Ce sont d'abord les coutumes de Cluny qui y sont suivies, telles qu'elles existent à l'abbaye d'Anchin[2]. Mais, suivant le conseil d'Alvise, abbé d’Anchin, Odon adopte, en 1095, la règle de saint Benoît pour sa communauté. L’ancien écolâtre est élu abbé et est ordonné évêque le . Sous sa direction, l’abbaye prend rapidement un grand essor, en particulier grâce à son atelier de scribes et copistes. L'abbaye compte 70 moines en 1105[2]. L’abbaye devient un centre culturel et religieux de renom, ou spiritualité et littérature religieuse ont une place prépondérante. Odon fait copier de nombreuses œuvres de l'Antiquité par 12 scribes dirigés par le moine Rodulphe[2].

Au temporel, le monastère est prospère. Une brasserie y est en activité. À la fin du XIIIe siècle une petite centaine de moines gèrent un vaste domaine foncier et immobilier, à l’aide d’une quarantaine de prieurés (dont celui de Frasnes-lez-Gosselies), des bois, une vingtaine de moulins et l’exercice de droit de justice en de nombreux endroits.

Abbaye en crise au XIVe siècle

Au début du XIVe siècle, l’abbaye passe par une crise grave. La mauvaise gestion, les dépenses fastueuses alors que la région est en pleine récession économique due à d’incessants conflits, font que l’abbaye est ruinée. C’est ce que découvre une enquête papale faite en 1332. L’abbé et plusieurs moines sont alors excommuniés. Un nouvel abbé est nommé, Gilles Le Muisit — 17e abbé de Saint-Martin — qui parvient à rétablir la situation au temporel, mais au spirituel, l’abbaye ne retrouvera jamais le même prestige.

Rebond de l'abbaye au XVIIIe siècle

Sous l’abbatiat de Robert Delezenne (XVIIIe siècle) — qui sera le dernier abbĂ© — de grands travaux sont entrepris. Une nouvelle Ă©glise abbatiale est Ă©difiĂ©e. Il est fait appel au meilleur architecte de l’époque, Laurent-BenoĂ®t Dewez, pour la construction d’un grandiose palais abbatial, ayant une façade de 130 mètres de long. Les travaux durent de 1763 Ă  1767.

Suppression de l'abbaye au XIXe siècle

La Révolution française et ses excès subséquents dans les Pays-Bas méridionaux signent l’arrêt de mort de l’abbaye Saint-Martin, comme de tant d’autres. Les religieux sont chassés le [2], puis l'abbaye est supprimée en 1797, avant d'être en grande partie démolie. Son impressionnante église sert de temple de la Raison quelque temps avant d’être démolie à son tour, vidée de ses richesses et pillée.

Le quartier abbatial, facilement transformable en résidence de luxe est cependant sauvegardé. L’administration communale de la ville de Tournai l’occupe provisoirement en 1809, et s’y installe définitivement en 1830, lorsque la Belgique devient indépendante.

XXe siècle

L'ancien palais abbatial de 1763 construit selon les plans de Dewez, devenu l'hĂ´tel de ville de Tournai en 1809, a beaucoup souffert en [2].

Personnalités de l'abbaye

Abbés

  • Odon de Tournai, abbĂ© en 1095, bien aidĂ© par l'abbĂ© Aymeric d'Anchin pour rĂ©tablir la règle de Saint-BenoĂ®t dans son monastère[3].
  • HĂ©riman de Tournai († 1147), 3e abbĂ©, de 1127 Ă  1137, fut Ă©galement chroniqueur des dĂ©buts de l'abbaye.
  • Gilles Le Muisit (1272-1353), 17e abbĂ©, poète et historien.
  • Jacques Muevin (1296-1339), abbĂ© et chroniqueur.
  • Dom Mathieu FiĂ©vet (XIVe siècle), abbĂ©, professeur de droit canon Ă  Paris et Ă©crivain.
  • Jules de MĂ©dicis, futur ClĂ©ment VII, est abbĂ© de 1519 Ă  1523, Ă  l'Ă©poque de la commende[2].
  • Jacques De Maquais, abbĂ© de 1583 Ă  1604, auteur de travaux ascĂ©tiques et thĂ©ologiques.
  • Robert Delezenne, dernier abbĂ©.

Moines

Patrimoine

  • Le palais abbatial est aujourd’hui l'hĂ´tel de ville de Tournai. C'est un chef-d’œuvre exemplaire du classicisme de la Renaissance (XVIIIe siècle). Son fronton triangulaire de pierre blanche porte encore les armoiries du dernier abbĂ© de Saint-Martin, Robert Delezenne. IncendiĂ© et fort endommagĂ© par les bombardements allemands durant la Seconde Guerre mondiale (), il a Ă©tĂ© restaurĂ©, meublĂ© et dĂ©corĂ© tel qu’il Ă©tait au XVIIIe siècle.
  • Un portail monumental, datĂ© 1722, permet l'entrĂ©e dans la cour d'honneur du palais abbatial.
  • Le cloĂ®tre gothique, dont il ne reste qu’un cĂ´tĂ©, fut Ă©difiĂ© vers 1500[2].
  • Une crypte romane du XIIe siècle, rectangulaire, Ă  deux nefs, subsiste sous le palais abbatial. Les caves y sont de robustes celliers romans voĂ»tĂ©s[2].
  • L'ancienne grange aux dĂ®mes, Ă©levĂ©e en 1663, a Ă©tĂ© convertie en cinĂ©ma[5].
  • Un certain nombre de manuscrits et livres enluminĂ©s de la bibliothèque de l’abbaye se trouvent au musĂ©e d’histoire et d’archĂ©ologie de la ville de Tournai.

Notes et références

  1. Les deux diocèses de Noyon et Tournai ont été réunis en un seul par saint Médard en 545, avec siège à Noyon
  2. Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de publicité, S.A, éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 109.
  3. Eugène Alexis Escallier, l'Abbaye d'Anchin 1079-1792, L. Lefort, Lille, 1852, chap.III, p.42-43.
  4. Eugène Alexis Escallier, L'Abbaye d'Anchin 1079-1792, Lille, 1852, L. Lefort, chap.VII, p.116.
  5. Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, 1973, p. 57.

Articles connexes

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