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AĂ©rostat Giffard

L’aérostat Giffard est le premier ballon dirigeable à hélice et gouvernail, expérimenté par Henri Giffard le de Paris à Élancourt (Seine-et-Oise, aujourd'hui Yvelines)[Note 1], parcourant 28 kilomètres[1].

AĂ©rostat Giffard
Image illustrative de l’article Aérostat Giffard
L'aérostat Giffard en 1852, lors du vol de démonstration entre Paris et Élancourt[Note 1].

Constructeur Henri Giffard
Équipage 1
Premier vol
Structure
Type dirigeable souple
Motorisation
Moteur(s) chaudière Ă  vapeur de 3 ch
Dimensions
Longueur 44 m
Diamètre 12 m
Volume ~ 2 500 m3
Masses et capacité d'emport
Masse Ă  vide 1 340 kg
Masse maximum 1 800 kg
Performances
Vitesse de croisière 9 km/h
Altitude de croisière 1 800 m

Historique

Sous les auspices d'Eugène Godard, Henri Giffard s'intéresse à la navigation aérienne et effectue plusieurs ascensions à l'hippodrome de l'Étoile de Paris[2] - [3]. Dépourvu de fortune, il se lie d'amitié avec deux élèves de l'École centrale, David et Sciama, et tous les trois envisagent la réalisation d'un navire aérien à vapeur[4]. En , il dépose une demande de brevet : Application de la vapeur à la navigation aérienne[5], dans lequel il décrit son moteur à vapeur et les caractéristiques de son aérostat. Le brevet est déposé sous le no 12 226[6]. L'aérostat est construit sur ses plans par Eugène Godard[7].

Le vendredi Ă  17 h 15, Henri Giffard dĂ©colle de l'enceinte de l'hippodrome, place de l’Étoile (actuelle place Charles-de-Gaulle). TerminĂ© par deux pointes et pour un diamètre maximal de 12 mètres au milieu avec une longueur de 44 mètres, cet aĂ©rostat contient environ 2 500 m3 de gaz d'Ă©clairage. Il est enveloppĂ© d'un filet rĂ©uni Ă  une sĂ©rie de cordes, fixĂ©es Ă  une traverse horizontale en bois de 20 mètres de longueur, portant Ă  son extrĂ©mitĂ© une voile triangulaire faisant office de gouvernail. En dessous, Ă  6 mètres de la traverse est fixĂ©e la chaudière Ă  vapeur, Ă  foyer renversĂ©, Ă  laquelle est reliĂ©e une hĂ©lice Ă  trois pales de 3,40 m de diamètre, qui tourne Ă  110 tours par minute. Le combustible employĂ© est du coke de bonne qualitĂ©[4].

La force ascensionnelle de l’engin est d'environ 1 800 kilogrammes et rĂ©partie ainsi :

Descriptifkg
AĂ©rostat avec la soupape320
Filet150
Traverse, corde de suspension, gouvernail, corde d'amarrage300
Machine et chaudière150
Eau et charbon dans la machine à vapeur au décollage60
Châssis, brancard, roues, bâches à eau et à charbon420
Corde traînante en cas d'accident80
Eau et charbon248
Poids du pilote80
Force ascensionnelle10
Animation de la machine à vapeur du dirigeable d'Henri Giffard, d'après la gravure de L. G. (très probablement L. Guiguet).

Émile de Girardin a salué dans La Presse du l'exploit de « ce Fulton de la navigation aérienne » : « Hier vendredi, , un homme est parti imperturbablement assis sur le tender d'une machine à vapeur, enlevée par un ballon ayant la forme d'une immense baleine, navire aérien pourvu d'un mât servant de quille, et d'une voile tenant lieu de gouvernail […] C'est un jeune ingénieur qu'aucun sacrifice, aucun mécompte, aucun péril n'ont pu décourager ni détourner de cette entreprise audacieuse, où il n'avait pour appuis que deux jeunes ingénieurs de ses amis, MM. David et Sciama, anciens élèves de l'École centrale. Il est parti de l'Hippodrome. C'était un beau et dramatique spectacle que celui de ce soldat de l'idée, affrontant, avec l'intrépidité que l'invention communique à l'inventeur, le péril, peut-être la mort, car, à l'heure où j'écris ces lignes, j'ignore encore si la descente a pu s'opérer sans accident, et comment elle a pu s'opérer. »[8].

Ă€ la suite de l'article d'Émile de Girardin et dans le mĂŞme exemplaire de La Presse, Henri Giffard a Ă©crit ses observations : « Pour le second point, celui de la direction, les rĂ©sultats obtenus ont Ă©tĂ© ceux-ci : dans un air parfaitement calme, la vitesse de transport en tous sens est de 2 Ă  3 mètres par seconde : cette vitesse est Ă©videmment augmentĂ©e ou diminuĂ©e, par rapport aux objets fixes, de toute la vitesse du vent, s'il y en a, et suivant qu'on marche avec ou contre […] dans tous les cas, l'appareil a la facultĂ© de dĂ©vier plus ou moins de la ligne du vent, et de former avec celle-ci un angle qui dĂ©pend de la vitesse de ce dernier. […] Je suis parti seul de l'Hippodrome le 24, Ă  5 heures et quart. Le vent soufflait avec une assez grande violence. Je n'ai pas songĂ© un seul instant Ă  lutter directement contre le vent ; la force de la machine ne me l'eĂ»t pas permis […] mais j'ai opĂ©rĂ© avec le plus grand succès diverses manĹ“uvres de mouvement circulaire et de dĂ©viation latĂ©rale. L'action du gouvernail se faisait parfaitement sentir, et Ă  peine avais-je tirĂ© lĂ©gèrement une de ses deux cordes de manĹ“uvre, que je voyais immĂ©diatement l'horizon tournoyer autour de moi. Je suis montĂ© Ă  une hauteur de 1 500 mètres, et j'ai pu m'y maintenir horizontalement Ă  l'aide d'un nouvel appareil que j'avais imaginĂ© et qui indique immĂ©diatement le moindre mouvement vertical de l'aĂ©rostat. […] Cependant la nuit approchait, je ne pouvais rester plus longtemps dans l'atmosphère […] J'Ă©tais en ce moment Ă  la plus grande Ă©lĂ©vation que j'aie atteinte ; le baromètre marquait 1 800 mètres ; je m'occupais immĂ©diatement de regagner la terre, ce que j'effectuais très heureusement dans la commune d'Élancourt[Note 1], près Trappes, dont les habitants m'accueillirent avec le plus grand empressement et m'aidèrent Ă  dĂ©gonfler l'aĂ©rostat. Ă€ dix heures, j'Ă©tais de retour Ă  Paris »[8].

Henri Giffard a parcouru 28 kilomètres Ă  la vitesse moyenne de 6 km/h[9].

Dirigeable Giffard en 1852 (carte postale de 1904).

Le directeur de l'hippodrome de l'Étoile, Arnault, avait passé avec Henri Giffard un accord, pour une dizaine d'ascensions avec l'aérostat à vapeur expérimenté le . Comme la saison était avancée la Compagnie du gaz craignit de ne pouvoir fournir le gaz nécessaire au gonflement du ballon ; et faute d'un peu de bon vouloir de la part de la Compagnie du gaz, la campagne commencée en resta là[10].

En , Henri Giffard publie une étude : « De la force dépensée pour obtenir un point d'appui dans l'air calme, au moyen de l'hélice. »

Postérité

En 1855, Henri Giffard tente un second vol, sans succès (avec un autre ballon). Il faudra attendre 1872 soit vingt ans après le premier vol pour que Henri Dupuy de LĂ´me reprenne l'invention de Giffard sous la forme d'un grand aĂ©rostat Ă  hĂ©lice, gonflĂ© d'hydrogène pur et actionnĂ© par un propulseur de 6 mètres de diamètre, que huit matelots mettaient en mouvement dans la nacelle. Gaston Tissandier, aĂ©rostier qui n'aura de cesse de poursuivre l'Ĺ“uvre accomplie par Henri Giffard, dans un ouvrage paru en 1872 chez Édouard Dentu souligne l'apport dĂ©cisif de Giffard du : « Ă€ dater de ce jour, le principe de la navigation aĂ©rienne Ă©tait dĂ©finitivement crĂ©Ă©. M. Giffard, avec une puissance de conception que l'on trouve seulement chez le vĂ©ritable novateur, avait rĂ©solu toutes les difficultĂ©s thĂ©oriques. Il venait de prouver que l'emploi d'un aĂ©rostat très-allongĂ©, dont on peut seul espĂ©rer la direction, Ă©tait aussi avantageux que possible par sa marche dans l'air et par les facilitĂ©s de son atterrissage ; il avait trouvĂ© avec hardiesse, les conditions de stabilitĂ© dans l'atmosphère d'un aĂ©rostat allongĂ©. Il avait prouvĂ© qu'un navire aĂ©rien de cette forme obĂ©it avec une sensibilitĂ© extrĂŞme Ă  tous les mouvements du gouvernail. Si dans cette première expĂ©rience, faite, nous le rĂ©pĂ©tons dans un vent violent, il n'a pas Ă©tĂ© possible Ă  l'inventeur de remonter le courant aĂ©rien, il a pu faire dĂ©vier plus ou moins le navire de la ligne du vent. »[11].

Notes

  1. Aujourd'hui, le quartier de l'aérostat à Trappes.

Références

  1. « Histoire aérospatiale du monde : France », sur aerospacehistory.com, (consulté le ).
  2. « Hippodrome de l'Étoile. Paris », sur data.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  3. L'hippodrome de l'Étoile, sur Gallica.
  4. Gaston Tissandier, La Navigation aérienne : l'aviation et la direction des aérostats dans les temps, Paris, Ligaran (édition illustrée), , 168 p. (ISBN 978-2-335-00099-3, présentation en ligne).
  5. Application de la vapeur à la navigation aérienne par M. Henri Giffard, Imprimerie du Pollet, , 31 p., PDF (lire en ligne).
  6. Maryse Lassalle, « Dossier de présentation du projet « Vapeur, vole ! » » [PDF], sur Institut universitaire de technologie de Bordeaux, (consulté le ).
  7. Eugène Godard (aîné), « De la direction des ballons : lettre à M. Dupuy de Lôme », sur Gallica, (consulté le ).
  8. Émile de Girardin, « Le risque et l'invention », La Presse,‎ (lire en ligne).
  9. Dirigeable Giffard, sur le site du musée de l'Air et de l'Espace du Bourget.
  10. Louis Figuier, Les aérostats, Paris, Jouvet & Cie, , 291 p. (lire en ligne).
  11. Gaston Tissandier, Les Ballons dirigeables : expériences de M. Henri Giffard en 1852 et en 1855, et de M. Dupuy de Lôme en 1872, Paris, E. Dentu, , 62 p. (lire en ligne).

Bibliographie

Liens externes

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