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État libre du Goulot

L'État libre du Goulot (en allemand : Freistaat Flaschenhals) est une micronation indépendante de facto existant en Allemagne au début de la république de Weimar, du au .

État libre du Goulot
de Freistaat Flaschenhals

1919–1923

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la région indiquant les limites des zones d'occupation américaine et française, conduisant à la formation de fait de l'État libre du Goulot.
Informations générales
Statut Territoire non occupé en Allemagne après la Première Guerre mondiale
Capitale Lorch
Langue(s) Allemand
Monnaie Thaler de l'État libre (Freistaattaler)
DĂ©mographie
Population environ 17 000 hab.[1]
Histoire et événements
Création
Occupation de la Ruhr

Entités précédentes :

Site officiel

Il est créé sur le territoire de la province de Hesse-Nassau à la suite de l'occupation franco-américaine de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale. Depuis 1949, les territoires ayant appartenu à cet État sont à cheval sur les Länder allemands de Hesse et de Rhénanie-Palatinat.

Création

Localisation sur la carte d'Allemagne
Lorch

Localisation sur la carte d'Allemagne

Lorch.

Ă€ la suite de l'armistice de 1918, les forces amĂ©ricaines, britanniques et françaises occupent le territoire allemand Ă  l'ouest du Rhin et Ă©tablissent trois tĂŞtes de pont semi-circulaires de 30 km de rayon autour de Cologne (zone britannique), Coblence (zone amĂ©ricaine) et Mayence (zone française). Ă€ cause d'une erreur de mesure, les limites des tĂŞtes de pont amĂ©ricaine et française, qui auraient dĂ» se chevaucher, se retrouvent sĂ©parĂ©es par une distance infĂ©rieure Ă  un kilomètre[1].

Les puissances occupantes ayant barré les routes sortant de leurs têtes de pont, il en résulte un étroit corridor non occupé sur la rive droite du Rhin, recouvrant la vallée de la Wisper (de), les villes de Lorch et Caub et les villages de Lorchhausen, Sauerthal, Ransel, Wollmerschied, Welterod, Zorn, Strüth, Egenrod et Laufenselden. Entourée par les deux têtes de pont alliées et le Rhin au sud-ouest, cette petite région se retrouve de fait séparée du reste de l'Allemagne et de l'administration de la république de Weimar, puisqu’aucune route ne traverse le Taunus à cet endroit-là[1].

Le , le maire de Lorch, Edmund Anton Pnischek, proclame l'État libre du Goulot, Freistaat Flaschenhals en allemand, ainsi nommé à cause de la forme de goulot de bouteille du territoire, résultant de la nature circulaire des zones d'occupation[1]. La création de l’État libre se traduit par un télégramme, envoyé par Pnischek à la commission allemande d’armistice, qui indique : « Nous souhaitons que, entre Bonn et Mayence, subsiste une bande de terre, le long du Rhin allemand, libre de toute influence gauloise. »[2]

Vie courante

Lorch, plus grande ville de l’État libre, en devient la capitale. Edmund Pnischek fait imprimer à Lorch et à Caub des billets de monnaie de nécessité, n’ayant cours que dans l’État libre[1].

Le ravitaillement de l’État libre est très difficile, Ă  cause des relations conflictuelles entre les puissances occupantes et la jeune rĂ©publique de Weimar, aussi il s’effectue uniquement par contrebande. Les autoritĂ©s allemandes du chef-lieu, Ă  Limburg, organisent le transport de denrĂ©es alimentaires en charrette, mais le trajet de plus de 50 km, traversant une zone montagneuse sur des routes forestières improvisĂ©es, s’avère très difficile. Le transport clandestin des marchandises s’effectue Ă©galement via le Rhin, dans le sens du courant, avec le transport clandestin de marchandises envoyĂ©es depuis l’ouest de Mayence, en zone d’occupation française ; il doit faire face Ă  l’opposition de la SĂ»retĂ© française, qui installe des projecteurs sur la rive gauche du Rhin — auxquels les jeunes de l’État libre exposent leurs postĂ©rieurs — et emprisonne les propriĂ©taires des bateaux concernĂ©s. D’autres tentatives sont effectuĂ©es aux dĂ©pens des Français, comme le vol d’un train de charbon de la Ruhr destinĂ© aux rĂ©parations, dont un mĂ©canicien de locomotive s’empare près de RĂĽdesheim am Rhein pour le conduire Ă  Lorch[1].

Par la suite, à partir de la mi-1920, les autorités américaines se montrent plus compréhensives que les françaises[1].

L'État libre émet ses propres passeports, et planifiait l'établissement d'une ambassade à Berlin lors de sa disparition[2]. En outre, il avait l'intention d'établir des relations diplomatiques avec d'autres pays, mais cessa d'exister avant que ces plans ne se réalisent.

  • Billets de monnaie de nĂ©cessitĂ© de l’État libre du Goulot
  • 10 pfennig
    10 pfennig
  • 25 pfennig
    25 pfennig
  • 25 pfennig
    25 pfennig
  • 50 pfennig
    50 pfennig
  • 50 pfennig
    50 pfennig
  • 50 pfennig
    50 pfennig

Disparition

Occupation de la place de Lorch par les troupes auxiliaires marocaines de l'armée française le signifiant la fin de l'État libre du Goulot.

Après quatre années d'existence, l'État libre du Goulot est aboli le , à la suite de l'occupation de la Ruhr par la France. Edmund Pnischek est arrêté, et le territoire réincorporé dans la province de Hesse-Nassau[2].

Au XXIe siècle

Panneau sur une berge du Rhin indiquant l'existence historique du micro-État.

Au XXIe siècle, le territoire du Goulot fait partie de la vallée du Rhin, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. L'histoire du Goulot est une attraction touristique dans la région, particulièrement dans les deux villes principales de Lorch et Kaub.

Notes et références

  1. (de) Sven Felix Kellerhoff, « Freistaat Flaschenhals: Das bizarrste Ergebnis des Ersten Weltkriegs », Die Welt,‎ (ISSN 0173-8437, lire en ligne, consulté le ).
  2. Cédric Rousseau, « L’État du Goulot n’a pas pris de bouteille », Ouest-France, l’édition du soir,‎ (ISSN 0999-2138, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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