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Étapes d'un projet routier

Une route, comme toute infrastructure linéaire répond à des objectifs et entraßne des coûts, ainsi que des conséquences environnementales que la loi demande dans la plupart des pays d'évaluer, diminuer ou compenser.
C'est pourquoi tout projet routier est soumis Ă  plusieurs Ă©tapes.

Les études préalables en infrastructure routiÚre

La particularité de la route est son caractÚre linéaire et ses conséquences sur des milieux de natures totalement différentes. On peut les inventorier avec un minimum de bon sens.

Le domaine foncier pris au sens large est le premier touchĂ©. La route interagit avec les zones urbaines, qu'elle la traverse, oĂč qu'elle la desserve.

Elle touche l'environnement, au sens étymologique, donc des écosystÚmes définis par leurs composants : eau, air, faune, flore, sol et sous-sol. Les exigences sociales ont peu à peu forgé des outils législatifs et réglementaires qui encadrent ces domaines. La route touche aussi les zones urbaines.
Une nouvelle infrastructure modifiera le développement urbain, mais aussi le développement économique d'un territoire.
Il y a lieu tout d'abord de définir la zone d'étude pertinente pour le projet routier imaginé. Le périmÚtre de cette zone sera à adapter aux problématiques étudiées. Un recensement des contraintes sur le périmÚtre en question est alors fait. Il permet d'identifier des couloirs privilégiés en fonction des objectifs du projet attendu au regard de l'ensemble des contraintes.

Les Ă©tudes d'avant projet

À ce niveau d'Ă©tude, les objectifs principaux sont:

  • prĂ©ciser et justifier les fonctions locales de l'amĂ©nagement ;
  • Ă©tudier les choix possibles de tracĂ©s ;
  • dĂ©finir et comparer les inconvĂ©nients et avantages de diffĂ©rents tracĂ©s (dits « variantes ») et modes de transports, au regard de l'intĂ©rĂȘt public et gĂ©nĂ©ral, de la demande en transport et des objectifs de l'amĂ©nagement et donc aussi au regard des contraintes Ă©conomiques, sociales et environnementales Ă  prendre en compte, ainsi - dans certains pays - que du point de vue des effets sur la santĂ© (Cf. Loi sur l'air, en France) ;
  • choisir une variante et des mesures conservatoires et compensatoires qui doivent ĂȘtre fonctionnelles et proportionnĂ©es, pour notamment diminuer la fragmentation Ă©copaysagĂšre et l'effet du « roadkill », des nuisances et pollutions induites par la route ;
  • dĂ©finir son coĂ»t d'objectif.

L'échelle de précision permet encore de déplacer le tracé à l'intérieur d'un fuseau, pour les projets importants on parle en France de « bande des 300 m ».

Il sera alors possible Ă  ce stade de prĂ©parer, sur la base d'un dossier incluant une expertise Ă©cologique, l'enquĂȘte publique, imposĂ©e par la loi dans de nombreux pays, et en France conduite sous l'autoritĂ© d'un prĂ©fet par un commissaire enquĂȘteur.

La concertation avec le public

Le principe de participation rĂ©sulte d’une part d’une prise de conscience des consĂ©quences de certains projets d’amĂ©nagement ou d’équipement sur l’environnement et d’autre part d’une Ă©volution dans la conception du principe de concertation prĂ©alable Ă  la rĂ©alisation des projets d’amĂ©nagement du territoire. Il remonte au dĂ©but des annĂ©es 80 puis fait l’objet d’une large rĂ©flexion dans les annĂ©es 1990 qui aboutit au dĂ©veloppement de la concertation plus en amont de la dĂ©cision. ParallĂšlement au niveau europĂ©en et mondial des mesures participent Ă  ce mouvement de prise en compte de l’environnement et de la concertation dans l’élaboration des projets. Ainsi, au cours des annĂ©es 1990-2000, des dispositions lĂ©gislatives inscrivent le principe de participation dans le systĂšme juridique français.

Pour les grands projets est en particulier mise en place avec la loi de « Barnier » du une Commission nationale du débat public

Le code de l'urbanisme et la loi SRU ont consacrĂ© le recours Ă  la concertation avec le public. MĂȘme lorsqu'elle n'est pas obligatoire, il y a tout intĂ©rĂȘt Ă  la mettre en Ɠuvre. Cet exercice n'est pas encore naturel pour les maĂźtres d'Ɠuvre publics, il l'est plus pour les maĂźtres d'ouvrage public.

Cette concertation peut ĂȘtre mise en Ɠuvre Ă  plusieurs niveaux. DĂšs les Ă©tudes prĂ©liminaires, elle permettra de faire Ă©merger des paramĂštres de l'environnement qui auraient pu ne pas ĂȘtre dĂ©tectĂ©s. Au stade de l'avant projet, la concertation va permettre de recueillir l'avis de la population sur chaque variante, mais aussi les remarques et aussi les pistes d'amĂ©liorations.

Le bilan de la concertation guidera le maĂźtre d'ouvrage pour le choix de la solution qui sera retenue.

Cette concertation peut prendre plusieurs formes: exposition, plaquettes, rĂ©unions. Elle a pour but de rĂ©duire la distance qui existe entre les concepteurs et les riverains Ă  qui s'imposera ce projet. Elle permet de faire disparaĂźtre les zones d'ombre, les imprĂ©cisions pour le public. Elle permet aussi aux maĂźtres d'ouvrage et d'Ɠuvre d'intĂ©grer des prĂ©occupations qui n'avaient pas Ă©tĂ© envisagĂ©es.

L'exercice de la concertation met en Ă©vidence clairement l'Ă©volution du mĂ©tier de technicien au sens large. Ce dernier ne doit pas ĂȘtre seulement capable de concevoir un projet, comme simple objet technique, mais il doit savoir le justifier par rapport Ă  son environnement et Ă  une problĂ©matique d'amĂ©nagement spatial. Il doit ainsi intĂ©grer des compĂ©tences Ă©conomiques, sociologiques, environnementales, autant qu'une vĂ©ritable capacitĂ© de communication.

L'enquĂȘte publique et la dĂ©claration d'utilitĂ© publique

Dossier

Le dossier d'enquĂȘte publique, qu'il soit prĂ©alable ou non Ă  la dĂ©claration d'utilitĂ© publique, est Ă©tabli Ă  partir des Ă©tudes d'avant projet sommaire.

Il comporte une piÚce essentielle : « l'étude d'impact » selon la dénomination officielle.

Cette derniÚre est réalisée sur les bases des études d'environnement. Pour les projets de grande importance, le dossier comprend en outre, une étude socio-économique. C'est la loi d'orientation sur les transports intérieurs qui a défini cette obligation.

ProcĂ©dure d'enquĂȘte

En France, il existe plusieurs types d’enquĂȘtes. De maniĂšre synthĂ©tique, on pourra retenir la classification suivante :

  • le projet nĂ©cessite une acquisition fonciĂšre par voie d’expropriation :
    1. Le projet ne relĂšve pas de la loi N° 83-630 du , il s’agit alors d’une procĂ©dure d’enquĂȘte publique de droit commun
    2. Le projet ne relĂšve pas de la loi N° 83-630 du , il s’agit alors d’une procĂ©dure spĂ©cifique d’enquĂȘte publique (dĂ©finie par les articles R11-14-1 Ă  R11-14-15 et R11-15 Ă  R11-18 du code de l’expropriation)
  • le projet ne nĂ©cessite pas d’acquisition fonciĂšre :

C’est alors la loi N° 83-630 du relative Ă  la dĂ©mocratisation des enquĂȘtes publiques et Ă  la protection de l’environnement, dite « loi Bouchardeau »,' qui s’applique. la procĂ©dure est dĂ©finie dans le dĂ©cret 85-453 du .

Le maĂźtre d'ouvrage saisit le prĂ©fet qui prend alors l'arrĂȘtĂ© de mise Ă  l'enquĂȘte publique du projet. Le tribunal administratif complĂšte la dĂ©marche en nommant un commissaire enquĂȘteur ou une commission d'enquĂȘte si le projet le justifie.

DĂšs que le principe de mise Ă  l'enquĂȘte est arrĂȘtĂ©, le maĂźtre d'ouvrage est chargĂ© des mesures de publicitĂ© de cette enquĂȘte. Des articles doivent ĂȘtre publiĂ©s aux rubriques annonces lĂ©gales de journaux de presse quotidienne rĂ©gionale, des panneaux doivent indiquer, en pĂ©riphĂ©rie de l'emprise du projet, les dates heures et lieux oĂč le dossier d'enquĂȘte sera consultable, ainsi que les horaires de permanence du commissaire enquĂȘteur.

L'enquĂȘte publique durera au moins un mois. Au cours de cette pĂ©riode, le public peut porter toute remarque, interrogation, contradiction qu'il jugera pertinent par rapport au projet. Le commissaire enquĂȘteur peut recevoir le public et porter lui-mĂȘme les remarques du public.

À l'issue de cette enquĂȘte, oĂč il peut ĂȘtre amenĂ© Ă  interroger le maĂźtre d'ouvrage, le commissaire enquĂȘteur Ă©tablira son rapport, Ă  l'intĂ©rieur duquel, il pourra faire porter ses remarques, ses interrogations. En conclusion, il donnera son avis sur le projet.

Ce rapport et cet avis seront transmis au préfet. Ce dernier décidera alors du caractÚre d'utilité publique ou non du projet.

Cette phase de la procĂ©dure est la plus dĂ©licate juridiquement du projet. En effet elle se conclut par un acte administratif, qui comme tel, est attaquable devant une juridiction administrative : tribunal ou conseil d'État.

Recours

Les aspects sur lesquels peuvent porter un recours, touchent aussi bien au fond qu'à la forme. Sur le fond, il s'agit aussi bien de la réponse que le projet apporte à la problématique développée, que de la prise en compte des contraintes ainsi que des mesures compensatoires.

Sur la forme, il s'agit des respects des procédures, des délais, des mesures de publicité....

Le juge peut alors annuler la dĂ©claration d'utilitĂ© publique et la procĂ©dure doit alors ĂȘtre recommencĂ©e, aprĂšs les Ă©ventuels complĂ©ments d'Ă©tude. Les acquisitions fonciĂšres sont alors bloquĂ©es en ce qui concerne les procĂ©dures d'expropriation. Si des travaux avaient Ă©tĂ© commencĂ©s sur des parcelles que le maĂźtre d'ouvrage avait acquis Ă  l'amiable il peut ĂȘtre condamnĂ© Ă  remettre les terrains en Ă©tat.

A contrario, les recours devant une juridiction européenne ne sont pas suspensifs de travaux si le motif n'est pas lié à une dégradation du milieu naturel, mais à la privation de la jouissance du bien.

Ce type de recours est de plus en plus courant. Les particuliers et les associations s'entourent de conseillers juridiques qui analysent en dĂ©tail le respect des procĂ©dures. La seule contrainte pour les requĂ©rants est l’intĂ©rĂȘt Ă  agir.

Les Ă©tudes de projet

DĂšs que le projet est dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique, les Ă©tudes prĂ©cises pourront alors ĂȘtre lancĂ©es. Le tracĂ© sera alors dĂ©fini prĂ©cisĂ©ment, ainsi que l'ensemble de dĂ©tail de construction.

ParallĂšlement, l'ensemble des autres enquĂȘtes sera lancĂ©:

  • l'enquĂȘte parcellaire : elle permettra de connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment les propriĂ©taires de chaque parcelle touchĂ©e par le projet. C'est sur sa base que les acquisitions ou le cas Ă©chĂ©ant, les expropriations auront lieu. Cette enquĂȘte peut aussi ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en simultanĂ©itĂ© avec l'enquĂȘte publique.
  • l'enquĂȘte loi sur l'eau, si le projet doit faire l'objet d'une autorisation au titre de la loi sur l'eau.
  • les Ă©ventuelles enquĂȘtes publiques liĂ©es Ă  la mise en compatibilitĂ© des documents d'urbanisme (SCOT ou PLU). En effet l'infrastructure peut ĂȘtre contraire voir interdite par les documents d'urbanisme. Dans ce cas, c'est le document d'urbanisme qui s'adapte.

Les consultations

Une fois le projet parfaitement dĂ©fini, il y a lieu de passer Ă  son exĂ©cution. Le maĂźtre d'ouvrage Ă©tant public pour le sujet qui nous intĂ©resse, il est astreint au code des marchĂ©s publics. Le maĂźtre d'Ɠuvres Ă©tablit alors un dossier de consultation. Ce document contiendra tous les Ă©lĂ©ments techniques qui dĂ©finiront le projet Ă  rĂ©aliser, les rĂ©fĂ©rentiels et les normes techniques Ă  prendre en compte. Il dĂ©finira les conditions Ă©conomiques et rĂ©glementaires de rĂ©alisation avec en particulier les modes de rĂ©munĂ©ration. Le DCE dĂ©finira les conditions de mise en concurrence, les critĂšres de jugement des offres.

À ce stade, les procĂ©dures utilisables sont multiples. Elles rĂ©pondent Ă  des problĂ©matiques diffĂ©rentes.

En voici quelques-unes :

  • l'appel d'offres ouvert, la plus connue : dans ce cas toutes les entreprises peuvent soumettre une offre au maĂźtre d'ouvrage.
  • l'appel de candidatures : le maĂźtre d'ouvrage annonce l'amĂ©nagement Ă  rĂ©aliser avec ses caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©rales. Il retient ensuite les candidats qui Ă  partir de rĂ©fĂ©rence d'opĂ©rations Ă©quivalentes et en fonction de critĂšres qualitatifs prĂ©alablement dĂ©finis, lui semblent le plus Ă  mĂȘme de rĂ©aliser l'amĂ©nagement. Des dossiers de consultation sont alors adressĂ©s aux candidats retenus. Leurs offres sont alors analysĂ©es comme pour un appel d'offres ouvert.

Dans les deux cas, l'appel d'offres peut ĂȘtre lancĂ© avec ou sans variante. Ainsi dans le cadre des variantes, les caractĂ©ristiques techniques ne sont pas figĂ©es, les candidats peuvent proposer des solutions. Il existe des formes d'appel d'offres plus incitatives Ă  la crĂ©ativitĂ© des entreprises:

  • l'appel d'offres sur performance, c'est une forme de variante Ă©largie.

Le candidat apporte une réponse à un problÚme défini par le maßtre d'ouvrage

  • le marchĂ© de conception-rĂ©alisation : le candidat retenu Ă©tudiera le projet et le rĂ©alisera pour un prix dĂ©fini au stade de l'appel d'offres.

À l'issue des procĂ©dures de mise en concurrence, un candidat est retenue son offre est le contrat qui le liera avec le maĂźtre d’ouvrage.

L'exécution des marchés

Nous venons d'indiquer que le marché public est un contrat qui lie le maßtre d'ouvrage avec l'entreprise retenue. Les deux parties auront à partir de ce moment la charge, chacune en ce qui la concerne, d'exécuter le contrat.

L'entreprise pour réaliser les travaux et le maßtre d'ouvrage pour rémunérer l'entreprise. L'évolution du contexte économique a modifié les conditions de réalisations des travaux. La tendance affirmée depuis plusieurs années est une exécution à la lettre du contrat, sur le mode anglo-saxon.

Il arrive souvent pour des marchés de travaux importants, que les candidats aient étudié trÚs finement le DCE pour en déterminer les faiblesses ou les erreurs. Leur offre est alors basée sur la valorisation du DCE en l'état.

En cours d'exécution toute modification du projet et donc des prestations à réaliser, doit alors se traduire par une modification du contrat.

Le code des marchĂ©s publics le permet au travers des avenants en particulier. Le maĂźtre d'Ɠuvre est chargĂ©, pour le compte du maĂźtre d'ouvrage, de veiller Ă  la bonne exĂ©cution du marchĂ©. Il dispose d'un arsenal juridique contraignant pour l'entreprise au travers du CCAG travaux.

Les contentieux qui peuvent opposer maĂźtre d'ouvrage et entreprises peuvent ĂȘtre rĂ©glĂ©s Ă  l'amiable ou devant un tribunal administratif.

Origine du texte

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