Ămondage
L'Ă©mondage (du latin emundare, « nettoyer ») est une taille d'entretien courant qui consiste Ă supprimer les pousses herbacĂ©es, les jeunes rameaux ligneux et branches basses latĂ©rales (appelĂ©es Ă©mondes, elles caractĂ©risent lâarbre d'Ă©monde) d'un arbuste ou d'un arbre, et parfois raccourcir les branches de la cime voire Ă©tĂȘter l'arbre. Cette taille, qui se pratique souvent sur des arbres isolĂ©s ou Ă©mergents du bocage (arbres de haut jet), provoque souvent l'apparition de « gourmands » sur le tronc qui formeront de nouvelles branches qu'il faudra Ă nouveau couper.
Cette technique peut avoir des buts opposés : soit provoquer la naissance accélérée de nouveaux et nombreux rejets latéraux afin de produire des fagots ou des échalas, ou favoriser le développement du feuillage ; soit, au contraire, obtenir un tronc rectiligne et sans branches (à l'instar de l'élagage naturel) par la suppression systématique de toute ramification latérale[1].
Si l'arbre survit au traitement, il produit un bois de tronc plus dur que la normale, fournissant des poutres qui ne se cintrent pas.
L'émondage est souvent associé au bocage ; en France, les manoirs normands et bretons possÚdent des poutres qui proviennent souvent d'arbres émondés.
Technique
L'émondage se distingue de l'élagage (taille exceptionnelle consistant en un ébranchage) par la récolte et l'utilisation qui est faite des bois taillés. Toutes les branches latérales sont récoltées au ras de tronc en laissant le bourelet cicatriciel. L'arbre recouvrira progressivement la plaie et de ces bourelets sortiront de nouvelles branches à partir de bourgeons dormants. Quelques bourgeons dormants présents sous l'écorce du tronc émergeront également donnant de nouvelles branches.
Le bois et les branches coupĂ©es (tous les 7 ou 9 ans environ) peuvent ĂȘtre exploitĂ©s pour produire par exemple du combustible, du fourrage pour les animaux ou de lâosier pour la vannerie (saules et peupliers) ou encore pour la confection de haies plessĂ©es.
Un arbre Ă©mondĂ© et Ă©tĂȘtĂ© Ă faible hauteur est appelĂ© trogne ou « tĂȘtard » en raison de sa forme (un tronc rectiligne terminĂ© par une grosse tĂȘte d'oĂč partent tous les rejets).
Les « arbres d'Ă©monde » Ă©taient et sont encore souvent choisis parmi les arbres de haies ou d'alignement : charme, chĂȘne, frĂȘne, orme, peuplier, saule.
Le feuillage et les rameaux d'arbres d'Ă©monde (orme, frĂȘne) donnent un fourrage pour le bĂ©tail, par Ă©mondage ou par abroutissement direct. Le recĂ©page en hauteur du tronc met hors de portĂ©e des herbivores les rejets vouĂ©s Ă devenir des objets ou outils en bois divers selon les rĂ©gions, les Ă©poques et les essences dâarbres[2].
Tradition
Dans les pays de bocage, le travail Ă©tait organisĂ© en rotation. Chaque hiver, les paysans entretenaient le talus d'une haie et Ă©mondaient une parcelle diffĂ©rente. Une tradition de lâĂ©mondage existait pour les fermiers et mĂ©tayers, locataires des grandes exploitations domaniales des propriĂ©taires terriens (propriĂ©taires bourgeois, seigneurs ou non, qui donnaient en bail et parfois mĂȘme en mĂ©tayage des terres). Ces baux ruraux autorisaient les exploitants agricoles Ă rĂ©colter le bois dâĂ©monde et les fagots, tandis que le tronc de lâarbre (partie noble qui servait notamment Ă faire du bois d'Ćuvre) restait propriĂ©tĂ© du loueur[3]. Autrefois en Auvergne, les propriĂ©taires exploitants et les fermiers Ă©mondaient les frĂȘnes Ă la fin de l'Ă©tĂ© : les vaches et les veaux Ă©taient friands de manger les feuilles des branches ainsi coupĂ©es.
Notes et références
- Georges Métailié et Antoine Da Lage, Dictionnaire de biogéographie végétale, CNRS éditionsCNRS éditions, , p. 47
- AgnĂšs Jouin et Jacques Baudry, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, Quae, , p. 18.
- Jean-Paul Hervieu, Les paysages ruraux en Normandie, Annales de Normandie, , p. 188.