Émile Gilliéron
Émile Gilliéron (1851-1924) est un artiste et dessinateur suisse reconnu pour ses restitutions d'artéfacts mycéniens et minoéens[1].
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Emile Gilliéron |
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Émile Gilliéron (d) |
Formation
Émile Gilliéron étudie à Bâle de 1872 à 1874 puis à l'Académie des Beaux-Arts de Munich entre 1875 et 1876. Il parachève sa formation à Paris, dans l'atelier d'Isidore Pils de 1875 à 1877.
Carrière
En 1877, Émile Gilliéron s'installe à Athènes et commence à travailler comme dessinateur spécialisé pour les archéologues grecs et étrangers. Il exerce également comme tuteur pour la famille royale grecque à laquelle il dispense des cours d'art.
Grâce la création de dessins pour l'archéologue allemand Heinrich Schliemann, il est reconnu de son temps comme le meilleur illustrateur archéologique de Grèce. Cette reconnaissance lui permet d'obtenir un poste lors de la reconstitution des fresques découvertes à Tyrinthe de 1910 à 1912.
Il devient également le restaurateur en chef d'Arthur Evans pour la restitution de palais de Cnossos en Crète. Pendant près de trente ans, il travailla avec son fils, également prénommé Émile, à la production de copies de fresques et d'autres artéfacts archéologiques pour Evans. Les Gilliéron sont ainsi de larges contributeurs à la publication en quatre volumes des fouilles du site archéologique[2]. Certaines des plus célèbres restitutions des Gilliéron comprennent la fresque dite du « Prince au lys », celle des « Dames en bleu » ou la fresque de la salle du trône du palais de Cnossos.
Cette notoriété les poussent à fonder un atelier de reproduction rue Skoufá à Athènes, E. Gilliéron & fils, où il répondent à la demande de reproductions en fournissant des aquarelles ou d'autres copies faites directement sur les originaux antiques.
Parmi les reproductions proposées, on trouve des galvanoplasties réalisées par le biais de moules réalisés sur des armes, de la vaisselle ou des masques appartenant aux civilisations égéennes mais ils créent également des copies à échelle réelle, sur du papier aquarelle, des fresques minoennes ou coulent des tirages en plâtre. En 1911, ils pouvaient ainsi offrir à leurs riches clients un catalogue de plus de 144 pièces dont les galvanoplasties étaient fabriquées en Allemagne à Wurtemberg par la Württembergische Metallwarenfabrik[3].
Selon le goût de l'époque, les moules créés sur les originaux sont retravaillés pour reconstituer les parties manquantes et restituer les œuvres dans leurs forme originelle. On peut ainsi trouver deux reproductions différentes du « Masque d'Agamemnon » provenant de leur atelier : l'une fidèle à l'originale, l'autre restituant l'apparence supposée de l'objet.
Critiques
Le travail des Gilliéron a fortement contribué à la diffusion des œuvres des civilisations égéennes mais a aussi propagé une image "rêvée" des Minoens et des Mycéniens dont la véracité historique et archéologique est parfois à remettre en doute. Ainsi, la fiabilité de leurs restitutions a été longtemps débattue. Par exemple, la fresque du « Prince au lys » est un assemblage des fragments originaux réalisé par Gilliéron fils mais il semble après examen que s'y trouvent des influences modernes dues à la main de l'artiste. D'autres fresques font l'objet de critiques similaires comme celle du « Saut au-dessus du taureau » à laquelle aurait été ajoutée une bordure moderne. Idem pour la restitution de la fresque du « cueilleur de safran ». On sait aujourd'hui que ce n'était pas un jeune homme qui était figuré mais un singe.
En plus des remises en cause, il semble qu'ils aient pu participer au marché grec de production de faux. L'authenticité de certains artéfacts comme le disque de Phaistos ou les bagues de Minos et Nestor a été remise en doute et leur fabrication imputée à l'atelier des Gilliéron[4].
Reconnaissance
Émile Gilliéron a produit et vendu des copies d’œuvres d'art dans le monde entier jusqu'à sa mort en 1924. Ces reproductions furent acquises tant par des collectionneurs privés que par des musées. Le Musée national archéologique d'Athènes a même consacré une galerie aux productions de cet atelier. Ainsi, malgré les erreurs et les remises en cause de la fiabilité des restitutions, les productions de Gilliéron donnent une image de ce que pouvait être l'art grec de ces anciennes périodes mais sont aussi un témoin précieux de l'histoire du marché de l'art et de l'engouement pour les copies à son époque.
Références
- Christine Peltre, Retour en Arcadie : Le voyage des artistes français en Grèce au XIXe siècle, Klincksieck, , 374 p. (ISBN 978-2-252-03118-6), p. 267
- (en) Arthur Evans, The Palace of Minos at Knossos, Londres, Macmillan
- (en) Mapping the Practice and Profession of Sculpture in Britain and Ireland 1851-1951, « The Wurtemberg Electro Plate Co. », sur https://sculpture.gla.ac.uk/
- (en) Kenneth D.S. Lapatin, « Snake Goddesses, Fake Goddesses », Archaeology, 54, Archaeological Institute of America, (lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :