Émile Desages
Le comte Emile Desages, né en 1793 et mort le , est un diplomate français, conseiller d'État et ministre plénipotentiaire, qui a été particulièrement important comme directeur politique du Ministère des Affaires étrangères pendant toute la durée de la Monarchie de Juillet.
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(Ă 57 ans) Paris |
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Archives conservées par |
Archives diplomatiques (60PAAP)[1] |
Biographie
Famille
Il est le fils de Thomas Desages, ancien chef de bureau au Comité de Salut public et proche collaborateur de Joseph Fouché au ministère de l'intérieur dont il était un des chefs de la police administrative[2]. Thomas Desages dirigea le bureau des émigrés[3] au ministère de l'intérieur puis devint chef du 4e bureau à la "division de la police administrative" (1801), chargée de la sûreté et de la surveillance de tous les départements. Entré à la direction politique du ministère des Affaires étrangères en 1810, Thomas Desages y termina sous-directeur jusqu'à sa retraite en 1831. Sous la Monarchie de Juillet, Emile Desages porte un titre de comte que son père Thomas n'avait pas.
Carrière
Émile Desages commença sa carrière avant même d'être sorti de l'adolescence.
en Ambassade en Pologne, Brésil et auprès de la Sublime Porte
- juillet 1811 à 1812, il accompagna Louis Bignon, chargé d'une mission diplomatique dans le grand duché de Varsovie.
- à , il entre dans la carrière diplomatique comme attaché à l'ambassade de Varsovie auprès de M. de Pradt.
- à , il est employé au ministère des Affaires étrangères à Paris.
- novembre 1819 à 1821, second secrétaire d'ambassade du roi au Brésil
- à , second secrétaire d'ambassade du roi à Constantinople auprès du général Guillemot
- , premier secrétaire d'ambassade du roi à Constantinople
Directeur des Affaires politiques de 1830 Ă 1848 et Conseiller d'Etat
En , Horace Sébastiani, récemment nommé ministre des Affaires étrangères, lui confie la direction des Affaires politiques, poste qu'il occupera jusqu'à la Révolution de 1848. Se tenant à l'écart de la vie politique, il influence alors d’une manière souvent décisive la marche de la diplomatie française .
Le lendemain de son décès, Édouard Thouvenel lui rend hommage de la façon suivante dans le Journal des Débats du : « Pendant vingt ans, M. Desages a été initié à tous les actes, à tous les secrets de la diplomatie française et il n’est pas un Ministre des Affaires étrangères du roi Louis-Philippe qui n’ait été heureux à son entrée au pouvoir de rencontrer auprès de lui un conseiller si discret et si sûr, un collaborateur si intelligent et si infatigable. »
Extrait du Moniteur universel () par Léonce de Lavergne, au sujet de la mort du comte Desages « […] Il avait passé la première partie de sa vie en Orient, comme secrétaire de l’ambassade de France à Constantinople. C’était à l’époque où la révolution grecque avait fait de la capitale de l’empire ottoman un des foyers les plus actifs de la diplomatie européenne. Le jeune secrétaire déploya à cette excellente école des qualités si sures, il y acquis un tact si accompli et une connaissance si approfondie des questions internationales, qu’il fut en quelque sorte naturellement désigné, après 1830, pour remplir le poste difficile qu’il a occupé vingt ans. C’est dans ce dernier poste, c’est comme chef de la direction politique au ministère des affaires étrangères, qu’il a laissé surtout une trace qui ne périra pas. On peut dire que pendant toute la durée de la monarchie de juillet (1830-1848), le fardeau de la politique extérieure de la France a pesé sur lui presque tout entier et qu’il n’a jamais manqué un seul instant à cette tache laborieuse et délicate qui impose une responsabilité si lourde, ne laisse ni un jour ni une heure de repos. […] il avait, au plus haut degré, cette grande qualité du sang-froid, qui fait l’homme d’Etat dans le cabinet comme l’homme de guerre sur le champ de bataille. […] »
Divers
Emile Desages fut un proche de Sarah Newton, nièce du célèbre physicien Isaac Newton et de Stendhal. Il existe des portraits d'Emile Desages par Pierre-Paul Prud'hon (au Musée de Rouen) et par Théodore Chassériau (au Ministère des Affaires étrangères, voir ci-contre). Sa correspondance privée, reçue par héritage par le baron Arthur Chassériau, a été acquise par le département des archives du ministère des Affaires étrangères.
DĂ©corations
- Grand officier de la Légion d’Honneur
- Commandeur de la Légion d’Honneur en 1836
- Officier de la Légion d’Honneur en 1831
- Chevalier de la Légion d’Honneur en 1827
- Ordre du Lion et du Soleil
- Chevalier de l'Ordre de Charles III
- Chevalier de l'Ordre de Pie
Bibliographie
- Jean-Marie Compte, Un type de grand commis de l’Etat : Emile Desages 1793-1850, directeur politique du ministère de Affaires étrangères sous la Monarchie de Juillet, Thèse de l’École des chartes sous la direction de MM. Duparc, Dethanet, Tulard, 1985 (ouvrage disponible à la Bibliothèque de l’École des chartes)
- Rodolphe Desage, Un diplomate angoumois: le comte Emile Benoit Victor Desages (1793-1850), Société archéologique et historique de la Charente, 1976
- Henri d'Ideville, Emile Desages, correspondance entre 1830 et 1848, Paris, Librairie Hachette, 1876
- Note biographique dans Hervé Robert, « La France et la liquidation de l’affaire hollando-belge : le traité du 19 avril 1839 » sur le site de l'Institut de Stratégie comparée, 2005
Notes et références
- « https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/60paap_cle428b3d__papiers_emile_desages.pdf » (consulté le )
- <«Nombre de ses grands commis (Fouché) sont passés par les bureaux des comités de la Convention nationale, comme Thomas Desages, un ancien chef de bureau du Comité de salut public, l'un des chefs de la police administrative du ministère», Extrait de « Fouché, Dossiers secrets » par Emmanuel de Waresquiel, Editions Tallandier, 2017 – page 90
- <«D'après les listes établies par Fouché, qui a fait collationner les registres épars hérités de la Révolution par son bureau des émigrés dirigé par le citoyen Desages, ils sont près de 145 000 à être dans ce cas, alors que quatorze autres mille,...», Extrait de « Fouché. Les silences de la pieuvre » par Emmanuel de Waresquiel, Editions Tallandier, 2014