Élisabeth de Wied
Carmen Sylva
Titres
–
(33 ans, 6 mois et 14 jours)
Prédécesseur | Elle-même (princesse de Roumanie) |
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Successeur | Marie de Saxe-Cobourg-Gotha |
–
(11 ans, 4 mois et 11 jours)
Prédécesseur | Elena Rosetti |
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Successeur | Elle-même (reine de Roumanie) |
Dynastie | Maison de Wied |
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Nom de naissance | Elisabeth Ottilie Luise zu Wied |
Surnom | « Carmen Sylva » |
Naissance |
Neuwied (Prusse) |
Décès |
Bucarest (Roumanie) |
Sépulture | Nécropole royale de Curtea de Argeș |
Père | Hermann de Wied |
Mère | Marie de Nassau |
Conjoint | Carol Ier de Roumanie |
Enfants | Marie |
Élisabeth Pauline Ottilie Louise de Wied (également connue sous le nom de plume de Carmen Sylva), née le au château Monrepos près de Neuwied (Royaume de Prusse) et morte le à Bucarest, est, par mariage, princesse puis reine de Roumanie.
Biographie
Fille du prince Hermann de Wied et de la princesse Marie de Nassau, elle est la nièce de la reine de Suède Sophie de Nassau et du grand-duc Adolphe de Luxembourg. Sa cousine, Hilda de Nassau, sera grande-duchesse de Bade.
C'est en 1861, lors d'un séjour à Berlin, que la jeune princesse rencontre son futur mari, Karl von Hohenzollern-Sigmaringen. Fils cadet de Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen, Premier ministre de Prusse, et de Joséphine de Bade, il est le petit-fils de Stéphanie de Beauharnais, grande-duchesse de Bade et cousine de l'empereur des Français Napoléon III.
Charles est élu prince de Roumanie en 1866, les deux jeunes gens se marient le . De leur union naît en 1870 une fille, Marie, qui meurt quatre ans plus tard.
Durant la guerre russo-turque de 1877-1878, Élisabeth se consacre aux soins aux blessés et fonde l'ordre d'Élisabeth (ro) (dont la décoration consiste en une croix d'or sur un ruban bleu), destiné à honorer les personnes qui se sont distinguées dans une tâche comparable. Elle encourage l'enseignement secondaire et supérieur pour les femmes en Roumanie et crée diverses sociétés à but charitable. En 1882, elle est élue membre de l'Académie roumaine.
L'éducation reçue lors de son enfance et de sa jeunesse allemandes est très variée et lui permet de se distinguer notamment par ses talents de pianiste, d'organiste ainsi que pour le chant (le jeune Georges Enesco a mis en musique nombre de ses poèmes) ; elle montre en outre de grandes dispositions pour la peinture et l'art des enluminures. Toutefois, son imagination portée vers la rêverie et la poésie la conduit sur le chemin de la littérature, en particulier la poésie, les contes et les ballades, ainsi que dans un grand travail de collecte de légendes populaires roumaines auxquelles elle donne une forme littéraire.
Activité littéraire
Carmen Sylva écrit avec aisance en allemand, roumain, français et anglais. Parmi ses nombreuses œuvres, on peut signaler :
- Sappho et Hammerstein, deux poèmes parus à Leipzig en 1880.
- Les pensées d'une reine, un volume d'aphorismes en prose publié en 1882 à Paris, qui sera récompensé par le prix Botta, décerné tous les trois ans par l'Académie française, et sera publié en allemand en 1890 à Bonn sous le titre Vom Amboss ;
- Cuvinte sufletești, méditations religieuses en roumain publiées en 1888 à Bucarest, et traduit en allemand en 1890 sous le titre de Seelen-Gespräche.
Plusieurs de ses œuvres sont écrites en collaboration avec Mite Kremnitz, une de ses dames d'honneur, née à Greifswald en 1857, mariée au docteur Kremnitz de Bucarest ; cette série d'œuvres est publiée entre 1881 et 1888, dans plusieurs cas sous les pseudonymes de Dito et Idem. Citons notamment :
- Aus zwei Welten (Leipzig, 1884), roman,
- Anna Boleyn (Bonn, 1886), tragédie,
- In der Irre (Bonn, 1888), recueil de contes,
- Edleen Vaughan ou Paths of Peril, roman (Londres, 1894),
- Sweet Hours, poèmes écrits en anglais (Londres, 1904).
Son œuvre signée Carmen Sylva inclut en outre :
- une traduction en allemand de Pêcheur d'Islande de Pierre Loti,
- la traduction en allemand des volumes du critique dramatique Paul de Saint-Victor, Les Deux Masques (Paris, 1881-1884),
- la traduction en anglais, en 1891, avec la collaboration d'Alma Strettell, sous le titre The Bard of the Dimbovitza, d'un recueil de folklore roumain d'Elena Văcărescu publié antérieurement à Bonn, en 1889, sous le titre Lieder aus dem Dambovitzathal.
Elle influença fortement l'écrivaine Bucura Dumbravă.
L'affaire Vacaresco
En 1881, afin d'assurer sa succession au trône de Roumanie, le roi Charles désigne son neveu, le prince Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, prince allemand de 16 ans, qui n'a jusque-là jamais foulé le sol roumain et n'en parle pas la langue.
Quelques années plus tard, le jeune homme tombe amoureux de la femme de lettres roumaine Hélène Vacaresco, qui est une des intimes de la reine. Celle-ci encourage cette relation, bien que la constitution de Roumanie stipule que l'héritier au trône ne peut pas épouser une Roumaine.
Le scandale finit par éclater, et la reine est contrainte à l'exil pendant deux ans dans son château natal de Neuwied en Allemagne. Hélène Vacaresco est éloignée à Paris, tandis que le prince héritier est envoyé faire un tour des cours européennes pour y chercher une épouse.
Éditions récentes
- Les pensées d'une reine / Carmen Sylva reine de Roumanie, préface par Louis Ulbach, postface par Nicolae Ionel; Éditions Fides, Iași 1998, 160 p., (ISBN 973-9384-09-9).
- Les pensées d'une reine - Cugetările unei regine, édition bilingue français-roumain, traduction du français par Dumitru Scorţanu, éditions Fides, Iași, 2001, (ISBN 973-9384-62-5).
- Gedanken einer Königin - Les pensées d'une reine, édition complète des pensées en allemand et français et des épigrammes de la reine Élisabeth de Roumanie, née princesse de Wied, pseudonyme littéraire Carmen Sylva (1843-1916), édité par et avec une préface de Silvia Irina Zimmermann, avec des photographies des archives princières de Wied (Neuwied), Éditions Ibidem, Stuttgart, 2012, 440 pages, (ISBN 978-3-8382-0385-0).
- Sagesse d'une reine, avec préface du prince Radu de Roumanie, postface de Gabriel Badea-Päun, et deux lettres de Pierre Loti à Carmen Sylva, Via Romana, 2013 (ISBN 979-10-90029-46-0)
Bibliographie
- Louis Ulbach, Les Pensées d'une reine, préface, Paris, Calmann-Lévy, 1882.
- E. Sergy, Carmen Sylva. Élisabeth reine de Roumanie, Paris, Fischbacher, 1890.
- Pierre Loti, L'Exilée, Paris, Calmann-Lévy, 1893.
- Jules Brun, La Servitude de Pélesch, introduction, Paris, Lemerre.
- Georges Bengesco, Carmen Sylva (Sa Majesté la reine Élisabeth de Roumanie). Bibliographie et extraits de ses œuvres. Le Soudier u. a., Paris, 1904.
- Georges Bengesco, Carmen Sylva intime, Paris, Juven, 1905.
- Léopold Stern, Pierre Loti et Carmen Sylva, Paris, Grasset, 1931.
- Nicolae Iorga, « Pour se souvenir de la reine Élisabeth de Roumanie », dans Bulletin de la Sélection Historique, Bucarest, 1935.
- Roger Merle, Carmen Sylva. L'Extravagante Reine Élisabeth de Roumanie, 1843-1916, Éditions Michaël Ittah, 1999, 190 p.
- Gabriel Badea-Päun, Carmen Sylva - Uimitoarea Regină Elisabeta a României, 1843-1916, Bucarest, Humanitas, 2003, 2e édition en 2007, 3e édition en 2008. (ISBN 978-973-50-1101-7).
- Gabriel Badea-Päun, « Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (1842-1923) à la cour royale de Roumanie », dans Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, Année 2005, Paris, 2006, p. 257-281.
- Gabriel Badea-Päun, Carmen Sylva, reine Elisabeth de Roumanie, Versailles, Via Romana, 2011.
- Gabriel Badea-Päun, Carmen Sylva. Königin Elisabeth von Rumänien - eine rheinische Prinzessin auf Rumäniens Thron, avec une préface de S.A.S. le Prince Carl zu Wied, traduit en allemand par Silvia Irina Zimmermann, Stuttgart, Ibidem Verlag, 2011 (ISBN 978-3-8382-0245-7).
- Benno Diederich (de): Königin Elisabeth von Rumänien (Carmen Sylva). Ein Lebensbild. R. Voigtländer, Leipzig 1898.
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Ressource relative à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Centre Scientifique Carmen Sylva – Archives Princières de Wied
- Étude biographique sur Carmen Sylva
- Photographies - Carmen Sylva
- Carmen Sylva : « Les pensées d’une reine » – deux éditions nouvelles d’aphorismes en allemand et français
- Carmen Sylva en tant que muse pour Blanche Gréhant