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Élisabeth-Marie d'Autriche

Élisabeth-Marie Henriette Stéphanie Gisèle d'Autriche, née le à Laxenbourg et morte le à Vienne, est archiduchesse d'Autriche, princesse royale de Bohème, de Hongrie et de Croatie, issue de la Maison de Habsbourg-Lorraine.

Élisabeth-Marie d’Autriche
Description de cette image, également commentée ci-après
Photographie de l'archiduchesse Élisabeth-Marie (1910).
Biographie
Titulature Princesse impériale d’Autriche
princesse royale de Hongrie
princesse royale de Bohême
Archiduchesse d’Autriche
Dynastie Maison de Habsbourg-Lorraine
Nom de naissance Elisabeth Marie Henriette Stephanie Gisela von Österreich
Naissance
Laxenbourg (Autriche-Hongrie)
Décès
Vienne (Autriche)
Sépulture Hütteldorfer Friedhof
Père Rodolphe, prince héritier d’Autriche-Hongrie
Mère Princesse Stéphanie de Belgique
Conjoints Prince Othon de Windisch-Graetz
Léopold Petznek
Enfants Prince François-Joseph de Windisch-Graetz
Prince Ernest de Windisch-Graetz
Prince Rodolphe de Windisch-Graetz
Princesse Stéphanie de Windisch-Graetz
Religion Catholicisme romain

À partir des années 1929, la presse de l'époque la surnomme l'Archiduchesse rouge (en allemand « Rote Erzherzogin ») pour ses affinités notoires avec le parti socialiste autrichien.

Famille

Elle est l'enfant de Rodolphe de Habsbourg-Lorraine (1858-1889), héritier de l'empire d'Autriche-Hongrie, et de Stéphanie de Saxe-Cobourg et Gotha (1864-1945), princesse de Belgique[1].

Son père est le fils de François-Joseph Ier (1830-1916), empereur d'⁣⁣Autriche⁣⁣, puis d'Autriche-Hongrie, et roi de Bohème, et d'Élisabeth de Wittelsbach (1837-1898), duchesse en Bavière.

Sa mère est la fille de Léopold II dit le Roi bâtisseur (1835-1909), roi des Belges, et de Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine (1838-1902), archiduchesse d'Autriche.

Enfance semée de drames

Très jeune, Erzsi, diminutif affectueux hongrois, est confrontée aux drames qui secouent sa famille et l'Europe.

Le , Maximilien de Wittelsbach, duc en Bavière, son bisaïeul paternel, meurt.

L'année suivante, le , son père est retrouvé mort, en compagnie de la baronne Marie Vetsera, sa maîtresse de 17 ans, dans ce qui devient vite la « tragédie de Mayerling ».

L'Empereur prend dès lors son éducation en main, faisant d'elle sa petite-fille préférée.

Le , Ludovica de Wittelsbach, duchesse en Bavière, veuve de Maximilien et bisaïeule paternelle, décède à son tour.

Le , Sophie-Charlotte de Wittelsbach, épouse du Duc d'Alençon et grand-tante paternelle, périt brûlée vive dans l'incendie du bazar de la Charité à Paris.

Le , Élisabeth de Wittelsbach, connue sous le surnom de Sissi, grand-mère paternelle, impératrice d'Autriche-Hongrie, est assassinée à Genève par un anarchiste italien.

D'autres membres de la famille meurent également au cours de ces années, notamment parmi les Habsbourg-Lorraine, rallongeant la liste des deuils qui marquent la fin du XIXe siècle à Vienne.

À ces décès s'ajoute un évènement important, plus personnel encore : le , sa mère Stéphanie, après onze ans de veuvage et d'une vie faite de voyages, après avoir failli épouser François-Ferdinand de Habsbourg-Lorraine (1863-1914), nouvel héritier de l'Empire austro-hongrois depuis la mort de Rodolphe, décide de s'unir en secondes noces à Elemér Lónyay (1863-1946), un diplomate et noble hongrois de second rang qui devient prince en 1917.

De ce fait, la princesse de Belgique rompt progressivement avec la famille royale belge dont le roi, son père, ne souhaite plus le moindre contact. Elle est également exclue de la Maison impériale d'Autriche. Après cela, Erzsi n'a presque plus de contact avec sa mère qu'elle tient pour partie responsable de la mort de son père. La rupture entre la mère et la fille étant consommée, Stéphanie la déshérite finalement en [2].

Mariage, naissances et liaisons

L'archiduchesse et son époux.

Un instant suggérée pour devenir l'épouse d'Albert de Saxe-Cobourg et Gotha (1875-1934), héritier de Léopold II, celui-ci refuse la main d'Erzsi au profit d'Élisabeth de Wittelsbach (1876-1965), nièce de l'impératrice Sissi.

Dès lors, elle entame l'année suivante une relation avec Othon de Windisch-Graetz (1873-1952), officier et prince autrichien alors âgé de 28 ans, et souhaite l'épouser. L'Empereur d'Autriche-Hongrie convoque l'officier qui obtempère et demande la main de la petite-fille de son souverain[2]. François-Joseph consent à ce mariage morganatique en automne 1901 et verse une dot, ainsi qu'une rente fort importante à sa petite-fille, sans la faire exclure de la Maison impériale comme l'a été, et pour les mêmes raisons, sa mère, Stéphanie, deux ans plus tôt.

Les noces sont célébrées le et le couple princier s'installe au début de son mariage au château de Ploschkowitz en Bohême[2]. Ensemble, ils ont rapidement quatre enfants viables :

Le château de Ploschkowitz.

Dès 1912, la mésentente s'installe entre les époux. L'ennui conduit à une grave crise conjugale qui se mue en véritable animosité au fil des années. À l'instar de sa grand-mère paternelle, Sissi, la princesse de Windisch-Graetz multiplie les voyages cependant que son époux préfère demeurer en Bohème. Le prince et la princesse ont tous deux des liaisons adultérines. La princesse surprend une des maîtresses de son mari et n'hésite pas à la blesser d'un coup de revolver[3]. L'historien autrichien Friedrich Weissensteiner fournit cependant une autre version de l'évènement : Élisabeth-Marie aurait en fait tiré sur le valet de chambre qui montait la garde à l'entrée de la chambre à coucher[2].

La princesse s'affiche à partir de 1913 avec le lieutenant de vaisseau Egon Lerch, qui meurt le 7 août 1915 dans le sous-marin dans lequel il opérait, coulé par les Italiens au large de Trieste. Cette disparition désespère l'archiduchesse[2].

La République, l'Anschluss, l'occupation française

François-Joseph meurt le à Vienne, en pleine Première Guerre mondiale, déclenchée par l'assassinat de son neveu François-Ferdinand, le à Sarajevo, et laisse à son petit-neveu, Charles Ier (1887-1922), un Empire miné par les défaites successives et les pressions autant externes qu'internes, pour en finir avec les combats. Celui-ci ne règne pas suffisamment pour mettre en place les réformes souhaitées et est contraint de renoncer au pouvoir, le , sans toutefois proprement abdiquer. La nuance n'empêche pas l'Empire d'Autriche-Hongrie de se désagrérer en de multiples pays, devenant chacun souverains, et votant çà et là la déchéance de la dynastie des Habsbourg-Lorraine. Seule la Hongrie demeure un royaume où survit une régence laissant peu de doutes sur le rétablissement du roi.

Élisabeth-Marie perd ses titres de noblesse, désormais interdits par la première république d'Autriche.

Alors qu'elle entame une procédure de « séparation de table et de lit » (le divorce n'étant pas légalement reconnu), elle rencontre en 1919 Leopold Petznek (1881-1956), professeur et homme politique social-démocrate, qui devient député en 1921. Issu d'un milieu modeste mais cultivé, Leopold est marié, mais son épouse, dont il a un fils, séjourne en hôpital psychiatrique jusqu'à sa mort en 1935. Ils deviennent amants à partir de 1921 et, trois ans plus tard, la princesse règle sa séparation avec son époux, provoquant une importante couverture médiatique[2].

Élisabeth-Marie demeure la concubine de Leopold pendant vingt-quatre ans sans pouvoir l'épouser, en raison de la législation interdisant le divorce. Elle garde une distance avec ses enfants, avec lesquels ses relations se dégradent, et refuse même à admettre les conjoints de ces derniers.

Le couple s'installe à Hütteldorf, un quartier résidentiel de Vienne. À partir de 1929, ils vivent dans une villa de Hütteldorf qu'elle vient d'acheter. Elle rejoint le Parti social-démocrate et la presse commence à la surnommer « l'Archiduchesse rouge » en raison de son association et de son soutien financier au parti socialiste[2]. Néanmoins, l'Autriche reste un pays conservateur et Leopold Petznek est emprisonné de la fin 1933 à .

Ce soutien financier au parti politique socialiste conduit Élisabeth-Marie à être accusée de dilapider la fortune familiale par son mari et son fils, qui déclenchent une procédure de mise sous curatelle en 1934, mais sans aboutissement.

En 1938, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie conduit la princesse à être interrogée plusieurs fois par la police du fait de son engagement politique. Son concubin Leopold est déporté au camp de concentration de Dachau en [2]. Il est libéré en à l'arrivée des troupes américaines. Le couple peut enfin se marier en 1948.

La tombe anonyme de « l'archiduchesse rouge ».

Vienne est libérée par l'Armée rouge et la villa de la princesse est réquisitionnée et saccagée par les soldats russes.

À l'instar de l'Allemagne et de Berlin, l'Autriche et Vienne sont également subdivisées en zones d'occupation par les troupes alliées. La villa est de nouveau occupée, cette fois-ci par les Français du général Antoine Béthouart, Hütteldorf se trouvant en zone d'occupation française[4]. Ce n'est qu'en 1955, à la fin de l'occupation de la ville par les Alliés et lorsque l'Autriche retrouve sa complète souveraineté, que le couple septuagénaire peut revenir s'y installer.

Le couple est en mauvaise santé et l'ancienne archiduchesse passe de plus en plus de temps en fauteuil roulant. En , son époux meurt d'une crise cardiaque[2].

Élisabeth-Marie se consacre à une nouvelle activité, l'élevage des bergers allemands, pour lesquels elle obtient des prix de concours.

Elle décède à son tour à Vienne le à l'âge de 79 ans. Dans son testament, elle interdit à ses deux enfants survivants de pénétrer chez elle non accompagnés et s'oppose à ce que ses belles-filles puissent y venir. Seule sa fille est autorisée à lui rendre une dernière visite de quelques minutes sous réserve d'être accompagnée de domestiques.

Élisabeth-Marie est inhumée le dans une tombe anonyme du cimetière d'Hütteldorf, en conformité avec ses dernières volontés.

Dans son testament, elle lègue les collections impériales, meubles et tableaux qu'elle avait récupérés après le saccage de sa villa à des musées viennois. Ses chiens sont euthanasiés, pour ne pas lui survivre, ainsi qu'elle le souhaite, car elle ne veut pas pour eux d'autres maîtres qu'elle[2].

Notes et références

  1. Mémoires de Guerre, « Elisabeth-Marie d'Autriche », sur Mémoires de Guerre (consulté le )
  2. Friedrich Weissensteiner, L'archiduchesse rouge, Payot, , 240 p. (ISBN 978-2-228-90727-9)
  3. Windisch-Graetz, Ghislaine de., Kaiseradler und rote Nelke : das Leben der Tochter des Kronprinzen Rudolf, Amalthea, (ISBN 3-85002-264-1 et 978-3-85002-264-4, OCLC 22709301, lire en ligne)
  4. Antoine Béthouart, La bataille pour l'Autriche, Paris, Presses de la Cité, , 318 p.

Voir aussi

Bibliographie

  • Antoine Béthouart, La bataille pour l'Autriche, Paris, Presses de la Cité, 1962
  • (de) Friedrich Weissensteiner, Die rote Erzherzogin : das ungewöhnliche Leben der Tochter des Kronprinzen Rudolf : Versuch einer Biographie, Österreichischer Bundesverlag, Vienne, (Autriche), 1982 (2e édition), 227 p., (ISBN 3215046709), (LCCN 83136530).
  • Friedrich Weissensteiner, traduit par Marie Reygnier, L'Archiduchesse rouge : la vie tumultueuse d'Élisabeth-Marie d'Autriche, petite-fille de Sissi et fille de Rodolphe, Payot, Paris, 2010, 221 p.
  • (de) Ghislaine de Windisch-Graetz, Kaiseradler und rote Nelke : das Leben der Tochter des Kronprinzen Rudolf, éditions Amalthea, Vienne (Autriche), 1989 (2e édition), 463 p.-[24] p., (ISBN 3850022641), (LCCN 90158978).
  • Ghislaine de Windisch-Graetz, L'Archiduchesse rouge : la vie d'Élisabeth-Marie, orpheline de Mayerling : 1883-1963, éditions Duculot, coll. « Document Duculot », Paris et Louvain-la-Neuve, 1990, 347 p.-[16] p., (ISBN 2-8011-0881-2), (BNF 35181790). – Note : il est probable que cet ouvrage soit une traduction de l'ouvrage en allemand, du même auteur, mais aucun élément ne permet de s'en assurer.

Liens externes

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