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Élections législatives macédoniennes de 2016

Les élections législatives macédoniennes de 2016 (en macédonien : Македонски парламентарни избори (2016)) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 123 députés de la 9e législature de l'Assemblée de Macédoine, pour un mandat de quatre ans. Conformément à la loi électorale, 120 députés sont finalement élus.

Élections législatives macédoniennes de 2016
120 sièges de l'Assemblée
(Majorité absolue : 61 sièges)
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 784 416
Votants 1 191 832
66,79% en augmentation 3,8
Votes exprimés 1 153 962
Blancs et nuls 37 870
VMRO-DPMNE Nikola Gruevski
Voix 454 577
38,14%
en diminution 4,8
Députés élus 51 en diminution 10
SDSM Zoran Zaev
Voix 436 981
36,66%
en augmentation 11,3
Députés élus 49 en augmentation 14
BDI/DUI Ali Ahmeti
Voix 86 796
7,28%
en diminution 6,4
Députés élus 10 en diminution 9
9e législature de l'Assemblée
Diagramme
Président du gouvernement
Sortant Élu
Nikola Gruevski
VMRO-DPMNE
Zoran Zaev
SDSM

Organisé en conséquence d'une grave crise politique en , le scrutin voit la courte victoire de la VMRO-DPMNE au pouvoir depuis 2006 face à l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM). Celle-ci passe un accord avec des députés des Albanais de Macédoine, initialement repoussé par le président de la République. Après des scènes de violence au sein de l'enceinte parlementaire, le chef de l'État accepte de charger Zoran Zaev de former le nouveau gouvernement. Ce dernier accède à la direction de l'exécutif en , cinq mois et demi après les élections.

Contexte

Victoire contestée de Gruevski

Lors des élections législatives anticipées du 27 avril 2014, tenues en même temps que le second tour de l'élection présidentielle, l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) du président du gouvernement Nikola Gruevski s'impose avec plus de 40 % des suffrages exprimés, contre 22 % à l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) du maire de Stroumitsa Zoran Zaev. Ce dernier rejette les résultats estimant que le pouvoir a « massivement acheté des voix, en présence et avec l'assistance de la police » et l'accusant « d'abuser de l'ensemble du système d'État » à coups « de menaces et de chantage »[1] - [2].

Crise politique et scandale des écoutes

Accusé le par la police de fomenter un coup d'État[3]., Zaev révèle le disposer de nombreux enregistrements réalisés par les services secrets sur ordre direct de Gruevski, qui concerneraient des ministres, des dirigeants de l'opposition, des dirigeants d'ONG, des journalistes, des entrepreneurs[4]...

Le chef de l'exécutif accuse à son tour le chef de l'opposition d'espionner ses alliés et de se préparer à le renverser illégalement, des déclarations qui amènent les partis de l'opposition à boycotter les travaux de l'Assemblée[5]. Le , après des affrontements armés entre la police et un commando albanais ayant fait 22 morts, deux ministres et le chef des services secrets démissionnent[6].

Une manifestation, menée par Zaev, rassemble 20 000 personnes à Skopje cinq jours plus tard. Le président de la SDSM exhorte ensuite les manifestants à camper devant le palais du gouvernement jusqu'à la démission du président du gouvernement[7].

Accord pour de nouvelles élections

Sous l'égide de l'Union européenne, Zaev et Gruevski concluent un accord le pour l'organisation d'élections législatives anticipées avant la fin de l'année 2016, soit deux ans avant l'échéance constitutionnelle normale, et s'entendent le sur la formation d'un gouvernement de transition 100 jours avant la tenue du scrutin[8]. Le , l'Assemblée investi Emil Dimitriev en remplacement de Gruevski, les ministères de l'Intérieur et du Travail revenant à l'opposition[9].

Initialement prévu pour le , le scrutin est reporté au par un accord conclu le entre la VMRO-DPMNE et la SDSM[10]. La crise est rouverte le , lorsque le président de la République Gjorge Ivanov promulgue une amnistie concernant les « procédures judiciaires contre les responsables du gouvernement et de l'opposition » mis en cause dans le scandale des écoutes. Potentiellement bénéficiaire de cette décision, Zaev dénonce un « coup d'État » et souligne qu'elle profite à l'ancienne ministre de l'Intérieur et à l'ex-directeur des services secrets[11]. La SDSM ayant fait part de son intention de boycotter le scrutin, un report sans date est décidé par les députés le [12].

Un accord de principe est conclu le pour que le scrutin puisse se tenir le , après une médiation de l'ambassadeur des États-Unis[13]. Huit jours plus tard, l'Assemblée adopte à l'unanimité quatre lois nécessaires à la mise en œuvre de l'accord conclu entre les partis : celle relative à la création d'un gouvernement technique 100 jours avant les élections, celle sur le ministère de l'Intérieur, concernant la régulation des médias, et celle réformant le Code électoral[14]. La VMRO-DPMNE et la SDSM ratifient le un accord prévoyant la tenue des élections au suivant[15].

L'Assemblée vote formellement sa dissolution le , juste après avoir adopté le budget. Si la convocation de nouvelles élections reçoit un large soutien avec 110 voix favorables sur 123, le projet de loi de finances est approuvé par les seuls députés de la VMRO-DPMNE. La SDSM, opposée au texte, choisit de ne pas s'y opposer afin de s'assurer du vote de dissolution prévu juste après[16].

Système électoral

L'Assemblée de Macédoine (Собрание на Македонија) est un parlement monocaméral composé de 123 sièges pourvus pour quatre ans, dont 120 au scrutin proportionnel plurinominal dans six circonscriptions de 20 sièges chacune.

Les électeurs votent pour le candidat d'une liste, et ce vote correspond à une voix pour cette dernière tout en jouant le rôle d'un vote préférentiel pour le candidat en question, ce qui peut éventuellement permettre au candidat de voir sa place monter dans la liste.

Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt au quotient simple, sans seuil électoral. Toutes les listes reçoivent par conséquent un siège en proportion de leurs part des suffrages exprimées, avec un siège par tranche de 1/20ème de suffrage dans chacune des six circonscription, soit un seuil de facto de 5 % des suffrages exprimés. Les sièges sont répartis, au sein des listes, entre les candidats ayant reçu le plus grand nombre de suffrages en leur nom, par ordre décroissant.

Les trois sièges restants, réservés à la diaspora, sont pourvus selon le même système, mais leur élection est conditionné à l'obtention d'un minimum de suffrages liés au scrutin précèdent. Un candidat de la diaspora n'est ainsi élu que si la liste sur laquelle il se présente réunit au moins autant de votes en sa faveur que le candidat ayant été élu avec le moins de voix en Macédoine du Nord lors du scrutin précédent. Les second et troisième sièges ne sont attribués que si cette même liste réunit le double et le triple de ce montant. En 2016, le nombre de suffrages à atteindre est ainsi de 6 478 votes[17].

Le système proportionnel permet notamment la représentation de la minorité albanaise. En outre, toute liste doit comprendre au moins 30 % de candidats de chaque sexe, et les candidats du sexe le moins représenté dans chacune des listes être positionnés au minimum tous les dix noms[18].

Campagne

Principales forces politiques

Parti/coalition Idéologie Chef de file Score en 2014
VMRO-DPMNE
ВМРО-ДПМНЕ
Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, nationalisme
Nikola Gruevski 43,0 % des voix
61 députés
Union sociale-démocrate de Macédoine
Социјалдемократски сојуз на Македонија (SDSM)
Centre gauche
Social-démocratie, libéralisme, europhilie
Zoran Zaev
(Maire de Stroumitsa)
25,3 % des voix
35 députés
Union démocratique pour l'intégration
Демократска унија за интеграција (DUI)
Bashkimi Demokratik për Integrim (BDI)
Centre droit
Conservatisme social, europhilie, intérêts des Albanais
Ali Ahmeti 13,7 % des voix
19 députés
Parti démocratique des Albanais
Демократска партија на Албанците (DPA)
Partia Demokratike Shqiptare (PDSh)
Centre droit
Conservatisme social, intérêts des Albanais
Menduh Thaçi 5,9 % des voix
7 députés

Résultats

Résultats des élections législatives macédoniennes de 2016
Parti/coalition Voix % +/- Sièges +/-
VMRO-DPMNE 454 577 38,14 en diminution 4,83 51 en diminution 10
VMRO-DPMNE 43 en diminution 9
Parti socialiste de Macédoine (SPM) 3 en stagnation
Option citoyenne pour la Macédoine (GROM) 2 en augmentation 1
Parti démocratique des Serbes de Macédoine (DPS) 1 en stagnation
Parti démocratique des Turcs de Macédoine (DPT/TDP) 1 en stagnation
Union des Roms de Macédoine (SRM) 1 en stagnation
Parti d'action démocratique de Macédoine (SDA) 0 en diminution 1
Autres (partis absents) 0 en diminution 1
Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) 436 981 36,66 en augmentation 11,32 49 en augmentation 14
Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) 37 en augmentation 10
Parti libéral-démocrate (LDP) 2 en diminution 1
Nouveau Parti social-démocrate (NSDP) 2 en diminution 1
Renouveau démocratique de Macédoine (DOM) 1 en stagnation
Parti pour le Mouvement turc de Macédoine (PDT/THP) 1 en stagnation
Parti pour l'avenir européen (PEI) 1 en augmentation 1
Parti des retraités et citoyens unis de Macédoine (POPG) 1 en augmentation 1
Députés indépendants (NP) 4 en augmentation 4
Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) 86 796 7,28 en diminution 6,43 10 en diminution 9
Mouvement Besa (LB/DB) 57 868 4,86 Nv 5 en augmentation 5
Alliance pour les Albanais (ASh/AA) 35 121 2,95 Nv 3 en augmentation 3
Parti démocratique des Albanais (PDSh/DPA) 30 964 2,60 en diminution 3,32 2 en diminution 5
VMRO-Macédoine 24 524 2,06 Abs 0 en stagnation
La Gauche (Levica) 12 120 1,02 Nv 0 en stagnation
Autres[alpha 1] 15 011 1,30 0 en diminution 1[alpha 2]
Suffrages exprimés 1 153 962 96,64
Blancs et nuls 37 870 3,36
Total 1 191 832 100 120 en diminution 3[alpha 3]
Abstention 592 584 33,21
Inscrits / participation 1 784 416 66,79

Analyse

À l'issue du scrutin, à peine 18 000 voix séparent l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) de Nikola Gruevski, de l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) de Zoran Zaev. Ce dernier se refuse d'ailleurs à reconnaître les résultats[19].

Conséquences

Zaev parvient à rallier 18 députés albanophones, ce qui lui assure le soutien d'une majorité absolue de parlementaires. Il présente ses parrainages au président de la République Gjorge Ivanov le . Puisque leur accord prévoit que l'albanais devienne la seconde langue officielle du pays, le chef de l'État rejette sa candidature deux jours plus tard, affirmant que « la Constitution et [sa] conscience » lui interdisent « de confier la charge de former un gouvernement à une personne ou à un parti dont le programme prône l’atteinte à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance » du pays[20].

L’envahissement le du palais de l'Assemblée par des militants nationalistes qui molestent plusieurs députés dont Zaev provoque un choc général dans la société et la classe politique macédoniennes. Ivanov, qui a obtenu des assurances écrites du président de la SDSM sur l'unité et l'intégrité territoriales du pays, confie à ce dernier le mandat de constituer le nouvel exécutif le [21]. Ayant formé une alliance avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) et l'Alliance pour les Albanais (ASh/AA), Zoran Zaev est investi à 42 ans président du gouvernement par l'Assemblée par 62 voix favorables, après s'être engagé à obtenir une adhésion « aussi rapide que possible » à l'Union européenne et à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN)[22].

Notes

  1. Partis ayant reçu moins de 1 % des voix.
  2. Issu de la RDK/NDP.
  3. Aucun des trois sièges de la diaspora n'est pourvu.

Références

  1. « Macédoine: les conservateurs gagnants, l'opposition crie à la fraude », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Victoire des conservateurs en Macédoine », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) « Macedonian opposition leader accused of plot to topple government », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Sinisa Jakov Marusic, « Macedonia PM Accused of Large-Scale Wire-Tapping », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Benoît Hopquin, « Les écoutes illégales divisent la Macédoine », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Macédoine: démission de 2 ministres et du chef du renseignement après les combats meurtriers à Kumanovo », Romandie, (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Macédoine: l'opposition appelle à rester dans la rue jusqu'à la démission du Premier ministre », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Macédoine : l'UE met fin à la crise politique », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Parliament has selected the transitional Government with Emil Dimitiriev as Prime Minister », Meta.mk, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Jaklina Naumovski, « Macédoine : les élections anticipées sont reportées au 5 juin », Le Courrier des Balkans, (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Macédoine: l'amnistie décrétée par Ivanov sème la discorde », Radio-télévision belge de la Communauté française, (lire en ligne, consulté le ).
  12. « En Macédoine, les élections législatives contestées sont reportées sine die », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Parties in FYROM reach an agreement, elections to be held on 11 December », Independent Balkan News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) « Parliament approves the Przino Agreement », Independent Balkan News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Macédoine: élections législatives prévues le 11 décembre, après deux reports », Radio-télévision belge de la Communauté française, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) « Macedonia Parliament Dissolves for Early Elections », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « EARLY PARLIAMENTARY ELECTIONS 11 December 2016 », sur www.osce.org (consulté le ).
  18. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: EX-REPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACEDOINE (Sobranie), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  19. Benoît Vitkine, « Courte victoire nationaliste en Macédoine », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  20. « En Macédoine, le pouvoir dénonce les ingérences occidentales », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  21. Benoît Vitkine, « Après trois mois d’obstruction, le pouvoir macédonien cède face à l’opposition », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Six mois après les législatives, la Macédoine se dote d’un gouvernement », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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