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Élection présidentielle maldivienne de 2023

L'élection présidentielle maldivienne de 2023 a lieu le afin d'élire le président de la République des Maldives.

Élection présidentielle maldivienne de 2023
Ibrahim Mohamed SolihMDP
Président de la République
Sortant
Ibrahim Mohamed Solih
PDM

Le président sortant Ibrahim Mohamed Solih est candidat à un deuxième mandat. Vainqueur à la surprise générale de l'élection présidentielle de 2018 face au président autoritaire sortant Abdulla Yameen, Ibrahim Mohamed Solih se représente dans un contexte de rupture avec l'ancien président Mohamed Nasheed au sein du Parti démocrate maldivien.

Contexte

Aléas démocratiques

Le scrutin intervient dans un pays à la démocratie encore jeune. Après trente ans de dictature de Maumoon Abdul Gayoom, la première élection présidentielle démocratique organisée en 2008 voit la victoire de Mohamed Nasheed, l'une des principales figures de l'opposition, emprisonné à seize reprises entre 1990 et 2008[1] - [2]. Ses réformes jugée trop libérales par les conservateurs islamistes, couplées à une économie en berne, minent cependant sa popularité. Sa décision en janvier 2012 de faire arrêter le président de la Cour suprême qu'il accuse de chercher à protéger les membres de l'ancien régime provoque des manifestations de grande ampleur. Le 7 février, il finit par démissionner sous la pression de l'armée[3]. Mohamed Nasheed décide néanmoins de se représenter à l'élection présidentielle de 2013, mais est battu au second tour par Abdulla Yameen, demi-frère de Maumoon Abdul Gayoom[4].

Yameen revient alors sur les réformes démocratiques de Nasheed et met peu à peu en place un régime autoritaire sous l'égide du Parti progressiste des Maldives (PPM)[5], au point que Gayoom finit par quitter ce dernier et rejoindre l'opposition[1] - [6]. Influencé par des religieux wahhabites formés en Arabie saoudite et au Pakistan, Yameen encourage le prosélytisme islamiste. De nombreux cheikhs radicaux occupent ainsi de plus en plus l'espace public, conduisant à une augmentation des cas de mariages précoces, d'excision et de refus de vacciner les enfants. En 2015, les Maldives enregistre un taux proportionnellement élevé de départs vers les territoires de l'État islamique[7]. Le président va jusqu'à se déclarer candidat de l'islam face aux « infidèles »[8].

A nouveau emprisonné, Nasheed voit son jugement cassé en février 2018 par la Cour suprême, qui ordonne sa libération[9]. Refusant cette dernière, Yameen réagit immédiatement en décrétant l'État d'urgence[10] avant de faire assiéger les bureaux de la Cour suprême, qu'il accuse de vouloir le destituer, qualifiant leur décision de « conspiration » et de tentative de « coup d'État »[11]. Il suspend le parlement, limoge le chef de la police et fait arrêter son demi-frère ainsi que deux juges de la Cour suprême[12] - [13] - [14]. Son coup de force amène les trois juges de la Cour suprême restés en liberté à annuler la décision de remise en liberté de Nasheed, alors contraint à l'exil et a abandonner son projet de se présenter à la présidentielle de 2018[15]. L'ONU dénonce une « attaque contre la démocratie »[16] - [17].

Alternance et présidence d'Ibrahim Mohamed Solih

Ibrahim Mohamed Solih

Alors qu'une fraude électorale est jugée probable dans un contexte de répression de l'opposition et d'atteinte au droit de la presse et du droit de manifester[18] - [19], l'élection présidentielle de 2018 voit la victoire surprise de l'unique candidat de l'opposition, Ibrahim Mohamed Solih[5]. Membre du Parti démocrate comme Nasheed, ce dernier reçoit en effet le soutien de l'ensemble des opposants au régime, de la diaspora et des partisans de Gayoom[20].

Abdulla Yameen reconnaît publiquement sa défaite, avant de faire volte-face et de déposer un recours contre les résultats à la Cour suprême[21], provoquant l'inquiétude de la communauté internationale, en particulier l'Inde voisine, l'Union européenne et les États-Unis. Ces derniers menacent Yameen de sanctions s'il remettait en cause le résultat des urnes. Le , après le rejet par la Cour suprême d'entendre ses témoins, Yameen annonce finalement reconnaitre sa défaite et son départ du pouvoir[22]. Le , après la suspension par la Cour suprême de sa peine de prison, l'ancien président Mohamed Nasheed retourne au pays[23].

Aux élections législatives organisées en avril 2019 auxquelles participent massivement la population, le Parti démocrate maldivien (DPM) mené par Mohamed Nasheed depuis revenu de son exil en soutien au nouveau président remporte une écrasante majorité avec plus des deux tiers des sièges[24]. Pour la première fois depuis l’avènement du multipartisme dans le pays, un parti remporte seul la majorité absolue au parlement[25].

Le scrutin, qui se déroule dans des conditions globalement démocratiques malgré des soupçons de fraudes telles que l'achat de voix, donne ainsi lieu à une alternance sur le Parti progressiste (PPM) d'Abdulla Yameen, arrêté deux mois plus tôt pour blanchiment d'argent et de détournement de fonds[26]. Son échec à obtenir un mandat de député le prive notamment d'une immunité parlementaire dans cette affaire[27]. Fin décembre 2022, il est condamné à onze ans de prison[28].

Rupture entre Solih et Nasheed

Ibrahim Mohamed Solih et Mohamed Nasheed finissent cependant par s'affronter dans une lutte interne pour le pouvoir, le Parti démocrate maldivien (DPM) se déchirant en deux factions rivales. Comme annoncé lors de la campagne pour les législatives, Nasheed prône en effet une révision de la constitution vers un régime parlementaire, qu'il désire mettre en place avant la présidentielle de 2023, afin de devenir le nouveau Premier ministre, détenteur du pouvoir executif[29] - [30] - [31]. Le président se montre cependant réticent à céder le pouvoir. Si un tel changement de la constitution nécessite la majorité des deux tiers des parlementaires, il pose pour condition supplémentaire la tenue préalable d'un référendum, ce que Nasheed refuse. La réforme institutionnelle reste ainsi lettre morte[32].

Les deux hommes s'affrontent lors de la primaire du DPM organisée le 28 janvier 2023, Nasheed accusant notamment le président de corruption[33]. Le scrutin interne est largement remporté par Ibrahim Mohamed Solih après un peu plus de 61 % des suffrages des 31 000 militants qui y participent. Mohamed Nasheed refuse cependant de reconnaitre les résultats, qu'il qualifie de « truqués »[32] - [34].

Mode de scrutin

La Muliaage, résidence du président.

Le président de la république des Maldives est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois[35]. Est élu au premier tour le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés. À défaut, les deux candidats arrivés en tête s'affrontent lors d'un second tour organisé dans les vingt et un jours. Le candidat qui réunit le plus de voix au second tour est déclaré élu[35].

Les candidats doivent être de nationalité maldivienne de naissance, nés de parents eux mêmes tous deux maldiviens de naissance, ne pas avoir d'autre nationalité, être âgé d'au moins trente cinq ans, ne pas avoir de casier judiciaire, et être musulman sunnite. Chaque candidat se présente avec un colistier, lui même candidat à la vice présidence, soumis aux mêmes conditions de candidatures. Le vice président remplace le président en cas de vacance du pouvoir, jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. S'il se présente par la suite à une élection présidentielle, son mandat présidentiel compte comme complet vis à vis de la limite à deux mandats s'il s'étend sur plus de deux ans[35].

Résultats

Résultats
Candidats
et colistier
Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Ibrahim Mohamed Solih
à définir
PDM
Abdulla Yameen
à définir
PPM
Mohamed Nazim
à définir
MNP
Qasim Ibrahim (en)
à définir
JP
Autres candidats
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 100
Abstention
Inscrits / participation

.

Notes et références

  1. (en) « Maldives’ ex-dictator Maumoon Abdul Gayoom, top justice to be held through trial », sur The Indian Express, (consulté le ).
  2. (en) [{@type:Person, « Meet David Cameron's new best friend », sur the Guardian, (consulté le ).
  3. Le Point, magazine, « Maldives: le président veut "l'unité", son prédécesseur évoque un complot », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  4. « Maldives: Abdulla Yameen remporte l'élection présidentielle », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Maldives : le leader de l’opposition remporte l’élection présidentielle », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  6. (en) Mark Lynas, « The Maldives cannot represent climate leadership with an autocrat at the helm », sur the Guardian, (consulté le ).
  7. Manon Quérouil-Bruneel, « Maldives, l'enfer du décor », Le Figaro Magazine, semaine du 12 juin 2015, p. 38-48 (lire en ligne).
  8. (en) « Maldives police raid opposition headquarters on eve of election », sur Al Jazeera, .
  9. « Maldives: l'opposant en exil Nasheed se présentera à la présidentielle », sur LExpress.fr (consulté le ).
  10. Le Point, magazine, « Le président des Maldives décrète l'état d'urgence, un ex-président arrêté », sur Le Point (consulté le ).
  11. « Maldives: le président dénonce une «conspiration» des juges », sur Le Figaro, (consulté le ).
  12. « La Cour suprême des Maldives accusée de vouloir évincer le président », sur RTBF Info (consulté le ).
  13. (en) Suhasini Haidar, « Maldivian arch-rivals Mohammad Nasheed and Maumoon Abdul Gayoom join forces. », sur The Hindu (consulté le ).
  14. « Maldives : l'arrestation du président de la Cour suprême enfonce le pays dans la crise politique », sur France 24, (consulté le ).
  15. « Maldives: une crise très politique », sur RFI, RadioFranceInternationale, (consulté le ).
  16. « L'ONU parle pour les Maldives d'«attaque contre la démocratie» », sur Le Figaro (consulté le ).
  17. Le JDD, « Les Maldives : leurs plages et leur autocrate islamiste », sur lejdd.fr (consulté le ).
  18. « Maldives: présidentielle le 23 septembre, Yameen grand favori », sur La Croix, (consulté le ).
  19. (en) « "An All-Out Assault on Democracy”: Crushing Dissent in the Maldives" », sur Human Rights Watch, .
  20. (en) « The Maldives: The rise and fall of a Muslim democracy », sur Kashmir Images Newspaper (consulté le ).
  21. « Aux Maldives, le président battu ne veut pas lâcher le pouvoir », sur Libération.fr (consulté le ).
  22. Le Point, magazine, « Maldives: le président sortant admet sa défaite malgré son recours devant la Cour suprême », sur Le Point (consulté le ).
  23. « Retour aux Maldives de l'ex-président en exil Mohamed Nasheed », sur LExpress.fr (consulté le ).
  24. Législatives aux Maldives : l’ancien président fait un retour en force
  25. « Élections. Maldives : l’ancien président Mohamed Nasheed, grand vainqueur des législatives », sur Courrier international (consulté le )
  26. « Maldives: arrestation de l'ex-président Abdulla Yameen pour blanchiment d'argent - Asie-Pacifique - RFI », sur RFI (consulté le )
  27. Législatives aux Maldives : l'ancien président des Maldives fait un retour en force
  28. (en) Staff, « 11 Ans De Prison Pour Blanchiment D'argent Et Pots-De-Vin Pour Un Ancien Dirigeant Des Maldives », sur Le Matinal, (consulté le ).
  29. (en) « Yellow wave sweeps MDP to historic 65-seat haul », sur Maldives Independent,
  30. « Maldives: large victoire pour l’ancien président Nasheed aux législatives », sur RFI,
  31. (en) « Speaker to “discuss adopting parliamentary system” with President », sur The Edition (consulté le ).
  32. (en) « MDP's registry is rigged, primary election will not be fair: Nasheed », sur The Edition (consulté le ).
  33. « Maldives : Le président Mohamed Solih est candidat à sa réélection », sur Mayotte la 1ère (consulté le ).
  34. « Le président des Maldives Solih remporte la primaire présidentielle », sur AL24 News, AL24newschannel, (consulté le ).
  35. « Constitution de 2008 », sur www.constituteproject.org (consulté le ).

Articles connexes

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