Éléonore Rabut
Éléonore Rabut, née le à Bordeaux et morte le à Paris 10e, est une comédienne française.
Naissance | |
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Décès |
(à 75 ans) Rue de Belzunce (10e arrondissement de Paris, France) |
Nom de naissance |
Charlotte Éléonore Rabut |
Nationalité | |
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Conjoint |
Biographie
Fille d’Élisabeth Chapat et de François Rabut[1], Éléonore a passé son enfance au couvent du Sacré-Cœur de Jésus et de Marie, étant initialement destinée au couvent, jusqu’à ce que sa vocation pour le théâtre se déclare après que sa mère l’avait conduite, pour la première fois, à la Comédie-Française, où l’on jouait les Enfans d’Édouard de Casimir Delavigne et Dominique le Possédé d’Épagny et Dupin. Les émotions qu’elle a ressenties ont décidé de son avenir, et elle a été retirée du couvent pour être élevée sous les yeux et par les soins du Prince de Condé, employeur de ses parents, qui les a convaincus de laisser la fille suivre sa vocation[2].
Sa famille ayant écrit deux lettres restées sans réponse à Mademoiselle Mars, elle s’est adressée à Mademoiselle Duchesnois qui, quoique fort malade alors, lui a conseillé de suivre les cours de Saint-Aulaire. Après trois ans de leçons chez ce professeur, elle a débuté aux Français, le . Le succès qu’elle a obtenu lui a valu, le , sur les avis de Michelot et de Madame Menjaud, d’accepter un engagement de Nicolas Ier de Russie[2]. En Russie, elle a donné au théâtre Mikhailovsky de Saint-Pétersbourg, des représentations très appréciées[3]. Elle jouait à Peterhof, quand une lettre de son père, souffrant de son absence, l’a rappelée en France.
Rentrée à Paris, le et ne pouvant toujours pas entrer à la Comédie-Française, elle s’est retournée vers les Français, qui lui dit d’attendre l’Odéon. Elle a alors trouvé un engagement à l’Ambigu, en attendant d’intégrer la Comédie-Française, où elle a débuté dans le rôle d’Elisabeth dans les Enfans d’Édouard. Comme l’étoile de Rachel commençait à se lever précisément dans les rôles de son répertoire, elle s’est alors, sans abandonner le drame, tournée, en 1838, vers la comédie, où sa diction pure et nette, un organe sympathique, l’ont fait remarquer même auprès de sa toute puissante rivale[3].
Considérée, en 1841, comme l’une des plus jolies et des plus gracieuses artistes de Paris, elle a réussi dans le genre dramatique. Après avoir passé 1843 à 1846 à Bruxelles, en , elle a fait ses débuts dans le Legs, à l’Odéon. Ayant rencontré, dans une tournée à Berlin, l’acteur Charles Fechter, elle l’a épousé, à son retour à Paris[4], en aout 1848.
Après un nouveau début à l’Odéon, dans Elmire du Tartuffe, elle est passée à la Gaité, en 1850, puis au Vaudeville de 1852 à 1854. Elle s’est produite à Paris de 1855 à 1868, à Londres, de 1869 à 1882, puis à Paris, de 1883 à 1894[3].
En 1881, à l’âge de 63 ans, après 26 ans de théâtre, elle a pris sa retraite avec 400 francs de pension. Elle avait été à la Comédie-Française une bonne pensionnaire et dans la vie privée, une excellente mère[n 1]. Si bien douée pour le théâtre, elle n’a, en revanche, pas eu une existence des plus heureuses, en se mariant avec l’acteur Fechter. Ayant quitté la France, puis l’Angleterre pour l’Amérique, d’où non seulement il n’est jamais revenu, celui-ci y a, en outre, contracté un mariage bigame avec une actrice locale[3].
Elle avait eu de Fechter un fils, Paul (1856-1888), neveu de Paul Féval[5], qui avait montré, à l’âge de 7 ans, un talent extraordinaire en jouant, à Londres, avec son père, dans The Mountebanck de Dickens[6], mort tragiquement à 32 ans, le [7], après 48 heures d’agonie, à la suite d’un un exercice d’escrime avec son beau-frère[8] - [n 2], et une fille, qui a été également actrice[3].
Le statuaire Carle Elshoecht a fait d’elle une statuette dont Jean-Jules Jacott a fait le dessin pour le Monde dramatique[2].
Notes et références
Notes
- Selon Henry Lyonnet, op. cit.
- Les deux escrimeurs s’étaient servis, pour faire assaut, de fleurets ayant à leur extrémité des boutons en caoutchouc. Pendant l’assaut, l’extrémité du fleuret du beau-frère de Fechter s’est arrêté dans l’une des mailles du masque qui couvrait la figure du jeune homme. Après s’être courbée en arc de cercle, la pointe d’acier, par suite d’une brusque détente, a crevé le caoutchouc pour pénétrer à l’angle de l’œil droit, atteignant l’hémisphère gauche du cerveau.
Références
- Archives de Paris, « Acte de décès 5189 1894 : 10V4E 8942 17/31 », sur archives.paris.fr, (consulté le ).
- Arthus Fleury, « Mademoiselle Éléonore Rabut », Le Monde dramatique, Paris, (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
- Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d'hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Genève, Bibliothèque de la Revue Universelle International Illustrée, s.d., 717 p., 2 vol. : ill., portr. ; 29 cm (lire en ligne sur Gallica), p. 565.
- Henry Lyonnet, La Dame aux camélias, Paris, Société française d’éditions littéraires et techniques, , 147 p., 19 cm (OCLC 583737325, lire en ligne), p. 84.
- Théodore de Banville, « Chronique étrangère », Jean Diable, Paris, vol. 1, , p. 92 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
- Kate Field, « Charles Albert Fechter », The Atlantic Monthly, Boston, Fields, Osgood & C, vol. 26, , p. 306 (lire en ligne, consulté le ).
- « Fait divers », Le Temps, no 9893, , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le )
- « Fait divers », Le Temps, no 9894, , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le )