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École de peinture de Düsseldorf

Ce que l'histoire de l'art appelle l'École de peinture de Düsseldorf est un groupe de peintres du XIXe siècle (1819-1918) formés à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, qui y ont enseigné, de professeurs qui y ont suivi des leçons privées ou qui ont travaillé dans l'environnement proche de l'Académie.

Felix Schadow, Portrait du demi-frère de 10 ans de Wilhelm de Schadow, 1830.
Paysage romantique de Carl Friedrich Lessing, première moitié du XIXe siècle.
La vieille académie de Düsseldorf d'Andreas Achenbach, 1831.
Fruits sur une coupe en porcelaine de Johann Wilhelm Preyer, 1832.
Les juifs pleurants en Exil d'Eduard Bendemann, vers 1832.
Vue sur le Tibre avec le château Saint-Ange et la basilique Saint Pierre de Rudolf Wiegmann, 1834.
Sermon hussite de Carl Friedrich Lessing, 1836.
Scène d'atelier de Johann Peter Hasenclever, 1836.
Brisants et bateaux au loin de Johann Wilhelm Schirmer, 1836.
Washington franchissant le Delaware d'Emanuel Leutze, 1851, peint d'après le paysage du Rhin près de Düsseldorf-Kaiserswerth.
Høifjell (Berge) de Hans Gude, 1857.
Jardin de couvent d'Oswald Achenbach, vers 1857.
Vie des Noirs dans le Sud de Jonathan Eastman Johnson, 1859.
Salle d'attente de la deuxième classe de Carl d'Unker (de), vers 1865.
Worthington Whittredge dans son Studio de la 10e rue (en) de Emanuel Leutze, 1865.
Tranquillité après la tempête de Erik Bodom, 1871.
Rivage de la Mer Turquoise d'Albert Bierstadt, 1878.
Paysage rhénan de Hugo Mühlig, 1880.
Mise à flot d'un bateau de pêcheur de Gregor von Bochmann, 1888.
Pluies dans une chênaie de Ivan Chichkine, 1891.
Cour intérieure de l'Alhambra (Grenade) d'Adolf Seel, 1892.
Gaie assemblée Malkasten de Wilhelm Schreuer, vers 1900.
Kassel, belle vue de Louis Kolitz, vers 1900.
Beim Brandts Jupp de Walter Ophey, vers 1905.
Paysage de Bretagne de Hans Deiker, 1910.
Sur la Wilhelmsplatz à Düsseldorf de Willy Lucas, 1917.

Les premiers directeurs de l'Académie, Peter von Cornelius et Wilhelm von Schadow ont orienté l'École vers le mouvement nazaréen, qui donne priorité à une peinture historique, religieuse, idéaliste et à la peinture monumentale.

Cependant, sous l'influence du Vormärz, le programme de l'académie et de son environnement artistique s'élargit bientôt vers les courants romantiques et autres, donnant ainsi plus de place et de notoriété à une approche réaliste et de critique sociale de l'art ainsi qu'à la peinture de paysage et de genre.

Parmi les thèmes picturaux et stylistiques de l'école, on retrouve dans toutes leurs facettes, la peinture historique, le paysage, les scènes de genre, la nature morte qui ont joué un rôle déterminant dans l'art bourgeois du XIXe siècle.

Grâce à des comptes rendus, publications et expositions, à la diffusion des œuvres sur le marché international de l'art, aux voyages, aux liens amicaux et familiaux, aux carrières scolaires et professionnelles des différents protagonistes, les œuvres de l'École de peinture de Düsseldorf ont été largement diffusées, surtout dans la période entre 1830 et 1870, mais également dans les dernières décennies du XIXe siècle.

Les peintres formés à Düsseldorf ont transmis leurs techniques artistiques, positions, méthodes d'enseignement, sujets, arguments et débats, dans le monde entier, vers les autres écoles des beaux-arts et l'art naissant des colonies.

Le paysage et la peinture de genre de Düsseldorf, en particulier, ont été leaders et pionnières pendant de nombreuses années.

Histoire

Depuis la refondation de l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, Peter von Cornelius, directeur entre 1819 et 1826, et surtout son successeur Wilhelm von Schadow, directeur de 1826 à 1859, ont hissé celle-ci vers une renommée internationale exerçant une grande attraction sur les jeunes artistes de l'étranger.

L'académie a été soutenue par la société des amis des arts de Rhénanie et Westphalie fondée en 1829 à laquelle Wilhelm von Schadow et Charles Josef Ignatz Mosler, secrétaire d'académie et professeur d'histoire de l'art, ont également participé de manière déterminante.

La base de la "marche triomphale de l'école de peinture de Düsseldorf" n'était pas finalement le marché d'art qui était porté essentiellement par la demande active de la bourgeoisie rhénane et westphalienne en plein développement. Les achats d'art spectaculaires de la haute noblesse, mais aussi des galeries d'art privées, comme du propriétaire de galerie d'art Eduard Schulte, fondées dès le milieu du XIXe siècle à Düsseldorf, Cologne, Berlin et New York, assuraient les ventes et la réputation de l'École de peinture de Düsseldorf dans le monde. À Düsseldorf, se crée dès 1835 - particulièrement le long de l'Alleestrasse et de la Ratinger Straße - le premier quartier de galeries d'art de Rhénanie. D'autres lieux d'exposition comme la Kunsthalle de Düsseldorf, construite en 1878-1881, soutenaient l'exposition des tableaux avec un grand impact. Le banquier berlinois Joachim Heinrich Wilhelm Wagener qui était un mécène important, collectionneur des peintres de Düsseldorf, a participé au don de 1861 qui l'impulsion décisive pour la création de la Galerie Nationale de Berlin.

Les publications d'époque de Moritz Blanckarts, Carl Gustav Carus, Anton Fahne, Ernst Förster, Wilhelm Füssli, Carl Leberecht Immermann, Romeo Maurenbrecher, Wolfgang Müller von Königswinter, Hermann Püttmann, Atanazy Raczynski, Karl Schnaase, Carl Seidel, Ernst H. Toelken et Friedrich von Uechtritz firent connaître l'École de peinture aux personnes cultivées germanophones. À l'exposition d'art universellement reconnue du Salon de Paris de 1864, le critique Alexandre Cantaloube remarquait : "De tous côtés, vous trouverez des œuvres de l'école de peinture de Düsseldorf".

von Schadow développait, à beaucoup d'endroits, un concept d'enseignement imité de l'académie, qui concevait l'activité d'enseignement comme une communauté sociale d'artistes étroitement structurée, hiérarchiquement composée du directeur, des professeurs et des enseignants auxiliaires, des étudiants de maîtrise et des simples élèves, et portait au pinacle la peinture historique. Suivait le portrait (c.-à-d. le nu et le portrait), la peinture de genre et, enfin, la peinture de paysage. Plus tard, la nature morte sera fondée par Johann Wilhelm Preyer comme matière indépendante. On enseignait aussi l'anatomie, l'architecture et la gravure. En 1854, une chaire de professeur de sculpture est érigée. En 1868 s'ajoute une chaire de science artistique. Ce n'est qu'en 1874 que s'ouvre une classe de maître pour la peinture de genre. À partir de 1903, un atelier en plein air, d'après le modèle munichois, offre des conditions d'enseignement optimales à la peinture animalière. En dehors de leur charge officielle à l'académie de Düsseldorf, les professeurs donnaient des leçons privées. Au XIXe siècle, celles-ci permettaient, entre autres choses, à environ 200 artistes de suivre des cours de niveau académique.

Dès le milieu des années 1830, des différences existaient entre les artistes et les mouvements artistiques, qui a finalement conduit au retrait de Wilhelm Schadow et a conduit à une scission de l'Institut. Les raisons des différences étaient multiples. D'un côté, il y avait l'idéal dont von Schadow était animé, une association homogène d'artistes très difficile à maintenir. Cette pensée enracinée dans le piétisme avait été particulièrement développée par la confrérie allemande-romaine de Saint-Luc à laquelle Cornelius et Schadow avaient appartenu. D'un autre côté, les élèves « néo-prussiens » de la province du Rhin et de Westphalie se sentaient désavantagés par rapport aux vieux-prussiens des « pays de l'est », par exemple lors de la distribution des charges académiques, des bourses et à la vente des tableaux. Et, enfin, de nombreux changements du Vormärz, dans la vie sociale et culturelle de la Prusse et de ses pays voisin, conduisaient à un transfert d'activité vu par Schadow à contre-cœur du mouvement nazaréen au Biedermeier, à la peinture de paysagère tardive-romantique et à la peinture de genre.

Les jeunes artistes de la classe de paysage de Johann Wilhelm Schirmer s'orientaient vers les artistes néerlandais comme Jacob van Ruisdael ou Allaert van Everdingen, au contraire du cercle autour de von Schadow orienté vers les modèles italiens. Point commun avec le romantique Carl Friedrich Lessing, Schirmer enseignait le paysage dans et « devant la nature », la peinture en plein air. Les sujets fréquemment choisis étaient les paysages, les histoires et les mythes du Bas-Rhin et Rhin-Moyen. Sont à y classer certaines œuvres comme les aquarelles de Caspar Scheurens du Château de Stolzenfels, associées au domaine du romantisme rhénan. Isolément, sont aussi apparus des tableaux témoignant d'un réalisme précoce par le choix de sujets du quotidien représentés avec objectivité et naturel.

Les artistes de la classe de peinture de genre s'occupaient entre autres choses des thèmes de la problématique sociale, ils prenaient politiquement position sur les changements sociaux et la récession économique des années 1840.

Les premiers modèles de la peinture impressionniste qui a donné aux artistes la capacité à induire des atmosphères différentes et de capturer des effets de lumière dramatiques, conduisent sans cesse au rejet de la peinture de précision à la von Schadows. Ainsi, les contraires se renforçaient à l'intérieur de l'École de peinture de Düsseldorf. À côté du cercle de Schadow qui était formé par celui-ci et ses étudiants de maîtrise, se sont regroupés - aussi en raison du manque de place de l'académie - d'autres cercles, en partie privés comme les communautés d'atelier libres. Ces nouvelles communautés qui se détachaient à vue d’œil l'un de l'autre, se donnaient des noms pour plaisanter : "nouveau Bethléem" ou "Jérusalem" pour les peintres d'histoire, "Alhambra" pour les paysagistes et la "Sibérie" pour les peintres de genre. Certes, l'association d'artiste "la boîte de peinture" fondée en 1848 essayait d'affermir de nouveau la solidarité des artistes, mais, finalement, les tensions à l'intérieur de l'académie étaient si grandes que, résigné, von Schadow abandonnait en 1859.

Les années 1850 et 1860 de l'École de peinture de Düsseldorf sont caractérisées par une affluence remarquable d'élèves étrangers, et la notoriété de l'École faisait des œuvres d'art de Düsseldorf, des artistes locaux et des immigrants, un article d'exportation populaire. Des liens intensifs existaient en particulier avec l'Hudson River School ainsi qu'avec les milieux des peintres romantiques de Scandinavie, des pays baltes et de la Russie. Les peintres étaient aussi étroitement liés avec la vie culturelle de Düsseldorf. Ils enrichissaient le décor du théâtre, ils chantaient dans les chœurs, ils présentaient des fêtes et des représentations. Ils se sont également appropriés des décors de théâtre, de la musique, de la littérature et des traditions afin de les utiliser pour leurs expressions picturales.

Au cours du XIXe siècle, l'école de peinture de Düsseldorf prend le train d'une commercialisation croissante et subit une pression concurrentielle, un changement important des thèmes commercialisables tels que l'anecdotique dans les formats de salon facilement vendables. Cela amène une dégradation de la qualité pour laquelle la société des amis des arts de Rhénanie et Westphalie est rendue responsable en raison de sa stratégie offensive de commercialisation.

Après la fondation de l'Empire (1871), la population de la ville de Düsseldorf croit fortement. La haute conjoncture offre à la ville une vie culturelle multicolore et variée et l'académie n'en est plus le centre artistique. Il n'y avait plus d'École de peinture de Düsseldorf en tant qu'unité artistiquement homogène depuis longtemps. Sous l'égide d'Eugen Dückers (44 ans) qui avait suivi Oswald Achenbach en 1872 comme professeur de peinture de paysage, l'École de peinture de Düsseldorf surmonte la peinture romantique tardive et se tourne résolument vers le naturalisme et l'impressionnisme, en particulier au style de la Haager Schule de La Haye.

En 1908, certains peintres de la classe de paysage, Julius Bretz, Max Clarenbach, August Deusser et Walter Ophey, sous la présidence du mécène Karl Ernst Osthaus fondent la Sonderbund qui essaye d'approfondir le contact avec l'impressionnisme français, puis avec les modernes en général. Dans deux expositions, en 1909, et surtout en 1912 à Cologne, les impressionnistes français et les postimpressionnistes, ainsi que les premiers expressionnistes, étaient présentés pour la première fois en Allemagne à un large public, aux côtés de Vincent van Gogh, Paul Gauguin et Pablo Picasso, entre autres. C'est alors que la Première Guerre mondiale mit un terme dramatique non seulement aux liens avec les artistes français, mais signifia aussi la fin de l'école de peinture de Düsseldorf.

Artistes

Entre 1819 et 1918, environ 4 000 artistes ont appartenu à l'École de peinture de Düsseldorf, parmi lesquels :

Expositions

  • 2011: Classe internationale, l'École de peinture de Düsseldorf 1819-1918, Musée Kunstpalast, Düsseldorf
  • 2011: Düsseldorfer Malerschule, Galerie Paffrath, Düsseldorf

Bibliographie

  • Bettina Baumgärtel (éd.): Die Düsseldorfer Malerschule 1819–1918. Ausstellungskatalog. 2 Bände. Michael Imhof Verlag, Petersberg 2011, (ISBN 978-3-86568-702-9).
  • Martina Gödecke-Behnke: Das bürgerlicher Frauenporträt der Düsseldorfer Malerschule im Zeitraum von 1820 bis 1848. Eine kunstgeschichtliche und kulturhistorische Betrachtung anhand von zehn Beispielen. Diss. 1982 an der Fakultät der Abteilung Philosophie an der Ruhr-Universität Bochum. Wissenschaftliche Reihe Bd. 7. Verlag Dr. Bernd Kretschmer, St. Augustin 1983, (ISBN 3-88873-004-X).
  • Wolfgang Hütt: Die Düsseldorfer Malerschule 1819–1869. E. A. Seemann, Leipzig 1995, (ISBN 3-363-00634-9).
  • Wend von Kalnein (Hrsg.): Die Düsseldorfer Malerschule. Ausstellungskatalog. Redaktion: Dieter Graf. Kunstmuseum Düsseldorf 1979, (ISBN 3-8053-0409-9).
  • Ralf Kern: Oswald Achenbach: Ein Düsseldorfer malt Italien. LIT Verlag, Münster 2009, (ISBN 978-3-643-10081-8).
  • Kunstmuseum Düsseldorf, Galerie Paffrath (Hrsg.): Lexikon der Düsseldorfer Malerschule 1819–1918. 3 Bde. Bruckmann, München 1997–1998, (ISBN 3-7654-3009-9, 3-7654-3010-2 et 3-7654-3011-0).
  • Sabine Morgen: Die Ausstrahlung der Düsseldorfer Schule nach Amerika im 19. Jahrhundert. Düsseldorfer Bilder in Amerika und amerikanische Maler in Düsseldorf mit Künstlerlexikon auf CD-ROM. Göttinger Beiträge zur Kunstgeschichte, Band 2. Édition Ruprecht, Göttingen 2008, (ISBN 978-3-7675-3059-1).
  • Hans Paffrath: Meisterwerke der Düsseldorfer Malerschule 1819–1918. Droste, Düsseldorf 1995
  • Johann Josef Scotti: Die Düsseldorfer Maler-Schule, oder auch Kunst-Academie in den Jahren 1834, 1835 und 1836, und auch vorher und nachher. Schreiner, Düsseldorf 1837 (Digitalisierte Ausgabe der Bibliothèque universitaire et d'État de Düsseldorf)
  • Andreas Wartmann: Studien zur Bildnismalerei der Düsseldorfer Malerschule (1826–1876). Uni Press Hochschulschriften Band 80. Lit Verlag, Münster 1996, (ISBN 3-8258-2845-X)
  • Rudolf Wiegmann: Die Königliche Kunst-Akademie zu Düsseldorf. Ihre Geschichte, Einrichtung und Wirksamkeit und die Düsseldorfer Künstler. Düsseldorf 1856.

Notes et références

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