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Échangeur Turcot

L'échangeur Turcot est un échangeur autoroutier au sud-ouest de l'île de Montréal, au Québec.

Bretelles de l'ancien Ă©changeur Turcot s'entrecroisant.

Un premier échangeur, construit sur trois étages, fut ouvert à la circulation le à 6 h, soit trois jours avant l'ouverture de l'Expo 67[1]. Depuis 2011, un nouvel échangeur, de conception différente, a été construit sous l'ancien dont les structures ont été détruites. Ces travaux ont été achevé en 2020.

L’échangeur est nommée en l'honneur du marchand Philippe Turcot (1791-1861), qui donna son nom au village Turcot et à la rue Philippe-Turcot.

Description

L'Ă©changeur Turcot se localise Ă  environ 5 kilomètres au sud-ouest du centre-ville de MontrĂ©al. Il joint les autoroutes 20 Ouest Ă  l'ouest (autoroute du Souvenir), 15 Nord au nord (autoroute DĂ©carie), 15 Sud et 20 Est au sud et route 136 Est Ă  l'est (autoroute Ville-Marie). 290 000 vĂ©hicules, dont 30 000 poids lourds, l'empruntent chaque jour[2].

Turcot est un échangeur à niveaux construit au dessus de trois voies ferrées de la subdivision de Montréal du Canadien National (entre les points milliaires 4 et 5). Les trains empruntant ces voies sont protégés contre les chutes de véhicules par un tunnel en surface traversant l’échangeur d'ouest en est.

Ancien complexe Turcot (1967-2019)

12 bretelles composaient l’échangeur et totalisaient près de 7,7 km. Elles Ă©taient construites sur piliers et se situaient Ă  une hauteur moyenne de 18 mètres (60 pieds) avec un sommet oĂą les vĂ©hicules circulaient Ă  30,48 m (100 pieds) au dessus du sol.

Nouveau complexe Turcot

La quantité de béton utilisée dans le nouvel échangeur diminuera de 80 %, puisque les structures ne seront plus faites sur piles mais principalement sur remblais. Le nombre de structures aériennes de l'échangeur doit ainsi être diminué de 65 %. Ces remblais auront aussi comme effet d'exacerber la délimitation entre les quartiers industriels et résidentiels situés de part et d'autre de l'autoroute 15.

Histoire

Construction

L’échangeur Turcot en 1971.

L'échangeur a été construit sur la partie est de la cour de triage Turcot du Canadien National, elle-même construite entre 1925 et 1931, et fermée depuis 2003. La conception aérienne de la structure principale permettait au trafic ferroviaire et fluvial (canal de Lachine) de continuer sans entraves.

Sa construction a nĂ©cessitĂ© 168 000 mètres cubes (220 000 verges cubes) de bĂ©ton et 21 000 tonnes d'acier. L'Ă©changeur Turcot a coĂ»tĂ© 24 millions de dollars canadiens (1967) (169 millions de dollars de 2016), rĂ©partis entre le gouvernement provincial (12,5 millions), fĂ©dĂ©ral (10,5 millions) et la Ville de MontrĂ©al (1,5 million)[3]. Sa construction a Ă©galement causĂ© la destruction d'un quartier et d'usines de MontrĂ©al, de mĂŞme que la plus grande rotonde ferroviaire au Canada.

Détérioration précoce

La conception très aérienne de l’échangeur Turcot, entièrement sur pile en béton armé, s'est avérée coûteuse à entretenir. Des défauts de fabrication[4], l'usage de fondants routiers en hiver et un manque d’investissements ont accéléré le vieillissement des structures, qui, 40 ans seulement après leurs mises en service, ont atteint leur fin de vie utile[5].

Premier projet

Le , la ministre des Transports Julie Boulet annonce que les structures de l'Ă©changeur Turcot ont atteint la fin de leur vie utile et que ce dernier doit ĂŞtre reconstruit. Le projet, au coĂ»t de 1,2 Ă  1,5 milliard de dollars, doit se rĂ©aliser entre 2009 et 2015 et inclut la reconstruction, outre de l'Ă©changeur Turcot lui-mĂŞme, des Ă©changeurs MontrĂ©al-Ouest, Angrignon et De La VĂ©rendrye, ainsi que des tronçons des autoroutes 15, 20 et 720 les reliant. De nouvelles voies autoroutières seront construites sous les structures existantes et en parallèle, ce qui permettra de maintenir la circulation durant les travaux[6].

Trois périodes d'information et de consultation publique se déroulent entre le et le , puis le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) est publié le [7]. Ce dernier recommande des modifications au projet.

Le Ministère des Transports du QuĂ©bec (MTQ) annonce que les travaux se dĂ©rouleront de 2010 Ă  2017 pour un coĂ»t de plus de 2 milliards de dollars. Cependant plusieurs groupes s'opposent Ă  la mise en Ĺ“uvre du chantier tel que prĂ©vu par le MTQ. Par exemple, la Direction de la santĂ© publique de MontrĂ©al s'oppose au projet, car si une diminution des polluants traditionnels liĂ©s aux transports d'ici 2026 est Ă  prĂ©voir du fait de l'amĂ©lioration de la performance des vĂ©hicules, les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre ne cesseront de croĂ®tre en raison de l'augmentation du nombre de voitures Ă  MontrĂ©al[8]. De plus, si dans un premier temps les travaux seront faits en parallèle avec les routes existantes afin de ne pas entraver la circulation, pour les deux dernières annĂ©es la circulation serait entravĂ©e car il faudra alors joindre les nouveaux tronçons au rĂ©seau.

En rĂ©ponse Ă  ce problème, la ville de MontrĂ©al prĂ©sente en son propre plan pour le futur Ă©changeur Turcot. Le MTQ, Ă©valuant les coĂ»ts d'un tel projet Ă  6 milliards de dollars pour une mise en service en 2022, le rejette immĂ©diatement[9].

Second projet et début du chantier

En , le MTQ dĂ©voile une nouvelle proposition qui ne gĂŞnerait plus le trafic routier mais qui repousse la mise en service du nouvel Ă©changeur Ă  2018 et le coĂ»t prĂ©vu Ă  environ 3 milliards[2].

En , le premier volet du projet débute en mode traditionnel, c'est-à-dire que la réalisation de travaux est confiée à différents entrepreneurs une fois les plans et devis achevés. Il s'agit surtout de travaux sur le réseau municipal, ainsi que la construction de ponts d'étagement qui enjamberont les futures voies autoroutières.

Le deuxième volet du projet concerne la reconstruction des infrastructures principales. Il est réalisé selon le mode conception-construction, aussi appelé le mode "clés en main". Il s'agit de confier à une entreprise ou à un groupement d'entreprises la réalisation des plans et devis ainsi que la réalisation de l'infrastructure[6]. L'appel de qualification pour ce contrat est lancé en [10].

Projet final

Site archéologique du Village des Tanneries, mis au jour en 2015.

En , le projet final, comprenant des bonifications en intĂ©gration urbaine et en transport collectif, est annoncĂ© par la première ministre du QuĂ©bec, Pauline Marois. DotĂ© d'un budget de 3,7 milliards, le chantier doit se terminer en 2020[11]. L'appel de proposition pour le contrat conception-construction est lancĂ© en et trois soumissionnaires sont confirmĂ©s le .

Le , le ministre des Transports et ministre responsable de la rĂ©gion de MontrĂ©al, Robert PoĂ«ti, annonce le soumissionnaire sĂ©lectionnĂ© pour la rĂ©alisation des infrastructures principales de Turcot en mode conception-construction. Il s'agit du consortium KPH Turcot, composĂ© des entreprises Construction Kiewit Cie et Parsons du Canada LtĂ©e, Ă  titre de membres; et des entreprises WSP Canada Inc. et Holcim (Canada) Inc. Ă  titre de participants[12]. Le montant de ce contrat est de 1,54 milliard[13].

Travaux

Les piliers du nouvel Ă©changeur en construction sous les anciens, 2017.

En , les fondations d'un atelier de tannerie datant de la fin du XVIIIe siècle sont mises au jour[14]. À la suite de fouilles archéologiques, ces vestiges sont détruits en septembre de la même année[15].

Fin 2016, les coĂ»ts totaux du projet respectent toujours le budget de 3,67 milliards de dollars et l'Ă©chĂ©ancier de 2020 pour la fin des travaux.

Environ 80 % de l'acier et du béton issu de la démolition du pont Champlain et de l’échangeur Turcot seront recyclés, notamment pour servir de remblais[16].

Notes et références

  1. Louis-Gilles Francoeur, « Les ponts en acier ne sont plus de mise au Québec », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Trois milliards pour rajeunir un échangeur », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
  3. Communiqué du ministère de la Voirie du Québec. L'échangeur Turcot : la plus importante plaque tournante de la circulation dans la région de Montréal, Service de l'Information et des relations publiques, Ministère de la Voirie du Québec, Québec, le 24 avril 1967. (Archives - MTQ)
  4. Melissa Guillemette, « Turcot: Québec confirme les lacunes de l'armature d'acier, mais se fait rassurant », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Échangeur Turcot: Québec confirme le mauvais état des structures », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Jeanne Corriveau, « Le point sur le mégachantier », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « BAPE Complexe Turcot », sur www.bape.gouv.qc.ca (consulté le )
  8. Jeanne Corriveau, « Échangeur Turcot - La Santé publique aussi s'oppose au projet du MTQ », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Québec rejette le projet de Montréal », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
  10. Jeanne Corriveau, « Les rails du CN seront bel et bien déplacés pour construire Turcot », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Guillaume Bourgault-Côté, « Échangeur Turcot - Un projet déjà coulé dans le béton », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Jeanne Corriveau, « Le consortium KPH Turcot sélectionné pour la reconstruction », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Jeanne Corriveau, « La reconstruction de Turcot atteindra 3,67 milliards de dollars », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Mathieu Dion, « Des vestiges du 18e siècle sous l'Ă©changeur Turcot », sur Radio-Canada.ca, (consultĂ© le )
  15. « Le Village des tanneries dĂ©moli « en catimini Â», s'indigne l'opposition », sur Radio-Canada.ca, (consultĂ© le )
  16. Jean-Benoit Nadeau, « Le pont Champlain dans votre voiture », sur lactualite.com, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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