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Ă‚ne au Burkina Faso

L′âne au Burkina Faso est un compagnon de travail, en particulier depuis l'introduction de la traction animale en 1925, une pratique dĂ©sormais largement rĂ©pandue. Les autoritĂ©s ont rĂ©agi au commerce chinois portant sur la peau des ânes, interdisant l'exportation de ces peaux en . Les ânes burkinabĂ©s remplissent un important rĂ´le socio-Ă©conomique, notamment dans les rĂ©gions du Sahel. Le cheptel est estimĂ© Ă  1 370 000 individus en 2015.

Ă‚ne au Burkina Faso
Image illustrative de l’article Âne au Burkina Faso
Charette agricole tractée par un âne à l'entrée de Koudougou.

Espèce Âne commun
Statut introduit
Nombre 1 370 000 (2015)
Objectifs d'Ă©levage Transport essentiellement

Histoire

Femme burkinabée récupérant de l'eau dans sa charrette.

L'usage de la traction animale est introduit au Burkina Faso en 1925, et progresse dès lors en raison de son coût peu élevé, essentiellement avec des bœufs ou des ânes[1]. Cependant, l'âne est présent dans ce pays depuis plus longtemps ; les Yarcé revendiquent ainsi l'utilisation de l'âne, acquis grâce au commerce trans-saharien, depuis « la nuit des temps »[2].

Le nombre d'ânes augmente continuellement durant la seconde moitiĂ© du XXe siècle : entre 1966 et 1996, il passe d'une estimation de 180 000 dans tout le Burkina Faso Ă  environ 455 000 individus ; cette croissance du nombre d'ânes est par ailleurs commune Ă  d'autres pays d'Afrique subsaharienne[3].

Depuis les annĂ©es 2010, la population d'ânes du Burkina Faso est dĂ©cimĂ©e pour les besoins de la mĂ©decine traditionnelle chinoise, qui fait un important usage des peaux d'âne[4] - [5] - [6], la viande d'âne Ă©tant aussi très prisĂ©e des Chinois[7]. Cela entraĂ®ne une hausse des prix, la revente d'une peau d’âne Ă©tant passĂ©e de 2 000 francs CFA Ă  30 000-50 000 francs CFA, soit de l'Ă©quivalent de 3 euros Ă  celui de 45 Ă  75 euros ; en parallèle le prix de revente des ânes est passĂ© de 50 000 francs CFA Ă  70 000-90 000 francs CFA, soit entre 100 et 140 euros[7] - [8]. Selon Adama MaĂŻga, directeur de la santĂ© publique vĂ©tĂ©rinaire et de la lĂ©gislation, les exportations de peaux d'ânes vers la Chine sont passĂ©es de mille au premier trimestre de 2015, Ă  plus de 18 000 au quatrième[7], pour plus de 60 000 peaux d'ânes exportĂ©es sur six mois en 2016[8].

Le , des habitants du village de Balolé, près de Ouagadougou, détruisent un abattoir d'ânes tenu par un consortium d’hommes d’affaires pour le marché asiatique, en raison des odeurs et de la pollution qu'il génère, mais aussi de la hausse du coût d'achat des ânes, empêchant les familles burkinabé les plus pauvres d'acquérir ces animaux[8] - [9]. Le secteur agricole est mis en péril, notamment par des abattages clandestins d'ânes dans les villages[10]. Le , le gouvernement burkinabais adopte un décret « réglementant l’abattage et interdisant l’exportation » des ânes et des produits qui en sont issus[7] - [8] - [11]. Cette demande a notamment été portée par l'ethnie des Yarcé[2] et la confédération paysanne burkinabée[10]. Cependant, les actions de terrain pour la faire respecter sont jugées insuffisantes[10].

En , la porte-parole de l'ONG Robin des Bois estime que sans mesures rapides contre le commerce chinois, l'âne aura disparu du Burkina Faso en 2023[12]. Le , La Direction gĂ©nĂ©rale des services vĂ©tĂ©rinaires (DGSV) du ministère des Ressources animales et halieutiques fait incinĂ©rer 1 305 peaux d'ânes saisies chez un trafiquant rĂ©cidiviste dans la banlieue de Ouagadougou[13].

Pratiques

Charrette-poubelle tractée par un âne à Ouagadougou.
Transport d'un âne à mobylette pour vendre sa viande (ou sa peau) au marché.

L'âne est un partenaire de travail agricole ou urbain pour de nombreuses familles burkinabées, même très pauvres, que ce soit en traction ou en transport, notamment à la campagne : il remplit de fait un important rôle socio-économique[14]. L'âne et la charrette sont le moyen de transport dominant dans l’Oudalan et le Séno, entre autres pour transporter du bois[15]. Dans le cadre de l'exode rural, la possession d'un âne et d'une charrette permet par exemple de récolter du sable et de le re-vendre aux chantiers de construction de la capitale Ouagadougou[16].

La viande d'âne est couramment consommée par plusieurs ethnies burkinabées[7]. Bien que l'abattage soit théoriquement réglementé, dans les faits, de nombreux abattages clandestins ont lieu[7].

Élevage

Jeune garçon burkinabé avec son âne, près d'un puits.

En 1986, un article publiĂ© dans la Revue d’élevage et de mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire des pays tropicaux estimait le nombre d'ânes Ă  300 000 au Burkina, soit 80 % des Ă©quidĂ©s du pays, avec une prĂ©sence marquĂ©e dans la zone sahĂ©lienne[14]. D'après les estimations des autoritĂ©s du pays, le Burkina compte environ 1 370 000 Ă˘nes en 2015, avec un renouvellement lent des gĂ©nĂ©rations[7].

Les ânes sont parasités par des larves gastérophiles, notamment par Gasterophilus intestinalis, G. pecorum, G. nusali, G. ternicinctus et G. haemmorrhoidalis[14].

La région de Dafinso a fait l'objet d'une campagne d'éradication des insectes vecteurs de la trypanosomiase africaine en 1993 et 1994, la maladie ayant affecté des ânes notamment en 1992[17].

Début 2019, le pays est frappé par une épidémie de gourme[18].

Culture

L'âne fait partie du patrimoine culturel burkinabé[9].

Notes et références

  1. A. Fall, Aboubakar Njoya, Aboubacar Traoré et Michel Havard, « La traction animale et son environnement au Burkina Faso, au Cameroun et au Sénégal », Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, vol. 57, nos 3-4,‎ , p. 133–141 (ISSN 1951-6711, DOI 10.19182/remvt.9884, lire en ligne, consulté le )
  2. P. Alexis K. Ouedraogo, « Peau d’âne : un conte Burkinabé », sur Aleteia : un regard chrétien sur l’actualité, la spiritualité et le lifestyle, (consulté le ).
  3. Starkey et Starkey 2000, p. 14.
  4. « Commerce de peaux d’âne en Afrique, un conte moderne à la chinoise », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Sébastien Le Belzic, « Pourquoi les Chinois veulent la peau des ânes africains », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. Martin Mateso, « Le trafic meurtrier des ânes africains explose du Burkina à l’Afrique du Sud », France TV Info, (consulté le )
  7. Dorian Malovic, « Les Chinois veulent la peau des ânes du Burkina Faso », La Croix,‎ (lire en ligne).
  8. « Burkina : le gouvernement met fin à l’exportation des ânes », sur JeuneAfrique.com, Jeune Afrique, (consulté le )
  9. « Enquête : que cache le juteux commerce de peaux d’ânes au Burkina Faso ? », sur Les Observateurs de France 24 (consulté le )
  10. « Élimination massive des ânes au Burkina-faso », sur www.gtdesertification.org (consulté le )
  11. « Le Burkina interdit l'exportation d'ânes, de chevaux et de chameaux », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  12. « Invité Afrique soir - « Dans 5 ans les ânes auront disparu du Burkina Faso » », RFI, .
  13. « BUrkina : 1 300 peaux d’ânes saisies et incinérées », sur www.courrierdesafriques.net, Courrier des Afriques (consulté le ).
  14. Kaboret, Pangui et Vercruysse 1986, p. 211.
  15. Souleymane Ganaba, Jean-Marie Ouadba et Ouétian Bognounou, « Les ligneux à usage de bois d’énergie en région sahélienne du Burkina Faso : préférence des groupes ethniques », Science et changements planétaires / Sécheresse, vol. 9, no 4,‎ (ISSN 1147-7806, lire en ligne, consulté le ).
  16. Dorte Thorsen, « L’échec de la famille traditionnelle ou l’étirement des relations familiales. L’exode des jeunes Burkinabé des zones rurales vers Ouagadougou et Abidjan », Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, no 1279,‎ , p. 66–78 (ISSN 1142-852X, DOI 10.4000/hommesmigrations.311, lire en ligne, consulté le ).
  17. Burkhard Bauer, Idrissa Kabore et Sandrine Amsler-Delafosse, « Lutte contre les vecteurs de la trypanosomose animale africaine au Burkina Faso », Cahiers Agricultures, vol. 4, no 6,‎ , p. 440–443 (1) (ISSN 1777-5949, lire en ligne, consulté le )
  18. « Burkina Faso: Les ânes et les chevaux touchés par une maladie entraînant de fortes morbidités », sur NetAfrique.net, (consulté le ).

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • [Kaboret, Pangui et Vercruysse 1986] Y. Kaboret, L. J. Pangui et J. Vercruysse, « Note sur la gastĂ©rophilose des ânes au Burkina Faso », Revue d’élevage et de mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire des pays tropicaux, vol. 39, no 2,‎ , p. 211-212.
  • [Neya et al. 1996] (en) S. B. Neya, S. D. Kondombo, R. Sanfo et A. J. Nianogo, « Le point sur les ressources gĂ©nĂ©tiques en matière d'Ă©levage au Burkina Faso », Animal Genetic Resources/Resources gĂ©nĂ©tiques animales/Recursos genĂ©ticos animales, vol. 17,‎ , p. 11–28 (ISSN 2076-4022 et 1014-2339, DOI 10.1017/S1014233900000559, lire en ligne, consultĂ© le )
  • [Starkey et Starkey 2000] (en) Paul Starkey et Starkey Malcolm, « Regional and world trends in donkey populations », dans Starkey P and Fielding D (eds), (lire en ligne), p. 10-21
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