Zama (film)
Zama est un film argentin réalisé par Lucrecia Martel, d'après le roman existentialiste d'Antonio Di Benedetto, sorti en 2017. Il est présenté hors-compétition lors de la Mostra de Venise, et élu quatrième meilleur film de l'année par Sight and Sound[1].
RĂ©alisation | Lucrecia Martel |
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Scénario |
Lucrecia Martel Antonio Di Benedetto |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Rei Cine / Bananeira Films |
Pays de production | Argentine |
Genre | drame |
Durée | 115 minutes |
Sortie | 2017 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Fin du XVIIIe siècle. Le corrĂ©gidor don Diego de Zama, isolĂ© dans le Gran Chaco, espère une lettre du vice-roi du RĂo de la Plata signifiant sa mutation pour Buenos Aires. Souffrant de l'Ă©loignement de sa famille, de l'ennui de son travail de fonctionnaire et du manque de reconnaissance de sa hiĂ©rarchie, il perd patience et se lance dans une entreprise dĂ©sespĂ©rĂ©e.
Lucrecia Martel a nourri son adaptation en s'inspirant du personnage et de l'oeuvre de Félix de Azara[2]. Selon elle, l'un des thèmes du roman et de son film est « la perte d'identité et la liberté que cela donne »[3]. Elle ajoute : « Selon moi Zama c'est embrasser l'absurde et se jeter dans le bonheur. »[4]
Fiche technique
- RĂ©alisation : Lucrecia Martel
- Scénario : Lucrecia Martel, d'après le roman éponyme d'Antonio Di Benedetto (1956)
- Photographie : Rui Poças
- Son : Guido Berenblum
- Montage : Karen Harley
- Sociétés de production : Rei Cine (Argentine) et Bananeira Films (Brésil)
- Pays d'origine : Argentine
- Langue originale : espagnol
- Durée : 100 minutes
- Dates de sortie :
- Mostra de Venise :
- Argentine :
- France :
Distribution
- Daniel Giménez Cacho : don Diego de Zama
- Lola Dueñas : Luciana Piñares de Luenga
- Matheus Nachtergaele : Vicuña Porto
- Juan MinujĂn : Ventura Prieto
- Rafael Spregelburd : le capitaine HipĂłlito Parrilla
- Nahuel Cano : Manuel Fernández
- Daniel Veronese : le gouverneur
Production
Genèse et développement
Lucrecia Martel était en train de comprendre qu'elle ne pourrait pas réaliser son projet d'adapter L'Éternaute lorsqu'elle a découvert le roman Zama en 2010[2] et a décidé de le porter au cinéma. Elle et Rei Cine ont mis cinq ans pour réunir les 3,2 millions de dollars nécessaires à la réalisation du film[2]. Des producteurs ont tenté de la convaincre de tourner en anglais[5].
Distribution des rĂ´les
Le casting est international, rĂ©unissant notamment des actrices et acteurs latino-amĂ©ricains et espagnols, du mexicain Daniel GimĂ©nez Cacho Ă l'espagnole Lola Dueñas en passant par le brĂ©silien Matheus Nachtergaele et l'argentin Juan MinujĂn, et fait appel pour les seconds rĂ´les Ă des comĂ©diens plus habituĂ©s du théâtre que du cinĂ©ma (Rafael Spregelburd, Daniel Veronese...) et Ă des amĂ©rindiens Guaranis[2].
Tournage
Le tournage, débuté en , a eu lieu dans les provinces de Formosa, Corrientes et Buenos Aires[3]. Il a été compromis puis retardé par le cancer qui a atteint la réalisatrice[2].
L'écrivaine Selva Almada a écrit des notes durant le tournage, réunies sous le titre El mono en el remolino[6].
Musique
Le design sonore a été confié à Guido Berenblum (déjà collaborateur de Martel sur ses trois premiers films), qui a créé un univers sensoriel onirique et expressionniste à partir de bruits de la nature, du fleuve, et notamment d'insectes (cigales) et oiseaux (tels les ibijaux et arapongas), bruits amplifiés jusqu'à parfois couvrir les dialogues.
Pour la première fois, Lucrecia Martel a également décidé d'inclure un thème musical récurrent dans son film, composé dans les années 1950 par Los Indios Tabajaras, duo de guitaristes brésiliens déjà entendus dans Nos années sauvages de Wong Kar-wai.
Sortie
Accueil critique
Lors de la présentation du film à la Mostra de Venise, l'accueil de Zama est globalement excellent. The Guardian le qualifie de « merveille étrange et sensuelle »[7], Variety de « cauchemar colonial formellement passionnant »[8], Collider de « conte de conquistador somptueux et fiévreux »[9]. Fotogramas le range dans la catégorie de chef-d'œuvre, et le compare aux réalisations de Claire Denis, Werner Herzog et Hou Hsiao-hsien[10].
Libération est également conquis par cette « plongée hallucinée de Lucrecia Martel dans l’Argentine coloniale » : la réalisatrice « parvient ici à nous faire éprouver par les sens l’état de ces colons décadents, comme soumis à un espace-temps qui les dépasse alors qu’ils s’en croient les maîtres. Puis, dans sa dernière demi-heure, le film bascule totalement dans la démence [et] devient alors vraiment génial, sidérant »[11].
Lors de sa sortie en France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,8/5, et des critiques spectateurs à 3,3/5[12].
Pour Samuel Douhaire de Télérama, « quand la réalisatrice de La ciénaga se lance dans la fresque historique, il ne faut pas s'attendre à un film en costumes classique. Son évocation de l'Argentine coloniale du xviiie siècle fuit le réalisme pour chroniquer la dépression — et, peut-être, la démence — d'un fonctionnaire espagnol attendant désespérément une mutation qui, comme Godot, n'arrive jamais. »[13].
Pour Le Figaro, « la réalisatrice argentine signe un précis de décomposition où tous les repères de l'existence se perdent peu à peu, dans une mise en scène à l'étrangeté hypnotique. »[14].
Distinctions
SĂ©lections en festivals[15]
- Mostra de Venise 2017 : sélection officielle, hors compétition
- Festival de Toronto : section Masters
- Festival de New York
- Festival de Londres
- Festival de Busan
- Festival de La Havane
Prix
- Prix de la mise en scène au festival de La Havane
- Prix du jury au festival de SĂ©ville
- Cóndor de Plata 2018 : Meilleur film, meilleure réalisatrice pour Lucrecia Martel, meilleur scénario adapté, meilleure photo pour Rui Poças, meilleur design artistique, meilleurs costumes, meilleur son et meilleur maquillage[16].
- 12e cérémonie du Prix Sud : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur scénario adapté, meilleure photographie, meilleur montage, meilleur design artistique, meilleur costume[17].
Nominations
- NommĂ© Ă 11 Prix Sud dont meilleur film, meilleure rĂ©alisatrice (Lucrecia Martel), meilleur scĂ©nario adaptĂ©, meilleure photo (Rui Poças), meilleurs acteurs (Daniel GimĂ©nez Cacho et Juan MinujĂn)
- Nommé au Prix Goya du meilleur film ibéroaméricain
- Candidat de l'Argentine pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (non retenu)
Revue de presse
- Olivier PĂ©lisson, " Il Ă©tait une fois dans l'ouest ", Bande Ă Part,
Notes et références
- « Sight & Sound’s best films of 2017 », sur org.uk (consulté le ).
- (es) Matilde Sánchez, « "Zama", una pelĂcula como reescritura virtuosa », ClarĂn,‎ (lire en ligne)
- (es) Pablo O. Scholz, « Lucrecia Martel: “QuedĂ© atrapada en su mundo” », ClarĂn,‎ (lire en ligne)
- (es) « Lucrecia Martel: "Para mĂ, Salta es un lugar en ebulliciĂłn" », El Tribuno,‎ (lire en ligne)
- (es) « Seis claves sobre Zama, en la voz de Lucrecia Martel » , sur com.ar, LA NACION, (consulté le ).
- (es) Laura Ventura, « El año de Zama: una novela de la espera pone a Di Benedetto en 4D », La Nación,‎ (lire en ligne)
- (en) « Zama review – Lucrecia Martel emerges from the wilderness with a strange, sensual wonder », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Guy Lodge, « 'Zama' Review : Lucrecia Martel's Challenging, Brilliant Colonial Drama » , sur variety.com, (consulté le ).
- (en) « 'Zama' Review : A Sumptuous, Feverish Conquistador Tale », sur Collider, (consulté le ).
- (es) « 'Zama' de Lucrecia Martel : Algo salvaje », sur fotogramas.es, (consulté le ).
- Marcos Uzal, « «Caniba» et «Zama», au plus près de la folie », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
- « Zama », sur Allociné (consulté le ).
- Samuel Douhaire, « Zama », sur Télérama, (consulté le ).
- Samuel Douhaire, « Dogman, Paranoïa, L'Empire de la perfection... Les films à voir ou à éviter cette semaine », sur Le Figaro, (consulté le ).
- La sélection du film au festival de Cannes, longtemps pressentie, est empêchée par la nomination du coproducteur Pedro Almodóvar comme président du jury.
- « Premios Cóndor de Plata 2018: Zama, de Lucrecia Martel, fue la gran ganadora », sur La Nación, (consulté le )
- « Premios Sur 2018: Todos los ganadores », sur escribiendocine.com, (consulté le )
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Unifrance
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- (es) http://reicine.com.ar/zama/