Yuri Gutsatz
Yuri Gutsatz, né le à Pétrograd en Russie et mort le à Paris 16e[1], est un parfumeur-créateur. Il émigre à Berlin en 1924 puis à Paris en 1933 où il travaille pour les Parfums de Mury. Après la Seconde Guerre mondiale, il est engagé par Louis Amic chez Roure Bertrand Fils et Justin Dupont (plus tard racheté par la société Givaudan). Chef parfumeur, il y crée de nombreux parfums comme Chasse Gardée de Carven en 1950 [2] et PM de Mary Quant. Il participe aux projets de parfum pour Ungaro[3]et Estée Lauder[4] ainsi que pour Cartier, Dior et Van Cleef & Arpels. Le , il dépose la marque Le Jardin Retrouvé, et fonde la première maison de parfumerie de niche, quelques mois avant l' Artisan Parfumeur (1976). Yuri Gutsatz est également critique[5] - [6] de parfum, vice-président[7] de la Société Française des Parfumeurs, et l’un des fondateurs de l’Osmothèque, le conservatoire des parfums, en 1990 avec Jean Kerléo.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 90 ans) 16e arrondissement de Paris |
Nationalités | |
Activité |
Parfumerie |
A travaillé pour |
Parfumerie de Mury, Roure-Bertrand et Le Jardin retrouvé |
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Membre de |
L’Osmothèque |
Biographie
Fuyant la révolution russe de 1917, Yuri Gutsatz quitte Saint Petersbourg pour Berlin en 1924 avant d'émigrer à Paris en 1933, où il entre chez les Parfums de Mury.
Cette société, qui a racheté les parfums créés par Paul Poiret, demande à Yuri Gutsatz de moderniser 40 parfums de la marque, mais à l'arrivée de la Seconde Guerre Mondiale[8], Yuri s’engage dans la Légion étrangère et le projet ne verra jamais le jour. Trois ans plus tard, Yuri Gutsatz est employé en zone libre par la Société Française de Parfumerie, à Marseille. Il se voit proposer une formation de parfumeur par Chiris à Grasse sous la direction d'Édouard Hache.
En 1945, il rentre à Paris et devient chef parfumeur chez Roure Bertrand Fils et Justin Dupont où il travaille avec Louis Amic, l'inventeur de la parfumerie moderne et propriétaire de l'entreprise[9]. Sept ans plus tard, en 1952, Maurice Lehmann, directeur de l’Opéra de Paris lui demande de parfumer l’Acte 3 des Indes Galantes de Rameau (le Ballet des Roses)[10]. L'opéra restera à l'affiche 3 ans.
En 1956, Yuri Gutsatz est envoyé par son employeur pour créer une usine de production de matières premières pour la parfumerie Industrial Perfumes - en association avec le groupe Tata - à Bombay, où il vit six ans avant de rentrer en France[11]. Il crée à cette époque les parfums de la marque Lakme, alors dirigée par Simone Tata[12].
À son retour, il constate l'évolution majeure de l’industrie du parfum des années 1960 : le marketing tout puissant musèle la création et le parfumeur. Celui-ci n'a plus aucune existence reconnue, contrairement à la tradition de création de parfums des années 1920 à 1950, qui avait vu se développer le rôle de parfumeurs comme Ernest Beaux ou Germaine Cellier. Il publie de nombreux articles à ce sujet dans le Bulletin de la Société Technique des Parfumeurs de France (qui deviendra La Société Française des Parfumeurs) tel "Parfumeur, ton nom est personne"[11] et dans d'autres revues[13] - [14] - [15]. Le , Yuri Gutsatz dépose la marque Le Jardin Retrouvé et quitte Roure.
La première Maison de parfumerie de niche est née. Il la conçoit comme une mise en application de ses idées sur la parfumerie : il y crée des parfums de qualité, utilisant les meilleures matières premières, et les vend à des prix accessibles[16]. Parmi les précurseurs de la parfumerie de niche se trouve également Jean Laporte, fondateur de la marque L'Artisan Parfumeur en 1976.
À partir de 1976, Yuri Gutsatz, devient éditeur du Bulletin de la Société Française des Parfumeurs. Il y est également critique de parfums - le tout premier de la profession. Dans le premier numéro, il écrit sur une Maison rêvée de la parfumerie, devenant ainsi l'une des personnes à l’origine de l'Osmothèque. Yuri Gutsatz est Vice Président[7] de la Société Française des Parfumeurs de 1978 à 1986. En 1990, il participe à la classification des parfums et à la fondation de l’Osmothèque .
Il décède à Paris le [17].
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- « Chasse Gardée (1950) », sur Parfumessence.blogspot.fr, (consulté le )
- (en) « An Unknown Russian Perfumer: Yuri Gutsatz and Le Jardin Retrouvé, Part 1 of 2 », sur fragrantica.com, (consulté le )
- (en) « The Diva and the Perfumer: When Yuri Gutsatz met Estée Lauder (1969) » (consulté le )
- « Présage futuriste », sur auparfum.fr, (consulté le )
- « Spécial parfums », Vogue,‎
- « Revue spécialisée de la parfumerie », N°117 Suffrages,‎
- (en) « Nuit de Chine at the Costume Insitute: A Sleuth Finds the Formula for the Lost Perfume », sur artsbeat.blogs.nytimes.com, (consulté le )
- (en) Bettina Aykroyd, The Mysteries of perfume : Can you live without fragrances ?, Editions du VĂ©tiver, , 133 p. (ISBN 979-10-94769-02-7, lire en ligne), The most highly-considered perfumers of today, The Roure generation
- Roland Salesse, Faut-il sentir bon pour seduire ? : 120 clés pour comprendre les odeurs, Versailles, Quae éditions, , 200 p. (ISBN 978-2-7592-2275-9, lire en ligne)
- « Un parfum de scandale : à qui appartiennent les fragrances ? », sur lemonde.fr, (consulté le )
- (en) « A Passion for Fragrance » (consulté le )
- « Lemon grasse, herbe rouge du Kerala », Recherches n°12,‎ , p. 45
- (en) « Creation in modern perfumery », Soap, perfumery & cosmetics, Volume XLV N°5,‎ , p. 312
- (en) « Perfumes of india - old and new », American perfume & cosmetics Vol 85,‎ , p. 43
- Denyse Beaulieu, Parfums : Une histoire intime, Place des Ă©diteurs, , 292 p. (ISBN 978-2-258-10511-9, lire en ligne)
- (en-US) « Le Jardin Retrouvé - The Perfume Society », The Perfume Society,‎ (lire en ligne)