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Yang Xiong

Yang Xiong 揚雄[note 1] ou Yang Hsiung (53 av. J.-C. - 18 ap. J.-C.), nom social Ziyun[note 2], parfois appelĂ© Yangzi[note 3], est un philosophe et un poĂšte chinois de la fin des Han occidentaux et du dĂ©but de la dynastie Xin, auteur Ă©galement du Fangyan (dialectes), recueil d’expressions rĂ©gionales. Comme beaucoup d'auteurs de l’époque, sa pensĂ©e tĂ©moigne d’influences multiples et il a pu ĂȘtre classĂ© ultĂ©rieurement aussi bien parmi les taoĂŻstes que les confucĂ©ens auxquels il se rattache lui-mĂȘme dans son ouvrage Fayan.

Yang Xiong
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
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Prénom social
歐é›Č
Activités

Sous les Song, Zhu Xi, principal artisan de la nouvelle orthodoxie confucĂ©enne, l’a sĂ©vĂšrement critiquĂ© pour avoir suivi l’usurpateur Wang Mang, ainsi que pour son opinion que la nature humaine est un mĂ©lange de bon et de mauvais[note 4], qui s’écarte de la conception « correcte » de Mencius d’une nature humaine fonciĂšrement bonne.

Il est considĂ©rĂ© comme l’un des quatre maĂźtres de la poĂ©sie fu de l’époque Han.

Biographie

Originaire des environs de Chengdu[note 5], sa biographie dans le Livre des Han antĂ©rieurs le dĂ©crit comme aimant l’étude, dĂ©daignant la position sociale et la richesse. AffligĂ© de bĂ©gaiement, il parlait peu.

On pense qu’il fut l’élĂšve de Zhuang Zun[note 6], plus connu sous le nom de Yan Junping/Yan Zun[note 7] et parfois appelĂ© Zhuanzi comme le cĂ©lĂšbre auteur du classique taoĂŻste. SpĂ©cialiste du Yi Jing, Yan Junping prĂ©tendait refuser les fonctions officielles pour Ă©duquer Ă  travers la divination et semble avoir eu de nombreux disciples. On lui doit le Laozi zhigui[note 8], commentaire du Dao De Jing qui en imite la forme. Cette technique d’écriture sera reprise par Yang Xiong, dont les Ɠuvres les plus importantes reprennent dĂ©libĂ©rĂ©ment la structure et le style d’ouvrages connus.

Yang Xiong Ă©tait Ă©galement un grand admirateur de son compatriote Sima Xiangru (179-117), maitre du fu, genre poĂ©tique en vogue sous les Han occidentaux. Il le pratiquait avec talent, et c’est sa rĂ©putation en la matiĂšre qui lui valut d’ĂȘtre prĂ©sentĂ© par Yang Zhuang, un autre compatriote, Ă  l’empereur Chengdi qui l’accepta Ă  sa cour de Chang'an aux alentours de 20 av. J.-C.. À partir de 14 av. J.-C. il composa des fus, puis se vit offrir en 10 av. J.-C. le poste mineur d’assistant de la Porte jaune[note 9] DĂ©daignant comme son maĂźtre la carriĂšre, il ne chercha jamais Ă  s’élever dans la hiĂ©rarchie, mais obtint en 9 av. J.-C. d’ĂȘtre dispensĂ© d’accomplir ses fonctions pour se consacrer Ă  l’étude avec accĂšs Ă  la bibliothĂšque impĂ©riale.

Il abandonna le fu peu aprĂšs, critiquant son style inutilement ornĂ© et son manque d’efficacitĂ©. En effet, pratiquĂ© par les lettrĂ©s de la cour, ce genre poĂ©tique tente de combiner la description dithyrambique des fastes impĂ©riaux avec l’accomplissement du devoir de remontrance qui incombe au fonctionnaire confucĂ©en. NĂ©anmoins, les critiques enrobĂ©es dans le brio littĂ©raire y sont en gĂ©nĂ©ral assez voilĂ©es pour pouvoir ĂȘtre facilement ignorĂ©es.

Durant la quinzaine d’annĂ©es qui suivit, Yang Xiong annota le Cang Jie, dictionnaire officiel des Qin[note 10], et rĂ©digea le premier recueil d’expressions rĂ©gionales, le Fangyan[note 11], ainsi que deux ouvrages philosophiques, le Taixuan (grand mystĂšre)[note 12] inspirĂ© du Yijing et le Fayan (paroles pour guider)[note 13] inspirĂ© des Analectes de Confucius.

Yang Xiong resta en poste sous le rĂšgne de l’usurpateur Wang Mang qui l’affecta officiellement Ă  la relecture des ouvrages de la bibliothĂšque impĂ©riale et Ă  qui il prĂ©senta en 14 son dernier ouvrage, Juqin meixin ou Critique de Qin et louange de Xin[note 14]. L'un de ses disciples, Liu Fen[note 15], ayant Ă©tĂ© compromis dans une affaire politique, il se serait jetĂ© par la fenĂȘtre du Pavillon de la bĂ©nĂ©diction cĂ©leste[note 16] oĂč il travaillait, mais en rĂ©chappa. Il fut dĂ©clarĂ© hors de cause par Wang Mang et mĂȘme promu[note 17], mais ne fit dĂšs lors plus parler de lui jusqu'Ă  sa mort Ă  Chang'an en 18.

PensĂ©e et Ɠuvre

On retrouve dans ses Ă©crits le syncrĂ©tisme caractĂ©ristique de l’époque, mĂȘlant des Ă©lĂ©ments des divers courants de la pĂ©riode prĂ©-impĂ©riale aux systĂšmes universels expliquant le fonctionnement du monde dans ses moindres dĂ©tails (thĂ©ories du yin et du yĂĄng, des Cinq Ă©lĂ©ments, du qi). Le confucianisme en vogue Ă  la cour sous les Han occidentaux est lui-mĂȘme fortement imprĂ©gnĂ© de ces thĂ©ories. Ses adeptes partagent souvent la croyance Ă  l’immortalitĂ© plus souvent associĂ©e au taoĂŻsme et pratiquent une lecture Ă©sotĂ©rique des classiques centrĂ©e autour de leur interprĂ©tation cosmologique et prĂ©dictive, parfois apocalyptique. Yang Xiong, parfois qualifiĂ© de matĂ©rialiste, a peu de sympathie pour le surnaturel et la magie et fait partie de ceux qui critiquent cette lecture fantastique ; il est d’ailleurs, comme la plupart d’entre eux, un partisan du « texte ancien »[note 18]. Le Fayan a influencĂ© les philologues de l’« Ă©cole du texte ancien » de l’époque Tang. Il a Ă©galement dĂ©veloppĂ© des thĂšmes taoĂŻstes comme le dao, le non-agir, le mystĂšre, la spontanĂ©itĂ©.

L'un de ses thĂšmes rĂ©currents est, comme il convient Ă  un ancien disciple d'un spĂ©cialiste du Livre des mutations, l’importance du moment et des circonstances, le talent et les efforts Ă©tant insuffisants Ă  dĂ©terminer la rĂ©ussite. Quand les temps ne sont pas favorables, mieux vaut se retirer. NĂ©anmoins il n’est pas partisan d’une vie d’ermite mais d’un retrait partiel comparable au sien, tapi proche du pouvoir.

Le Grand mystĂšre

Le Taixuan est un manuel de divination Ă  l’instar du Yijing dont il reprend la structure. Comme lui, il propose une reprĂ©sentation de l’univers et de ses transformations Ă  l’aide de groupes de lignes pleines ou brisĂ©es assortis de commentaires expliquant leur signification et leurs rĂšgles de mutation. Ces lignes sont de trois types (entiĂšre, brisĂ©e en deux et brisĂ©e en trois) reprĂ©sentant respectivement le ciel, la terre et l’homme, et constituent un ensemble de quatre-vingt-un tĂ©tragrammes corrĂ©lĂ©s par l’intermĂ©diaire du yin-yang et des cinq Ă©lĂ©ments Ă  une multitude de concepts ou rĂ©alitĂ©s : constellations, notes de musique etc. Ces corrĂ©lations dont la logique n’apparait plus toujours clairement aux lecteurs contemporains sont exposĂ©es dans le commentaire Nombres du grand mystĂšre[note 19]. Les sens possibles de chaque tĂ©tragramme sont exprimĂ©s par un cycle de neuf phrases parmi lesquelles on choisit en tenant compte de critĂšres comme les circonstances temporelles, la phase yin ou yang ou la qualitĂ© de la personne interrogeant l’oracle (souverain, ministre, homme du commun etc.).

Moins Ă©tudiĂ© que le Fayan du fait de son contenu plus pratique que thĂ©orique et de sa difficultĂ© de lecture et d’interprĂ©tation, il est considĂ©rĂ© par certains comme trĂšs important car on trouve dans les commentaires une variĂ©tĂ© de concepts philosophiques contemporains de l’auteur. Le xuan[note 20], mystĂšre, y est la source de l’univers.

Paroles pour guider

ComposĂ© sur le modĂšle des Entretiens de Confucius, le Fayan est un recueil d’aphorismes et de dialogues sur l’histoire et la philosophie rĂ©digĂ© dans une langue archaĂŻsante sans fioriture. L’ouvrage aborde les mĂȘmes thĂšmes que son modĂšle : amĂ©lioration de soi par l’étude, la musique et les rites, importance d'entretenir des relations familiales et sociales correctes, prĂ©sentation de personnalitĂ©s modĂšles de la dynastie Zhou, dĂ©ploration de la dĂ©cadence des temps et du peu de crĂ©dit que les souverains accordent aux vrais sages. Fort naturellement, Yang Xiong adopte dans cet ouvrage une position clairement confucĂ©enne, dĂ©fendant cette idĂ©ologie et raillant les autres Ă©coles, discutant des difficultĂ©s que le confucianiste rencontre dans la rĂ©alitĂ©.

Il se situe du cĂŽtĂ© des rationalistes et se moque de la lecture Ă©sotĂ©rique des classiques et des croyances superstitieuses qui, selon lui, entachent le confucianisme de son Ă©poque, comme la croyance aux prĂ©sages. RĂ©formiste, il s’oppose aux modernistes partisans d’une politique d’enrichissement commercial et industriel et d’expansion militaire au dĂ©triment du petit peuple, politique selon lui plus proche de l'empire lĂ©giste que d'un État confucĂ©en. Cette position le rapproche de Wang Mang auprĂšs de qui il restera en fonction au lieu de se suicider ou de partir comme certains fonctionnaires dĂ©sireux de manifester leur fidĂ©litĂ© aux Han. Il avait d’ailleurs auparavant critiquĂ© le choix du suicide face aux revers politiques dans le Taixuan et un de ses poĂšmes. Cela lui sera reprochĂ© par Zhu Xi.

C’est dans le Fayan que se trouve la phrase oĂč Yang Xiong prend position sur la nature humaine, mĂ©lange selon lui de bon et de mauvais, que le qi, force universelle, tire dans un sens ou dans l’autre selon la direction que lui donne l'individu. Bien qu’il ne s’agisse que d’un bref passage, sans comparaison avec les thĂ©ories de la nature humaine longuement dĂ©veloppĂ©es par Mencius et Xun Zi, c’est essentiellement ce que l’orthodoxie nĂ©confucĂ©enne a retenu de son Ɠuvre pour le ranger avec Xun Zi dans le camp de « ceux qui se sont trompĂ©s ».

On trouve Ă©galement dans le Fayan des thĂšmes plus communĂ©ment liĂ©s au taoĂŻsme : le dao, le de (vertu), la spontanĂ©itĂ© (ziran) , le non-agir (wuwei), le risque que la recherche du prestige social fait courir Ă  soi-mĂȘme et Ă  sa famille, l’intĂ©rĂȘt d’observer un certain retrait vis-Ă -vis de la vie publique et de diminuer ses dĂ©sirs. NĂ©anmoins, il s’oppose au retrait total loin du monde et prĂ©conise une position similaire Ă  la sienne : proche du pouvoir mais invisible.

Du fait de ces thĂšmes et de la relative notoriĂ©tĂ© du Laozi zhigui, attribuĂ© Ă  son maĂźtre, auprĂšs des taoĂŻstes des Dynasties du Nord et du Sud aux Tang, Yang Xiong est parfois classĂ© parmi les philosophes taoĂŻstes. NĂ©anmoins, malgrĂ© la prĂ©sence de thĂšmes taoĂŻstes dans sa pensĂ©e, lui-mĂȘme ne s’est jamais dĂ©fini ainsi. Il a adoptĂ© dans le Fayan une position confucĂ©enne et cite Confucius comme le sage par excellence. Dans les ouvrages de philosophie chinois contemporains, il est simplement dĂ©signĂ© comme « philosophe » ou « philologue ».

Poésie

Fan lisao (rĂ©futation de la tristesse de la sĂ©paration)[note 21], rĂ©ponse au Li sao, est le seul poĂšme restant parmi ses productions datant d’avant son entrĂ©e Ă  la cour. Il y rĂ©fute l’extrĂ©misme de Qu Yuan qui le mĂšne au suicide et prĂ©conise la sagesse de Confucius qui sait rester « un dragon couchĂ©, un phĂ©nix blotti » durant les pĂ©riodes dĂ©favorables.

Yang Xiong est l’auteur de douze fus. Adepte comme on l’a vu du modĂšle littĂ©raire, ses piĂšces principales sont des imitations d’Ɠuvres de Sima Xiangru, oĂč s’exprime nĂ©anmoins, pour les plus rĂ©ussies, l’originalitĂ© de l’auteur. Ses deux fus les plus cĂ©lĂšbres composĂ©s Ă  la cour sont le Jiaolie fu[note 22] ou Fu de la chasse aux barricades et le Changyang fu[note 23] ou Fu du palais Changyang. On peut encore citer le Ganquan fu[note 24] ou Fu de la source douce et le Hedong fu[note 25] ou Fu de l’Est du fleuve.

Hormis les fus, il composa Ă  la cour beaucoup d’Ɠuvres traitant de sa pauvretĂ© et du ridicule de sa basse position, consĂ©quences inĂ©vitables de sa politique de retrait dans les coulisses du pouvoir. Ainsi dans Jie chao (dissoudre le ridicule)[note 26], il se plaint de son manque de prestige tout en justifiant sa position par sa philosophie de survie. Dans Zhu pin (chasser la pauvretĂ©)[note 27], la pauvretĂ© prend la forme d’un invitĂ© indĂ©sirable auquel Yang Xiong expose les embarras qu'il lui cause. L’invitĂ© rĂ©plique en mettant en avant les avantages obtenus en Ă©change : libertĂ© de pensĂ©e, rĂ©sistance physique et morale forgĂ©e par l’épreuve d’une vie sans confort.

Ses poÚmes sont regroupés dans le Recueil des cent-trois poÚtes des Han, des Wei et des Six royaumes[note 28].

Notes et références

Notes

  1. nom de famille parfois Ă©crit æ„Š
  2. 歐é›Č
  3. æšć­
  4. shan e hun ć–„æƒĄæ··
  5. situĂ© Ă  une vingtaine de kilomĂštres de Chengdu dans le comtĂ© de Pi 郫, son bourg d’origine a reçu son nom : Ziyun cun歐é›Č村
  6. 莊達
  7. 暮搛ćčł ; le nom de famille Zhuang fut changĂ© en Yan pour Ă©viter d’enfreindre le tabou portant sur les caractĂšres du nom de l’empereur
  8. è€ć­æŒ‡æ­ž
  9. 黃門郎.
  10. ć€‰é Ąèš“çș‚ Cang Jie xunzuan
  11. æ–č蚀
  12. ć€Ș玄achevĂ© vers -2
  13. æł•èš€ achevĂ© en 9
  14. ćŠ‡ç§ŠçŸŽæ–°
  15. ćŠ‰æŁ»
  16. tianluge 怩焿閣
  17. dafu 性怫
  18. guwen ć€æ–‡ dĂ©signe un corpus de classiques confucĂ©ens dĂ©couverts dans un mur de la maison familiale de Confucius ; ces textes viennent concurrencer les versions restituĂ©es principalement de mĂ©moire au dĂ©but des Han, appelĂ©es globalement texte moderne ou jinwen 今文, et menacent l’influence de leurs glosateurs
  19. ć€Ș玄敞
  20. 玄
  21. ćçŠ»éš·
  22. çŸœç”èłŠ
  23. é•·æ„ŠèłŠ
  24. ç”˜æł‰èłŠ
  25. æČłæ±èłŠ
  26. è§Łć˜Č
  27. 逐èȧ
  28. æ±‰é­ć…­æœç™Ÿäž‰ćź¶é›†

Références

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

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