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Xun Zi

Xun Zi ou Siun Tseu (chinois : è€ć­ ; pinyin : XĂșn Zǐ ; Wade : HsĂŒn Tzu ; EFEO : Siun-tseu) est un penseur chinois confucĂ©en, originaire du royaume de Zhao et ayant vĂ©cu tout Ă  la fin de la pĂ©riode des Royaumes combattants, au IIIe siĂšcle av. J.-C.

Xun Zi
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
è€æł (XĂșn KuĂ ng)
Surnoms
è€ć­ (XĂșnzǐ), è€ćż (XĂșnqÄ«ng)
Activité
Période d'activité
IIIe siĂšcle av. J.-C.
ParentĂšle
Xun Shu (d) (descendant)
ƒuvres principales
Xunzi (d)

Xun Zi a vu dans son enfance des guerres incessantes avec leurs séquelles de cruautés, de félonies et de misÚre. Ces maux le persuadent sans peine que les hommes ne possÚdent pas ces quatre rudiments de vertu (compassion, vergogne, modestie, sens du juste) que discernait en eux Mencius[1].

Membre de l'AcadĂ©mie Jixia, grand foyer culturel et point de ralliement des grands penseurs de l'Ă©poque, puis haut magistrat du royaume mĂ©ridional de Chu, Xun Zi Ă©labore une pensĂ©e rĂ©aliste, tournĂ©e vers l'action et « rationaliste ». Il est le penseur de rĂ©fĂ©rence de la branche dite « rĂ©aliste » du confucianisme, la branche opposĂ©e Ă©tant celle de Mencius. Il la dĂ©fend vigoureusement, face aux Ă©coles de pensĂ©es concurrentes, dans un livre du mĂȘme nom, le Xunzi (è€ć­), divisĂ© en 32 chapitres portant chacun sur un thĂšme prĂ©cis, et qui fut le premier Ă©crit chinois Ă  proposer un discours construit et argumentĂ©.

De mĂȘme, ce qui l'importe est la pratique de la justice, la manifestation de l’humanitĂ© et les rites. Ainsi, Xun Zi accorde de l’importance Ă  l’étiquette, mais dans un contexte de formation d’une sociĂ©tĂ©, s’est introduite une discipline du dĂ©sir Ă  valeur Ă©ducative incluant des fĂȘtes religieuses et des danses.

Il eut notamment pour élÚves les penseurs légistes Han Fei Zi et Li Si.

Nom

Le nom originel de Xun Zi est XĂșn KuĂ ng (chinois traditionnel : è€æł ; chinois simplifiĂ© : è€ć†” ; EFEO : Siun-k'ouang) : le nom XĂșn Zǐ, en chinois è€ć­, traditionnellement francisĂ© en Siun-tseu, est en fait un titre honorifique signifiant « maĂźtre Siun »[2], le mot 歐 (tseu) Ă©tant ajoutĂ© aprĂšs le nom du philosophe de la mĂȘme maniĂšre que pour Confucius (怫歐, K'ong-tseu), Mencius (歟歐, Mong-tseu), Lao Tseu (è€ć­), Tchouang-tseu (èŽŠć­) ou encore Micius (湚歐, Mö-tseu). Xun Zi porte Ă©galement parfois le titre honorifique de XĂșn QÄ«ng[3] (è€ćż, Siun-k'ing), qui peut aussi ĂȘtre rencontrĂ© sous la forme SĆ«n QÄ«ng[2] (ć­«ćż / 歙捿, Souen-k'ing).

Livre

Doctrine

La doctrine morale repose sur un postulat simple : les hommes sont mauvais. Les hommes sont faits du bois d'un arbre tordu, ils inclinent constamment vers les mauvais penchants. Dans l'inné se trouvent l'égoïsme, la jalousie, la paresse, la licence ainsi que la violence. Si on laisse les hommes à leur propre nature, il s'ensuivra le chaos et l'injustice pour la société. En cela, Xunzi s'oppose frontalement à Mencius qui pense, lui, que l'homme est bon à l'état naturel. Pour Xunzi : "La nature de l'homme est mauvaise; ce qui est bon en elle est fabriqué" (Xunzi,23).

Il en rĂ©sulte que l'Ă©ducation joue un rĂŽle essentiel dans la pensĂ©e de Xunzi. Si ce qui est bon en nous est fabriquĂ©, c'est Ă  l'Ă©ducation de contraindre notre nature et de la façonner pour que les hommes aient le sens des rites et le sens du juste. Xunzi compare ce rĂŽle de l'Ă©ducation au fait de façonner une cuillĂšre Ă  partir d'un morceau de bois. Éduquer revient Ă  faire violence Ă  notre nature pour fabriquer un homme de bien comme le menuisier taille dans le bois pour en faire une cuillĂšre. La vision de l'Ă©ducation est donc trĂšs sĂ©vĂšre: il s'agit de sanctionner tous les dĂ©bordements possibles de la nature humaine. Il reste nĂ©anmoins trĂšs confucĂ©en dans sa croyance que l'Ă©ducation peut changer et amĂ©liorer les hommes.

En outre, Xun Zi oppose Ă  une parole ne portant aucune valeur morale, qui ne dĂ©tient aucune influence sur les comportements et les pensĂ©es des hommes, le rĂŽle Ă©ducatif des gestes et des attitudes. Il explique qu’un sage fixe dans son cƓur ce qu’il entend et transmet ceci Ă  tous ses membres et l’exprime Ă  travers son comportement. Ceci Ă©tablit indirectement une norme, un modĂšle parmi les individus ainsi qu’ils peuvent s’en inspirer. En revanche, ce thĂ©orĂšme ne s’applique pas auprĂšs des hommes de basse classe, de faible intellectualitĂ©; le penseur dĂ©clare : « [
] ce qui lui rentre dans l’oreille et la bouche n’étant que de quatre pouces comment cela serait-il suffisant pour policer un corps de sept pieds? »[4]

Xun Zi ajoute que la parole est infĂ©rieure au geste ainsi que dĂ©clare que l’une des qualitĂ©s du sage est le don oratoire. De mĂȘme, il exprime la nĂ©cessitĂ© de l’argumentation et son pouvoir; un sage ne se dĂ©marque point parmi un ensemble d’hommes qui ne cherchent Ă  philosopher. Contrairement Ă  ceux-ci qui se concentrent sur leurs motivations personnelles, en attirant son attention vers la bienveillance, le sage dĂ©montre une supĂ©rioritĂ© provenant de cette habiletĂ© oratoire grĂące Ă  la richesse du discours en lien Ă  la bienveillance[5].

Interprétation du confucianisme

Selon Kristofer Schipper, Xunzi ne voit plus un projet de sociĂ©tĂ© utopique conformĂ© aux informations donnĂ©es par les Sages mythiques, mais pense qu’il serait favorable de se gouverner de maniĂšre conservatrice et traditionaliste, comme pour lui, l’homme ancien est le mĂȘme que celui d’aujourd’hui. Selon Xunzi, le Ciel n’étant que de nature libre, il n’est pas question de divinitĂ© comme pensait Mencius et les anciens confucianistes. Il ne serait donc pas question de se poser des questions sur l’au-delĂ , mais de se concentrer sur le bas monde, la nature de l’homme, comme le Ciel en est indiffĂ©rent. Selon le philosophe, l’homme Ă©tant de nature mauvaise, il n’aime pas le travail, mais savoure le gain et le plaisir. Comme l’homme ne devient bon que par l’éducation, celle-ci en serait donc le reflet de l’ordre cosmique lui-mĂȘme. La nature de l’homme ne serait donc rectifiĂ©e que par les rites. Des rituels qui permettent un maintien de l’équilibre des dĂ©sirs instinctifs de l’homme et leurs objets.

Xunzi Ă©tudie toutefois les cĂ©rĂ©monies de deuil et les sacrifices malgrĂ© son matĂ©rialisme et utilitarisme. Il va Ă©galement se rectifier sur les dĂ©signations des Ɠuvres sophistes. Alors que pour Confucius, l’attribution de noms aux diffĂ©rentes personnes dĂ©finissait leur relation sociale, pour maĂźtre Xun, il Ă©tait ici question de liturgies insĂ©parables apportant au privilĂšge royal et permettant l’établissement des rapports honnĂȘtes entre les hommes. Ainsi, changer le sens d’un mot ou en inventer un de toutes piĂšces constituait un crime. « C'est pourquoi le peuple n'ose pas faire des termes Ă©tranges et troubler la nomenclature correcte. Il est donc sans arriĂšre-pensĂ©e. Ainsi, il est facile Ă  commander et ainsi, il peut produire. » L’utilisation correcte des noms permet donc l’unitĂ© de civilisation et la possibilitĂ© de distinguer le mal chez l’homme et s’en dĂ©barrasser de celui-ci : « Tuer des brigands, ce n'est pas tuer des hommes. » Ainsi, l’éducation et l’État peuvent gouverner l’homme et l’amĂ©liorer[6].

D’ailleurs, malaisĂ© Ă  interagir avec les grands, Xun Zi dĂ©nonce la complexitĂ© d’une interaction entre l’ĂȘtre le plus noble et le plus pur Ă  l’homme le plus vil et le plus pervers : celui possĂ©dant une influence notable doit faire attention Ă  ses choix de mots et d’expressions afin de transmettre son point[7].

Texte et structure

Le Xunzi (è€ć­) est le premier vrai texte Ă  caractĂšre argumentatif de l'histoire chinoise. Il se dĂ©marque des Entretiens de Confucius ou du Mengzi par l'absence d'un dialogue entre maĂźtre et disciples. Sa structure en trente-deux chapitres, compilĂ©s par Liuxiang (77-6 av J.C), est dĂ©terminĂ©e par le seul enchaĂźnement des idĂ©es.

Il complÚte la pensée de Confucius et développe ses méthodes de la nature de qualité et la nature de défaut.

Langue maßtrisée, images saisissantes, telles sont ses qualités qui suscitent l'admiration des historiens de la philosophie. La critique traditionnelle ne retint néanmoins pas ces qualités comme caractéristiques essentielles du Xunzi. Jugé trop sec, voire haché, ce dernier ne fut pas rangé à cÎté des Entretiens (puis plus tard du Mengzi) comme l'un des Classiques confucéens que tout lettré (ru) se devait de connaßtre en vue des examens impériaux.

Influence

La pensĂ©e chinoise prĂ©-impĂ©riale se dotait pour la premiĂšre fois d'un texte structurĂ©, Ă©laborĂ©, selon l'expression d'Anne Cheng, comme un « modĂšle d'Ă©locution », Ă  l'heure des « Cent Écoles » oĂč l'Ă©mulation intellectuelle poussait les reprĂ©sentants de chaque courant philosophique Ă  faire montre de talent pour convaincre leur audience et Ă©vincer les concurrents.

Les idées développées dans le Xunzi trouvent leur concrétisation sous la dynastie Han.

Un confucianisme mĂątinĂ© d'autoritarisme lĂ©giste, selon l'idĂ©al du Xunzi, fut la ligne directrice idĂ©ologique et politique de l'Empire sous la dynastie Han, qui Ă©leva le confucianisme au rang de religion d'État.

Ces idĂ©es perdent de l'influence sous la dynastie Tang oĂč apparaissent les prĂ©mices du nĂ©oconfucianisme, qui reniera Xunzi pour voir en Mencius le penseur confucĂ©en de rĂ©fĂ©rence.

Notes et références

  1. Etiemble, « Confucius & confucianisme », sur Universalis, s.d (consulté le )
  2. (en) Ulrich Theobald, « Xunzi è€ć­ », sur www.chinaknowledge.de (consultĂ© le )
  3. (en) « Xunzi », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. Xun Kuang, Xunzi, Zhuzi jicheng, p. 7
  5. Xun Kuang, Xunzi, Zhuzi jicheng, pp. 55-56
  6. EncyclopÊdia Universalis, « XUNZI [SIUN-TSEU], XUNKUANG [SIUN-K'OUANG] ou XUNJING », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
  7. Xun Kuang, Xunzi, Zhuzi jicheng, p. 53

Sources

  • "Xunzi" xuci yanjiu de Huang Shan, Henan daxue chubanshe, 2004 et "Le mot vide dans la langue chinoise classique" de Fan Keh-li, Librairie You Feng, 1991
  • "Xunzi", Zhongguo fangzhi chubanshe, 2007
  • Anne Cheng, Histoire de la pensĂ©e chinoise, chap.8, Ă©d. du Seuil, Paris, 2002, pp.212-233.
  • Jean Levi, « L'art de la persuasion de l'Ă©poque des Royaumes Combattants (Ve-IIIe siĂšcles avant J.-C.) », ExtrĂȘme-Orient, ExtrĂȘme-Occident, vol. 14,‎ , p. 49-65 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Mathieu RĂ©mi, « Xun Zi (Siun Tseu), introduit et traduit du chinois par Ivan P. KamenaroviĂ© », Études chinoises. æŒąć­žç ”ç©¶, vol. 6, no 2,‎ , p. 120-122 (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

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