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Wulf the Briton

Wulf the Briton est une bande dessinée britannique située dans l’antiquité romaine vers 60 après J.C. et parue dans Express Weekly entre 1956 et 1961.

A ne pas confondre avec le comics américain Wulf the Barbarian.

Le contexte

Express Weekly était un hebdomadaire britannique pour la jeunesse lancé en 1954. Il reprenait la formule à succès d’un autre hebdomadaire, Eagle, lancé en 1950 et qui tirait à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires[1].

Ces journaux ressemblaient fort aux mêmes hebdomadaires francophones de la fin des années 1940, début des années 1950. On retrouvait peu ou pas d’histoires complètes et beaucoup de séries à suivre le plus souvent avec une seule page par numéro. En 1956, une nouvelle série est présentée, Freedom is the Prize. Le scénario est signé Jenny Butterworth et le dessin est assuré par un artiste italien Ruggero Giovannini. Jenny Butterworth[2] était une scénariste assez prolifique dans les années 1950 et 1960. En France on connait davantage son mari qui était le scénariste de Trigan, Mike Butterworth, dessiné par Don Lawrence.

Quant à l’utilisation de dessinateurs italiens, la chose était courante dans la presse anglaise de l’époque. Rappelons à titre d’exemple qu’Hugo Pratt a aussi dessiné un certain temps pour Fleetway.

La série se situe à l’époque de Néron et un groupe de gladiateurs appartenant à Lucculus cherche à s’évader. Très vite, l’un d’entre eux, Wulf le Breton, va devenir le personnage principal et dès le début de 1957, la série prend le titre qu’on lui connait aujourd’hui.

Au printemps 1957 Ruggero Giovannini arrête sa collaboration avec Express Weekly. L’agent qui le représente en Angleterre le paie avec beaucoup de retard. Il n’est d’ailleurs pas le seul puisqu’au même moment plusieurs autres dessinateurs de la botte cessent également de travailler pour les périodiques britanniques.

Allan Pollack reprend la série au pied levé mais ne donne pas entièrement satisfaction et est assez vite remplacé le par Ron Embleton. Bien qu’âgé de 26 ans à peine, il a une solide réputation ayant commencé sa carrière à 17 ans à peine. Atout supplémentaire, il a déjà dessiné en 1953 une bande dessinée sur l’antiquité, The Singing Sword dans Hotspurs.

Lorsqu’il intervient dans la série, Wulf et ses compagnons voguent vers l’Egypte. Assez vite, Ron Embleton qui n’a à l’époque que 26 ans persuade sa scénariste de se concentrer sur le seul personnage de Wulf et de la faire revenir dans sa Bretagne natale. Du numéro 140[3] au 183 () il livrera une planche couleur par semaine puis passera alors à deux. Bientôt à compter du numéro 189 c’est lui qui assurera également les scénarios.

Comme le fait remarquer avec beaucoup de justesse Anthony Keene dans l’un des chapitres de The Reception of Ancient Greece and Rome in Children's Literature: Heroes and Eagles (2015)[4] les histoires se déroulant en Bretagne font penser à celles de Robin des Bois. Les Romains se substituent aux Normands, les Bretons aux Anglo-Saxons mais dans les deux cas les autochtones peuvent compter sur deux héros sans peur et sans reproche.

Au physique Wulf est un grand blond athlétique et évidemment généreux. Publiées au rythme d'une puis deux pages par semaine les histoires sont courtes. Les 19 chapitres d’Embleton publiés dans la revue font 272 planches soit une moyenne de 14 pages par histoire, pas de quoi réellement fouiller la psychologie des personnages sinon dans leur durée. En revanche le dessin d’Embleton ne manque pas de souffle et explique largement à lui seul le succès de la série.

Dans son introduction à la réédition des aventures de Wulf[5], Peter Richardson souligne qu’au tout début des années 1960 la diffusion des journaux destinés à la jeunesse s’est considérablement érodée du fait de la concurrence télévisuelle.

Le premier touché est Eagle et notamment Dan Dare. Express Weekly essaie de suivre l’air du temps et devient TV Express. Embleton continue dans le journal pour un temps mais délaisse Wulf pour se concentrer sur des bandes de la Seconde Guerre Mondiale.n’est â

Ses continuateurs n’ont pas le même talent et la série est abandonnée définitivement en 1961.

A noter que certains épisodes ont été repris en France dans l'hebdomadaire L'Intrépide sous le titre de Rock l'Invincible. La série fut d'ailleurs poursuivie un temps par Angelo Di Marco, le célèbre affichiste.

L’histoire

Jeune Celte capturé et emmené à Rome, Wulf est devenu gladiateur. Parce qu’il a refusé de tuer son adversaire dans le Colisée, il doit être puni par ordre de Néron. Toutefois, l’empereur reconnaissant son courage lui promet la liberté à lui et ses compagnons s’il réussit, chiffre fatidique entre tous, sept épreuves. Bien évidemment Wulf réussit dans son entreprise et vogue vers l’Egypte avec le Gaulois Greatorix[6] et l’Ibère Basta.

Wulf sonne d’autant moins celte que c’est un nom d’origine germanique. En fait on touche du doigt dans cet exemple les multiples écarts avec la vérité historique. Mais le héros n’est pas le seul à avoir un prénom étranger au terroire : on retrouve au fil des aventures un Gundalf, un Oleg, etc. Il sera même question d’un navire saxon viking (sic) accostant les côtes galloises ce qui anticipe quand même la réalité de quelques siècles. Jenny Butterworth n’est pas très soucieuse de vraisemblances qu’elles soient historiques ou scénaristiques. Embleton essaiera quant à lui de coller le mieux possible avec l’histoire même si on note encore des erreurs notables[7].

A titre d’exemple, Néron a été empereur de 54 à 68 après Jésus-Christ, or quand il retourne en Bretagne Wulf se mesure aux troupes de Cnaeus Julius Agricola. Il se trouve que celui-ci a bien été préteur en Bretagne mais seulement de 70 à 73 et ne revient comme légat qu’en 77. Mieux encore une bonne partie des aventures fait la part belle à l’épisode Cartimandua, or cette reine des Brigantes disparait en 69 ou 70. On le voit, on est plus dans l’air du temps que dans une chronologie historique.

Plus gĂŞnante est la prĂ©sence d’un mur qui sĂ©pare la Bretagne de la CalĂ©donie. Certes, dans la bande dessinĂ©e il s’agit d’une longue palissade de bois et non du mur de pierre d’Hadrien construit en 122, c’est-Ă -dire grosso modo 60 ans plus tard !

Anthony Keene[8] voit dans cette BD une allégorie de la résistance britannique face à l’agression nazie. Et de fait on retrouve Wulf appelant à chasser l’envahisseur romain aussi bien dans l’Angleterre actuelle que dans le pays de Galles et chercher des soutiens en Calédonie (Ecosse) et Hibernia (Irlande), bref une nation soudée face à la menace ennemie.

Les Ă©pisodes

Les deux premiers Ă©pisodes se dĂ©roulent en Egypte, le premier dans la ville fictive de Taza, le second très prĂ©cisĂ©ment Ă  Damiette. Le troisième en MĂ©diterranĂ©e sans davantage de prĂ©cision ; le quatrième de la MacĂ©doine Ă  la Germanie, le cinquième et suivants en Bretagne.

Bien qu’indépendants les épisodes 8, 9 et 10 ont un fil rouge commun en la personne de Marius Actus. Même chose pour les épisodes 11 à 13 qui détaillent la rivalité entre Vellocatus et son ex-épouse Cartimandua.

Wulf the Briton
Rang Titres Nbre de planches
1The Terror of Tarza10 pl
2The Eye of Horus14 pl
3Island of Ghosts10 pl
4The Long Way Home20 pl
5Wulf and the Picts12 pl
6Iceni Tribute18 pl
7The Black Riders15 pl
8The Siege27 pl
9The Challenge14 pl
10The Revenge of Marius Actus16 pl
11The Wrath of Vellocatus20 pl
12The New Centurion16 pl
13The Fall of Cartamandua12 pl
14The Horned Devil20 pl
15Guerilla Warfare16 pl
16The Horse Drovers8,5 pl
17The Sword of Omak7,5 pl
18The Bandit Tribe12 pl
19The Last Battle ?6 pl
20Annual 19588 pl
21Annual 19598 pl
22Annual 19608 pl
23Annual 1960 (bis)8 pl
TotalTotal : 296 planches

L’album

  • Ron Embleton's Wulf the Briton – Book Palace Books (2010)

Notes et références

  1. Le premier numéro fut tiré à 900.000 exemplaires puis les ventes se stabilisèrent à 750.000.
  2. En France on connait surtout son strip quotidien Tiffany Jones
  3. En fait Embleton a déjà dessiné une aventure de Wulf de 8 planches parues en septembre dans l'almanach de Weekly Express (Annual 1958).
  4. Le livre a plusieurs auteurs chacun assurant un chapitre spécifique. C'est Lisa Maurice qui est créditée de la responsbilité de l'ouvrage.
  5. in Ron Embleton's Wulf the Briton
  6. Il est parfois orthographié dans les premières planches Gretorix
  7. Le navire viking est par exemple de son fait.
  8. Soulignons toutefois que Keene voit dans les premiers Astérix une allusion directe à la Résistance française face à l'hydre nazie puis dans les albums suivants une allégorie de la résistance culturelle française face au soft power américain.

Liens externes

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