Wenchangdijun
Wenchangdijun, « Empereur Wenchang » (ææćžć) ou Wenchangxing (æææ) du nom de la constellation qu'il incarne, est un dieu chinois qui a le pouvoir de favoriser la rĂ©ussite aux examens. Il est parfois appelĂ© « Dieu des lettrĂ©s » ou « Dieu de la littĂ©rature ». Comme beaucoup de divinitĂ©s, il est le produit de la fusion de divers Ă©lĂ©ments.
Les Ă©toiles du destin
Le Shiji, ouvrage historique de la dynastie Han, prĂ©sente Wenchang comme le nom dâun ensemble de six Ă©toiles visibles Ă certains moments prĂšs de la Grande Ourse, nommĂ©es shangjiang, cijiang, guixiang, siming, sizhong et silu. Certaines sont mentionnĂ©es individuellement dans des textes des Royaumes combattants comme gouvernant la destinĂ©e. La composition du nom Wenchang, de wen "Ă©crit" et chang"prospĂ©ritĂ©", a pu influencer la spĂ©cialisation de la divinitĂ©.
Le héros divinisé
Sur la montagne Qiqushan (äžæČć±±) dans le Sichuan, se trouvait un temple consacrĂ© au dieu de Zitong (æąæœŒ, nom du district), divinisation de Zhang Yazi ( ćŒ”äșć / ćŒ äșć ) ou ZhangYu ( ćŒ”èČ / ćŒ èČ ), hĂ©ros local de la dynastie Jin, chef de la rĂ©sistance aux Qin antĂ©rieurs mort au combat en 374. Lui Ă©taient attribuĂ©es diverses qualitĂ©s : modĂšle de vertu, de fidĂ©litĂ© au souverain et de piĂ©tĂ© filiale de son vivant, guĂ©risseur de surcroit. Culte Ă l'origine local, le dieu et son temple accĂ©dĂšrent Ă une renommĂ©e nationale grĂące Ă la faveur impĂ©riale. Tout commença par une visite de l'empereur Xuanzong des Tang de passage dans la rĂ©gion ; il voulut saluer le hĂ©ros militaire et lui dĂ©cerna un titre de ministre. Par la suite, le dieu de Zitong sera promu par d'autres empereurs, sous les Tang, les Song et les Yuan ; Renzong des Yuan lui dĂ©cerna en 1316 le titre de "Grand empereur Wenchang soutien de la dynastie Yuan", confirmant son identification avec l'astĂ©risme divinisĂ© Wenchang. La divinitĂ© locale polyvalente avait en effet acquis la rĂ©putation de contrĂŽler les rĂ©sultats des examens impĂ©riaux, systĂšme mis en place sous les Sui et les Tang, et devenu de plus en plus important au fur et Ă mesure des dynasties successives. Des temples Ă©taient apparus un peu partout, le plus grand restant celui dâorigine dans le Sichuan. L'empereur lui fit Ă©difier en 1454 (dynastie Ming) un temple Ă PĂ©kin et instaura l'usage d'y envoyer chaque annĂ©e une dĂ©lĂ©gation de la cour Ă l'occasion de l'anniversaire du dieu, le 3 du 2e mois lunaire. Sous les Qing, en 1801, l'empereur Renzong le fit inscrire dans le registre du culte impĂ©rial. Beaucoup d'Ă©coles abritaient sa statue.
Wenchangdijun est parfois accompagnĂ© de deux jeunes acolytes appelĂ©s "Sourd" et "Muet", associĂ©s respectivement au Ciel et Ă la Terre (Tian long ć€©èŸ / 怩è et Diya ć°ć / ć°äș ). Leur origine est obscure ; tout au plus peut-on penser que leur nom pourrait avoir Ă©tĂ© inspirĂ© par celui du personnage historique divinisĂ©, Yazi, homonyme de âmuetâ. On sâaccorde en tout cas sur leur symbolisme : lâimportance pour un fonctionnaire de ne pas faire Ă©talage de ses talents et de savoir rester sourd ou muet si nĂ©cessaire.
Une autre tradition concernant les Ă©toiles gouvernant le destin identifie 5 wenchangs, dont l'un est le grand dieu Guandi.
Culte
Le systĂšme mandarinal a disparu, mais les candidats aux examens de toute sorte continuent de prier Wenchangdijun pour mettre le maximum de chances de leur cĂŽtĂ©. Les offrandes sont choisies pour leur homonymie ou assonance avec les effets espĂ©rĂ©s. Y figurent le plus souvent du cĂ©leri (diligence), de lâoignon vert (intelligence), un navet (chance) ; la liste peut sâallonger au grĂ© de lâimagination du futur candidat : huile (encouragement), ail (capacitĂ©s de calcul)... Certains prĂ©conisent dâĂ©viter les fruits ronds et tout ce qui peut rappeler le chiffre zĂ©ro. Des bonbons sont souvent offerts aux divinitĂ©s ; Ă TaĂŻwan il s'agit le plus souvent de nougats. L'une des premiĂšres friandises haut de gamme d'inspiration Ă©trangĂšre fabriquĂ©e dans l'Ăźle, ils sont restĂ©s le choix prĂ©fĂ©rentiel pour les offrandes, malgrĂ© la variĂ©tĂ© disponible de nos jours. Une lĂ©gende probablement rĂ©cente en attribue lâinvention Ă un candidat aux examens Ă qui le dieu aurait communiquĂ© la recette en rĂȘve.
Les autres divinités sollicitées pour les examens et les études sont Confucius et le bodhisattva Wenshu.