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Web-documentaire

Le web-documentaire[1] est un documentaire conçu pour ĂȘtre interactif – en associant texte, photos, vidĂ©os, sons et animations – et produit pour ĂȘtre diffusĂ© sur le Web.

Ce type d'Ɠuvre se caractĂ©rise par :

  • l'utilisation d'un contenu MultimĂ©dia[2],
  • l'introduction dans le rĂ©cit de procĂ©dĂ©s interactifs[3] - [4],
  • une navigation et un rĂ©cit non linĂ©aire,
  • une Ă©criture spĂ©cifique
  • un point de vue d'auteur[5].

Histoire du Web-documentaire

Le documentaire

Le cinĂ©ma documentaire classique reprĂ©sente une forme conventionnelle avec des codes Ă  la fois intellectuels et techniques. Tout d’abord, il existe une forte revendication du rĂ©alisme. Le but est de capter le rĂ©el, d'apporter un regard sur le monde et avoir un aspect didactique. Le documentaire s’oppose bien Ă  un film de fiction en ce sens oĂč c’est "un film didactique montrant des faits rĂ©els, et non imaginaires" [6]. L’objectivitĂ© en est Ă©galement un point central puisqu'il est question de dĂ©crire "le rĂ©el tel quel" sans parti pris subjectif. Sa figure dominante est le commentaire omniscient du speaker anonyme supposĂ© voir et savoir le monde reprĂ©sentĂ©. NĂ©anmoins, le film documentaire n’est pas sans scĂ©nario, sans dĂ©cors, sans acteurs. Tous les documents font l’objet d’un projet rĂ©digĂ© qui donne une idĂ©e assez prĂ©cise du sujet choisi et de sa future construction. Par exemple, un film de montage historique est d’abord Ă©crit sous forme d’un canevas tissant des Ă©vĂ©nements, commentaires, archives recherchĂ©es. Ce canevas est ensuite modifiĂ© au grĂ© du tournage. D’une autre maniĂšre, les documentaires de reconstitution rejouent les situations par les protagonistes eux-mĂȘmes ou font raconter les tĂ©moins sur les lieux Ă  l’aide d’un texte Ă©laborĂ©. Dans ces cas, il s’agit de choisir le sujet, d’écrire le projet, de diriger le tournage et de monter le film. La premiĂšre erreur est donc de croire qu’un documentaire se tourne sans mise en scĂšne. La seconde erreur est de supposer des images sans auteur. Tout tournage implique des choix de motifs, de cadrage et de montage. Le documentariste exprime Ă  la fois la pensĂ©e des autres mais aussi sa propre pensĂ©e. Il Ă©labore une rĂ©flexion sur le monde Ă  partir des rĂ©flexions et des images des autres mĂȘlant rĂ©cit mimĂ©tique et discours rĂ©flexif.

Certes le documentaire a une forme conventionnelle, mais les sujets peuvent ĂȘtre traitĂ©s diffĂ©remment. Dans Drifters, John Grierson dĂ©veloppe le documentaire social en tĂ©moignant une volontĂ© d’aller Ă  la rencontre du monde rĂ©el. En 1922, Nanouk l'Esquimau de Robert Flaherty prĂ©tend Ă  un cinĂ©ma ethnographique. Le rĂ©alisateur implique les hommes qu’il filme dans son fil narratif. Autrement dit, il filme du point de vue des Inuits Ă  savoir le personnage principal et sa famille. Les faits et les gestes sont scĂ©narisĂ©s autour d’un rĂ©cit de lutte pour leur survie. Le Docufiction, quant Ă  lui, fabrique un produit international de grande audience. Celui-ci exploite la curiositĂ© publique pour des sujets scientifiques ou historiques en les traitant de "façon attractive". D’autres "sous-genres" existent, le panel des possibilitĂ©s de sujet et de tournage Ă©tant assez large. Cette diversitĂ© de sujets s’étend jusqu’aux diffĂ©rentes formes de discours, (les tĂ©moignages, les rapports (archive), les vidĂ©os d’archive (actualitĂ© de l’époque), les injonctions, les tĂ©moignages de spĂ©cialistes), prĂ©sentes dans un mĂȘme documentaire grĂące ou Ă  cause de l’impact du numĂ©rique et de ses nouvelles technologies.

Le contexte socio-Ă©conomique de l'apparition du Web-documentaire

L’apparition du web-documentaire s’inscrit dans un contexte de crise Ă©conomique des mĂ©dias et de crise identitaire des journalistes. Ainsi, les nouveaux modes de consommation des mĂ©dias hors de leur support d’origine ont amenĂ© Ă  dĂ©velopper une convergence numĂ©rique des contenus.

En effet, la tĂ©lĂ©vision souffre du phĂ©nomĂšne du zapping et de la migration d'une partie des tĂ©lĂ©nautes vers Internet oĂč "les contenus sont dĂ©linĂ©arisĂ©s aux cĂŽtĂ©s du flux tĂ©lĂ©visuel habituel"[7]. Une audience qui devient donc de plus en plus exigeante et filtre ses programmes. Par consĂ©quent, l’attention de cette audience est en baisse et difficilement fidĂ©lisable. De mĂȘme que pour la presse Ă©crite, le lectorat baisse considĂ©rablement. Les annonceurs publicitaires, quant Ă  eux, tendent Ă  aller vers un accĂšs Ă  des systĂšmes de mesure de l'inter-activitĂ© de l'audience.

À l’inverse, Internet bĂ©nĂ©ficie d’une croissance rapide du nombre d’internautes. D'aprĂšs MĂ©diamĂ©trie, "Les internautes sont aujourd’hui ultra- connectĂ©s et s’ils sont de plus en plus sollicitĂ©s via cette exposition dĂ©cuplĂ©e sur la toile, ils savent aussi se mettre en scĂšne en utilisant les rĂ©seaux sociaux pour partager les contenus en tous genres et expĂ©riences personnelles"[7]. L'institut recense 43,2 millions d’internautes, 27 millions de mobinautes et 11,2 millions de tablonautes en 2013. Ils consultent la presse, regardent des contenus TV en "live" ou en "catch up" ou encore Ă©coutent la radio. Quelles sont leurs raisons ? "Ils passent par internet pour ĂȘtre au cƓur de l’actualitĂ© ; en complĂ©ment des supports traditionnels "[7]. Par ailleurs, 9 vidĂ©os chaque jour sont regardĂ©s en moyenne par un visiteur unique et 31 minutes y sont consacrĂ©es en moyenne quotidiennement ; 14 et 13 vidĂ©os pour les 2-14 ans et 15-24 ans avec un temps journalier de 48 et 51 minutes pour chacune de ces tranches d’ñge.

Cependant l’audience est volatile et sa mesure reste encore difficile malgrĂ© des efforts de MĂ©diamĂ©trie cherchant Ă  combiner prĂ©cision de la mesure et richesse des informations sur les internautes. C’est pourquoi ce mĂ©dia est souvent utilisĂ© en complĂ©ment lors, par exemple, d'une campagne publicitaire. Il permet aux annonceurs de dĂ©velopper une plus grande proximitĂ© avec leurs cibles et un ciblage personnalisĂ©. De plus, une communication de masse est rendue possible et l’apport du Rich mĂ©dia favorise la crĂ©ativitĂ©.

Le web-documentaire est un moyen pour les mĂ©dias de tester ou de mettre en place progressivement de nouveaux modes de productions adaptĂ©es au web et de les renouveler. Le but est de construire des "nouveaux modĂšles Ă©conomiques pour leurs futurs revenus"[8]. Par exemple Le Monde, Arte, France 5, France 24, Canal+ expĂ©rimentent l'Ă©ditorialisation du web-documentaire. Son usage n'a pas de consĂ©quence sur la rĂ©duction des biens publics car on parle d’un bien collectif, et non plus de bien privĂ©.

Cette pratique mĂ©diatique donne lieu selon Eric Pedon Ă  "une production multiforme, protĂ©iforme, qualifiĂ©e d’exploratoire, de tĂątonnante, d’innovante, d’expĂ©rimentale"[9] Dans l’environnement numĂ©rique, elle se qualifie comme un « nouveau dispositif de mĂ©diation en ligne de l’information". Dans le paysage culturel et artistique, elle se caractĂ©rise comme une "Ɠuvre interactive Ă  la frontiĂšre entre reportage d’enquĂȘte et documentaire"[9].

Le travail des journalistes, photographes, rĂ©alisateurs audiovisuels est redĂ©fini. Ils exploitent l’univers libre et expĂ©rimental du web et des jeux vidĂ©o. Ces nouvelles expĂ©riences mĂ©diatiques reflĂštent un engagement pour une nouvelle Ă©criture de l’information, formant un point de rupture avec les mĂ©dias traditionnels de presse et de tĂ©lĂ©vision. À travers une pratique crĂ©ative, les auteurs dĂ©fendent "Ă  la fois une certaine idĂ©e du journalisme (enquĂȘte de terrain vs journalisme assis) et une certaine idĂ©e de la photographie et du documentaire (dĂ©marche auteuriste). Cependant, elle connait des limites notamment en termes de statut du web-documentariste (non rĂ©tribuĂ©) et de mesure d’audience dĂ» Ă  l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© et Ă  la libertĂ© de son format. Certains ont quand mĂȘme tentĂ© l’expĂ©rience. David Dufresne, co-auteur de Prison Valley dĂ©clara en 2011 que « 21 % des visiteurs inscrits avaient visionnĂ© les 59 minutes du rĂ©cit entier, un an aprĂšs la sortie sur Arte.tv »[9]. Selon LĂ©na Mauger, les web-documentaires rassembleraient environ 200.000 visiteurs restant en moyenne 10 Ă  12 minutes.

Les caractéristiques du Web-documentaire

L'héritage du genre documentaire

Les diffĂ©rentes dĂ©finitions du documentaire font rĂ©fĂ©rence au support audiovisuel sans Ă©voquer les autres possibilitĂ©s du genre documentaire tel que le photojournalisme, le documentaire papier, le documentaire radiophonique mettant en Ɠuvre un ou plusieurs types de document (la photo, l'Ă©criture, le son). Le genre documentaire regroupe alors toutes productions utilisant diffĂ©rentes sources pour dĂ©crire une certaine rĂ©alitĂ© ou l'arranger selon les convenances. Si l'auteur utilise de la photo plutĂŽt que de la vidĂ©o, il modifie sa mĂ©thodologie mais reste dans le genre documentaire.

Le web-documentaire se place dans ce mĂȘme objectif documentaire, c’est-Ă -dire de dĂ©velopper la vision d'un auteur sur un contenu rĂ©el, basĂ© sur plusieurs types de documents possibles (photographie, audio-vidĂ©o, texte
). L'objectif et les sources restent les mĂȘmes. À travers un format fermĂ©, le web-documentaire continue Ă  mettre Ă  disposition de l’audience un documentaire avec un point de vue d’auteur. Son objectif n’est pas d’évoluer dans le temps ni en fonction de l’interaction avec l’audience. Autrement dit, ce qui le diffĂ©rencie d’un autre site internet et ce qui le rapproche d’un cinĂ©ma documentaire traditionnel, c’est ce rĂ©cit basĂ© sur un schĂ©ma classique Ă  savoir : un dĂ©but, un nƓud et une conclusion.

Au-delĂ  de son originalitĂ©, le web-documentaire ne cesse pas de porter l’hĂ©ritage des codes du documentaire. Ainsi malgrĂ© la possibilitĂ© par l'utilisateur de n'explorer qu'une partie du contenu qu'on lui propose, la rĂ©alisation du web-documentaire nĂ©cessite pour l'auteur de traiter le sujet travaillĂ© dans sa globalitĂ© avec, par exemple, le web-documentaire Reconstruire HaĂŻti signĂ© par Jean Abbiateci. Via une fiction-simulation de la reconstruction de l'Ăźle sur l'histoire du pays, l’auteur soulĂšve le problĂšme de l'investissement Ă©tranger sur les marchĂ©s prenant en compte les financements, la santĂ©, le logement, l'agriculture et bien d’autres enjeux. Comme pour le documentaire, le web-documentaire possĂšde un thĂšme principal, des thĂšmes sous-jacents ou secondaires. Il est utilisĂ© au service d’un point de vue documentĂ© et offre un ou plusieurs rĂ©cits. Sa forme, son fond et ses fonctionnalitĂ©s proposent une reprĂ©sentation du monde qui est censĂ©e permettre d’apprĂ©hender la rĂ©alitĂ©. En questionnant des prĂ©occupations sociĂ©tales, des modes de vie, des faits sociaux et en reformulant les approches du rĂ©el, la base d'un web-documentaire reste donc un long travail de documentation. Ce travail est notamment visible via l’espace documentaire prĂ©vu dans l’interface graphique.

Autre continuitĂ© entre le web-documentaire et son parent le documentaire, le rĂ©cit est scĂ©narisĂ©. La scĂ©narisation, ou autrement dit "la mise en scĂšne", implique la façon dont on place et fait agir les dĂ©cors, les objets, les humains face Ă  la camĂ©ra. C’est ce qu’on appelle le "profilmique" [10]. Tous ces plans sont revus, coupĂ©s, collĂ©s et rĂ©-agencĂ©s au montage. Toujours dans l'optique de transmettre une information au public, l'auteur peut choisir de mettre en avant un Ă©lĂ©ment du rĂ©cit de diffĂ©rentes maniĂšres. Par exemple, il peut dĂ©cider de relier des actions qui ne sont pas dans une continuitĂ© mais dans un Ă©cart temporel pour illustrer un rapport de cause Ă  consĂ©quence. Tout tournage suppose alors des choix de motifs, de cadrage et de montage. Il existe une volontĂ© de traiter le sujet notamment Ă  travers la modalisation.

Celle-ci dĂ©signe la modification du cadre situationnel ou du statut de l’énonciation. L’interfĂ©rence entre le filmeur-filmĂ© et entre le film-spectateur peut ĂȘtre explicite, rĂ©elle ou feinte selon les choix esthĂ©tiques de l’auteur (injonctions du filmeur au filmĂ©, adresse du filmĂ© Ă  la camĂ©ra, interpellation du spectateur). Tout est une question de distance narrative et de degrĂ© de scĂ©narisation. Il est donc nĂ©cessaire de comprendre les circonstances du tournage et comment le film s’adresse au spectateur. Le web-documentaire, autant que le documentaire classique, ne cherche pas Ă  montrer des informations au public mais Ă  montrer une analyse de plusieurs informations impliquant des consignes de tournage et de lecture via le dispositif.

Face Ă  ces nombreux points de continuitĂ©s, on peut affirmer que le web-documentaire ne constitue pas un nouveau genre Ă©ditorial mais un nouveau mode de crĂ©ation pour deux raisons : son mode de diffusion, le web, et l’interactivitĂ© qui en dĂ©coule.

Le Web-documentaire : articulation entre films documentaires et spécificités du Web

"Depuis 2004, nous assistons Ă  l’émergence d’un nouveau type de crĂ©ation qui allie films documentaires et spĂ©cificitĂ©s du web"[8]. En d’autres termes, le web-documentaire reprĂ©sente un nouveau mode d’expression grĂące "Ă  la scĂ©narisation de la consultation sur le web d’un documentaire thĂ©matique" et Ă  ses "caractĂ©ristiques communicationnelles"[8]. L’objectif est de construire des formes destinĂ©es Ă  manipuler des idĂ©es tout en poursuivant des objectifs d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Ce qui motive principalement la rĂ©alisation d'un documentaire au format web sont les possibilitĂ©s technologiques que supporte le web : l'intĂ©gration de contenu de diffĂ©rents types, la dĂ©linĂ©arisation du processus de scĂ©narisation grĂące aux liens hypertextes, l'interactivitĂ© dans le choix du scĂ©nario justement mais aussi dans l'interface graphique. La majoritĂ© des web-documentaires ont Ă©tĂ© pensĂ©s et rĂ©alisĂ©s pour ĂȘtre diffusĂ©s sur le net, se rapprochant d’un rĂ©cit multi-supports Ă  savoir la narration transmĂ©dia (points d’entrĂ©e diffĂ©rents dans l’histoire) et le cross mĂ©dia (duplication ou adaptation). Par exemple, un web-documentaire peut obtenir une adaptation de son contenu au format papier pour un journal. Dans l'Ăšre du "natif numĂ©rique", la pĂ©dagogie Ă©volue. Le caractĂšre ludique est un Ă©lĂ©ment important pour transmettre l'information. Elle permet de maintenir un sujet dans une constante stimulation cĂ©rĂ©bral favorable Ă  l'apprentissage, comme l'explique le concept de "flux cognitif" thĂ©orisĂ© par le psychologue hongrois MihĂĄly CsĂ­kszentmihĂĄlyi en 1970. Seul le web et les liens hypertextes rendent possible cette position active de l'utilisateur grĂące aux clics, aux choix qui lui sont demandĂ©s pour construire le rĂ©cit. De plus les technologies, HTML5 via le 3WDOC ou Flash via le logiciel multimĂ©dia Klynt, sont capables de gĂ©rer des animations qui servent de document en tant que tel ou d'Ă©lĂ©ments transitoires entre deux autres documents de maniĂšre fluide, dynamiques. Ces animations sont des Ă©lĂ©ments supplĂ©ments dans les outils disponibles aux auteurs de web-documentaire. Elles proposent un dĂ©placement de l’écriture du scĂ©nario qui peut s’effectuer directement avec l’outil. Le but est d’obtenir un objet nouveau, un documentaire crĂ©atif, moins ennuyeux et social. En effet, les web-documentaires ont la particularitĂ© de rajouter une dimension sociale entre les crĂ©ateurs et les utilisateurs. Par exemple, ces derniers sont invitĂ©s Ă  laisser des commentaires ou messages via un forum mais Ă©galement entre les utilisateurs eux-mĂȘmes. Cette dimension sociale permet de rendre le documentaire viral et participatif. La plupart des projets de web-documentaire ont un accĂšs via la plateforme de rĂ©seau social "Facebook", et la mise en place d'espaces dĂ©diĂ©s Ă  l'Ă©change. L'interaction et le cĂŽtĂ© ludique sont donc des moteurs dans la rĂ©alisation du documentaire. En reprenant l’exemple "Reconstruire HaĂŻti", l'auteur Abbiateci avait pour projet d'expliquer HaĂŻti autrement que par le dĂ©terminisme fataliste prĂ©sent chez ses confrĂšres lors du sĂ©isme de 2010. Si HaĂŻti est dans sa situation actuelle, c'est dĂ» aux choix des diffĂ©rents acteurs. Il lui fallait donc un format qui prĂŽne ces fameux choix permettant au public de s'identifier dans les prises de dĂ©cisions et d'en voir les consĂ©quences. Les choix techniques de publication sur le web (structure arborescente, ligne temporelle, actions sur images, listes de liens, gabarits, intĂ©gration de film, montage de diaporama interactif, menu, carte) offrent de nouvelles conventions d’écritures et une diversitĂ© au niveau des parcours de lecture.

De nouvelles formes d'écritures : l'interactivité narrative

L’évolution du Web vers l’interactivitĂ©, liĂ© Ă  un fort dĂ©veloppement technologique, libĂšre le documentaire de son formatage prĂ©Ă©tabli. De ce fait, l’expĂ©rience interactive au sein mĂȘme du dispositif est rendue possible. En effet, l’outil crĂ©e un espace de contact et d’échange entre un "spectateur-actant"[11], "l’interface-film"[11] et le contenu de l’objet narratif. Ainsi en prenant part Ă  l'action qui se dĂ©roule Ă  l'Ă©cran, l'internaute a la sensation d'ĂȘtre plongĂ© dans une rĂ©alitĂ© virtuelle gĂ©nĂ©rĂ©e par cette nouvelle dimension documentaire.

À l’inverse du texte documentaire, le web-documentaire adopte le rĂ©gime de la discussion et non du discours. L’utilisateur est interpellĂ© par le ou les auteur(s), dĂšs son entrĂ©e dans le rĂ©cit. Le lecteur choisira alors d’intervenir sur le contenu en cliquant Ă  tel endroit et Ă  tel moment pour commencer, quitter, reprendre son dĂ©roulement ou Ă©ventuellement interviewer des personnages. C’est le premier Ă©change interactif entre les trois sujets Ă  savoir " l’entitĂ© Ă©nonciatrice "[12], le spectateur et le contenu du web-documentaire. Ils seront amenĂ©s Ă  coopĂ©rer jusqu’à la fin du dispositif. Cette " situation d’énonciation " [12] fait appel Ă  l’intellect du lecteur et Ă  sa volontĂ© d’actionner le rĂ©cit. L’interactivitĂ© comprend alors cette triple relation qui transforme la situation d’énonciation et les diffĂ©rentes formes du discours du documentaire classique. Mais c’est aussi la dĂ©couverte par le spectateur d'un contenu Ă  travers de nouvelles techniques.

Marida Di Crosta se concentre sur la place centrale de l’interface au sein du dispositif. Ce dernier Ă©mancipe le spectateur de " son rĂŽle symbolique actuel" [11] en l’invitant Ă  mobiliser de "nouvelles compĂ©tences". L’auteur ne considĂšre pas que le film soit remplacĂ© par "l’interface-film" [11] Ă©tant " un synonyme moins Ă©quivoque de film interactif. Cela dĂ©signe moins un genre qu’une configuration langagiĂšre spĂ©cifique Ă  ces objets hybrides, Ă  mi-chemin entre le film et autre chose ". En effet, le rĂ©cit interactif continue l’activitĂ© narrative du documentaire classique mais au sein d’un cadre diffĂ©rent. Il faut comprendre l’interface comme une couche supplĂ©mentaire permettant l’interaction entre le programme informatique et l’usager. On parle alors d’interaction physique homme-machine. L’interface est constituĂ©e d’une arborescence en deux niveaux. Le premier niveau Ă©tant la page d’accueil et ses liens, et le deuxiĂšme le montage interactif proposant plusieurs parcours. En effet, le web-documentaire, Ă©tant un document hypermĂ©dia, apporte la dimension manipulable du contenu.

Ainsi, le rĂ©cit interactif sollicite le spectateur en tant qu'acteur sans quoi celui-ci n’existerait pas. Marida Di crosta le nomme "spectateur-actant" [11]. Les interventions de l'usager gĂ©nĂšrent alors des situations diffĂ©rentes et des chemins multiples dans la narration. Celui-ci jouera un rĂŽle adaptĂ© suivant les diffĂ©rentes formes narratives. De plus les " dĂ©ictiques temporelles et spatiaux " [12] du dispositif offrent Ă  l’internaute le choix de se situer dans une Ă©nonciation prĂ©cise. Pierre-Yves HUREL parle d’ "interactivitĂ© narrative" [13] impliquant un engagement de l’usager au niveau de la structure narrative. Pour ce faire, l'auteur doit façonner de nouvelles stratĂ©gies narratives pour anticiper et permettre des choix multiples de scĂ©nario du spectateur, notamment grĂące Ă  la mise en place des rĂšgles de participation Ă  l'agencement du rĂ©cit.

Ainsi la diffĂ©rence fondamentale avec la rĂ©alisation des rĂ©cits documentaires classiques rĂ©side dans la place dĂ©cisive de l'usager au sein de ce dispositif. Il est nĂ©cessaire de s’appuyer sur son degrĂ© d’engagement, partant de la rĂ©ception Ă  l’interaction narrative, lors de la crĂ©ation d’un web-documentaire. Aussi, il faut savoir que "l’interactivitĂ©Ì n’est possible que si l’on met interaction et rĂ©ception sur un mĂȘme continuum" [13] . Pierre-Yves, HUREL distingue sept Ă©lĂ©ments se prĂȘtant Ă  l'interaction narrative: personnages, attributs, motifs, intentions, mobiles, les actions en elles-mĂȘmes et les opĂ©rations.

La spécificité du Web-documentaire : la place déterminante de l'internaute

Les nouvelles postures de l'usager

L’interactivitĂ© de la partie Ă©nonciative du documentaire offre au lecteur une nouvelle approche de l’information. Elle reprĂ©sente Ă  la fois l’élĂ©ment d’expression de l’auteur, concevant son propos dĂ©linĂ©arisĂ©, et la partie du travail de l’utilisateur, s’inscrivant dans une dĂ©marche de co-Ă©laboration de sens du web-documentaire. Dans ce cas, la modification de la situation d’énonciation traditionnelle du documentaire redĂ©finit la relation usager-rĂ©cit impliquant des nouvelles postures de l’usager. DĂšs la crĂ©ation du web-documentaire, la scĂ©narisation du rĂ©cit principal prĂ©voit l’intervention du lecteur-internaute. NĂ©anmoins, sa participation Ă  la "fictionalisation" documentaire s’établit Ă  diffĂ©rents niveaux selon le contenu et le dispositif interactif proposĂ©s.

Tout d’abord, il faut savoir que le caractĂšre actif de l’écoute, de l’attention et de l’interprĂ©tation dĂ©finit une maniĂšre d’interagir avec le rĂ©cit. Le lecteur-internaute endosse alors l’habit du tĂ©moin-voyeur ou du tĂ©moin-enquĂȘteur, un point commun avec les pratiques traditionnelles du cinĂ©ma documentaire classique.

D’une autre maniĂšre, le rĂ©cit peut solliciter davantage l’immersion de l’usager avec l’utilisation d’une interaction physique. À ce moment-lĂ , le web-documentaire se diffĂ©rencie du documentaire puisqu’il demande Ă  l’internaute d’actionner le rĂ©cit. Par exemple, cliquer exprime une forme d’action Ă  savoir un clique de zapping, de curiositĂ© ou d’échange. L’utilisateur est alors pensĂ© et valorisĂ© comme un explorateur ou un investigateur. Selon Philippe Laloux, "on ne leur dirait plus ‘lisez ce que je vous offre’ mais ‘lisez ce que vous cherchez’ et ‘emparez-vous de ces contenus puis partagez’" [14]. Ainsi, sa fonction est double : Ă  la fois acteur et spectateur.

Cette posture spectatorielle dichotomique s’effectue Ă  travers trois types diffĂ©rents de narration. La premiĂšre est celle d’une arborescence Ă  l’image des jeux vidĂ©o. Le spectateur actant s’immerge au sein du documentaire en naviguant sur diffĂ©rents niveaux suggĂ©rĂ©s par l’interface graphique, c’est-Ă -dire la page d’accueil assortie de liens et les diffĂ©rentes entrĂ©es dans le rĂ©cit. PlongĂ© dans un univers particulier, il a donc l’impression de jouer en s’informant. La deuxiĂšme est celle d’une narration indĂ©terministe. Il s’agit d’aller d’un point de dĂ©part Ă  un point d’arrivĂ©e mais les parcours sont innombrables. Par consĂ©quent, l’internaute peut ĂȘtre pensĂ© comme Ă©tant Ă  l’initiative du rĂ©cit. Autrement dit, il a la possibilitĂ© d’influencer ou non le monde reprĂ©sentĂ© par ses choix ou ses stratĂ©gies de lecture. Par exemple, il peut s’arrĂȘter en chemin, choisir une sĂ©quence plus attractive qu’une autre ou encore revenir sur ses pas. La troisiĂšme est celle d’une narration Ă©volutionniste. Il existe un point de dĂ©part mais pas de point d’arrivĂ©e, le monde se crĂ©ant au fur et Ă  mesure du parcours de l’utilisateur. Il adopte une attitude d’acteur plutĂŽt que de lecteur en Ă©tant une entitĂ© interne du documentaire. Par exemple, il joue le rĂŽle fictif du grand reporter en menant sa propre investigation Ă  travers l’usage d’une sĂ©rie d’attributs matĂ©riels (cartes, cahiers, sources documentaires statistiques et juridiques, rapport d’experts, etc.) et dans un dĂ©cor de " road movie ".

Ainsi l’utilisateur peut s’identifier aux enjeux du rĂ©cit, la posture du spectateur, et manipuler l’information via l’interface graphique, la posture de l’acteur. Cette nouvelle relation de l’usager-rĂ©cit abolit la distanciation nĂ©cessaire Ă  la rĂ©flexion, imposĂ©e par la lecture d’un documentaire, et instaure la promesse du web-documentaire. " S’informer devient un parcours Ă  la fois individuel et de partage collectif mais surtout ludique " [14].

Cette fonction double de l'utilisateur Ă  la fois acteur et spectateur, se retrouve dans une autre forme de documentaire interactif, le documentaire mobile. Le documentaire mobile est un format qui s'appuie sur la gĂ©olocalisation des smartphones afin d'immerger in situ (en situation) le mobinaute. Selon Sandra Gaudenzi, "Il s'agit d'interpeller le lecteur, de transposer dans la vie privĂ©e quelque chose qui ne peut ĂȘtre que trĂšs gĂ©nĂ©ral dans une logique documentaire"[15]. Avec ce rapport plus personnalisĂ© Ă  son environnement rĂ©el, le mobinaute investit le propos du documentaire. En France plusieurs exemples de cette nouvelle vision du documentaire sont apparus: Voyages en RĂ©sistances de Petit Homme Production en 2012, CinĂ©macity de SmallBang en 2013, et JaurĂšs pas Ă  pas de CinĂ©TĂ©vĂ© en 2014.

L'enjeu de la captation

Selon Henry Jenkins, La convergence des mĂ©dias est " l'intersection entre la mise en flux des contenus, la multiplicitĂ© des plates-formes mĂ©diatiques et le caractĂšre versatile de l'audience " [8]. Ce phĂ©nomĂšne s’inscrit dans un enjeu de captation de l’attention qui " passe par des artifices interactifs maintenant l’internaute en immersion dans des univers contraints et addictifs fortement inspirĂ©s par l’univers des jeux vidĂ©o " [8].

Le web-documentaire est un objet crĂ©atif qui permet la captation du visiteur par l’exploration des contenus Ă  travers des moyens ludiques et interactifs. Roger Caillois dĂ©finit le jeu comme "une activitĂ© libre, sĂ©parĂ©e, incertaine, improductive, rĂ©glĂ©e et fictive" [16] Le web-documentaire est un dispositif mĂ©diatique qui appelle Ă  l’imaginaire de l’internaute. Celui-ci tend Ă  plonger l’usager dans un monde particulier. Dans ce cas, il est possible de l’assimiler Ă  un jeu vidĂ©o. On dit qu’il s’inspire des “serious games” structurĂ©s par des rĂšgles autorisant ou empĂȘchant d’atteindre un objectif. De mĂȘme qu’en fonction des actions de l’utilisateur, l’histoire et la conclusion seront diffĂ©rentes.

La posture « spectateur-actant Â» de l’utilisateur l’engage vis-Ă -vis du dispositif : « ĂŠtre engagĂ© dans une situation de communication ce n’est pas ĂȘtre passif ou actif tour Ă  tour c’est ĂȘtre actif de diffĂ©rentes maniĂšres Â»[13]. L'engagement fait appel Ă  l'Ă©motionnel, Ă  l'interaction narrative mais aussi Ă  l’aspect cognitif l'amenant Ă  penser, Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă  raisonner. Cet engagement rappelle son Ă©tat de conscience de lui en tant que sujet pensant du web-documentaire.

L’utilisateur vit ainsi une « expĂ©rience immersive Â»[17] L'immersion permet de mesurer le degrĂ© de rĂ©alisme crĂ©Ă© par un systĂšme de rĂ©alitĂ© virtuelle. Elle peut ĂȘtre totale ou partielle selon les pĂ©riphĂ©riques utilisĂ©s. L'immersion est totale lorsque les cinq canaux sensoriels de l'utilisateur sont traitĂ©s simultanĂ©ment, sinon elle est partielle. Plus l'utilisateur confond le monde virtuel avec le monde rĂ©el, plus la sensation d'immersion est forte. Le web-documentaire, quant-Ă -lui, propose une expĂ©rience “multimĂ©dia-sensorielle”. Les canaux sensoriels sollicitĂ©s sont la vue (textes, photos), l'ouĂŻe (son et vidĂ©os) et le toucher. L'interactivitĂ© en temps rĂ©el contribue particuliĂšrement Ă  cette sensation d'immersion perçue par l'utilisateur. Il prend part Ă  l'action qui se dĂ©roule Ă  l'Ă©cran et "les dĂ©placements dans l’espace, oĂč la correspondance entre le geste mĂ©taphorisĂ© du joueur et l’action du personnage Ă  l’écran serait complĂšte" [18] De plus, il Ă©change des points de vue sur le thĂšme avec des internautes. Ses contacts peuvent suivre son avancĂ©e dans le rĂ©cit sur son compte Twitter ou sa page Facebook.

En outre, immerger le spectateur dans un Ă©tat de "flow" est selon Florent Maurin dans son billet "ThĂ©orie du flow et webdocumentaires"[19], un enjeu du web-documentaire. Le but est d’obtenir une certaine proportionnalitĂ© entre simplicitĂ© et complexitĂ© pour que le spectateur puisse contrĂŽler et maĂźtriser le contenu. MihĂĄly CsĂ­kszentmihĂĄlyi, un psychologue hongrois, dĂ©finit la thĂ©orie du “cognitive flow “ ou autrement dit le flux cognitif. Lorsque l’immersion est totale et la concentration maximale, le spectateur perçoit un sentiment complet d’engagement et de rĂ©ussite. Le rapport entre la difficultĂ© d’une tĂąche et notre niveau de qualification influencerait notre disposition Ă©motionnelle. En d’autres termes, l’internaute se lasse si une tĂąche est trop difficile ou si elle trop simple. Par exemple, une prise en main difficile du web-documentaire, une arborescence complexe ou Ă  l’inverse une trop forte linĂ©aritĂ© de la narration pourrait vite ennuyer le spectateur. D’une autre maniĂšre, une diversion provoquant trop d’interruptions dans le rĂ©cit peut amener Ă  disperser et par consĂ©quent Ă  dĂ©sintĂ©resser le visiteur.

Enfin, la navigation est normalement choisie par l’usager. Cependant, il est encore difficile de comprendre prĂ©cisĂ©ment les motivations de son adhĂ©sion et ses rĂ©actions face au dispositif : "Il a presque toujours le choix de naviguer sur le site et d’apprĂ©hender le monde qu’on lui propose comme il le souhaite"[20] Il s’agit vraiment d’offrir au lecteur une nouvelle approche de l’information. Le cĂŽtĂ© ludique de ce dispositif motive d’autant plus l’utilisateur Ă  s’engager pleinement au sein de ce dispositif et s’approprier l’objet. Mais "Quelles sont les questions qui se posent au "spectateur-actant" dans l’appropriation de l’objet ? Quels sont les ajustements cognitifs dont doit faire preuve ce " spectateur-acteur" dans la cocrĂ©ation de sens ?" [17]

La question de l'appropriation du dispositif médiatique par l'usager

La forme non conventionnelle du web-documentaire constitue Ă  la fois un avantage et un inconvĂ©nient dans l’appropriation du dispositif mĂ©diatique par l’usager. Certes, les auteurs du web-documentaire lui laissent une libertĂ© d’intervenir au sein du rĂ©cit. Selon C. Vandendorpe, "l’invention de l’écriture libĂšre l’individu de la triple contrainte imposĂ©e par la situation d’écoute" [21] Ă  savoir : celle de ne pas pouvoir dĂ©terminer le moment de la communication, celle de ne pas maĂźtriser le rythme choisi par le contenu et enfin celle de ne pas pouvoir retourner en arriĂšre.

NĂ©anmoins pour s’approprier un web-documentaire, il faut accepter sa propre libertĂ© d’action et la dĂ©linĂ©arisation du texte. En effet, face Ă  la prĂ©gnance de la dimension technique du document hypermĂ©dia, l’internaute est contraint d’apprendre Ă  manipuler cet outil. Soumis dĂšs le dĂ©part Ă  un choix, la lecture de l’utilisateur est conditionnĂ©e. Autrement dit, il a la possibilitĂ© de changer de parcours et donc de page ou alors de visionner une vidĂ©o en continu. Cette autonomie requiert une capacitĂ© d’adaptation et demande tout un travail d’appropriation. Pour ce faire, le lecteur-internaute mobilise ses connaissances liĂ©es au modĂšle documentaire tĂ©lĂ©visĂ© mais aussi liĂ©es au mĂ©dia Internet. Certains individus veulent connaĂźtre le cadre d’usage et de fonctionnement global du dispositif avant mĂȘme d’y accĂ©der. D’autres apprennent Ă  manipuler l’objet numĂ©rique au fur et Ă  mesure de leur lecture.

Face aux diffĂ©rents niveaux de compĂ©tences du destinataire et Ă  sa maniĂšre particuliĂšre d’entrer en relation avec le web-documentaire, les stratĂ©gies de lecture se diversifient. Tout d’abord, la stratĂ©gie de prospection implique un usager furtif. AprĂšs avoir cherchĂ© une raison quelconque de continuer sa lecture, il abandonne la conquĂȘte du dispositif. À l’inverse, l’usager extensif poursuit sa lecture dans l’intĂ©rĂȘt de dĂ©couvrir l’ensemble des documents et vidĂ©os proposĂ©es Ă  l’image d’un documentaire linĂ©aire classique. L’usager sĂ©lectif, lui, adopte une lecture spĂ©cialisĂ©e des contenus afin de contextualiser le web-documentaire. En reprenant la posture de l’explorateur, l’individu cherche quelque chose d’inconnu en s’accrochant aux repĂšres et aux explications apportĂ©es au sein du rĂ©cit interactif. Cette richesse de contenus et d’utilisations perd, par moments, le destinataire Ă©prouvant des difficultĂ©s cognitives. Par exemple, lorsqu’il utilise l’interface de navigation, c’est-Ă -dire les boutons situĂ©s en bas et Ă  droite de l’écran, il ne sait pas quelle fonction va ĂȘtre mise en Ɠuvre. Est-ce un bouton informatif ? Narratif ? Instrumental ? Il progresse par tĂątonnement et mobilise, par la suite, sa mĂ©moire visuelle lui permettant de s’approprier l’outil au fur et Ă  mesure de sa dĂ©couverte. Aussi, lors de sa lecture, l’internaute assimile la dimension multimĂ©dia du web-documentaire. Sans cesse confrontĂ© Ă  un flux visuel et sonore (textes, images, vidĂ©os, sons, icĂŽnes), il doit exercer un important investissement attentionnel ce qui peut expliquer son abandon.

Voir aussi

Bibliographie

  • Alexandre Klein, « Le webdocumentaire : un outil numĂ©rique innovant au service de l’enseignement, de la recherche et de la valorisation », HumanitĂ©s numĂ©riques, 2 | 2020, Document en ligne
  • Philippe Brault et David Dufresne, Prison Valley : Le livre du webdocumentaire Ă©vĂ©nement, 2010
  • William Buzy, Le webdocumentaire en 10 leçons, 2010.
  • Joffrey Lavigne, L’histoire Ă  l’heure du multimĂ©dia : les enjeux du web-documentaire historique, 2012, UniversitĂ© Paris IV, MĂ©moire en ligne
  • Esteve Wilfrid, What’s up Webdoc : c’est quoi un webdocumentaire ?, 2013, Rue89, VidĂ©o en ligne
  • Julia Flaceliere, Qu’est-ce que le webdocumentaire ?, 2012, Format Webdoc, Document en ligne
  • AurĂ©lie Julien, "Les rĂ©cits numĂ©riques : de nouvelles formes narratives ?", 2013, ludovia Magazine, Article en ligne
  • Pierre-Yves Hurel, RĂ©cit et interactivitĂ© : typologie des interactions narratives, Mosaique, Vol.10, Document en ligne
  • Catherine Geeroms, Le webdocumentaire : quand l'information rencontre l'interaction, in Zoom 2.0, no 59, 2011
  • Walschaerts C, 2010, Les belles promesses du Webdocumentaire, revue mensuelle Journalistes, no 116, Article en ligne
  • Samuel. Gantier et Laure. Bolka, « L’expĂ©rience immersive du web documentaire : Ă©tudes de cas et pistes de rĂ©flexion », Les Cahiers du journalisme,‎
  • Evelyne Broudoux, Le documentaire Ă©largi au web, Les Enjeux de l'information et de la communication 2/ 2011 (no 12/2), p. 25-42, Document en ligne
  • Eric Pedon, Le web documentaire : dispositifs et enjeux d’une pratique mĂ©diatique en devenir, in D. Baltazart, P. Morelli, N. Pignard-Cheynel (Eds), 2013
  • Mediametrie, 2014. L’annĂ©e Internet 2013 communiquĂ© de presse, LevalloisEn ligne
  • Maurin, Florent, 2012. ThĂ©orie du flow et webdocumentaires"ThĂ©orie du flow et webdocumentaires" En ligne


Voir aussi

Liens externes

  • Emmanuelle Miquet, « Le documentaire prend du relief », Le Film français,‎
  • Brigitte Baronnet, « Le boom du webdocumentaire », Écran Total,‎
  • Sophie Scher, « Web photo », Les Cahiers de la photographie,‎
  • Roger Caillois, Les jeux et les hommes, 8e Ă©dition. Gallimard, 307 p., 1958
  • François Niney, Le documentaire et ses faux-semblants, Paris : Klincksieck, p. 185-196, 50 questions, 2009
  • Jean Beschand, 2002. L’autre face du cinĂ©ma, Les cahiers du CinĂ©ma, 36 p. Les petits cahiers, 2002

Notes et références

  1. Aussi appelé "webdoc"
  2. | la-croix.com - Webdocumentaire, le reportage à l'Úre du multimédia - 04/12/2009
  3. Webdocu.fr - Webdocumentaire interactif et participatif : l’internaute lecteur et acteur de l’information - 10/09/10
  4. 20minutes.fr - Ces webdocumentaires dont on est les héros - 19/02/10
  5. Webdocu.fr - La différence entre (Web)documentaire et (Web)reportage - 26/02/10
  6. Jean Beschand, L'autre face du cinéma, 2002
  7. | Mediametrie, 2014. L’annĂ©e Internet 2013 communiquĂ© de presse, Levallois
  8. | Broudoux, Evelyne, 2011. Le documentaire Ă©largi au web, Les Enjeux de l'information et de la communication.
  9. Pedon, Eric, 2013. Le web documentaire : dispositifs et enjeux d’une pratique mĂ©diatique en devenir.
  10. François Niney, Le documentaire et ses faux semblants, 2009
  11. Di Crosta, Marida, 2009. Entre cinéma et jeux vidéo : l'interface-film métanarration et interactivité
  12. Joffrey, Lavigne, 2012. L'histoire à l'heure du multimédia : les enjeux du web-documentaire historique- Mémoire. Information et Communication.
  13. | Hurel, Pierre-Yves, 2013. Récit et interactivité : typologie des interactions narratives, Mosaique.
  14. | Revue mensuelle Journalistes no 116 - Les belles promesses du Webdocumentaire - 06/2010
  15. « Sandra Gaudenzi décrypte le monde du webdocumentaire », sur Le Blog Documentaire
  16. Caillois, Roger, 1958, Les jeux et les hommes. 8e Ă©dition. Gallimard.
  17. Gantier, Samuel ; Bolka, Laure, 2011. L’expĂ©rience immersive du web documentaire : Ă©tudes de cas et pistes de rĂ©flexion.
  18. Di Crosta, Marida, 2009. Entre cinéma et jeux vidéo : l'interface-film métanarration et interactivité.
  19. | Maurin, Florent, 2012. Théorie du flow et webdocumentaires
  20. Geeroms, Catherine, 2011. Le webdocumentaire : quand l'information rencontre l'interaction.
  21. | Institut Numérique - L'histoire à l'heure du multimédia : les enjeux du web-documentaire historique - 01/10/2013
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