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Watchman Nee

Ni Tuocheng, dit Watchman Nee, nĂ© le Ă  Shantou (汕頭 ; pinyin : ShĂ ntĂłu), dans la province de Guangdong, et dĂ©cĂ©dĂ© le en Chine dans le Anwhei (Anhui), est un Ă©vangĂ©liste et Ă©crivain chrĂ©tien mĂ©thodiste chinois.
Durant les trente annĂ©es que dura son ministĂšre, il parcourut une grande partie la Chine pour annoncer l'Évangile, fondant un peu partout des Églises locales, indĂ©pendantes des missions Ă©trangĂšres, connues en Occident sous le nom d'Ă©glises du « Petit troupeau ».
Watchman Nee publia Ă©galement une abondante littĂ©rature pour l’évangĂ©lisation, l’édification des chrĂ©tiens et la formation des pasteurs ; certains livres, tirĂ©s de ses confĂ©rences, sont toujours Ă©ditĂ©s dans de nombreuses langues et rencontrent le mĂȘme succĂšs dans les milieux chrĂ©tiens Ă©vangĂ©liques.
À l’arrivĂ©e des communistes au pouvoir en Chine, les chrĂ©tiens furent sĂ©vĂšrement persĂ©cutĂ©s et Watchmann Nee fut arrĂȘtĂ© en 1952. CondamnĂ© Ă  vingt annĂ©es d'emprisonnement en , il dĂ©cĂ©da dans un camp de travail en .

Watchman Nee
Description de l'image Watchman Nee 2.jpg.
Nom de naissance Ni Tuocheng
Naissance
Shantou (汕頭 ; pinyin : ShĂ ntĂłu), province de Guangdong
DĂ©cĂšs (Ă  68 ans)
Anwhei (Anhui), Chine
Nationalité Chinoise
Pays de résidence Chine
Activité principale
ÉvangĂ©liste
Autres activités
Ecrivain, Ă©diteur
Conjoint
Chang Pin-huei (Charity)

Le contexte

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, lorsque naquit Watchman Nee, la Chine Ă©tait ouverte au christianisme depuis une cinquantaine d’annĂ©es mais il n’était acceptĂ© que par une minoritĂ© de la population, la majoritĂ© des chinois voyant en lui une religion venue de l’étranger et qui, de plus, leur avait Ă©tĂ© imposĂ©e par la force des armes dans les conditions humiliantes du traitĂ© de Nankin (1842).

Le christianisme n’était cependant pas chose nouvelle en Chine puisqu’il y fut annoncĂ© dĂšs le VIIe siĂšcle par un missionnaire nestorien, nommĂ© Alpen, qui alla jusqu’à la capitale, Sian (Xi'an), oĂč l’empereur l’autorisa Ă  construire une Ă©glise et un monastĂšre. Ces succĂšs initiaux ne tinrent pas leurs promesses et il ne restait en Chine que de petits groupes de chrĂ©tiens, comme put le constater Marco Polo Ă  son arrivĂ©e Ă  PĂ©kin, la capitale mongole, en 1275[1].
La deuxiĂšme tentative d’évangĂ©liser la Chine fut effectuĂ©e au XIVe siĂšcle par un missionnaire catholique, un franciscain, qui fonda une Ă©glise Ă  PĂ©kin oĂč il y eut jusqu’à six cents convertis en 1305. La tolĂ©rance du dĂ©but ne dura pas longtemps et, vers la fin de la dynastie mongole, les chrĂ©tiens furent persĂ©cutĂ©s et leurs Ă©glises brĂ»lĂ©es ; les franciscains tentĂšrent de revenir au XVIe mais ils furent rapidement expulsĂ©s[2].

Missionnaires jésuites en Chine.

La troisiĂšme tentative fut menĂ©e par les jĂ©suites, au XVIe Ă©galement. Saint François Xavier, un des plus grands missionnaires de tous les temps, ne put pĂ©nĂ©trer en Chine et c’est Matteo Ricci qui, aprĂšs une longue attente, fut autorisĂ© Ă  aller Ă  PĂ©kin. Ayant une bonne connaissance de la langue et des mƓurs chinoises, il s’insĂ©ra parfaitement dans la sociĂ©tĂ© et adopta une politique de synthĂšse, essayant de rendre le christianisme acceptable aux chinois ; on compta bientĂŽt trois cents convertis Ă  PĂ©kin et deux mille dans les provinces voisines. Malheureusement, Ă  leur retour au XVIIe, les franciscains s’opposĂšrent Ă  la politique de conciliation de Ricci, cette querelle des rites Ă©tant tranchĂ©e par le pape en 1715 qui condamna les jĂ©suites. L’empereur Kang-Hsi, qui Ă©tait favorable aux jĂ©suites, vit dans la dĂ©cision papale une offense personnelle. Il ordonna que tous les missionnaires soit chassĂ©s du pays et que toutes les Ă©glises soient dĂ©truites, sauf celle de PĂ©kin[3].
La controverse entre les deux ordres religieux freina considĂ©rablement le dĂ©veloppement du christianisme en Chine et l'on estime qu’en 1800 il n’y avait plus que 250 000 catholiques chinois dispersĂ©s un peu partout dans le pays[4] ; Ă  Fou-Tcheou, la ville d’origine de la famille Nee, il existait pourtant encore une Ă©glise qui avait Ă©tĂ© fondĂ©e en 1655[5].

En 1800, il n’y avait aucun protestant en Chine, le pionnier des missions protestantes en Chine Ă©tant Robert Morrison, qui arriva en 1807, mais il passa en fait les vingt-cinq annĂ©es de son ministĂšre bloquĂ© Ă  Canton ou Ă  Macao, seules villes autorisĂ©es aux Ă©trangers.
L’évangĂ©lisation de la Chine ne commença vraiment qu’aprĂšs le traitĂ© de Nankin (1842) qui autorisait le commerce de l’opium indien et l’ouverture au commerce international de quatre ports (en plus de Canton) : Amoy, Fou-Tcheou, Ningbo et Shanghai.

La prise de Fou-Tcheou par les français.


En plus de la London Missionary Society, qui avait dĂ©jĂ  soutenu Morrison, d’autres missions, anglaises ou amĂ©ricaines, anglicanes, mĂ©thodistes, presbytĂ©riennes, congrĂ©gationalistes et baptistes profitĂšrent de cette ouverture pour accourir en force dans ces villes.
Cette arrivĂ©e, Ă  la faveur d’un traitĂ© imposĂ© par la force et pour des motifs peu honorables, plaça d’emblĂ©e les missions dans une position ambiguĂ« face Ă  une population humiliĂ©e et hostile, donc fort peu rĂ©ceptive. MalgrĂ© leur foi et leur dĂ©vouement, les missionnaires n’étaient pas toujours conscients de cette situation et leur travail Ă©tait donc partiellement stĂ©rile[6]. Ainsi, lors de l’arrivĂ©e en 1853 d’Hudson Taylor, l’« apĂŽtre de la Chine », le nombre des convertis au protestantisme Ă©tait extrĂȘmement faible ; dans les ports ouverts on ne comptait que trois cent cinquante chinois protestants pour 330 000 catholiques[7].

Le problĂšme majeur Ă©tait que, selon Hudson Taylor lui-mĂȘme, « la conversion d'un homme entraĂźnait la mise au ban de la sociĂ©tĂ© des membres de sa famille non convertis » et les chinois convertis, « les chrĂ©tiens du riz », Ă©taient accusĂ©s de ne s’ĂȘtre convertis que pour avoir Ă  manger. Selon lui d'ailleurs, « il n’existe peut-ĂȘtre aucun pays au monde oĂč la tolĂ©rance religieuse soit poussĂ©e aussi loin qu’en Chine ; la seule objection que les princes et le peuple Ă©lĂšvent contre le christianisme, c’est qu’il est, Ă  leurs yeux, une religion de l’étranger[8] ».

MalgrĂ© ces difficultĂ©s, le nombre des conversions augmentait quand mĂȘme ce qui entraĂźnait des rĂ©voltes contre les convertis et les missionnaires. La plus importante, la rĂ©volte des Boxers, dĂ©buta en 1897 par l’assassinat de deux missionnaires allemands et ne prit fin que le par la conquĂȘte de PĂ©kin par les forces alliĂ©es. Pendant ces deux annĂ©es, cent trente cinq missionnaires protestants furent massacrĂ©s dans le pays et un nombre indĂ©terminĂ© de catholiques, au moins douze dans le seul Shansi qui furent dĂ©capitĂ©s devant le gouverneur. La rĂ©volte des Boxers visait les Ă©trangers, mais les chrĂ©tiens chinois, accusĂ©s de collaboration et de trahison, furent les principales victimes des violences. Dans la seule rĂ©gion de PĂ©kin, il y eut quinze Ă  vingt mille martyrs catholiques et au moins deux mille protestants chinois furent exĂ©cutĂ©s[9].

Missionnaires au début du XXe siÚcle en Chine.

La dĂ©bĂącle des Boxers fut suivie d’une pĂ©riode d’ouverture exceptionnelle de la Chine Ă  l’évangilisation. L’Empire fut renversĂ© et la RĂ©publique instaurĂ©e en 1912 avec, comme prĂ©sident provisoire, le mĂ©decin chrĂ©tien Sun Yat-sen. Vers 1900, on comptait plus de un million de convertis et, en 1913, le tiers des missionnaires travaillant en Chine Ă©taient des chinois. Ils participĂšrent Ă  la grande confĂ©rence missionnaire de Shanghai oĂč l’on dĂ©cida d’intensifier la formation de pasteurs chinois et de travailler au rapprochement des Ă©glises formĂ©es par les diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s de mission Ă©trangĂšres. En 1914, il y avait 5 462 missionnaires protestants Ă©trangers en Chine, dont plus de mille Ă©taient rattachĂ©s Ă  la Mission Ă  l'intĂ©rieur de la Chine (CIM), fondĂ©e en 1865 par Hudson Taylor, qui avait aussi 2 500 pasteurs et Ă©vangĂ©listes chinois.

Le succĂšs du christianisme fut toutefois trĂšs relatif, la majoritĂ© du peuple chinois adoptant une position de sourde hostilitĂ© qui pouvait cependant parfois Ă©clater en Ă©meutes et violences contre les missionnaires et les chrĂ©tiens chinois, catholiques ou protestants. Ainsi, en 1926, tous les missionnaires de l’intĂ©rieur du pays furent-ils Ă©vacuĂ©s vers les concessions cĂŽtiĂšres, Ă  la suite d'une brutale flambĂ©e de violence anti-chrĂ©tienne, en partie provoquĂ©e par la propagande contre les Ă©trangers du Parti Communiste Chinois qui Ă©tait alors en pleine ascension[10].

Biographie

Situation de Fou-Tcheou en Chine

Watchman Nee, de son vrai nom Nee Shu-Tsu, est nĂ© dans une famille originaire de la ville de Fou-Tcheou (FĂșzhƍu), la capitale de la province du Foukien (FĂșjiĂ n).
La ville de Fou-Tcheou, dont le nom signifie « riche citĂ© », est situĂ©e Ă  l'embouchure du fleuve Minjiang. Elle se compose de la vieille ville, situĂ©e Ă  3 kilomĂštres au Nord du fleuve, d’un quartier portuaire et commercial, en bordure de la rive gauche, et du faubourg de Nantai, sur la rive droite, oĂč furent construites les concessions Ă©trangĂšres aprĂšs le traitĂ© de Nankin et oĂč Paul Claudel fut d’ailleurs consul de France de 1895 Ă  1909.

Les premiers missionnaires arrivĂ©s Ă  Fou-Tcheou furent les CongrĂ©gationalistes et les MĂ©thodistes amĂ©ricains, en 1847, suivis des Anglicans britanniques, en 1850. Les CongrĂ©gationalistes de l’American Board ouvrirent en 1853 la premiĂšre Ă©cole chrĂ©tienne dans un faubourg de Fou-TchĂ©ou[11]. Une Ă©cole de mĂ©decine y fut ouverte en 1910 puis, en 1912, une Ă©cole biblique et une Ă©cole normale pour la formation des maitres. Ainsi, en 1911, la ville de Fou-Tcheou Ă©tait devenue un centre important de l'activitĂ© missionnaire[12].

Vue de Fou-Tcheou et de la riviĂšre Min.


La famille Nee (ou « Nga » dans le dialecte du Fou-kien) habitait Nantai. Elle était convertie au méthodisme depuis deux générations.
Le grand-pĂšre paternel de Watchman Nee, Nee U-cheng (1840-1890) frĂ©quenta l’école congrĂ©gationaliste dĂšs sa crĂ©ation et il fut baptisĂ© dans les eaux de la riviĂšre Min en 1857, l’annĂ©e mĂȘme de la fondation de la premiĂšre Ă©glise mĂ©thodiste Ă  Fou-TchĂ©ou. Avec trois autres jeunes chrĂ©tiens de l’école, il se lança ensuite dans l’évangĂ©lisation de la rĂ©gion, puis, ayant montrĂ© qu’il avait vraiment reçu le don d’annoncer la parole de Dieu, il fut consacrĂ© pasteur, devenant ainsi le deuxiĂšme chinois a accĂ©der au ministĂšre dans le Foukien[13]. Il Ă©pousa une jeune chrĂ©tienne chinoise de Canton (Guǎngzhƍu), dans la province du Kuangtoung(Guǎngdƍng), rompant ainsi avec la tradition sĂ©culaire qui voulait que l’on n’épouse pas quelqu’un en dehors de sa province natale.

Son pÚre, Nee Wen-hsiu (1877-1941), un chrétien de deuxiÚme génération, fit ses études au collÚge méthodiste américain de Fou-Tchéou. Ayant reçu une excellente formation en mandarin et en anglais, il devint officier du Service impérial des douanes chinois.
Sa mĂšre, Lin Huo-ping (1880-1950), naquit dans une famille de paysans extrĂȘmement pauvres qui envisageait de la remettre Ă  l’orphelinat catholique de la ville. Elle fut finalement vendue Ă  une premiĂšre famille qui la revendit rapidement Ă  M. Lin, un riche commerçant de Nantai, un faubourg de Fou-TchĂ©ou, dont la concubine voulait une fille. Devenue la fille d’une famille aisĂ©e, elle n’échappa Ă  la tradition des pieds bandĂ©s, symbole de richesse et de distinction, que par la conversion subite de ses parents, Ă  la suite de la guĂ©rison miraculeuse de son pĂšre adoptif aprĂšs la priĂšre d’un pasteur mĂ©thodiste. Elle frĂ©quenta l’école chrĂ©tienne de son quartier avant d’aller, en 1891, au collĂšge mĂ©thodiste de la ville oĂč sa rencontre, en 1895, avec Hu King-en, la premiĂšre chinoise Ă  avoir obtenu le diplĂŽme de docteur en mĂ©decine aux États-Unis, la convainquit de poursuivre ses Ă©tudes en AmĂ©rique. Ses parents l’envoyĂšrent alors perfectionner son anglais dans un collĂšge mĂ©thodiste de Shanghai oĂč elle fut encore plus sĂ©duite par le mode de vie occidental, consacrant une partie notable de son budget Ă  enrichir sa garde-robes. C’est dans ce contexte que s’abattit sur elle une vĂ©ritable catastrophe ; en effet, ses parents rĂ©pondirent favorablement Ă  la demande de la veuve du pasteur Nee U-cheng de la marier avec Nee Wen-hsiu, et ce sans mĂȘme lui en avoir parlĂ© auparavant, selon la coutume chinoise. Elle Ă©tait vraiment dĂ©sespĂ©rĂ©e, mais il Ă©tait bien entendu totalement hors de question de refuser d’obĂ©ir. Le mariage eut lieu en 1899 et le jeune couple alla ensuite s’installer Ă  Shantou oĂč le pĂšre Ă©tait en poste au service des douanes[14].

Le couple avait dĂ©jĂ  eu deux filles lorsque Lin Huo-ping fut de nouveau enceinte. La naissance d'une fille Ă©tant alors trĂšs mal acceptĂ©e dans la sociĂ©tĂ© chinoise, mĂȘme par une famille chrĂ©tienne, Lin Huo-ping vĂ©cut une grossesse difficile, craignant de donner encore le jour Ă  une fille. Elle ne cessait donc d’implorer Dieu de lui donner enfin un garçon, lui promettant de Lui consacrer son enfant pour qu’il devienne Son serviteur.
La naissance d’un garçon le combla donc ses dĂ©sirs et rĂ©jouit toute la famille. On lui donna le prĂ©nom chinois de Shu-tsu, qui signifie « celui qui proclame les mĂ©rites de ses ancĂȘtres », et il fut baptisĂ© avec le prĂ©nom chrĂ©tien de Henry Ă  la mission Ă©piscopale mĂ©thodiste amĂ©ricaine de Fou-TchĂ©ou[15].

Enfance et adolescence

La famille Nee Ă©tant nombreuse, le salaire du pĂšre n’était pas suffisant pour leur assurer un niveau de vie Ă©quivalent Ă  celui qu’avait connu Lin Huo-ping avant son mariage, aussi se lança-t-elle alors, grĂące Ă  son pĂšre, dans le commerce international. Cette rĂ©ussite permit Ă  la famille d’engager un instituteur privĂ© pour Ă©duquer les enfants. Watchman Nee suivit ainsi des cours de calligraphie et de littĂ©rature chinoise. Il reçut Ă©galement une initiation aux grands principes moraux, base de la culture morale chinoise depuis plus de deux millĂ©naires, ainsi qu’à la musique chinoise, tandis que sa mĂšre lui apprenait les chants chrĂ©tiens.

Alors que le pĂšre ne grondait que rarement ses enfants, la mĂšre faisait rĂ©gner une discipline de fer dans la maison, ne tolĂ©rant aucun dĂ©sordre ni laisser-aller. Watchman Nee ne brillant pas par ses capacitĂ©s de rangement, sa mĂšre le punissait assez souvent, de façon parfois exagĂ©rĂ©e, selon ce que devait rapporter plus tard sa sƓur[16]. Ce comportement de la mĂšre avec Watchman Nee mĂ©rite d’ĂȘtre rapportĂ© car il devait jouer un rĂŽle non nĂ©gligeable dans sa conversion.

Son pĂšre obtint sa mutation pour Fou-Tcheou alors que Watchman Nee avait environ six ans ; ils habitaient alors prĂšs de la famille du pasteur Chang Chuen-kuan, dont la fille, Pin-huei (Charity) devait devenir bien plus tard l’épouse de Watchman.
L’installation des Nee Ă  Fou-Tcheou coĂŻncida avec la pĂ©riode de troubles qui secoua la Chine aprĂšs la mort de l’empereur Kuang Hsu, en 1908, la proclamation de la RĂ©publique et l’arrivĂ©e au pouvoir du Dr. Sun Yat-Sen qui Ă©tait de religion protestante. La mĂšre de Watchman s’engagea alors totalement au niveau local en faveur de la RĂ©publique et elle accueillit le Dr. Sun Yat-Sen lorsqu’il vint en visite officielle Ă  Fou-Tcheou en 1913.

La mĂȘme annĂ©e, Ă  l’ñge de treize ans, Watchman Nee entra au collĂšge anglican de Nan-tai puis, son cursus achevĂ©, il passa au lycĂ©e de Saint-Mark ; ces deux Ă©tablissements faisaient partie d’un vaste complexe anglican installĂ© dans le faubourg de Nan-tai, le Trinity CollĂšge, qui Ă©tait dirigĂ© par des missionnaires du Trinity CollĂšge de Dublin.

Nee Shu-tsu fut un Ă©lĂšve turbulent mais particuliĂšrement travailleur et exceptionnellement intelligent. Il Ă©tait souvent le premier de sa classe, tant dans le primaire que dans le secondaire, et tous ses anciens collĂšgues tĂ©moignĂšrent plus tard de ses dons exceptionnels. Il n’avait, en revanche, aucun goĂ»t pour le sport, en particulier pour les sports d’équipe. Il grandit aussi trĂšs vite, atteignant une taille supĂ©rieure Ă  la moyenne, dĂ©passant ses amis d’une bonne tĂȘte.

En arrivant Ă  l’adolescence, Nee Shu-tsu manifesta de moins en moins d’intĂ©rĂȘt pour la vie spirituelle, l’annĂ©e 1918 correspondant d’ailleurs Ă  la montĂ©e du mouvement anti-religieux dans les milieux Ă©tudiants, sous l’influence de Chen Tu-hsiu, doyen de la facultĂ© des lettres de PĂ©kin et futur secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti communiste chinois. Nee Shu-tsu fut Ă©galement trĂšs influencĂ© par le comportement de sa mĂšre qui, de plus en plus impliquĂ©e dans la vie du parti de Sun Yat-sen, consacrait son temps Ă  l’activitĂ© sociale, recevant chez elle des dames de la bonne sociĂ©tĂ© pour discuter et jouer au mah-jong. Nee Shu-tsu reconnut qu’à force de frĂ©quenter des rĂ©volutionnaires incroyants, il avait lui-mĂȘme perdu la foi[17]. Il avait donc de grandes ambitions dans la vie mais celle-ci allait connaĂźtre un profond bouleversement Ă  la suite de sa conversion aussi profonde que subite.

Conversion

Dora Yu.

En , Dora Yu (Yu Tzu-tu) (en), une Ă©vangĂ©liste alors cĂ©lĂšbre en Chine, fut invitĂ©e Ă  venir Ă  Fou-TchĂ©ou pour prĂȘcher l’Évangile dans l’Église de la Paix CĂ©leste. Sa prĂ©dication Ă©tait si convaincante et remplie de puissance qu’aprĂšs chaque rĂ©union de nombreuses personnes se convertissaient[18]. Comme la mĂšre de Nee Shu-tsu avait connu Dora Yu alors qu’elle Ă©tait Ă©tudiante Ă  Shanghai, elle invita chez elle l’évangĂ©liste et lui promit d’aller l’entendre avec ses amies. Elle s’y rendit une premiĂšre fois par politesse elle mais s’y ennuya beaucoup, ayant entendu dĂ©jĂ  tout cela depuis son enfance.
Elle continua donc de jouer au mah-jong avec ses amies les autres jours mais, les paroles de Dora Yu ayant fait leur chemin dans son cƓur, elle comprit qu’une chrĂ©tienne ne pouvait s’adonner Ă  la passion du jeu et, le troisiĂšme jour, elle ne put poursuivre la partie et dĂ©clara Ă  ses amies qu’elle ne jouerait plus. Ayant Ă©tĂ© renouvelĂ©e dans sa foi, elle retourna alors aux rĂ©unions de Dora Yu auxquelles elle participa activement en interprĂ©tant les sermons dans le dialecte local[19].

Lin Huo-ping proposa alors Ă  son fils d’aller assister au moins Ă  une rĂ©union, mais il refusa car sa mĂšre l’avait sĂ©vĂšrement puni quelques jours auparavant pour avoir brisĂ© un vase prĂ©cieux, alors qu’il n’y Ă©tait pour rien, et bien qu’il n’ait pas protestĂ©, il n’avait pas admis cette injustice. Elle comprit la raison de ce refus, mais elle ne pouvait accepter de confesser son erreur Ă  son fils aĂźnĂ©, un tel comportement Ă©tant totalement impossible alors en Chine. Le lendemain, alors qu’elle commençait Ă  chanter un cantique, elle ne put aller plus loin, comprenant qu’elle Ă©tait en faute. Elle se retourna alors brusquement vers son fils et l’enlaça en lui disant « Je reconnais que je t’ai puni injustement ; s’il te plaĂźt, pardonne moi[20] ». Watchman Nee fut profondĂ©ment bouleversĂ© par la confession de sa mĂšre, jamais un parent en Chine n’ayant acceptĂ© de perdre ainsi la face devant un enfant. Il comprit que si sa mĂšre avait Ă©tĂ© si profondĂ©ment transformĂ©e par les paroles de Dora Yu c’est que trĂšs certainement il devait Ă©maner quelque chose de particulier de sa prĂ©dication.
Il alla donc dĂšs le lendemain assister Ă  une rĂ©union et ce qu’il entendit le plongea dans un profond combat intĂ©rieur pendant plusieurs jours. Il comprit en effet aussitĂŽt que Dieu ne voulait pas seulement le sauver mais qu’il lui demandait aussi de Le servir, ce qu’il ne pouvait accepter. Il avait en effet de grandes ambitions qu’il ne voulait sacrifier tout d’un coup[21].

Dans la soirĂ©e du , alors qu’il Ă©tait seul dans sa chambre et toujours assailli par le doute, sa premiĂšre tentation fut de renoncer Ă  croire en JĂ©sus et Ă  devenir chrĂ©tien, mais, d’un autre cĂŽtĂ©, il lui Ă©tait difficile de renoncer au salut. Il se mit Ă  genoux mais aucun mot ne lui venait Ă  l’esprit pour prier. C’est alors que soudainement, il vit tous ses pĂ©chĂ©s et que, pour la premiĂšre fois, il comprit qu’il Ă©tait pĂ©cheur. Il eut Ă©galement une vision du Christ en croix qui l’accueillait en lui disant : « Je suis lĂ  qui t’attends ». SubmergĂ© par tant d’amour, il ne put le rejeter et il dĂ©cida de croire en Lui comme Sauveur et Seigneur. Comme il le dit lui-mĂȘme, « Alors que d’habitude je riais de ceux qui croyaient au Seigneur, ce soir- lĂ  je ne pus rire[22] ».

Consécration

AprĂšs sa conversion, Watchman Nee dĂ©cida de consacrer sa vie au Seigneur mais, comme il n'avait pas encore dix-sept ans, il continua ses Ă©tudes. La premiĂšre chose qu'il fit en arrivant au collĂšge fut de confesser qu'il avait trichĂ© lors des examens alors qu’il savait pertinemment qu’il pouvait ĂȘtre renvoyĂ© pour cela. Le directeur, qui Ă©tait chrĂ©tien, fut bouleversĂ© par cet aveu spontanĂ© aussi n'appliqua-t-il pas la sanction prĂ©vue et Watchman Nee pu achever l’annĂ©e scolaire au Trinity CollĂšge.

L’annĂ©e suivante, il partit Ă  Shanghai pour suivre les cours de l’Institut Biblique que Dora Yu y avait fondĂ© mais, peu aprĂšs, elle le renvoya en raison de son comportement ; il se levait en effet trĂšs tard, s’habillait de façon dĂ©sinvolte et avait des goĂ»ts de luxe. Son dĂ©sir de servir Dieu avait reçu un coup sĂ©rieux mais il voyait lui-mĂȘme qu’il n’était pas prĂȘt Ă  servir, aussi il retourna au collĂšge de Fou-Tcheou pendant deux ans.

À Fou-Tcheou, tout en poursuivant ses Ă©tudes, il passait l’essentiel de ses loisirs Ă  prier, Ă  Ă©tudier la Bible et Ă  tĂ©moigner auprĂšs de ses collĂšgues. Lorsque l’occasion se prĂ©sentait, il essayait de persuader ses camarades de croire au Seigneur JĂ©sus mais ils plaisantaient en disant : « Monsieur le prĂ©dicateur arrive, Ă©coutons son sermon ! ». Aucun d’entre eux ne s’étant tournĂ© vers le Christ, il rencontra une missionnaire occidentale, Mile Grose, qui lui conseilla de prier d’abord pour les personnes avant de leur parler de Dieu[23]. Il persĂ©vĂ©ra donc dans la priĂšre et il eut bientĂŽt la joie de voir se tourner vers Dieu la plupart de ses amis, notamment Simon Meek (Mia Shou-hsun)[24] et Faithful Luke (Liok Tiong-sin)[25] qui devaient se joindre Ă  lui plus tard dans son Ɠuvre d’évangĂ©lisation[26].

Margaret Barber (1866–1930).

Cependant, et malgrĂ© les succĂšs de son tĂ©moignage, Watchman Nee n’était toutefois pas satisfait de sa vie spirituelle aussi, sur recommandation de Dora Yu, il rencontra une ancienne missionnaire anglicane, Margaret Barber (en), qui travaillait alors comme Ă©vangĂ©liste indĂ©pendante prĂšs du village de Ma Wei situĂ© Ă  l'Est de Fou-Tcheou, au bord de la riviĂšre Min et Ă  proximitĂ© immĂ©diate du mouillage dit de la Pagode. C’est par elle qu’il fit l’expĂ©rience du baptĂȘme dans le Saint-Esprit, expĂ©rience qui allait modifier radicalement sa vie spirituelle. Elle devait devenir et rester jusqu'Ă  sa mort sa principale conseillĂšre mĂȘme si, plus tard, ils devaient s'opposer sur le point du rĂŽle de la femme dans l'Église.

Au dĂ©but de l’annĂ©e 1921, Watchman Nee fit la connaissance de Leland Wang (Wang Tsai)[27] un jeune officier de la marine chinoise, originaire de Fou-Tcheou, qui allait peu aprĂšs rĂ©silier son contrat pour consacrer sa vie Ă  Dieu.
En 1922, avec son frĂšre, Wilson Wang, un autre officier de marine, John Wang[28], et Watchman Nee, ils commencĂšrent Ă  se rĂ©unir pour prier et Ă©tudier la Bible, avec la mĂšre de Watchman Nee, dans une piĂšce de la maison de la famille des Wang Ă  Nantai et ils y organisaient aussi des rĂ©unions d’évangĂ©lisation. Sous la direction de Wang Tsai, leur aĂźnĂ©, ils utilisaient des moyens originaux pour attirer les passants, chantant dans les rues en frappant sur un gong et portant des chasubles sur lesquelles ils avaient inscrits des slogans comme « Dieu a tant aimĂ© le monde ».
Ayant invitĂ© Ruth Lee (Li Yuen-ju), une Ă©vangĂ©liste de Tientsin alors fort connue en Chine, le succĂšs de sa prĂ©dication fut tel qu’ils furent obligĂ©s de louer une salle en ville. La salle Ă©tait toujours pleine et les conversions ne cessaient de se multiplier[29]. En 1922 eurent lieu les premiers baptĂȘmes par immersion dans le fleuve, prĂšs de la Pagode, en commençant par Watchman Nee et sa mĂšre qui organisait, Ă  la demande des MĂ©thodistes, des rĂ©unions pour femmes dans tout le Nord de la province. En 1923 Watchman Nee lança aussi la petite revue Revival qui s'adressait plutĂŽt aux jeunes et aux nouveaux convertis.

Watchman Nee avait vingt-et-un ans lorsqu’il acheva ses Ă©tudes et il dĂ©cida de ne pas aller poursuivre ses Ă©tudes au St-John CollĂšge de Shanghai pour se consacrer totalement Ă  l’annonce de l’Évangile.
Le petit groupe continua Ă  fonctionner ainsi pendant deux ou trois ans mais bientĂŽt les premiĂšres difficultĂ©s commencĂšrent Ă  apparaĂźtre entre Watchman Nee et Wang Tsai, le vrai chef du groupe. MalgrĂ© les efforts de Mlle Barber, Watchman Nee ne voulait pas se soumettre aux dĂ©cisions de Wang Tsai qu’il considĂ©rait comme non scripturaires. Apparemment, Wang Tsai ne souhaitait pas se dĂ©solidariser des Ă©glises existantes alors que Watchman Nee voulait mettre en place des Ă©glises correspondant mieux Ă  sa vision des Ecritures[30]. Watchman Nee fut finalement exclu du groupe et, en , Wang Tsai lui interdit mĂȘme de participer Ă  la Convention annuelle chrĂ©tienne de Fou-Tcheou.

Watchman Nee quitta alors Nantai pour aller s’installer Ă  Ma-hsien, un petit village situĂ© prĂšs du mouillage de la Pagode, non loin de chez Mlle Barber. Il loua une petite cabane et, avec des amis et Faitful Luke, il prĂȘchait avec un grand succĂšs et il priait beaucoup. De vingt-deux Ă  vingt-quatre ans, il resta Ă  Ma-hsien oĂč il vĂ©cut trĂšs simplement. Ce fut une pĂ©riode de transition dans sa vie et il Ă©tudia et rĂ©flĂ©chit beaucoup. Il lisait la Bible et de nombreux auteurs occidentaux. Il continuait aussi Ă  Ă©diter de façon irrĂ©guliĂšre la revue Revival dans laquelle il publiait les transcriptions de ses sermons ainsi que des traductions d’articles parus dans des revues occidentales.
Dans la pĂ©riode oĂč il exerça son ministĂšre depuis la Pagode, Watchman Nee effectua aussi une sĂ©rie de missions dans plusieurs villes, notamment Ă  Amoy oĂč il avait Ă©tĂ© invitĂ© par les Ă©tudiants du collĂšge de la mission presbytĂ©rienne. Il se rendit aussi Ă  Nankin, qui Ă©tait un important centre des missions Ă©trangĂšres, oĂč il travailla dans une maison d’édition presbytĂ©rienne afin d’acquĂ©rir une certaine expĂ©rience dans l’édition. Il s’y forma Ă  la prĂ©dication au contact des missionnaires mais il ne comprenait ni n’admettait l’existence de tant de dĂ©nominations chrĂ©tiennes. Cette situation ne fit que le conforter dans son idĂ©e de crĂ©er une Ă©glise chinoise totalement indĂ©pendante des missions fondĂ©e sur le concept d’une seule Ă©glise par ville[31].
Comme il voulait conserver son indĂ©pendance et ne dĂ©pendait d’aucune Ă©glise Ă©tablie, il ne recevait donc aucun salaire. La situation Ă©conomique en Chine Ă©tant alors dĂ©sespĂ©rĂ©e, il connut d’énormes difficultĂ©s pour assurer sa subsistance quotidienne et financer ses nombreux dĂ©placements dans sa province. Ainsi, certains jours, devait-il se contenter de pain pour toute nourriture et les rares dons qu’il recevaient servaient surtout Ă  payer ses billets de train.

Cette pĂ©riode, autour de 1926, correspond Ă  celle de la montĂ©e du courant nationaliste en Chine, notamment parmi les Ă©tudiants. La mort de Sun Yat-sen, le , laissa le pouvoir inoccupĂ© et entraĂźna des violences contre les chrĂ©tiens. Les sentiments anti-occidentaux s’exacerbĂšrent et les chrĂ©tiens chinois Ă©taient traitĂ©s de « chiens courants des Ă©trangers ». Une Ă©meute Ă©clata Ă  Fou-Tcheou mĂȘme et des sƓurs catholiques ainsi que des femmes mĂ©thodistes Ă©chappĂšrent de peu Ă  la mort ; les missionnaires abandonnaient leurs charges aux autochtones en attente d’une rĂ©ouverture de Trinity CollĂšge. Au printemps 1927, tous les missionnaires furent Ă©vacuĂ©s vers la cĂŽte et les bandes marxistes mirent le feu au dortoir du collĂšge en 1928.

Durant cette mĂȘme pĂ©riode, alors qu’il se trouvait Ă  Shanghai, Watchman Nee tomba gravement malade et il dut arrĂȘter toutes ses activitĂ©s. Le mĂ©decin diagnostiqua une tuberculose avancĂ©e qui lui serait peut-ĂȘtre fatale et il lui conseilla du repos. À l’automne 1926, il retourna Ă  la Pagode oĂč il trouva refuge dans une pension pour Ă©tudiants tenue par Faithful Luke. Sa santĂ© ne cessa de se dĂ©grader, malgrĂ© les soins que lui prodiguaient ses amis. Il essaya de reprendre l’écriture de L’homme spirituel qu’il avait commencĂ© mais il ne pouvait mĂȘme pas Ă©crire. Sa convalescence fut lente et n’eut rien de miraculeux mais, peu Ă  peu, il fut en mesure de s’atteler Ă  nouveau Ă  la rĂ©daction de son livre. La maladie persista cependant pendant au moins trois ans.
En , sa santĂ© Ă©tait encore bien chancelante, il eut la force d’aller Ă  Shanghai avec le manuscrit de son livre. Son amie Ruth Lee s’y trouvait dĂ©jĂ  car elle avait quittĂ© Nankin Ă  la suite des troubles organisĂ©s dans la ville par les communistes qui avaient entraĂźnĂ© la mort de plusieurs missionnaires et elle s'employa Ă  traduire en mandarin les premiers chapitres du livre[32].

Watchman Nee ne devait désormais pratiquement plus quitter Shanghai dont il allait faire le centre principal de ses activités.

MinistĂšre

C’est Ă  ce moment qu’il changea son prĂ©nom de Shu-Tsu en To-sheng (TuĂČshēng), qui signifie « cloche du gardien », car il se considĂ©rait comme le gardien appelĂ© Ă  sonner l’alarme dans la nuit sombre du pĂ©chĂ©, d’oĂč son surnom de Watchman en anglais[33].

Watchman Nee traversa aussi une longue pĂ©riode difficile en raison de son Ă©tat de santĂ©. Il souffrait dĂ©jĂ  de troubles d’estomac chroniques mais, en raison de ses conditions de vie difficiles, il contracta en plus la tuberculose dont il souffrit cruellement pendant trĂšs longtemps avant d’en ĂȘtre complĂštement guĂ©ri alors qu’il Ă©tait Ă  l’article de la mort. Par la suite, il fit encore une angine de poitrine et commença Ă  souffrir d’une affection cardiaque sĂ©rieuse dont il ne se remit jamais ; il savait qu’il pouvait mourir Ă  tout instant mais il trouva toujours refuge dans sa foi et dans son ministĂšre.

Pendant une grande partie de sa vie il vĂ©cut seul, et ce n’est qu’en 1934, Ă  l’ñge de trente ans, qu’il Ă©pousa Charity Chang qui sut ĂȘtre non seulement une Ă©pouse mais encore une collaboratrice efficace et zĂ©lĂ©e partageant avec lui la mĂȘme vison du ministĂšre.

Il l'avait connue alors qu'ils étaient tous deux adolescents et il en était tombé follement amoureux. Cependant, ayant décidé de consacrer sa vie à Dieu, il s'en éloigna car elle n'était pas convertie. Ce n'est donc que dix ans plus tard qu'il la retrouva et l'épousa, malgré l'opposition violente de la tante de la jeune fille, Charity Chang s'étant d'ailleurs convertie à la fin de ses études[34].

Persécution et mort

À l’arrivĂ©e des communistes au pouvoir, Watchman Nee, conduit par sa foi et sa volontĂ© de poursuivre son Ɠuvre d’évangĂ©lisation, prĂ©fĂ©ra rester en Chine alors qu’il savait les risques qu’il encourait, mais il Ă©tait prĂȘt Ă  tout sacrifier pour Dieu.

En il se trouvait Ă  Hong-Kong avec le frĂšre Witness Lee qui lui conseilla Ă  plusieurs reprises de ne pas retourner en Chine, mais Watchman Nee lui rĂ©pondit : « Bien que je n’ignore pas que mon retour est lourd de dangers, je sais aussi que beaucoup de frĂšres et de sƓurs sont toujours Ă  l'intĂ©rieur. Comment oserais-je ne pas y retourner ?[35] ».

Watchman Nee fut arrĂȘtĂ© par les communistes chinois en en raison de sa foi mais surtout de son influence considĂ©rable au sein des Ă©glises chrĂ©tiennes. Il fut condamnĂ© en 1956 Ă  cinquante annĂ©es d’emprisonnement et seule son Ă©pouse fut autorisĂ©e Ă  lui rendre visite pendant sa dĂ©tention. Bien que nous n’ayons aucune information sur son comportement dans l’épreuve et sur ses expĂ©riences spirituelles, ses huit derniĂšres lettres donnent un aperçu de sa douleur immense mais aussi de l’espĂ©rance qui le soutenait[35].

Dans sa correspondance, il ne pouvait en effet employer aucun mot ou expression faisant allusion Ă  sa foi chrĂ©tienne ; ainsi, dans sa derniĂšre lettre, Ă©crite le jour mĂȘme de sa mort, il se contente d’écrire : « Dans ma maladie, je conserve toujours la joie dans mon cƓur ».

En , la famille de Watchman Nee reçut une lettre de la ferme de travail dans lequel il se trouvait alors, l’informant de sa disparition. Son Ă©pouse Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e six mois auparavant, c’est sa petite-niĂšce ainsi que sa sƓur aĂźnĂ©e qui firent le dĂ©placement. Le directeur du camp les informa que Watchman Nee Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ© le et que son corps avait Ă©tĂ© incinĂ©rĂ© le 1er juin. Il se contenta de leur remettre les cendres du dĂ©funt et de leur montrer un petit papier qui avait Ă©tĂ© dĂ©couvert sous son oreiller et sur lequel il avait griffonnĂ© d’une main tremblante : « Christ est le fils de Dieu qui est mort pour le rachat des pĂ©cheurs et est ressuscitĂ© le troisiĂšme jour. C'est la plus grande vĂ©ritĂ© dans l'univers. Je meurs en raison de ma croyance en Christ. Watchman Nee ». ConsidĂ©rant que cet Ă©crit avait valeur de testament, sa petite-niĂšce l’apprit par cƓur afin d’en rapporter la teneur Ă  la famille[35].

Les cendres de Watchman Nee ont d’abord Ă©tĂ© transportĂ©es auprĂšs de celles de son Ă©pouse, dans la ville natale de celle-ci, Ă  Kwangchao, prĂšs de Haining, province de Chekiang (ZhĂšjiāng), puis, en , elles furent transfĂ©rĂ©es dans le cimetiĂšre chrĂ©tien de la ville de Sou-TchĂ©ou dans le Kiangsu (JiāngsĆ«)[35].

L’Ɠuvre de Watchman Nee

Formation

Watchman Nee n'a suivi les cours d’aucun institut thĂ©ologique ou biblique. La profondeur et l’étendue de ses connaissances sur la vie de l’Esprit, l’Église, le plan de Dieu pour les hommes provenaient essentiellement de la lecture de la Bible et de livres d’édification. Au dĂ©but de son ministĂšre, il consacra le tiers de ses Ă©conomies Ă  l’achat de livres d’étude de la Bible et d’édification chrĂ©tienne[36] ; il acquit ainsi une collection de plus de trois mille des meilleurs livres chrĂ©tiens, incluant presque tous les auteurs chrĂ©tiens classiques. Il avait aussi une capacitĂ© phĂ©nomĂ©nale de comprĂ©hension, de discernement et de synthĂšse, aidĂ©e par une grande mĂ©moire.

Watchman Nee a beaucoup Ă©tĂ© aidĂ© dans ses Ă©tudes et son ministĂšre par Mlle Barber auprĂšs de laquelle il allait chercher secours et rĂ©confort lorsqu’il rencontrait des difficultĂ©s, notamment dans ses relations avec ses nombreux collaborateurs. Il a Ă©tĂ© trĂšs influencĂ© par certains auteurs, notamment Madame Guyon (dont il traduisit en chinois le petit texte sur la priĂšre) et John Bunyan pour ce qui touche Ă  la vie chrĂ©tienne et John Nelson Darby pour l’interprĂ©tation de la Bible et la vie chrĂ©tienne.

Le fondateur des « Églises locales »

Watchman Nee est connu pour ĂȘtre le fondateur, avec d’autres Ă©vangĂ©listes et chrĂ©tiens chinois, du mouvement des « Églises locales » fondĂ© sur sa conviction profonde qu’il ne fallait pas diviser le Corps du Christ sur terre et qu’il ne devait donc y avoir qu’une seule Ă©glise chrĂ©tienne par ville ou village[37].

Nee affirmait que les limites gĂ©ographiques Ă©taient le seul motif lĂ©gitime Ă  l’existence d’églises sĂ©parĂ©es. Selon lui, tout argument prĂ©tendant justifier les Ă©glises sĂ©parĂ©es, les diffĂ©rentes doctrines ou les spĂ©cificitĂ©s ethniques ou sociales, Ă©tait condamnĂ© par la parole de Dieu comme Ă©tant l’Ɠuvre de la chair et non de l’Esprit, et donc source de pĂ©chĂ© et de division[38]. Cette position lui valut d’ĂȘtre dĂ©daignĂ©, critiquĂ© et rejetĂ© par les Ă©glises dĂ©nominationnelles, certaines allant jusqu’à chercher Ă  dĂ©truire son ministĂšre en faisant courir de faux bruits ou de fausses interprĂ©tations de ses positions[39]. Cette attitude amena Nee Ă  dĂ©clarer un jour : « Je serais le premier Ă  condamner le Nee que vous dĂ©crivez[40] ».

MalgrĂ© ces difficultĂ©s, plus de sept cents Ă©glises locales furent fondĂ©es entre 1923 et 1949 avec une assistance Ă©valuĂ©e Ă  plus de soixante-dix mille fidĂšles. GrĂące Ă  des missionnaires chinois, l’Ɠuvre se dĂ©veloppa aussi dans d’autres communautĂ©s chinoises d’Asie, en Malaisie, aux Philippines, Ă  Singapour, en ThaĂŻlande et en IndonĂ©sie[41].

Aujourd’hui, plus de deux mille trois cents Ă©glises locales dans le monde se rĂ©clament du ministĂšre de Watchman Nee et de son successeur, Witness Lee, bien qu'ils soient aujourd'hui divisĂ©s en branches sĂ©parĂ©es[42]. Elles font partie de la mouvance connue sous le nom d'Églises de maison qui est particuliĂšrement bien reprĂ©sentĂ©e en Chine oĂč elles sont souvent de tendance charismatique.

L'auteur chrétien

Watchman Nee était un évangéliste et un conférencier, mais il a aussi été un auteur prolifique. Il a en effet écrit de trÚs nombreux traités évangéliques, des cantiques, des études sur certains livres de la Bible et de nombreux articles qui paraissaient dans des journaux chrétiens comme Revival, The Présent Testimony, The Christian, etc ; ces écrits vont du simple tract d'évangélisation à l'étude doctrinale en passant par les études bibliques et d'édification.
En 1928, alors qu'il Ă©tait installĂ© Ă  Shanghai, il fonda une maison d'Ă©dition, The Gospel Book Room, afin de publier lui-mĂȘme toute la littĂ©rature chrĂ©tienne nĂ©cessaire Ă  son Ɠuvre d'Ă©vangĂ©lisation, aussi bien ses propres Ă©crits que des traductions en chinois d’auteurs anglo-saxons[43]. Il avait d'ailleurs manifestĂ© trĂšs tĂŽt son intĂ©rĂȘt pour l'Ă©dition puisqu'en 1923, alors qu'il n'avait que vingt ans, il avait dĂ©jĂ  lancĂ© la revue Revival qu'il Ă©ditait occasionnellement ; elle avait un rĂ©el succĂšs puisqu'elle Ă©tait lue jusqu'Ă  Shanghai.

Dans son Ɠuvre, Watchman Nee a abordĂ© les thĂšmes les plus divers mais l’essentiel porte sur la vie du chrĂ©tien, la vie de l’Église et la relation entre le chrĂ©tien et l’Église ; il a en effet Ă©tĂ© obsĂ©dĂ© pendant toute sa vie par l'unitĂ© de l'Ă©glise et il ne comprenait ni ne supportait la sĂ©paration des chrĂ©tiens entre diffĂ©rentes dĂ©nominations[44]. Watchman Nee s’est aussi beaucoup intĂ©ressĂ© Ă  la « fin des temps », Ă  la parousie et aux diffĂ©rentes visions de l’enlĂšvement de l’Église par le Christ. Dans ses derniers Ă©crits, il s'est principalement concentrĂ© sur l'Église, corps du Christ (ÉpĂźtre aux ÉphĂ©siens. 4:23).

Grùce à ses écrits, l'influence théologique de Watchman Nee a dépassé les frontiÚres de la Chine et atteint les chrétiens du monde entier. Ses écrits ont en effet été publiés sous forme de livres regroupant de façon thématique une large sélection de ses sermons et de ses conférences. Dans certains de ces ouvrages, les écrits de Watchman Nee ont cependant été parfois synthétisés et regroupés pour donner une certaine cohérence à un texte qui diffÚre en conséquence assez sensiblement de l'original[45].

Watchman Nee n'a en fait Ă©crit qu'un seul livre, L'homme spirituel, alors qu'il n'avait que vingt-cinq ans. Plus tard, il estimera d'ailleurs qu'il Ă©tait « trop parfait » car il donne l’illusion de pouvoir rĂ©pondre Ă  toutes les questions que se pose le chrĂ©tien. « Quand quelqu’un l’a lu, il a l’impression qu’il n’a oubliĂ© aucun problĂšme spirituel et le livre prĂ©sente donc le danger de laisser penser que l’on peut se passer de la priĂšre et de l’aide du Saint-Esprit ». En 1941, il dĂ©clara d’ailleurs que ce livre ne serait jamais plus imprimĂ©. Ce livre ne doit donc pas ĂȘtre lu comme le manuel de la vie chrĂ©tienne mais comme le rapport d’étape du pĂšlerinage sur terre d’un chrĂ©tien[46]

La vie chrĂ©tienne normale est trĂšs certainement le livre le plus connu. Il est fondĂ© sur des confĂ©rences de l’auteur en Chine ou lors de son voyage en Europe en 1938-1939. Partant d’une Ă©tude des huit premiers chapitres de l’ÉpĂźtre aux Romains (Nouveau Testament), l’auteur expose son point de vue sur ce que devrait ĂȘtre la vie chrĂ©tienne normale dont il dĂ©crit les Ă©tapes essentielles et appelle au progrĂšs dans la vie spirituelle. C’est aujourd’hui un classique dans les milieux Ă©vangĂ©liques.

Les livres tirĂ©s des Ɠuvres de Watchman Nee ont Ă©tĂ© traduits du chinois, ou de l'anglais, dans la plupart des langues du monde et ils sont toujours rĂ©guliĂšrement Ă©ditĂ©s en français. Plusieurs librairies et Ă©diteurs chrĂ©tiens(CLC, Viva, Farel, Le Courant de vie, etc.) proposent une quarantaine de livres de Watchman Nee traduits en français. Parmi les plus importants et les plus connus on peut citer :

  • L'Église et les Ă©glises
  • L'Église dans son ministĂšre de priĂšre
  • Une Alliance nouvelle
  • Un Sacrifice vivant
  • Aimez-vous uns autres
  • L’AutoritĂ© spirituelle
  • Étude sur Mathieu
  • Le brisement de l'homme extĂ©rieur et la libĂ©ration de l'esprit
  • La vie normale de l’église
  • Le Cantique des Cantiques
  • L'Église glorieuse

Certaines brochures ou Ă©tudes de Watchman Nee traduites en français sont Ă©galement mises en ligne sur son site par la librairie de l'association ConnaĂźtre la Bible. Aux États-Unis, Christian Fellowship Publishers, qui publie plus de cinquante ouvrages de Watchman Nee, met aussi en ligne sur son site Living Stream Ministry plusieurs Ă©tudes en français.

Annexes

Bibliographie

En anglais :

  • James Chen, Meet Brother Nee, Hong Kong, The Christian Publishers, 1976.
  • Leung Ka-lun, Watchman Nee : His Early Life and Thought, Hong Kong, Graceful House Limited, 2005.
  • Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee : Against the Tide, Fort Washington, Christian Literature Crusade, 2004 (ISBN 0-87508-705-1).
  • Witness Lee, Watchman Nee : A seer of the Divine Revelation in the Present Age, Anaheim, Living Stream Ministry, 1991, (ISBN 0-87083-625-0).
  • Leslie T. Lyall, Three of China’s Mighty Men, Christian Focus Publications, 2003 (ISBN 0-34025-561-7).
  • Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee : His life, his teaching, his influence., Bridge-Logos, 2005 (ISBN 0-88270-010-3).

En chinois :

  • Stephen Chan, My Uncle Watchman Nee, Hong Kong, Alliance Press, 1970.

En français :

  • Jacques Blandenier, PrĂ©cis d'histoire des missions, volume 2 : du XIXe siĂšcle au milieu du XXe, l'essor des missions protestantes, Ă©ditions de l'Institut Biblique de Nogent et Ă©ditions EmmaĂŒs, 2003 (ISBN 2-903100-32-2).
  • Witness Lee, Watchman Nee. Un serviteur de Dieu qui reçut la rĂ©vĂ©lation divine dans l'Ăąge prĂ©sent, Le Courant de vie, 2009 (ISBN 978-0-7363-4218-6).
  • Leslie T. Lyall, Passion pour l'extraordinaire, Mission Ă  intĂ©rieur de la Chine, 1865-1965, Union missionnaire d'Outre-Mer, Thoune, 1965.
  • Watchman Nee, L'UnitĂ© de l'Église, Éditions Le Fleuve de vie, NeuchĂątel, 2000 (ISBN 2-88152-071-5)

Liens externes

Notes et références

  1. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, Mission Ă  l’intĂ©rieur de la Chine 1865-1965, Union missionnaire d’Outre-Mer, Thoune, 1965, p.16.
  2. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p. 17.
  3. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p.20.
  4. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p.22.
  5. Leslie T. Lyall, Three of China’s Mighty Men, OMF international and Christian Focus, 2006, p. 52.
  6. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p. 106.
  7. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p. 22.
  8. Jacques Blandenier, PrĂ©cis d'histoire des missions, volume 2 : du XIXe siĂšcle au milieu du XXe, l'essor des missions protestantes, Éditions de l'Institut Biblique de Nogent et Éditions EmmaĂŒs, 2003, p. 116.
  9. Leslie T. Lyall, Passion pour l’extraordinaire, op. cit, p. 123.
  10. Leslie T. Lyall, Three of China’s Mighty Men, op. cit, p. 65.
  11. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee : Against the Tide, Fort Washington, Christian Literature Crusade, 2004, p. 22.
  12. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee : His life, his teaching, his influence, Bridge-Logos, 2005, p.54.
  13. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee, op. cit, p.3.
  14. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 25.
  15. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 21.
  16. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 34.
  17. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 41.
  18. Watchman Nee, un don unique donnĂ© par Christ Ă  son Église
  19. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 42.
  20. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p.44.
  21. Witness Lee, Watchman Nee : A seer of the divine revelation in the present age, o.p. cit., p. 14.
  22. Watchman Nee’s Testimony by Brother Kwang-hsi Weigh
  23. Sentinellenehemie.free.fr">Watchman Nee, un don unique donnĂ© par Christ Ă  son Eglise À noter que ce site est le seul Ă  faire rĂ©fĂ©rence Ă  Mile Gross, les autres auteurs n'en parlant pas.
  24. Simon Meek devait plus tard partir pour le nouveau champ de mission des Philippines, Ă  Manille.
  25. AprÚs avoir travaillé pendant un certain temps prÚs de Mlle Barber, Faithful Luke partit ensuite évangéliser l'Indonésie.
  26. Angus Kinnear, The Story of Watchman Nee, op. cit, p. 49.
  27. Leland Wang est le fondateur de l'Union Chinoise des Missions d'Outre-Mer.
  28. John Wang devait devenir un ancien de l'Ă©glise locale.
  29. Leslie T. Lyall, Three of China’s Mighty Men, op. cit, p. 57.
  30. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee, op. cit, p.20.
  31. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee, op. cit, p.21.
  32. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee, op. cit, p.22.
  33. Witness Lee, Watchman Nee : a seer of the divine revelation in the present age, o.p. cit. p. 9
  34. Witness Lee, Watchman Nee : a seer of the divine revelation in the present age, o.p. cit, p.97.
  35. Vie, ministÚres et témoignages de Watchman Nee Living stream ministry.
  36. Witness Lee, Watchman Nee, a seer of the divine revelation in the present age, o.p. cit., p. 25.
  37. Leslie Lyall, Three of China’s mighty men, London, Hodder and Stoughton, 1980, p.141.
  38. George Patterson, Christianity in communist China, Waco, World Books, 1969, p. 79-80.
  39. Leslie Lyall, Three of China’s mighty men, o.p. cit., p. 173-177. page. 141.
  40. Witness Lee, Watchman Nee : A seer of the divine revelation in the present age, o.p. cit., p. 177.
  41. Paul Kauffman, China Yesterday, Hong Kong, Asian Outreach, 1975, p. 100-101.
  42. L’Église locale, les Crieurs, l’AssemblĂ©e : qui est qui dans la tradition de Watchman Nee ? Entretien avec J. Gordon Melton. Bitter Winter, 15 janvier 2019.
  43. J. Gordon Melton, Watchman Nee, The Encycolpedia of American Religions, 5th edition, Gale Research Inc.
  44. Watchman Nee, L'unité de l'Eglise, Le fleuve de vie, 1985, (ISBN 2-88152-071-5)
  45. Dana Roberts, Secrets of Watchman Nee, Bridge-Logos, 2005, p. 54 et 55
  46. Angus Kinnear, Against the tide, The story of Watchman Nee, CLC Publications, 2004, p. 103
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