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Vol Japan Airlines 123

Le , le Boeing 747SR-46 assurant le vol 123 de Japan Airlines entre Tokyo et Osaka, s'Ă©crase près du mont Osutaka, Ă  100 km de Tokyo, au Japon. Il y a 520 morts parmi les 524 personnes Ă  bord, ce qui en fait le pire accident de l'histoire impliquant un seul appareil et le deuxième après la collision de Tenerife (si on Ă©carte les attentats du 11 septembre 2001).

Vol Japan Airlines 123
Le Boeing 747SR-46 impliqué vu à l’aéroport international de Tokyo en 1984, un an avant l'accident.
Le Boeing 747SR-46 impliqué vu à l’aéroport international de Tokyo en 1984, un an avant l'accident.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeDépressurisation explosive, perte de l'intégrité de l'appareil, pertes des servitudes hydrauliques, perte de contrôle
CausesErreur de maintenance
SiteMont Takamagahara, Japon
CoordonnĂ©es 36° 00′ 05″ nord, 138° 41′ 38″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBoeing 747SR-46
CompagnieJapan Airlines
No d'identificationJA8119
Lieu d'origineAĂ©roport international de Tokyo-Haneda, au Japon
Lieu de destinationAĂ©roport international d'Osaka, au Japon
PhaseMontée
Passagers509
Équipage15
Morts520
Blessés4
Survivants4

GĂ©olocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Vol Japan Airlines 123
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Gunma
(Voir situation sur carte : préfecture de Gunma)
Vol Japan Airlines 123

Quatre passagères survivent a l'accident. Elles sont alors assises côte-à-côte dans la rangée 56 : Yumi Ochiai, 25 ans, une hôtesse de l'air de la compagnie JAL, coincée entre plusieurs sièges ; Hiroshi Yoshizaki, une femme de 34 ans et sa fille de 8 ans Mikiko, trouvées dans la section intacte du fuselage ; et une jeune fille de 12 ans, Keiko Kawakami, trouvée assise sur une branche au sommet d'un arbre.

L'accident est dû à une rupture en vol de la cloison arrière de l'appareil avec une dépressurisation rapide. La pression de l'air a subitement migré à l'intérieur de l’empennage vertical provoquant l'arrachement de ce dernier et à la perte des quatre systèmes hydrauliques. Pendant 30 minutes, les pilotes essayèrent de contrôler la trajectoire de l'appareil avec la seule puissance des moteurs avant que l'avion ne s'écrase.

Cette cloison avait été mal réparée après un précédent incident survenu sept ans plus tôt. La queue de l'appareil avait raclé la piste au cours d'un atterrissage trop cabré. Une quinzaine de mètres du fuselage avaient été abîmés.

Avion et Ă©quipage

L’avion est un Boeing 747SR-46, pour Short Range, qui est une version modifiĂ©e de ce gros porteur destinĂ©e Ă  emporter plus de 550 passagers sur des vols intĂ©rieurs nippons. L'appareil effectue son premier vol le . Avant l'accident, il avait 25 030 heures de vol en 18 835 cycles[1]. Le capitaine japonais, Masami Takahama, Ă©tait un pilote très expĂ©rimentĂ©, ayant accumulĂ© environ 12 400 heures de vol. Le copilote avait environ 4 000 heures de vol Ă  son actif[2].

Chronologie du drame

Trajet suivi par le Vol 123 ; en rouge depuis la décompression explosive.

L'avion décolla à 18 h 12 de l'aéroport international Haneda de Tokyo en direction de l'aéroport international d'Ōsaka[3]. Douze minutes après le décollage, alors que l'appareil gagnait son altitude de croisière au-dessus de la baie de Sagami, une explosion se produisit au niveau de l'empennage, et l'appareil perdit une partie de sa gouverne de direction qui tomba en mer, causant une dépressurisation de la cabine et une perte totale des trois systèmes hydrauliques de l'appareil, rendant l'avion incontrôlable. La cabine est dépressurisée, plusieurs alarmes sonnent et les pilotes pensent avoir perdu la porte R5. Alors que l'appareil, survolant la petite île d'Oshima, n'avait pas encore atteint son altitude de croisière, le commandant de bord chevronné, Masami Takahama demande l'autorisation pour un retour sur Haneda[4].

Une photographie restée célèbre prise depuis le sol montre l'appareil sans cette dérive. Les pilotes transmirent immédiatement via leur transpondeur un signal de détresse au centre de contrôle aérien de Tokyo afin que l'appareil soit autorisé à descendre et puisse disposer de vecteurs pour un atterrissage d'urgence. Les problèmes continuant, ils demandèrent d'abord des vecteurs pour retourner à Haneda, puis à la base aérienne américaine de Yokota, puis à nouveau à Haneda (au gré des errements de l'appareil, devenu quasiment incontrôlable). Plusieurs aéroports de dégagement sont envisagés mais l’avion n’est plus apte à les rejoindre.

L'avion se cabra et monta Ă  plus de 7 000 mètres. Le manque d'oxygène perturbait l'Ă©quipage qui ne portait pas de masque, mais rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă  rĂ©duire la poussĂ©e des moteurs, faisant ainsi redescendre l'appareil. Ce n'est qu'après ĂŞtre descendu Ă  4 100 m, que les pilotes indiquèrent pour la première fois au contrĂ´le aĂ©rien que l'appareil Ă©tait incontrĂ´lable, l'avion Ă©tant entrĂ© dans une trajectoire phugoĂŻde. Il survola la pĂ©ninsule d'Izu puis se redirigea vers la cĂ´te et continua Ă  descendre jusqu'Ă  2 100 m, avant que les pilotes ne parviennent Ă  le faire remonter. L'appareil rĂ©atteignit 4 000 m, avant d'entamer une descente non contrĂ´lĂ©e au milieu des montagnes, pour finalement disparaĂ®tre des Ă©crans radars Ă  18 h 56, Ă  l'altitude de 2 100 m. Les pilotes se battent avec le reste des systèmes fonctionnels pour essayer de trouver la moindre possibilitĂ© de contrĂ´ler leur avion.

Durant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant l'Ă©crasement, les pilotes s'efforcèrent de maintenir une marge d'altitude en s'aidant uniquement de la puissance des moteurs, Ă©tant donnĂ© que tous les systèmes hydrauliques servant Ă  faire monter et descendre l'appareil via les gouvernes Ă©taient inopĂ©rants. Au bout de 30 minutes d’une interminable perdition, l’appareil entame une plongĂ©e vertigineuse vers le sol depuis une altitude de 13 000 pieds. L'avion percuta finalement un col de montagne Ă  la suite de cette perte de contrĂ´le, fit un tonneau en survolant une vallĂ©e avant de s'Ă©craser sur le dos sur la montagne opposĂ©e.

Les quelque 30 minutes séparant la perte de la dérive de l'écrasement furent assez longues pour que certains passagers aient le temps d'écrire des adieux à leurs familles.

Opérations de secours

Le gouvernement japonais expliqua qu'en raison de la pluie, de la difficulté du terrain et du manque de visibilité, les équipes de secours ne purent parvenir au site de l'écrasement que le matin suivant, soit 12 heures après l'accident. La plupart des corps purent être identifiés, et furent enterrés dans le village d'Ueno, à proximité du lieu de l'accident.

Il y eut une certaine confusion quant à l'organisation des secours dans l'immédiat après l'écrasement. Un hélicoptère de l'US Air Force était le premier à arriver sur les lieux du drame, 20 minutes après l'impact, et informa la base aérienne de Yokota de la nécessité d'envoyer des équipes de secours. Les représentants du gouvernement japonais ordonnèrent cependant à l'hélicoptère américain de rentrer à la base, car les forces japonaises d'autodéfense (JSDF) étaient en route. Bien qu'un hélicoptère des JSDF survolât les débris pendant la nuit, il rapporta que la mauvaise visibilité rendait délicat tout atterrissage. Ne voyant aucune trace de vie, il n'essaya pas de se poser. Les premiers secours n'arrivèrent finalement qu'au matin, soit plus de 12 heures après l'écrasement. On suppose que des survivants moururent pendant cet intervalle : l'hôtesse de l'air en repos le jour du vol qui survécut a l'accident raconta depuis l'hôpital qu'elle se souvenait de lumières brillantes et du bruit du rotor d'un hélicoptère après s'être réveillée au milieu des débris. Elle avait entendu un garçon et sa mère s'appeler et se parler, puis dans la nuit elle ne les entendit plus.

On suppose qu'un nombre substantiel de personnes survécut à la chute de l'appareil, mais succomba ensuite d'hypothermie faute d'avoir été secouru. Le manque de rapidité dans la réponse des autorités japonaises a conduit à des rumeurs au Japon disant que le gouvernement japonais espérait qu'il n'y aurait aucun survivant, l'appareil transportant une cargaison secrète. Cette théorie est cependant peu crédible, la bureaucratie présente entre le gouvernement et les militaires suffisant à expliquer cette lenteur.

Passagers

Victimes par nationalité
NationalitéPassagersÉquipage
Drapeau du Japon Japon48815
Drapeau de Hong Kong Hong Kong4-
Drapeau de l'Italie Italie2-
Drapeau des États-Unis États-Unis2-
Drapeau de l'Allemagne Allemagne1-
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni1-
Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou1-
Autres10-
Totaux Ă  bord50915

Le vol s’effectuait pendant le festival bouddhiste, O-Bon, où de nombreux Japonais effectuent des voyages annuels en destinations de leurs villes natales ou centres de villégiature[2]. 21 passagers non japonais étaient à bord[5].
Les quatre survivantes, toutes des femmes, étaient assises côte-à-côte dans la rangée 56 à l'arrière de l'appareil :

  • Yumi Ochiai, 25 ans, une hĂ´tesse de l'air de la compagnie Japan Airlines, coincĂ©e entre plusieurs sièges.
  • Hiroshi Yoshizaki, une femme de 34 ans et sa fille de 8 ans Mikiko, trouvĂ©es dans la section intacte du fuselage.
  • Une jeune fille de 12 ans, Keiko Kawakami, trouvĂ©e assise sur une branche au sommet d'un arbre. Ses parents et sa petite sĹ“ur sont morts dans l'accident.

Parmi les victimes, se trouvaient le chanteur et acteur japonais Kyū Sakamoto, et le banquier japonais, Akihisa Yukawa, père de la violoniste Diana Yukawa.

Cause de l'accident

Représentation animée d'un toucher de queue (tailstrike)

Les boîtes noires sont retrouvées et rapidement dépouillées. L’étude des derniers instants d’enregistrement sonore montre qu’il y a eu deux impacts au sol séparés de quelques secondes. Entre eux, l’enregistrement continue avec la voix automatique du GPWS qui annonce l’approche du sol.

La cause de l'écrasement réside, selon la Commission d'enquête japonaise sur les accidents aériens et ferroviaires, en trois raisons :

  1. L'appareil avait été impliqué dans un précédent accident où la queue avait touché la piste au cours d'un atterrissage (tailstrike), à l'aéroport d'Itami, le . Cet événement avait endommagé l'extrémité arrière du fuselage (rear pressure bulkhead ), particulièrement soumise à la pressurisation de la cabine en phase de croisière. Cette pièce est équivalente à un couvercle de cocotte-minute[6].
  2. Les rĂ©parations faites par la compagnie Boeing elle-mĂŞme avaient Ă©tĂ© mal conduites. La procĂ©dure demandait une pièce Ă  double rangĂ©e de rivets, or les techniciens avaient utilisĂ© Ă  la place deux pièces Ă  simple rangĂ©e de rivets. La rĂ©sistance de cette partie de l'appareil avait ainsi Ă©tĂ© diminuĂ©e de 70 %[1] - [6]. Des micro-fissures se sont crĂ©Ă©es au cours d'un phĂ©nomène de fatigue mĂ©tallique. Ces micro-fissures se sont propagĂ©es dans la pièce sous les effets des variations de pression atmosphĂ©rique contraignant la pièce pendant les 12 319 rotations (cycles atterrissage-dĂ©collage) opĂ©rĂ©es depuis le tailstrike du . La pièce a ainsi rompu de manière soudaine lors du vol (rupture du couvercle de la cocotte-minute), peu avant l'altitude de croisière Ă  24 000 pieds, sous l'effet de la diffĂ©rence de pression entre la cabine et l'atmosphère rĂ©duite Ă  cette altitude. L'investigation a calculĂ© que la rĂ©paration non conforme rĂ©duisait la durĂ©e de vie de la pièce Ă  10 000 rotations, valeur proche des 12 319 rotations effectuĂ©es par l'appareil entre le et le [6].
  3. Lorsque la cloison arrière s'est rompue, la dĂ©compression explosive entraĂ®na la destruction des quatre circuits hydrauliques et l'arrachage de la dĂ©rive. Sans ces circuits, l'appareil Ă©tait incontrĂ´lable, les pilotes tentant de maĂ®triser l'appareil pendant environ 32 minutes par la seule poussĂ©e dissymĂ©trique des quatre moteurs[6].

La Japan Airlines accepta partiellement sa responsabilité de ce désastre, car la queue de l'appareil produisait des sifflements intermittents, révélant ainsi un défaut dans le fuselage. Ce problème était connu depuis des années, sans aucune réaction du personnel de maintenance de la compagnie.

Le responsable de maintenance de la Japan Airlines se suicida après cet événement, tandis que le président démissionna[7] - [8]. La Japan Airlines en général, souffrit énormément de ce drame.

Musique

Les 36 dernières secondes de la boîte noire de l'avion ont été intégrées en piste cachée sur l'album Reise, Reise du groupe de métal industriel allemand Rammstein.

Les paroles de la chanson D'Osaka à Tokyo du chanteur français Allain Leprest sont une traduction presque littérale d'un message d'adieu écrit par un passager et retrouvé dans les débris[9].

Documentaires télévisés

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Christopher Philip Hood, Dealing with disaster in Japan : responses to the flight JL123 crash [« Traitement des catastrophes au Japon : rĂ©ponses au crash du vol 123 Japan Airlines »], New York, Routledge, coll. « Routledge Contemporary Japan Series », , 288 p. (ISBN 9780203804506), p. 148-149.

Articles connexes

Liens externes

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