Virginie Ghesquière
Virginie Ghesquière, née à Deûlémont en 1768 et morte en 1867, est un soldat qui s'enrôla dans l'armée napoléonienne à la place de son frère. Après 6 années de service au sein de la grande armée, elle est finalement démasquée à la suite d'un acte de bravoure. Elle aurait reçu pour cette action la Légion d'honneur et serait ainsi la première femme à recevoir cette distinction. La légende s'étant emparée de son personnage, le fait que ce fut bien cette décoration qui lui fut décernée reste cependant sujet à caution.
Virginie Ghesquière | ||
Image d'Épinal réalisée par Jean-Charles Pellerin vers 1812 : Virginie Ghesquière ou la nouvelle héroïne française (chanson populaire par Cadot) | ||
Surnom | Le joli sergent Le voltigeur sans moustache |
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Naissance | Deûlémont |
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Décès | |
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Allégeance | Empire français | |
Unité | 27e de ligne | |
Grade | sergent puis lieutenant | |
Années de service | 1802 – 1808 | |
Conflits | Campagne du Portugal (1808) | |
Distinctions | Légion d'honneur | |
Éléments biographiques
La date précise de naissance de Virginie Ghesquière est inconnue. Elle est née à Deûlémont près de Lille dans le Nord de la France. Lorsque son frère, de constitution chétive et peu apte à endurer les « fatigues de la guerre[1] » doit satisfaire à ses obligations militaires, elle obtient de ses parents de pouvoir partir à la place du jeune conscrit dont elle endossa l'uniforme. La ressemblance était saisissante, le frère et la sœur étaient jumeaux[1]. Elle y sert pendant 6 années et passe de simple soldat à celui de caporal, de fourrier puis de sergent[2].
Elle est incorporée dans le 27e de ligne et prend part à différentes campagnes. Lors de campagne du Portugal en 1808, leur ligne est enfoncée par les Anglais, isolant le colonel commandant le 27e de ligne, blessé à la jambe et dont la monture avait été tuée par le même projectile. Tous le croient mort. Virginie Ghesquière, à la faveur d'une trouée pratiquée à la baïonnette dans les rangs anglais exhorte ses camarades : « Allons le relever, et montrons à ces cadets-là à qui ils ont affaire[3]. » Ils partent à trois chercher la dépouille de leur colonel mais deux sont tués en chemin et seul Ghesquière parvient à l'arbre où git la dépouille du commandant. Seule, elle ne parvient pas à la hisser sur son cheval. Les menaçant de son arme, elle interpelle deux Anglais, blesse l'un d'entre eux puis le second et leur intime l'ordre de l'aider à placer le corps sur le cheval avant de les ligoter et de les attacher à la queue de son cheval[3].
Cet étrange aréopage arrive à l'ambulance. Le chirurgien prend en charge le colonel et s'écrie : « Mais il n'est point mort ![2] ». Et le voici bientôt qui rouvre les yeux, il empoigne le jeune sergent qui lui a sauvé la vie pour le remercier et celui-ci pousse un cri de douleur. Il est lui aussi blessé. On veut le soigner, on lui demande d'ôter sa chemise, il refuse... Le chirurgien agacé lui enlève lui-même sa chemise et découvre « un sein rond et blanc comme une jolie fille[1] ». La voilà démasquée.
Le Général Jean-Andoche Junot informé de cette action d'éclat rencontre la jeune fille et lui décerne la croix de la légion d'honneur avant de lui remettre son congé pour lui permettre de rentrer chez elle[4].
Virginie Ghesquière serait morte à un âge avancé, presque centenaire, en 1867.
Entre histoire et légende
Une grande partie de la légende autour du personnage de Virginie Ghesquière a été construite par Jean-Charles Pellerin lorsqu'il réalise une image d'Épinal sur ce thème : « Virginie Ghesquière ou la nouvelle héroïne française » fin 1812 ou début 1813. L'illustration représentant Virginie Ghesquière recevant des mains d'un Maréchal d'Empire la légion d'honneur a été dominotée par Mme Croisey et est bordée par une chanson populaire écrite par le chansonnier Cadot sur l'air de Partant pour la Syrie. L'inspiration de Pellerin lui vient de la lecture du Journal de l'Empire du [5]. On y apprend que c'est à Wagram (1809) qu'elle aurait été promue sergent et que c'est lors d'une maladie que sa condition aurait été découverte[6]. Elle aurait pris la place de son frère en 1806. Et le texte n'évoque pas la légion d'honneur mais parle d'une décoration sans en préciser la nature. Il est par ailleurs établi qu'elle recevra la médaille de Sainte-Hélène en 1857. Ceci soulève des contradictions qui ne seront pas levées par sa biographie en 1833-34 qui allie en une histoire plaisante, en pleine période de nostalgie napoléonienne, des éléments historiques mais nourrit également sa légende[7].
Reconnaissances
- Une rue porte son nom à Lille et à Deûlémont
- Peut-être la légion d'honneur
- La médaille de Sainte-Hélène
Bibliographie
- Felix Desportes, in Napoléon: journal anecdotique et biographique de l'Empire et de la Grande Armée, vol. 1, Paris, Bureau du Journal, (lire en ligne), p. 51-54.
- (en) A. Forrest, K. Hagemann, J. Rendall, Soldiers, Citizens and Civilians: Experiences and Perceptions of the Revolutionary and Napoleonic Wars, 1790-1820, Springer, , 251 p. (ISBN 9780230583290, lire en ligne), p. 81-84.
- L'Écho de la gendarmerie nationale : journal non politique créé spécialement pour la défense des intérêts de l'arme, paraissant le dimanche, Paris, H. Charles-Lavauzelle (lire en ligne), p. 700.
- Émile Cère, « Chapitre V. Virginie Ghesquière, « le Joli sergent », chevalier de la légion d'honneur », dans Madame Sans-Gêne et les femmes soldats, 1792-1815, E. Plon, Nourrit et cie, 320 p. (lire en ligne), p. 98-104.
- Alfred Tranchant, Jules Ladimir, « Virginie Ghesquière, 1808 », dans Tranchant, Ladimir, Les femmes militaires de la France: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Cournol, (lire en ligne), p. 406-409.
Notes et références
- Desportes 1834, p. 52bis.
- Desportes 1834, p. 53.
- Desportes 1834, p. 52.
- Desportes 1834, p. 54.
- Forrest, Hagemann, Rendall 2008, p. 82.
- Forrest, Hagemann, Rendall 2008, p. 81.
- Forrest, Hagemann, Rendall 2008, p. 81-84.