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Vestalia

Vestalia est une fête religieuse romaine en l’honneur de Vesta, la déesse du foyer où brûlait continûment le feu sacré de Rome.

Vestalia
Une vestale portant une couronne de lierre
Une vestale portant une couronne de lierre

Observé par Rome antique
Type Religieux
Commence 7 juin
Finit 15 juin
Date 9 juin
Lié à Vesta

Le temple de Vesta dans lequel se déroulait cette cérémonie était si secret, qu’on en sait peu sur le déroulement de cette fête qui, par conséquent, est une question controversée. Les points dominants de ce culte de nature animiste étaient une grande simplicité, une grande propreté, une grande pureté, tels, d’où les nombreuses purifications, les minutieuses précautions avec lesquelles était puisée et apportée l’eau sainte du Numicius ou du Tibre. On sait cependant que cette fête, qui était la principale fête des vestales, en vint également à leur associer, les meuniers et les boulangers, métiers liés à la farine, sans doute en raison de l’une de leurs fonctions essentielles, qui consistait à préparer la mola salsa, farine utilisée lors des sacrifices et cérémonies religieuses.

Historique

Les Vestales prenaient part à de nombreuses cérémonies du culte, dont les Fordicidia et les Parilia en avril, la course et le sacrifice du cheval au Champ de Mars, en octobre, les Lupercales en février, la cérémonie des Argées, mais Vesta elle-même était célébrée pendant les Vestalies ou Vestalia, période, à Rome, du 7 au [1], dans un rite exaltant les vertus de pureté et de fécondité.

Les Vestalia archaïques ne duraient probablement qu’une journée, le 9 du mois, car c’est la seule journée de ce nom notée sur les calendriers les plus anciens, mais elles ont été portées à neuf jours à l’époque républicaine et impériale, pour aller du 7 au . Selon Sabbatucci, la durée était, à l’origine, de trois jours[2], c’est-à-dire les trois jours impairs compris au centre des neuf, le troisième, le jour des Vestalia proprement dit, le cinquième, la fête de Mater Matuta et le septième, le jour des Eidus (mais, de l’avis de certains, les Eidus étaient initialement un jour mobile et non fixe car il devait coïncider avec la phase lunaire effective, il est plus probable que, aux temps anciens, le troisième jour fut le neuvième ou dernier, connu Q St D F pour Quando Stercus Delatum Fas[3].

Alors que les jours restants n’étaient qualifiés que de dies religiosi, ces trois jours étaient qualifiés de dies religiosi festi, tout comme l’étaient les trois jours d’ouverture du mundus en aout, octobre et novembre[4] : dans les deux cas, l’« ouverture » mettait en contact avec l’au-delà, le monde des aïeux identifié avec les Pénates ou les divinités du monde souterrain, monde dangereux si l’on n’y accédait pas de manière correcte, ce qui expliquerait le grand nombre de tabous qui s’y attachaient. Aucun mariage n’était autorisé durant cette période au cours de laquelle la Flaminia Dialis (l’épouse du Flamen Dialis, le grand prêtre de Jupiter) devait, en outre, s’abstenir strictement de tout rapport sexuel.

Célébration

Offrandes à la déesse Vesta de Sebastiano Ricci (1723), Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde.

La pĂ©riode des Vestalia commençait avec l’ouverture du penus Vestae (Vesta aperitur), sanctuaire du temple de la dĂ©esse habituellement cachĂ© par des rideaux[5] : le penus Ă©tait littĂ©ralement le garde-manger de la maison, mais aussi le lieu oĂą la famille conservait les statues des pĂ©nates, et de mĂŞme dans le penus, entourĂ© de nattes, du temple de Vesta Ă©taient conservĂ©s, selon de nombreux auteurs, les pĂ©nates du peuple romain, mobilier nĂ©cessaire aux cĂ©rĂ©monies, objets sacrĂ©s, figures, statuettes, talismans, emblèmes gĂ©nĂ©siques, accessibles seulement aux Vestales et aux Pontifes, et soigneusement nettoyĂ©s, la veille des Vestalia[6]. Ce jour-lĂ , les matrones se rendaient en pèlerinage Ă  l’Aedes Vestae, qui, autrement, selon Ovide[7], n’était jamais ouvert. Tant que le rideau restait ouvert, les matrones Ă©taient autorisĂ©es Ă  pĂ©nĂ©trer, en cheveux et pieds nus[8], en souvenir des temps anciens oĂą le temple de Vesta Ă©tait encore entourĂ© de marais[9], dans l’extĂ©rieur du penus Vestae, lieu interdit le reste de l’annĂ©e Ă  tous et en particulier aux hommes, Ă  l’exception du Pontifex Maximus, pour dĂ©poser les offrandes antiques des Lares et des PĂ©nates, des mets placĂ©s sur de simples plateaux, Ă  la dĂ©esse, en Ă©change de sa bĂ©nĂ©diction pour elles et leur famille[10]. Ces offrandes incluaient le sacrifice d’un fĹ“tus de veau retirĂ© du ventre de sa mère[11].

Le dernier jour (Vesta cluditur), dĂ©fini par le sigle Q St D F (Quando Stercus Delatum Fas, c’est-Ă -dire « quand les immondices du temple sont enlevĂ©s Â», le penus Vestae Ă©tait refermĂ© et l’affliction remplaçait l’allĂ©gresse. La Flaminica Dialis observait le deuil, et le temple faisait l’objet d’une purification[12]. Comme avec les Eidus, l’aedes Vestae Ă©tait nettoyĂ© solennellement et les impuretĂ©s portĂ©es dans une ruelle situĂ©e environ Ă  mi-chemin de la voie dite Clivus Capitolinus, fermĂ© par la Porte Stercoraire, avant d’être peut-ĂŞtre jetĂ©es dans le Tibre[13]. D’ordinaire, une des charges des Vestales consistait Ă  maintenir le temple dans un Ă©tat de propretĂ© scrupuleuse. Pour cela, elles devaient le laver entièrement chaque jour avec une eau d’abord puisĂ©e Ă  la fontaine des Carmentes, puis, ensuite obtenue dans des conditions spĂ©ciales : de l’eau de source ou de fleuve ou de pluie, mais qui n’ait pas passĂ© par des conduits. Cette eau Ă©tait recueillie, pour les besoins du culte, dans des vases de terre qui ne devaient point reposer sur le sol et, Ă  cet effet, Ă©taient terminĂ©s en pointe. Selon DumĂ©zil, le terme « stercus Â» ne peut rĂ©fĂ©rer qu’à des « excrĂ©ments animaux Â», cet usage n’étant ainsi qu’« un reste fossilisĂ© du temps antĂ©rieur Ă  l’existence de la ville dans lequel une sociĂ©tĂ© pastorale devait nettoyer le siège de son feu sacrĂ© du stercus[14]. Â»

Évolution

Intérieur du temple de Vesta.

Par la suite, Ă  partir du IIe siècle av. J.-C., les Vestalia sont devenues une fĂŞte populaire de la boulangerie, des moulins, oĂą les ânes Ă©taient fĂŞtĂ©s. Le Ă©tait fĂŞte chĂ´mĂ©e chez les meuniers et dans les boulangeries, les meules Ă©taient enguirlandĂ©es, les ânes couronnĂ©s de fleurs portaient des colliers de pain. Ceci est certainement liĂ© Ă  la mola salsa qui, au dĂ©but, Ă©tait distribuĂ©e au cours des Vestalia. Des rites minutieux avaient Ă©tĂ© prĂ©vus pour la prĂ©paration ces gâteaux sacrĂ©s qui Ă©taient offerts trois fois l’an Ă  la dĂ©esse Vesta Ă  certains jours dĂ©terminĂ©s. La mola salsa Ă©tait faite de deux substances d’une intĂ©gritĂ© parfaite : de la farine d’épeautre de la qualitĂ© la plus fine mĂŞlĂ©e Ă  du sel, principe purificateur par excellence. Tout devait y ĂŞtre confectionnĂ© de la main des Vestales, depuis la cueillette des Ă©pis faite dans un champ spĂ©cial par les trois vestales les plus anciennes, jusqu’à la prĂ©paration des grains pour les rĂ©duire en farine, destinĂ©e Ă  ĂŞtre pĂ©trie avec du sel dans de l’eau sacrĂ©e, conservĂ©e dans de petits tonneaux, et Ă  la cuisson des gâteaux dans un four spĂ©cial. Le moulin et le four destinĂ©s Ă  ces usages ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans la Maison des Vestales, au Forum[15]. Ce pain employĂ© « ad sacra Â», aux Cerealia comme aux Vestalia, Ă©tait dit panis castus ou mola casta : le terme de « castus Â» signifiait l’abstinence des rapports sexuels[16].

Notes et références

  1. Jules Marouzeau, Revue des études latines, Société d’Édition Les Belles Lettres, 2006, p. 39.
  2. (it) Dario Sabbatucci, La religione di Roma antica, Milan, Il Saggiatore 1988, 372 p., (ISBN 978-8-80430-954-3), p. 206.
  3. (it) Paolo Galiano, Dèi e feste nel calendario di Roma, Rome, Simmetria, 2012, 452p. , (ISBN 978-8-8876-1576-0), p. 239.
  4. Sabbatucci, Ibid.
  5. Annie Dubourdieu, Les Origines et le développement du culte des pénates à Rome, Rome, École française de Rome, , 566 p. (ISBN 978-2-72830-162-1), p. 454.
  6. André Lefèvre, Revue des traditions populaires, Paris Société des traditions populaires au Musée d’ethnographie du Trocadéro, 1886-1919, (ISSN 0996-2689), p. 208.
  7. Ovide, Fasti VI, 395-416.
  8. Nicole Boëls-Janssen, La Vie religieuse des matrones dans la Rome archaïque, Rome, École française de Rome, 1993, 512 p., (ISBN 978-2-72830-282-6), p. 337.
  9. Orazio Marucchi, Le Forum romain et le Palatin d’après les dernières découvertes, Rome, Desclée & Cie, 1925, 381 p., p. 171.
  10. Pierre BrulĂ©, La Fille d’Athènes : la religion des filles Ă  Athènes Ă  l’époque classique : mythes, cultes et sociĂ©tĂ©, Paris, Belles lettres, 1987, 455 p., (ISBN 978-2-25160-363-6), p. 112.
  11. (en) R. Joy Littlewood, A Commentary on Ovid : Fasti book VI, Oxford ; New York, Oxford University Press, 2006, 259 p., (ISBN 978-0-19927-134-4).
  12. Marouzeau, op. cit..
  13. Ovide, Fasti VI, 713.
  14. Georges Dumézil, La Religion romaine archaïque, Paris, Payot & Rivages, 2000, 700 p.
  15. Marcelle Heymann, « La Vestale au nom oubliĂ© Â», Études, annĂ©e 91, t. 297, avril-mai-juin 1958, p. 186.
  16. (it) Carlo Pascal, Studi di antichitĂ  e mitologia, Milan, Hoepli, 1896, 241 p., p. 213.

Bibliographie

  • Nicole BoĂ«ls-Janssen, La Vie religieuse des matrones dans la Rome archaĂŻque, Rome, École française de Rome, 1993, 512 p., (ISBN 978-2-72830-282-6).
  • Pierre BrulĂ©, La Fille d’Athènes : la religion des filles Ă  Athènes Ă  l’époque classique : mythes, cultes et sociĂ©tĂ©, Paris, Belles lettres, 1987, 455 p., (ISBN 978-2-25160-363-6).
  • Georges DumĂ©zil, La Religion romaine archaĂŻque, Paris, Payot & Rivages, 2000, , 700 p., (ISBN 978-2-22889-297-1).
  • (it) Paolo Galiano, Dèi e feste nel calendario di Roma, Rome, Simmetria, 2012452 p., (ISBN 978-8-8876-1576-0).
  • Marcelle Heymann, « La Vestale au nom oubliĂ© Â», Études, annĂ©e 91, t. 297, avril-mai-, p. 186.
  • AndrĂ© Lefèvre, Revue des traditions populaires, Paris SociĂ©tĂ© des traditions populaires au MusĂ©e d’ethnographie du TrocadĂ©ro, 1886-1919, (ISSN 0996-2689).
  • (en) R. Joy Littlewood, A Commentary on Ovid : Fasti book VI, Oxford ; New York, Oxford University Press, 2006, 259 p., (ISBN 978-0-19927-134-4).
  • Jules Marouzeau, Revue des Ă©tudes latines, SociĂ©tĂ© d’Édition Les Belles Lettres, 2006.
  • Orazio Marucchi, Le Forum romain et le Palatin d’après les dernières dĂ©couvertes, Rome, DesclĂ©e & Cie, 1925, 381 p.
  • (it) Carlo Pascal, Studi di antichitĂ  e mitologia, Milan, Hoepli, 1896, 241 p., p. 213.
  • (it) Dario Sabbatucci, La religione di Roma antica, Milan, Il Saggiatore 1988, 372 p., (ISBN 978-8-80430-954-3).
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