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Verquelure

La verquelure, connue depuis le Moyen Âge, est à l'origine un tissu de chanvre typique du Pays de Montbéliard, ancien Comté indépendant qui ne sera rattaché à la France qu'en 1793 et situé aujourd'hui en Bourgogne Franche-Comté. Cette verquelure désignait exclusivement un tissu de chanvre tissé à la main dans le Pays de Montbéliard et présentant des carreaux en deux ou trois couleurs (blanc, bleu et rouge garance). Le bleu et blanc semble d'une façon générale le plus répandu. Vient ensuite le tricolore et enfin le rouge et blanc. Verquelure vient d'ailleurs de « verquelé » qui signifie « à carreaux » .

Tissu Verquelure

Histoire

La matière première

Le chanvre est l’une des plus anciennes fibres textiles cultivĂ©es. Sa culture en Europe et en Chine remonte Ă  plus de 8 000 ans. N'oublions pas qu'en 1850, environ 75% du textile mondial Ă©tait produit Ă  partir du chanvre !

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, chaque village du Pays de Montbéliard réservait dans son finage une surface destinée à la culture d'une plante textile : le chanvre dont les fibres sont très résistantes.

Ces petits lopins de terre familiaux étaient connus sous le nom de oiche ou ouche qui signifie chenevière[1]. En dehors des cultures vivrières, préoccupation vitale du monde paysan, la production de fibres textiles pour réaliser cette toile à usages divers a marqué la civilisation locale au point de devenir une véritable spécialité.

La culture du chanvre était suivie d'un cortège sempiternel de travaux pour aboutir, à partir d'une tige herbacée, à fabriquer les tissus du linge de maison et des vêtements[2].

Se succédaient toute une série de travaux domestiques assumés par les familles :

  •   Ă€ l’automne, après la rĂ©colte, les fibres subissaient le rouissage c'est-Ă -dire la macĂ©ration dans un endroit humide pour faciliter la sĂ©paration de l'Ă©corce filamenteuse avec la tige
  • puis venait le teillage qui consiste en la sĂ©paration manuelle des fibres de la tige, sauf dans certains villages Ă©quipĂ©s de moulins Ă  eau pour rĂ©aliser les opĂ©rations mĂ©caniquement.
  • Les fibres Ă©taient ensuite, le plus souvent, peignĂ©es manuellement pour Ă©liminer la gomme et les impuretĂ©s (technique du peignage).
  • Le filage au fuseau fut remplacĂ© au XVIIIe siècle par le filage au rouet Ă  pĂ©dale.

Fabrication du tissu

La teinture du fil et le tissage sur des métiers manuels étaient confiés pour une large part aux mains des artisans, présents dans la quasi-totalité des villages.

Selon la technique de tissage on obtenait plusieurs sortes de toile[3] :

·     Une toile commune obtenue par simple croisement du fil de trame avec le fil de chaĂ®ne, qui donnait une toile sans relief particulier, utilisĂ©e pour les enveloppes de matelas

·     Un sergĂ©-croisĂ© pour obtenir un motif croisĂ© en diagonale, utilisĂ© pour faire des Ă©toffes destinĂ©es au linge de maison ordinaire comme les draps, nappes, mouchoirs, vĂŞtements de travail. Cette toile très rugueuse au dĂ©but devenait, au fil des lavages, plus souple et soyeuse comme le lin.

·     Un damassĂ©, pour obtenir plus de relief par la prĂ©sence de carreaux de couleur qui apportaient plus de finesse et de richesse Ă  ce tissu. Son aspect colorĂ© et dĂ©coratif le destinait aux taies d’oreillers et d’édredons, aux nappes, rideaux et serviettes.

Aujourd’hui

Ce magnifique tissu de chanvre, damassé ou non, n'est plus fabriqué depuis l'avant-guerre 1914-18.

Cependant, à défaut de pouvoir tisser du chanvre encore rare, une nouvelle verquelure à base de lin et coton est à nouveau tissée dans le Pays de Montbéliard grâce à un savoir-faire retrouvé et la volonté de l'Office de Tourisme de lui redonner ses lettres de noblesse.

L'aventure a commencé en 2018, l'Office de Tourisme désireux de mettre en avant les savoir-faire locaux et de créer une boutique de produits identitaires représentant la destination Pays de Montbéliard, a mobilisé ses réseaux. Le choix de la verquelure comme produit emblématique était une évidence et un jeune tisserand est trouvé![4] C'est un véritable renouveau pour la verquelure qui sort tout droit de l'atelier Métis à Etupes. Toute une dynamique se met en place autour de ce tissu emblématique, des couturières se mettent au travail. D’abord bénévolement avec une association puis un partenariat voit le jour avec des étudiants de la section Mode et Design du Lycée des Huisselets à Montbéliard. Enfin professionnellement avec la plateforme d’insertion Frip’Vie à Grand-Charmont qui va mettre en place un atelier couture spécialement pour la verquelure.

Grâce à cette démarche, les Montbéliardais sont heureux de pouvoir à nouveau acheter de la verquelure pour leur intérieur.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Robert Cuisenier, bulletin de la Société d'Emulation de Montbéliard, 1999, Vol.122, la SEM, Métiers du chanvre et tissus traditionnels
  2. SociĂ©tĂ© d'Emulation de MontbĂ©liard, « Imagerie populaire, mobilier rustique, tissus de chanvre  », bulletin SEM,‎
  3. Robert Cuisenier, « MĂ©tiers du chanvre et tissus traditionnels - du chenevis Ă  la verquelure  », in le Pays de MontbĂ©liard 1850-2000, SociĂ©tĂ© d'Emulation de MontbĂ©liard,‎
  4. « La Verquelure »
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