Végéphobie
La végéphobie (anglais vegaphobia) est une aversion pour les végétariens et végans[1] - [2] - [3] - [4], y compris les végétaliens[5]. Depuis l'apparition du terme en 2011[6], plusieurs études ont démontré l'existence de la végéphobie[7]. La végéphobie se manifeste par exemple lorsque des personnes font des blagues ou des remarques désagréables sur le véganisme, mangent de la viande devant des végans juste pour les offenser ou les ridiculiser, ou les harcèlent d'une autre manière[8]:361.
Terminologie et historique
Les sociologues britanniques Matthew Cole et Karen Morgan utilisent le terme végéphobie et l'adjectif dérivé vegaphobic dans une étude de 2011, signifiant les préjugés contre les végétaliens spécifiquement[9] - [10]. Dans la même année, trois activistes français de Veggie Pride utilisent le terme végéphobie pour dénommer la discrimination contre les végétariens[11].
Un éditorial du site Contrepoints commente sur l'apparition de la végéphobie en France en 2013[12].
Prévalence
Une étude de 2015 conclut que la végéphobie est équivalente, voire plus négative, que les attitudes négatives à l'égard des groupes cibles de préjugés communs[13]:738. Ceux qui sont végétariens ou végans sont évalués plus négativement lorsqu'ils sont motivés pour des raisons de droits des animaux, environnementales ou pour leur santé, dans cet ordre[13]:732 - [14].
80 % des végans ont déjà vécu une expérience de végéphobie, selon un sondage réalisé en 2018 avec 1000 végans utilisateurs de Lifesum, une application de perte de poids[15].
La première étude académique de la végéphobie trouve qu’en 2007, les tabloïds Britanniques abordent le véganisme dans une perspective disproportionnellement négative. Après avoir examiné 397 articles qui discutent sur ce thème, les investigateurs trouvent que 74 % des mentions sont négatives, 20 % neutres et 6 % positives[9].
Causes et corrélations
Une étude de 2015 fait l'hypothèse que les végans et végétariens présentent des groupes symboliquement menaçants, que les végéphobes peuvent percevoir comme portant atteinte à leurs valeurs chères[13]:722.
Une enquête réalisée en 2016 avec 1 000 Belges flamands mangeurs de viande a examiné les caractéristiques typiques des végéphobes. La végéphobie était plus commune parmi les hommes, les plus âgés, les moins éduqués, et les plus convaincus de leur consommation de viande[16]. Selon un sondage de 300 résidents des États-Unis, ceux qui défendent la consommation de viande sont plus susceptibles de présenter des biais contre les végétariens et végans[17].
Il existe de nombreuses théories pour expliquer les attitudes négatives envers les végans[18]. Les attitudes négatives contre les végétaliens et les végétariens se retrouvent le plus souvent chez les personnes ayant des convictions conservatrices ou de droite[19] - [20] - [21], et étant particulièrement plus prononcées dans les groupes d'extrême droite[22]. Pour les personnes de droite, la viande n'est pas seulement un mets, mais également une manière de vivre, menacée par ceux qui militent contre la consommation de viande[23]. Une étude de 2019 a découvert qu'une corrélation positive existe entre une vision du monde ancrée dans la domination sociale et une perception négative des végétaliens.
Les explications sont fondées sur ce que l'on appelle parfois le paradoxe de la viande, le fait que des gens qui mangent de la viande n'aiment pas faire du mal aux animaux. L’existence des végétaliens rappelle aux omnivores leur dissonance cognitive, ce qui peut générer de la colère et contribuer au maintien des préjugés contre les végétaliens[24] - [25] - [26].
Si l’on croit que la viande a un impact écologique élevé, un conflit intérieur peut également se former lorsqu’on en mange et ainsi générer un comportement et des croyances végéphobe[27].
Une autre raison proposée pour la végéphobie serait que les mangeurs de viande se sentent parfois jugés négativement pour avoir mangé de la viande. Une façon d'éviter ce jugement négatif est de discréditer les végétaliens.
Les végétaliens ne sont pas toujours discrédités pour des raisons idéologiques. Parfois, la raison peut être que la personne ne peut pas partager sa nourriture avec elle[28]. Selon une analyse d'une enquête qui a révélé que 30% des célibataires mangeurs de viande préféreraient ne pas sortir avec un végétarien ou un végétalien, ne pas pouvoir partager la nourriture aussi souvent et percevoir les végétariens, végétaliens ou végans comme étant trop « difficiles » semblaient être des raisons courantes que les mangeurs de viande évoquaient, préférant éviter de courtiser des végétariens, végétaliens ou végans et d'avoir des relations avec eux[29]. Les personnes qui évitent les relations amoureuses avec les végétariens pour ces motifs étendent également leurs comportements en évitant également les relations avec les non-végétariens ; 66 % des personnes interrogées ont trouvé que « être difficile » dans ses choix alimentaires (« Picky Eating ») était un obstacle ; et environ 40 % des personnes interrogées dans une autre étude ont déclaré qu'elles seraient réticentes à sortir avec une personne pratiquant un régime sans gluten[29].
Conséquences
Oscar Horta, professeur d'éthique, propose que la végéphobie est une des deux principales causes de la discrimination contre les végans[8]:362.
Voir aussi
- Cri de la carotte, argument fait contre le végétarisme et végétalisme
- Carnisme, ensemble de croyances qui défendent l'utilisation des animaux
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Vegaphobia » (voir la liste des auteurs).
- Justine Boulo, « Pourquoi déteste-t-on les vegans? », sur Slate.fr, (consulté le ) : « Ce type de réactions négatives à l’encontre des vegans et végétariens a un nom: la végéphobie. »
- Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Être végane, dur pour le moral? », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- (en) Nathan Stephens Griffin, Understanding Veganism: Biography and Identity, Springer, , 24, 47, 120 (ISBN 9783319521022, lire en ligne)
- (en) « Why do people hate vegans? », sur The Guardian, (consulté le )
- « Cohen, ou quand sa végéphobie explose sur Canal+ », sur Vegactu (consulté le )
- « « Végéphobie » : un mal « généralisé » et pas mal franchouillard », sur L'Obs (consulté le )
- (en) Laura Wright, The Routledge handbook of vegan studies, (ISBN 978-1-003-02087-5, 1-003-02087-9 et 978-1-000-36458-3, OCLC 1227819029, lire en ligne), p. 354-355 :
« the editor’s email unquestionably evinced pervasive hostility against veganism and vegans, an antipathy for which a term has been coined: vegaphobia. (...) Whether vegan-based discrimination is or is not an issue now or will be in the future, empirical studies have shown the reality of vegaphobia, not just in anti-vegan discourse but also in general attitudes. »
- (en) Oscar Horta, « Discrimination Against Vegans », Res Publica, vol. 24, no 3, , p. 359–373 (ISSN 1572-8692, DOI 10.1007/s11158-017-9356-3, lire en ligne, consulté le )
- (en) Matthew Cole et Karen Morgan, « Vegaphobia: derogatory discourses of veganism and the reproduction of speciesism in UK national newspapers », The British Journal of Sociology, vol. 62, no 1, , p. 134–153 (PMID 21361905, DOI 10.1111/j.1468-4446.2010.01348.x)
- (en) « Why do people hate vegans? », sur the Guardian, (consulté le )
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« those who rationalized their meat consumption in the pretest measures (i.e., scoring higher on the 4N scale) were significantly more likely to express antiveg*n bias (r= .41; see Table 1), confirming our expectation that think-ing about animals is relevant to thinking about people who protect and do not eat animals, such as veg*ns »
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