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UniRef

UniRef - University for Refugees - est une organisation non gouvernementale internationale à vocation humanitaire, apolitique, spécialisée dans l'enseignement supérieur pour les réfugiés. Son siège est situé à Genève en Suisse[1]. En partenariat avec des universités renommées et des organisations humanitaires internationales, UniRef entend offrir aux réfugiés, mais aussi aux populations locales les plus précaires, des cursus universitaires. Afin de proposer une formation qui soit adaptée à la condition spécifique des réfugiés et cohérente avec la demande locale de qualification sur le marché du travail, l'ONG dispense elle-même, avec le concours de ses partenaires, les enseignements.

Origines et mission de l'organisation

Initialement dénommée Swiss International Humanitarian Organization (SIHO), cette organisation fut fondée par Yvelyne Wood et son époux Bryan Wood en 2013 pour soutenir les victimes des conflits armés[2]. De sa première mission au Burundi qui visait à donner aux réfugiés un accès à l'enseignement universitaire, dénommée "UniRef" pour University for Refugees[3], elle tire son nom actuel pour traduire l'évolution de son engagement au profit d'une spécialisation dans le domaine de l'enseignement supérieur[3].

Selon l'UNESCO, l'accès à l'éducation et notamment à l'enseignement supérieur est un enjeu stratégique pour la résolution des crises humanitaires[4]. L'enseignement supérieur est un facteur de développement mais aussi un facteur d'intégration primordial pour les jeunes réfugiés[5]. En effet, l'obtention d'un diplôme démultiplie leurs chances de s'intégrer durablement dans l'emploi et par là-même à leur société d'accueil. Cela est d'autant plus important que leur dépendance à l'aide humanitaire les expose à un risque d'exclusion sociale qui peut déboucher à des tensions sociales. D'après les déclarations de la présidente d'UniRef, Yvelyne Wood, lors de la conférence de presse à Abu Dhabi qui s'est tenue au début du mois de , la mission d'UniRef doit permettre aux réfugiés de sortir de cette situation d'assistance et de dépendance et pas seulement de la précarité, en leur offrant les moyens de prendre leur avenir en main[6].

Alors que beaucoup de programmes favorisent l'accès à l'enseignement supérieur pour les réfugiés, peu concernent le 1er cycle de formation dans l'enseignement supérieur. Or, en focalisant sur des formations très avancées de niveau master, la majeure partie des jeunes en âge de faire des études supérieures s'en trouve exclue[7]. De plus, les infrastructures et les institutions étant prévues pour un fonctionnement universitaire classique, peu de programmes sont en fait adaptés aux conditions particulières des réfugiés d'après l'UNESCO[8]. La capacité de leur adaptation dépend par ailleurs des moyens de État d'accueil, généralement sous pression dans un contexte de crise humanitaire.

Ses actions

Le camp de réfugiés de Musasa au Burundi

Sa première mission basée au Burundi prévoyait de délivrer une formation professionnalisante pour les jeunes (ayant obtenu un diplôme d'enseignement secondaire), ressortissants de la République du Congo (RDC), dans le camp de Musasa à partir du , date d'ouverture des premières classes[9]. Ce camp de transit accueille depuis 2007 principalement les victimes de la guerre civile qui fait rage en RDC depuis 1996, à la suite du génocide des Tutsi au Rwanda[10].

C'est sur ce projet pilote que s'est construite la vocation actuelle d'UniRef. La rentrée dut être reportée au en raison de troubles politiques survenus au mois de septembre dans la capitale, Bujumbura[11]. D'après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) qui le contrôle, le nombre de réfugiés congolais continuait à croître dans ce camp de transit en 2018[12] alors qu'ils étaient déjà plus de 5500 en 2007[13].

La crise politique burundaise qui s'est déclenchée en 2015 a débouché en 2017 sur une restriction et un contrôle de l'action des associations[14] et des ONG internationales[15] forçant nombre d'entre elles à cesser leur activité ou neutralisant leur action. Dans ce contexte, UniRef n'a pas eu d'autre choix que de se retirer et d'amender sa mission alors même que 880 000 Congolais n'ont d'autre choix que de s'intégrer dans les pays où ils ont trouvé refuge comme le Burundi[16]. Le bureau de représentation de l'ONG, situé à Muyinga, est fermé depuis .

Partenariat en Jordanie avec les sociétés de la Fédération Internationale de La Croix Rouge et du Croissant Rouge

À partir du mois de , après deux ans d'implémentation, une mission conduite en Jordanie proposera des formations universitaires destinées aux réfugiés syriens urbains, ouvertes également aux personnes les plus précaires parmi la population locale. Elle sera menée en partenariat notamment avec le Croissant Rouge Jordanien[17] et d'autres institutions affiliées à la Fédération Internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge(IFRC).

Pour le président du Croissant Rouge Jordanien, l'enseignement supérieur ne permet pas seulement aux réfugiés syriens de pouvoir rebâtir leur pays à l'avenir, il s'agit aussi d'un enjeu sécuritaire car cela prévient l'enrôlement des jeunes par des groupes extrémistes[18]. Alors que les jeunes de 15-24 étaient le plus négativement impactés par la crise syrienne, ils étaient en 2015 les plus délaissés par l'aide internationale[19]. Si un certain nombre d'initiatives ont pu voir le jour, l'accès à l'enseignement supérieur reste encore très restreint et consiste à lever les obstacles légaux et financiers notamment par des programmes de bourse d'études[20]. De plus, selon l'ONU, les infrastructures et institutions universitaires publiques en Jordanie ne sont pas adaptées pour les réfugiés[21]. Or, l'un des principaux freins à l'enseignement supérieur est la capacité à se projeter qu'exige l'accomplissement d'études longues, une capacité dont les réfugiés sont difficilement pourvus. C'est pour pallier cette carence qu'UniRef a conçu des cursus universitaires professionnalisants, condensés sur une période beaucoup plus courte que les cursus traditionnels, d'environ 1 an et accessible aux réfugiés ayant achevé leurs études secondaires[22]. Les formations proposées seront dispensées dans 3 domaines pour répondre aux besoins croissants du marché du travail régional.

Le , le lancement du projet est officialisé avec l'ouverture de classes pilotes pour un effectif de 100 réfugiés syriens[2]. Cette phase préliminaire de mise une œuvre est la première d'un projet qui prévoit l'inscription de 1 000 étudiants par an pendant 5 ans, devant gratuitement profiter au total à 5 000 jeunes en majorité syriens[2]. Le programme est également accessible aux ressortissants jordaniens qui n'ont pas accès à l'enseignement supérieur en raison de l'insuffisance de leurs ressources économiques[2], afin, selon Dr Fawzi Abdullah Amin, représentant de l'IFRC engagée au côté d'UniRef dans ce projet, d'apporter un soutien aussi bien aux réfugiés syriens vivant aux Jordanie qu'aux communautés hôtes[1]. Dans un communiqué de presse repris par Gulf Today, le président du Croissant Rouge de Jordanie, Dr Mohamad Al-Hadid, a révélé les trois domaines dans lesquels les enseignements académiques seraient délivrés : informatique, agriculture/agroalimentaire et santé[2], précisant que ces formations ont reçu l'agrément des ministères jordaniens de l'enseignement supérieur et de la santé[1].

Articles connexes

Notes et références

  1. « UniRef Launches Pilot Project to Offer University Education for 100 Syrian Refugees », sur www.godubai.com (consulté le )
  2. (en) Gulf Today, « Swiss NGO launches project for 100 Syrian Refugees », sur www.pressreader.com, (consulté le )
  3. Stéphanie Trouillard, "Une université va ouvrir ses portes dans le camp de Musasa au Burundi", France 24, 19 mars 2015. Accessible sur : https://www.france24.com/fr/20150319-burundi-premiere-universite-camp-refugies-musasa-rd-congo-hcr-nations-unies
  4. (en) UNESCO, « Education in emergencies », sur UNESCO, (consulté le )
  5. UNESCO. Draft Preliminary Report Concerning the Preparation of a Global Convention on the Recognition of Higher Education Qualifications. Paris: UNESCO, 2015. Accessible sur : http://unesdoc.unesco.org/images/0023/002347/234743E.pdf.
  6. (en) Anjana Sankar, « Swiss charity offers year-long university course for refugees », sur Khaleej Times (consulté le )
  7. « Reliefweb ✓ », sur African Studies Companion Online (consulté le )
  8. Martha K. Ferede, “Paper commissioned for the 2019 Global Education Monitoring Report, Migration, displacement and education: Building bridges, not walls”, 2018. Accessible : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000266075
  9. Benoît Floc'h, "Première mondiale au Burundi : une université dans un camp de réfugiés", Le Monde, 24 mars 2015. Accessible sur : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/03/25/premiere-mondiale-au-burundi-une-universite-dans-un-camp-de-refugies_4601173_3212.html
  10. Valentin MIGABO, « Une centaine de groupes armés sème le chaos au Congo », sur The Conversation (consulté le )
  11. Simon Petite, "Une université dans une camp de réfugiés", Le Temps, 30 août 2015, Accessible sur: https://www.letemps.ch/monde/une-universite-un-camp-refugies
  12. Jonathan Clayton, UNHCR, "Le Chef du HCR appelle à un soutien accru pour les réfugiés congolais", 13 avril 2018. Accessible sur : https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2018/4/5ad4b88fa/chef-hcr-appelle-soutien-accru-refugies-congolais.html
  13. UNHCR, "Données de base HCR Burundi", 31 octobre 2007. Accessible sur : https://www.unhcr.org/fr-fr/news/country/2008/10/4acf427345/donnees-base-hcr-burundi-31-octobre-2008.html?query=Musasa%20camp
  14. Loi n° 1/02 du 27 janvier 2017 portant cadre organique des associations sans but lucratif. Accessible sur: http://www.presidence.gov.bi/wp-content/uploads/2017/04/loi-02-2017.pdf
  15. Loi n° 1/01 du 23 janvier 2017 portant modification de la loi n° 1/011 du 23 juin 1999 portant modification du décret-loi n° 1/033 du 22 août 1990 portant cadre général de la coopération entre la République du Burundi et les organisations non gouvernementales étrangères (ONGE). Accessible sur : https://www.assemblee.bi/IMG/pdf/01_janvier_2017.pdf
  16. L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, « Urgence République démocratique du Congo », sur UNHCR (consulté le 11 mai 2020)
  17. Sami Zaatari, "Syrian refugees in Jordan to get university education", Gulf News, 7 mai 2018. Accessible sur : https://gulfnews.com/uae/education/syrian-refugees-in-jordan-to-get-university-education-1.2217780
  18. Anjana Sanka, "Swiss charity offers year-long university course for refugees", Khaleej Times, 7 mai 2018. Accessible sur: https://www.khaleejtimes.com/nation/abu-dhabi/swiss-charity-offers-year-long-university-course-for-refugees
  19. Jalbout, Maysa. Opportunities for Accelerating Progress on Education for Syrian Children and Youth in Jordan. Theirworld, 2015. Accessible sur : https://gbc-education.org/wp-content/uploads/2015/01/JORDAN.pdf
  20. Domenique Sherab, Kelly Kirk Research Assistant: Rachel Tranchik Initial Mapping: Christina Hendryx, "Access to Higher Education for Refugees in Jordan", ARDD-LEGAL AID, 2016, Accessible sur : https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/access_to_higher_education_for_refugees_in_jordan.pdf
  21. Ahmad Al-Hawamdeh and Hana A. El-Ghali, The Regional Conference on Higher Education in Crisis Situations:“Higher Education in Crisis Situations: Synergizing Policies and Promising Practices to enhance Access, Equity and Quality in the Arab Region”Higher Education and Syrian Refugee Students: The Case of Jordan(Policies, Practices, and Perspectives),UNESCO Regional Bureau for Education in the Arab States, Beirut, p.21
  22. Anjana Sanka, "Swiss charity offers year-long university course for refugees", Khaleej Times, 7 mai 2018. Accessible sur: https://www.khaleejtimes.com/nation/abu-dhabi/swiss-charity-offers-year-long-university-course-for-refugees
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