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Triple assassinat de militantes kurdes Ă  Paris

Le triple assassinat de militantes kurdes à Paris est le meurtre de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, membres du Parti des travailleurs du Kurdistan, dans la nuit du 9 au dans le 10e arrondissement de Paris.

Triple assassinat de militantes kurdes Ă  Paris
Image illustrative de l’article Triple assassinat de militantes kurdes à Paris
Manifestation des Kurdes Ă  Paris le .

Localisation 10e arrondissement de Paris (France)
Cible Parti des travailleurs du Kurdistan, Kurdes
CoordonnĂ©es 48° 52′ 45″ nord, 2° 21′ 23″ est
Date nuit du 9 au 10 janvier 2013
Type Assassinat
Armes arme de poing
Morts 3
Blessés 0
Auteurs Inconnu
Auteurs présumés Ömer Güney
Millî İstihbarat Teşkilatı
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Triple assassinat de militantes kurdes Ă  Paris
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Triple assassinat de militantes kurdes Ă  Paris

L’auteur présumé est un nationaliste turc, Omer Güney, infiltré dans les milieux kurdes. Il meurt fin 2016 quelques semaines avant l’ouverture de son procès. Les services secrets turcs, le MIT, sont considérés comme les probables commanditaires par la justice française.

Faits

Dans la nuit du mercredi au jeudi , les corps de Fidan Doğan, Sakine Cansız, cofondatrice du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et Leyla Söylemez, toutes trois militantes kurdes, ont été découverts à Paris, dans les locaux du Centre d'information sur le Kurdistan au 147 rue La Fayette, visiblement exécutées, chacune de plusieurs balles dans la tête[1].

EnquĂŞte

Manifestation de Ă  Paris demandant justice pour l'assassinat des trois militantes kurdes.

Selon la justice française, il est probable que les services secrets turcs, le MİT, soient impliqués dans le triple meurtre[2].

L'assassin prĂ©sumĂ©, Omer GĂĽney est un Turc de 34 ans, qui avait travaillĂ© en tant qu'agent d'entretien Ă  l'aĂ©roport de Paris-Charles-de-Gaulle. Surtout, il est employĂ© comme homme Ă  tout faire par l'association kurde, notamment comme chauffeur. Lors de l'enquĂŞte, les experts le dĂ©signent comme un « familier » et un « professionnel ». Un reportage de TF1 montre qu'après l'assassinat, il est l'une des premières personnes accourues au pied de l'immeuble[3].

Les caméras de vidéosurveillance ont permis d'attester sa présence à l'intérieur de l'immeuble, à l'heure estimée de la mort, entre 12 h 11 et 12 h 56. De la poudre a également été relevée sur sa sacoche. Les experts de la police technique et scientifique ont fait décrypter son téléphone portable Nokia en restaurant d'anciens fichiers effacés. Ces images prouvent que le — la veille de l'assassinat — Ömer Güney est rentré entre 4 h 23 et 5 h 33 dans les locaux de l'association kurde à Villiers-le-Bel pour photographier 329 fiches d'adhérents. Deux jours avant, il avait pris en photo les comptes retraçant l'activité de racket auprès de la communauté[4].

Quelques mois après ces assassinats, un enregistrement audio d’une conversation entre Ömer Güney et des agents des services secrets turcs (MIT), ainsi que des notes, sont mis en ligne anonymement. Ömer Güney avait également des photos de centaines de militants kurdes dans son téléphone. La juge d'instruction antiterroriste Jeanne Duyé est chargée de l’enquête. En , l'ordinateur de la magistrate est volé à son domicile lors d’un étrange cambriolage, et un projet d'évasion d'Ömer Güney est déjoué : l'homme, incarcéré depuis le près de Paris, comptait s'évader « avec l'aide d'un membre du MIT »[5].

La magistrate, au-delà d'une possible implication des services secrets turcs[6], n'a pas réussi à établir qui étaient les commanditaires : ont-ils agi « avec l'aval de leur hiérarchie » ou « à l'insu de leur service afin de le discréditer ou de nuire au processus de paix », entamé à l'époque entre Ankara et le PKK ? Le , Ömer Güney est transporté d’urgence du centre pénitentiaire de Fresnes à l'hôpital de la Salpêtrière. Depuis longtemps atteint d’un cancer du cerveau, il a été contaminé par la légionellose et meurt d’une pneumonie le , cinq semaines avant le début de son procès[7] - [8].

Eyyup Doru, représentant du parti kurde Parti démocratique des peuples (HDP) en Europe, émet l'hypothèse que c'est Fidan Doğan qui était visée dans ce triple assassinat et, à travers elle, la France. Cette jeune femme, « très intelligente, selon l’avocate Sylvie Boitel, et qui possédait fait rarissime, les codes des trois cultures : turque, kurde et française » avait, selon l’une de ses amies, « rencontré le président François Hollande au moins trois fois alors qu'il était premier secrétaire du Parti socialiste » et entretenait de nombreux liens avec les autorités politiques françaises. Fidan Doğan a été exécutée d'une balle dans la bouche, une manière de signifier que désormais, elle ne parlerait plus[3].

Deux officiers traitants du MİT, Erhan Pekçetin et Aydın Günel, enlevés par le PKK dans le nord de l'Irak en et possiblement décédés lors de l'opération Claw-Eagle 2 de , ont confirmé à leurs gardiens que l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris était l'œuvre du MİT (mais leurs aveux pouvaient être sujets à caution)[9].

En outre, les autorités turques refusent de répondre aux demandes de la justice française[3].

L'action publique s'étant éteinte avec la mort d'Ömer Güney, les familles des victimes décident en de se constituer parties civiles en faisant état d'éléments supplémentaires, lesquels pointent la possible responsabilité des services secrets turcs, conduisant à la réouverture du dossier le pour les faits de complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs terroriste criminelle. Selon la juge d'instruction chargée du dossier, « l’enquête judiciaire a mis en évidence que l’un des mobiles les plus plausibles de ce triple assassinat pouvait être mis en relation avec les activités supposées d’Ömer Güney [le tireur présumé] en France au sein des services secrets turcs [MIT]. »[10]

La justice belge a également pointé les rapports entre Ismail Hakki Musa, ambassadeur de Turquie en France lors du triple assassinat, et une équipe du MIT suspectée de préparer un « attentat potentiellement imminent contre des politiciens kurdes de premier plan en Belgique ». Le commando pourrait aussi être impliqué dans l'assassinat des militantes kurdes[11].

Depuis la réouverture du dossier, la justice française est confrontée au refus du gouvernement français de lever le secret-défense sur les écoutes réalisées sur des agents turcs installés en France soupçonnés d’être liés au triple assassinat, empêchant l'instruction de progresser[12].

Ouvrage

  • Triple assassinat au 147, rue Lafayette, de Laure Marchand, chez Actes Sud

Notes et références

  1. Avec AFP, « Les trois militantes kurdes ont été assassinées de plusieurs balles dans la tête », Le Monde, .
  2. « Assassinat de militantes kurdes à Paris : la justice souligne l’implication des services secrets turcs », sur lemonde.fr, (consulté le )
  3. Ariane Bonzon, « L'impossible vérité sur l'assassinat de trois Kurdes à Paris », sur Slate.fr, .
  4. Éric Pelletier, « Kurdes assassinées : la piste politique », L'Express, .
  5. « Omer Güney projetait de s’évader de prison avec l’aide d’un agent turc », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Éric Pelletier, « Triple homicide de militantes kurdes à Paris : les services turcs mis en cause », L'Express, .
  7. « Omer Güney, assassin présumé de trois militantes kurdes à Paris, meurt avant son procès », sur 20minutes.fr, .
  8. « Militantes kurdes assassinées à Paris : le suspect renvoyé devant les assises », Le Parisien, .
  9. « Succès des services secrets turcs en Syrie » Centre Français de Recherche sur le Renseignement », sur cf2r.org (consulté le )
  10. Jacques Follorou, « Les services secrets turcs visés par la justice française pour trois assassinats », sur lemonde.fr, (consulté le )
  11. Bruno Rieth, « Triple assassinat des Kurdes à Paris : l’étau se resserre autour des services secrets turcs », sur www.marianne.net,
  12. « Dix ans après, la communauté kurde demande « la vérité et la justice » pour le triple assassinat de la rue La Fayette », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

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