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Tripitaka Koreana

Le Tripitaka Koreana (Goryeo Daejanggyeong, « Tripitaka de la dynastie Goryeo ») est un recueil de textes sacrés bouddhiques gravé sur ordre de la dynastie Goryeo de Corée (918-1392 apr. J.-C.) au XIe siècle. Il s'agit de plaques d’impression, sous forme de planchettes de bois, où les idéogrammes sont gravés à l’envers (elles ne sont donc pas destinées à être lues directement). Le texte est composé en hanja : langue coréenne transcrite en caractères chinois[1]. Fabriqué entre 1011 et 1082, détruit dans un incendie en 1232 puis réédité de 1237 à 1248 ou 1251 [2] et conservé intact depuis, il s'agit de la plus ancienne et plus complète version intacte du canon bouddhiste ; il servit de référence pour les éditions du canon bouddhiste compilées aux XIXe et XXe siècles.

Temple d'Haeinsa Janggyeong Panjeon, les dépôts des tablettes du Tripitaka Koreana *
Image illustrative de l’article Tripitaka Koreana
CoordonnĂ©es 35° 48′ nord, 128° 06′ est
Pays Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud
Subdivision Gyeongsang du Sud
Type Culturel
Critères (iv) (vi)
Numéro
d’identification
737
Zone géographique Asie et Pacifique **
Année d’inscription 1995 (19e session)
Géolocalisation sur la carte : Corée du Sud
(Voir situation sur carte : Corée du Sud)
Temple d'Haeinsa Janggyeong Panjeon, les dépôts des tablettes du Tripitaka Koreana
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Une autre appellation connue est le Palman Daejanggyeong (« Tripitaka des quatre-vingt mille »), en raison du nombre des tablettes qui le composent : 81 258 planchettes de bois, taillĂ©es sur les deux cĂ´tĂ©s, organisĂ©es en 1 496 titres et 6 568 volumes. Les plachettes de bois sont issus de 10 essences diffĂ©rentes, mĂ©ticuleusement choisies, traitĂ©es et laquĂ©es pour ĂŞtre conservĂ©es et servir aux impressions[3]. Un bureau d'impression a Ă©tĂ© Ă©tabli dans l'AcadĂ©mie nationale en 1101 et la collection du gouvernement de Goryeo en compte plusieurs dizaines de milliers[4]. Il est conservĂ© dans le temple d'Haeinsa Janggyeong Panjeon depuis 1398, dans un bâtiment spĂ©cialement conçu et dĂ©diĂ© qui, contrairement Ă  d'autres du complexe, n'a jamais brulĂ©.

Planchette de bois, conservée au Library of Congress à Washington, DC, USA.

Cet ensemble de planchettes de bois a été inscrit en 2007 au Registre Mémoire du Monde en tant que patrimoine documentaire de la République de Corée par l'UNESCO et a été recensé comme trésor national no 32 par l'administration de l'héritage culturel de Corée.

Histoire

Fabrication

Le Tripitaka Koreana original est fabriquĂ© de 1011 Ă  1087 en pleine pĂ©riode de guerre entre Goryeo et l'Empire Khitan. Il contenait 6 000 tablettes. Le Tripitaka Koreana original est dĂ©truit en 1232 lors d'un incendie pendant les invasions mongoles de la CorĂ©e.

Le nouveau Tripitaka Koreana est fabriqué en douze ans de 1237 à 1248[5] ou en seize ans de 1237 à 1251[6]. La fabrication commence lors des invasions mongoles de la Corée au milieu du XIIIe siècle[6].

Une première étude réalisée en 1996 montre que les principales essences utilisées appartiennent aux genres Cerasus (syn. Prunus), pour plus de la moitié des échantillons analysés, et aux genres Pyrus, Betula, Cornus, Acer, Machilus (en), Salix, et Daphniphyllum (en) pour les autres[7]. Leur identification au niveau spécifique a été confirmée en 2017 sur base de l'analyse mathématique d'images de coupes fines comparées avec des échantillons en provenance des collections de l'institut coréen de promotion forestière du Korea Forest Service (en) et de la xylothèque de l'université de Kyoto[8].

Le bois des planches a Ă©tĂ© extrait d'arbres de plus de 50 ans[6] pendant l'hiver, les troncs Ă©tant plus denses[6].Afin de rendre le bois plus rĂ©sistant Ă  la moisissure tout en conservant la forme du bois, les bĂ»ches furent conservĂ©es pendant trois ans dans l'eau de mer[6] ; elles furent bouillies dans l'eau salĂ©e qui permit la prĂ©servation du bois de moisissure et la rĂ©partition de l'humiditĂ© de façon Ă©gale[9]. Un sĂ©chage et une ventilation du bois suivirent[9]. Les planches furent poncĂ©es et la surface polie[9]. Les inscriptions purent alors ĂŞtre gravĂ©es[9] sur les 81 258 tablettes de bois[10].

Une fois la gravure terminĂ©e, une couche de laque fut passĂ©e sur les planches afin de protĂ©ger le bois contre les insectes, l'eau et les produits chimiques[9]. Des baguettes de bois rectangulaires furent ajoutĂ©es sur chaque bord afin d'empĂŞcher les planches de se voiler[9]. Les coins furent dĂ©corĂ©s de garnitures de cuivres constituĂ©es Ă  99,6 % de cuivre pur, puretĂ© rare au XIIIe siècle[9]. Les clous utilisĂ©s pour les fixer Ă©taient eux Ă©purĂ©s entre 94,5 % et 96 % et peu d'entre eux ont subi de corrosion[9].

Préservation

Le Tripitaka Koreana a été entreposé sur l'île de Kanghwa avant d'être déplacé dans le temple de Haeinsa en 1398 où il continue d'être préservé de nos jours[10]. Le Tripitaka Koreana et le temple Haeinsa sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2007.

Le temple est le plus grand complexe de bois dans le monde et d'une conception unique malgrĂ© une apparence simple[10]. Le temple Haeinsa, structurĂ© en de longues allĂ©es abritant les tablettes du Tripitaka Koreana, repose sur des fondations solides avec deux fenĂŞtres sur chaque mur, une haute et une basse, qui permettent de garder une tempĂ©rature stable Ă  l'intĂ©rieur du bâtiment[11]. Ainsi, bien que le bâtiment fasse 1 205 m2 et ne dispose pas de climatisation ou de chauffage, la tempĂ©rature Ă  l'intĂ©rieur ne varie que de 5 °C pour 10 °C Ă  l'extĂ©rieur[11]. Les fenĂŞtres sont dimensionnĂ©es de tailles diffĂ©rentes de sorte que le flux d'air naturel soit maximisĂ©[11] ; sur le mur de devant du bâtiment sud, les fenĂŞtres basses sont quatre fois plus larges que les fenĂŞtres hautes[11] ; sur le mur de devant du bâtiment nord, les fenĂŞtres basses sont 4,6 fois plus larges[11] ; sur le mur de devant du bâtiment nord, les fenĂŞtres basses sont 1,5 fois plus larges[11]. Cette conception permet Ă  l'air frais de circuler dans tout le bâtiment avant de sortir du cĂ´tĂ© opposĂ© par les ouvertures prĂ©vues Ă  cet effet[11]. Ă€ ceci s'ajoute la constitution en terre des murs et du sol[12]. Le tout permet de maintenir une tempĂ©rature fraĂ®che lors des chaleurs d'Ă©tĂ© et de conserver l'humiditĂ© Ă  un niveau stable[12].

Les tablettes sont déposées sur des étagères de poutrelles équarries et épaisses comme des livres[12]. Les tablettes sont installées en deux lignées horizontales l'une au-dessus de l'autre[12]. L'extrémité des tablettes étant plus épaisse que le centre, la circulation du courant d'air permettant de réguler l'humidité et la température est facilitée[12].

Au cours de son existence, le temple Haeinsa connaît sept incendies[13]. Cependant, le Tripitaka Koreana et le bâtiment qui l'abrite sont sortis épargnés à chaque incendie[13]. Dans les années 1960, le président Park Chung-hee souhaite bâtir un nouvel entrepôt moderne afin d'abriter le Tripitaka Koreana en réduisant le risque d'incendie[13]. Cependant, l'apparition de moisissures sur une partie du Tripitaka Koreana lors d'une période d'essai sur le nouveau site entraîne l'abandon du projet[13].

D'autres avantages que présente le temple continuent d'être étudiés de nos jours, comme le fait que les insectes et les animaux se tiennent éloignés des bâtiments[13].

Notes et références

  1. Frédéric Ojardias, « La Corée du Sud fête les 1 000 ans de la plus grande «bibliothèque de bois» du monde », sur RFI Asie-Pacifique, (consulté le )
  2. les sources sont en accord pour l'année initiale mais pas pour l'année finale.
  3. Bibliothèques, une histoire mondiale, James W.P. Campbell et Will Pryce, Citadelles & Mazenod, Paris, 2013, page 63
  4. (en) Tsuen-Hsuin Tsien, Paper and Printing : Needham, Joseph Science and Civilization in China, vol. 5, partie 1, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-08690-6), p. 323–5.
  5. (en) UNESCO World Heritage Centre, « Haeinsa Temple Janggyeong Panjeon, the Depositories for the Tripitaka Koreana Woodblocks », sur UNESCO World Heritage Centre (consulté le )
  6. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 22
  7. (en) S.J. Park, « Species identification of Tripitaka Koreana », Journal of Korean Wood Science Technology, vol. 24,‎ , p. 80-89.
  8. (en) Kayoko Kobayashi, Sung-Wook Hwang, Won-Hee Lee et Junji Sugiyama, « Texture analysis of stereograms of diffuse-porous hardwood: identification of wood species used in Tripitaka Koreana », Journal of Wood Science, vol. 63,‎ , p. 322–330 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 23
  10. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 24
  11. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 25
  12. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 26
  13. Les cinquante merveilles de la Corée, p. 27

Annexes

Bibliographie

  • Michel LĂ©on Haropsteguy, Les cinquante merveilles de la CorĂ©e : Volume 1. Culture et art, vol. 1, CorĂ©e du Sud, Diamond Sutra Recitation Group, , 136 p. (ISBN 978-0-9797263-2-3).

Articles connexes

Liens externes


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