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Travail illégal

Le travail illégal est l'ensemble des pratiques dérogeant aux lois ou règlements réglementant l'emploi en vigueur dans le pays considéré. La nature de l'illégalité est variable. Des infractions au droit du travail, au droit de la Sécurité sociale en France, au droit des étrangers, etc. L'infraction peut être le fait d'employeur public ou d'entrepreneurs situés dans le pays, ou du fait de prestataires étrangers[1].

En France l'expression est juridiquement définie par la loi n° 2005-882 du , pour laquelle il regroupe un ensemble de fraudes majeures à l’ordre public social et économique, précisément prévues et définies par le code du travail. En France le ministère chargé du travail estimait que le travail illégal (occulte et donc difficile à réellement quantifier) correspond à environ 4,4 % du produit intérieur brut, soit une fraude qui faisait perdre à l'Etat environ 55 milliards d’euros en 2004[2].

DĂ©finition

Sous ce vocable, sont classés en France, les infractions suivantes[3]:

Il est souvent inclus dans les processus de traite des êtres humains et dans certains abus de vulnérabilité[4].

Un juge condamnant une personne ou une entreprise à une amende pour travail illégal peut désormais rendre publique son identité sur le site internet du ministère du Travail. Cette «peine complémentaire» est rendue possible par la loi dite «Savary» du «visant à lutter contre la concurrence sociale déloyale», dont le décret d'application n°2015-1327 est paru le [5] - [6]. La durée de cette publication est à la discrétion du juge pénal, dans la limite de deux ans. La liste semble cependant indisponible sur le site du Ministère du travail[7].

Qui est considéré comme responsable ?

La loi cible aujourd'hui en France peut mettre en cause et faire poursuivre toute personne impliquée, à un titre ou à un autre, dans une affaire de travail illégal (personnes physiques participant à la fraude (même étrangère) et au premier chef, le responsable de l’activité économique exercée dans des conditions illicites (chef d’entreprise, ou travailleur indépendant, ou représentant d’une société...) ; pour les agissements délictueux commis personnellement et aussi pour ceux qu’il commet par personne interposée (ex : emploi d’un étranger ne disposant pas de titre de travail). Depuis , la responsabilité pénale des personnes physiques et morales ; pour certaines des infractions relevant du travail illégal peut aussi être mise en cause.

Histoire

Histoire de la lutte contre le travail illégal en France jusque 2005[8] :

  • DĂ©cret de : interdiction qu'un ouvrier soit exploitĂ© par des « sous-entrepreneurs ».
  • Loi du : interdiction du cumul d’emploi public et privĂ©.
  • Loi du : interdiction de travailler pendant les congĂ©s payĂ©s.
  • Loi du : interdiction du travail clandestin.
  • Ordonnance du relative aux conditions d’entrĂ©e et de sĂ©jour des Ă©trangers : crĂ©ation de l’Office national d’immigration (ONI), devenu l’Office des migrations internationales (OMI) par un dĂ©cret du .
  • Loi du : rĂ©glementation de l’activitĂ© des entreprises de travail temporaire. Le prĂŞt illicite de main-d’œuvre est rĂ©primandable.
  • Loi du : sanctions pĂ©nales et civiles pour le recours « sciemment » au travail clandestin. L'infraction devient un dĂ©lit en cas de rĂ©cidive.
  • Loi du : les trafics de main-d’œuvre sont rĂ©primandĂ©s. Habilitation des douaniers Ă  relever l’infraction de l’emploi irrĂ©gulier d’un Ă©tranger.
  • Loi du : règles relatives Ă  la sous-traitance.
  • Loi du : renforcement de la rĂ©pression des trafics de main-d’œuvre Ă©trangère.
  • : crĂ©ation de la Mission de liaison interministĂ©rielle pour lutter contre les trafics de main-d’œuvre Ă©trangère et des postes de contrĂ´leurs du travail spĂ©cialisĂ©s.
  • Loi du : crĂ©ation d'une procĂ©dure de solidaritĂ© financière Ă  l'Ă©gard du donneur d’ordre ayant recours aux services d’un employeur qui exerce un travail clandestin. Celle-ci accorde des droits Ă  un Ă©tranger travaillant sans ĂŞtre en possession d'un titre de travail.
  • Loi du : l'infraction de travail clandestin devient un dĂ©lit.
  • Loi du : Ă©largissement du champ du travail clandestin Ă  la dissimulation de l’emploi d’un salariĂ©.
  • : crĂ©ation de la MILUTMO (Mission de liaison interministĂ©rielle pour la lutte contre le travail clandestin, l’emploi non dĂ©clarĂ© et les trafics de main-d’œuvre).
  • Loi du : crĂ©ation Ă  titre expĂ©rimental de la DPAE, ou dĂ©claration prĂ©alable Ă  l’embauche. La loi prĂ©cise Ă©galement les obligations du donneur d’ordre en matière de solidaritĂ© financière.
  • Loi du : la DPAE (circulaire du ) devient obligatoire.
  • Loi du : renforcement du contrĂ´le par les organismes de protection sociale de l’affiliation des travailleurs Ă©trangers.
  • : adoption par le Conseil europĂ©en d'une recommandation sur la lutte contre l’emploi illĂ©gal de ressortissants d’États tiers.
  • Directive du n°96 /71/CE du Parlement et du Conseil europĂ©ens : fixation des dispositions sociales minimales qui profitent Ă  tout travailleur dĂ©tachĂ© sur le territoire d’un autre État membre dans le cadre d’une prestation de services transnationale. L'article 4 prĂ©voit une assistance mutuelle pour en vĂ©rifier l’application par la dĂ©signation d'un « bureau de liaison » dans chaque État membre.
  • Loi du : renforcement des moyens de la lutte contre le travail illĂ©gal. Le dĂ©cret du crĂ©e un dispositif de coordination national, la DĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă  la lutte contre le travail illĂ©gal (DILTI) et une structure opĂ©rationnelle dans chaque dĂ©partement : les ComitĂ©s opĂ©rationnels de lutte contre le travail illĂ©gal (COLTI). Introduction dans le droit le dĂ©lit de « travail dissimulĂ© » caractĂ©risĂ© par la dissimulation d’activitĂ©, de salariĂ©s ou d’heures travaillĂ©es. Les termes « travail clandestin » et « travailleur clandestin » deviennent caducs.
  • Loi du : amĂ©lioration des conditions d’exercice de la profession de transporteur routier. Cela s'applique dĂ©sormais aux vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers.
  • DĂ©cret du relatif aux transports routiers de marchandises : facilitation des contrĂ´les pour recherche de travail illĂ©gal.
  • : entrĂ©e en vigueur de la directive europĂ©enne sur le dĂ©tachement n°96 /71/CE. La DILTI est dĂ©signĂ©e « bureau de liaison pour la coopĂ©ration administrative » entre États membres lors du contrĂ´le d’entreprises Ă©trangères prestataires dans l’Union europĂ©enne.
  • Circulaire DPM / DILTI du : elle prĂ©cise les modalitĂ©s du recouvrement de la contribution spĂ©ciale due Ă  l’Office des migrations internationales (OMI) par des donneurs d’ordre pour l’emploi irrĂ©gulier d’un Ă©tranger.
  • : le Parlement europĂ©en adopte une rĂ©solution sur « le travail non dĂ©clarĂ© », faisant suite Ă  la communication de la Commission europĂ©enne sur le sujet (COM 1998). La lutte contre le travail non dĂ©clarĂ© s'inscrit dĂ©sormais dans la StratĂ©gie europĂ©enne en faveur de l'emploi (SEE).
  • : signature de l’arrangement franco-allemand instituant l’échange mutuel d’informations entre services transfrontaliers de l’administration du travail en matière de travail illĂ©gal.
  • : le Conseil justice et affaires intĂ©rieures (JAI) de l’Union europĂ©enne Ă©labore un « plan global de lutte contre l’immigration clandestine et la traite des ĂŞtres humains dans l’Espace Ă©conomique europĂ©en », traduit en france par un « Plan national d’action 2004-2005 et une intensification des contrĂ´les par les services de l’Etat et les organismes de protection sociale »[1].
  • : le Conseil de l’Union europĂ©enne adopte une directive dĂ©finissant l’aide Ă  l’entrĂ©e, au transit et au sĂ©jour irrĂ©guliers d’une personne non ressortissante d’un État membre.
  • Loi du relative Ă  la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure : alourdissement des sanctions pĂ©nales en matière de travail dissimulĂ©. La compĂ©tence des inspecteurs du travail s'Ă©tend au dĂ©lit d’abus de vulnĂ©rabilitĂ© dans les situations de travail et d’hĂ©bergement des personnes. Elle introduit dans le code pĂ©nal le dĂ©lit de « traite des ĂŞtres humains ».
  • : signature d’un arrangement franco-belge en matière de lutte contre le travail illĂ©gal.
  • : rĂ©solution du Conseil de l’Union europĂ©enne, relative Ă  la transformation du travail non dĂ©clarĂ© en emploi rĂ©gulier. Elle recommande aux États membres d’intĂ©grer la lutte contre le travail non dĂ©clarĂ© dans les politiques nationales d’action pour l’emploi (PNAE, ligne directrice n° 9).
  • Loi du relative Ă  la maĂ®trise de l’immigration et au sĂ©jour des Ă©trangers en France : aggravation des sanctions administratives et pĂ©nales en matière d’emploi irrĂ©gulier des Ă©trangers et renforcement des poursuites Ă  l’encontre des auteurs agissant en bande organisĂ©e. Elle habilite les inspecteurs du travail Ă  relever les infractions d’aide Ă  l’entrĂ©e et au sĂ©jour irrĂ©guliers des Ă©trangers (prĂ©vues par l’ordonnance du ).
  • Loi du : renforcement des sanctions pĂ©nales en cas d’infractions sur l’emploi des mineurs.
  • : adoption par le Conseil de l’Union europĂ©enne d'une directive relative au titre de sĂ©jour dĂ©livrĂ© aux ressortissants des pays tiers qui sont victimes de la traite des ĂŞtres humains ou ont fait l’objet d’une aide Ă  l’immigration clandestine.
  • Loi du relative Ă  l’assurance maladie : renforcement des obligations des donneurs d’ordre Ă  l’égard de leurs co-contractants pour prĂ©venir les infractions de travail dissimulĂ©. Elle accroĂ®t les pouvoirs des agents de contrĂ´le qui ont dĂ©sormais le droit de demander Ă  toute personne occupĂ©e sur un lieu de travail de justifier de son identitĂ© et de son adresse et d’établir des procès-verbaux d’audition. Ces mesures visent Ă  rendre plus efficaces les investigations lors des enquĂŞtes et Ă  apporter aux magistrats des Ă©lĂ©ments objectifs corroborant l’existence d’une infraction de travail dissimulĂ©.
  • Loi du de programmation pour la cohĂ©sion sociale : suppression du monopole de l’ANPE et de l’OMI qui devient l’Agence nationale de l’accueil des Ă©trangers et des migrations (ANAEM). Le placement payant et la violation du monopole de l’OMI ne font plus partie des infractions de travail illĂ©gal.
  • : entrĂ©e en vigueur du nouveau Code de l’entrĂ©e et du sĂ©jour des Ă©trangers et du droit d’asile (CESEDA) abrogeant et remplaçant l'ordonnance du relative Ă  l’entrĂ©e et au sĂ©jour des Ă©trangers en France.
  • : adoption par le ComitĂ© Ă©conomique et social europĂ©en d'un avis sur le rĂ´le de la sociĂ©tĂ© civile dans la lutte contre le travail non dĂ©clarĂ©.
  • DĂ©cret du : crĂ©ation de l’Office central de lutte contre le travail illĂ©gal (OCLTI), placĂ© sous la responsabilitĂ© du ministère de la DĂ©fense, chargĂ© de coordonner l’action des diffĂ©rents services de police judiciaire dans les affaires les plus importantes de travail illĂ©gal.
  • : adoption par le Conseil de l’Europe d'une convention sur la lutte contre la traite des ĂŞtres humains.
  • Loi du en faveur des PME : elle dĂ©finit juridiquement et regroupe en un seul chapitre les infractions de travail illĂ©gal. Elle autorise l’échange de toute information lors des enquĂŞtes, tant entre l’ensemble des agents de contrĂ´le qu'avec leurs homologues Ă©trangers. La levĂ©e du secret professionnel concerne Ă©galement l’UNEDIC, l’ANPE, la DGCCRF ainsi que les DRAC et le CNC. Elle Ă©tend le refus d’accorder des aides financières et des subventions publiques aux personnes morales ou physiques verbalisĂ©es pour une infraction quelconque de travail illĂ©gal.
  • : la Commission europĂ©enne Ă©labore une communication au Conseil et au Parlement europĂ©en sur la lutte contre la traite des ĂŞtres humains.
  • Loi du de financement de la sĂ©curitĂ© sociale pour 2006 : renforcement des Ă©changes d’information et instaure une nouvelle sanction civile : les exonĂ©rations de cotisations sociales seront annulĂ©es lorsqu'un employeur est verbalisĂ© pour travail dissimulĂ©.
  • Loi du 6 aout 2015, pour assainir la situation dans le secteur du BTP traditionnellement concernĂ© par le travail illĂ©gal, rend obligatoire une carte d’identification professionnelle dite carte d'identification du BTP, infalsifiable (Ă  demander en ligne par l'employeur)[9] pour tout salariĂ©s (y compris dĂ©tachĂ©s et intĂ©rimaire) du BTP... mais mi-2018, de nombreux travailleurs dĂ©tachĂ©s n'en disposaient pas encore (68.000 personnes au lieu de 1.281.110 exactement au total, employĂ©s par un peu plus de peu plus de 100.000 entreprises ayant dĂ©jĂ  fait des demandes de carte mi-) ; La direction gĂ©nĂ©rale du travail n'a Ă  cette date dĂ©livrĂ© que 68.728 cartes Ă  des salariĂ©s dĂ©tachĂ©s alors qu'en 2017 ils Ă©taient 122.420 dĂ©clarĂ©s dans le secteur du BTP en France selon la base de donnĂ©es officielle Sipsi (qui remplace les anciens formulaires de dĂ©clarations de dĂ©tachement [10] et d'attestations de dĂ©tachement [11], permettant aux employeurs Ă©tablis Ă  l'Ă©tranger de transmettre (avant le dĂ©but de la prestation) une dĂ©claration de dĂ©tachement Ă  l'unitĂ© territoriale de la Direccte du lieu oĂą doit ĂŞtre effectuĂ©e la prestation.

Notes et références

  1. Ministère du travail Qu’est-ce que le travail illégal ?, version 04.12.14 mise à jour 08.12.17
  2. Ministère chargé du travail (2004) 3ème Comite National de Lutte contre le Travail Illégal, Présentation du Plan national de lutte contre le travail illégal 2004-2005 ; 18 juin 2004
  3. « Article L. 8211-1 du Code du travail », sur Légifrance (consulté le )
  4. Travail illégal ; Connaitre la réglementation (française), PDF, 133 pages
  5. « Décret n°2015-1327 du 21 octobre 2015 relatif à la diffusion sur un site internet de condamnations prononcées pour travail illégal », sur Légifrance, (consulté le )
  6. « Travail illégal : les noms des entreprises condamnées publiées sur le net », sur www.europe1.fr, (consulté le )
  7. Site du Ministère du travail, consulté le 24/11/2016
  8. « La lutte contre le travail illégal », DILTI, janvier 2006.
  9. site géré par l'Union des caisses de France Congés Intempéries BTP , dédié à la demande de carte du BTP
  10. Anciens CERFA 15420, 15421 et 15422
  11. anciens CERFA 15552, 15553 et 15554

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

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