Traute Lafrenz
Traute Page, née Lafrenz le à Hambourg et morte le en Caroline du Sud[1], est une médecin allemande impliquée dans la résistance au nazisme au sein du réseau La Rose blanche à Hambourg et Munich. Elle joue un rôle central de liaison entre les différents groupes. Arrêtée par la Gestapo en mars 1943, elle passe un an en prison avant d'être à nouveau arrêtée peu après sa sortie en mars 1944. Elle est libérée par l'avancée des troupes alliées en 1945, puis part s'installer aux États-Unis en 1947, où elle travaille en tant que médecin puis directrice d'une école pour enfants à besoins particuliers. Dernière membre de la Rose Blanche encore en vie, elle décède le 6 mars 2023[2].
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(à 103 ans) Yonges Island (d) (Caroline du Sud) |
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Traute Lafrenz |
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Biographie
Née le 3 mai 1919 à Hambourg, Traute Lafrenz fréquente l'école du couvent de Hambourg puis l'école de Lichtwark[3] - [4]. Après le Reichsarbeitsdienst (service du travail obligatoire), elle commence à étudier la médecine à l'université de Hambourg en 1939. Après la fin du semestre, elle est envoyée en Poméranie orientale pour aider à la récolte. C'est là qu'elle rencontre Alexander Schmorell qui est également étudiant en médecine à Hambourg [3].
Deux ans plus tard, en mai 1941, elle s'installe à Munich où elle rencontre Christoph Probst et Hans Scholl qui la font entrer dans leur groupe de discussion anti-nazi, La Rose blanche[3]. Avec Sophie Scholl, elle organise la production des tracts anti-nazis qu'ils distribuent[5] - [6].
En novembre 1942, Traute Lafrenz apporte le troisième dépliant de la Rose blanche à Hambourg. A Noël 1942, elle tente de mettre la main sur un duplicateur à Vienne. En janvier 1943, avec Sophie Scholl, Traute Lafrenz collecte du papier et des enveloppes pour la réalisation et l'envoi d'autres tracts. Elle établit les contacts entre les groupes de Munich et de Hambourg de la Rose blanche[7].
Lorsque le 18 février 1943, Hans et Sophie Scholl ont été arrêtés alors qu'ils distribuent le sixième tract de la Rose Blanche à l'Université de Munich et dans le processus, Traute Lafrenz et d'autres membres font également partie des enquêtes de la Gestapo. Elle est interrogée pour la première fois par la Gestapo le 5 mars 1943 et arrêtée quelques jours plus tard, le . Elle est inculpée par le Volksgerichtshof le 19 avril 1943 avec Alexander Schmorell et Kurt Huber et Willi Graf. Elle parvient à dissimuler son implication réelle dans les activités du groupe et est condamnée à un an de prison, alors que ses trois camarades sont condamnés à mort[3] - [4].
Peu après sa libération, elle est de nouveau arrêtée, fin mars 1944, dans le cadre de l'enquête sur la branche de Hambourg de la Rose Blanche et envoyée en prison à Hambourg-Fuhlsbüttel. Face à l'avancée des troupes américaines, elle est transférée à Cottbus, Leipzig et enfin Bayreuth d'où elle est libérée le par les troupes américaines[3] - [8].
L'après-guerre
En 1947, Traute Lafrenz émigre aux États-Unis. Elle obtient son diplôme de médecine à l'université de Californie à Berkeley et au Joseph's Hospital de San Francisco. Elle obtient la nationalité américaine en 1948 et, le 2 mars 1949, elle épouse le docteur Vernon Page, avec qui elle a quatre enfants. De 1972 à 1994, elle est directrice de l'école Esperanza pour enfants ayant des besoins spéciaux à Chicago. Après sa retraite, elle et son mari ont déménagé en Caroline du Sud. Vernon Page décède en 1995, et depuis lors, Traute Lafrenz-Page vit dans son ancienne maison d'été sur l'île Yonges[9] - [10].
Elle fête son centième anniversaire le 3 mai 2019. A cette occasion, elle reçoit le grade d'officier de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne. Elle est la dernière survivante de La Rose blanche[11].
Décoration
- Officier de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne (2019). Décoration remise lors de son centième anniversaire[12].
Distinctions
En 2009, Traute Lafrenz reçoit, en même temps que la résistante Elsa Werner (de), la médaille Herbert Weichmann de la communauté juive de Hambourg, au nom de tous les membres et sympathisants de la Rose Blanche[13].
En 2010, une exposition sur les personnalités les moins connues de La Rose blanche est organisée à l'université Louis-et-Maximilien de Munich[5].
Publications
- (de) Traute Lafrenz, Augenzeugenbericht, dans Inge Scholl: Die Weiße Rose, Francfort, 1993, pp. 131–138.
- (en) Susan Benedict, Arthur Caplan, Traute Lafrenz-Page, Duty and 'euthanasia'. The nurses of Meseritz-Obrawalde, dans Nursing Ethics, novembre 2007, 14 (6), pp. 781–794.
Références
- « Traute Page Obituary (1919 - 2023) - Charleston, SC - Charleston Post & Courier », sur Legacy.com (consulté le )
- (en-US) Alan Cowell, « Traute Lafrenz, Last Survivor of Anti-Hitler Group, Dies at 103 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (de) « TRAUTE LAFRENZ », sur Gedenkstätte Deutscher Widerstand - Biografie (consulté le )
- (en) John Simkin, « Traute Lafrenz », sur Spartacus Educational (consulté le )
- (de) Christina Warta, « Die Liebe führte sie in den Widerstand », sur Süddeutsche.de (consulté le )
- Margaux LECLUSE, « Sophie Scholl et la Rose blanche, un symbole féminin de la résistance allemande », sur Normandy Victory Museum, (consulté le )
- (de) « I am the last White Rose: BILD visited Traute Lafrenz (99) in the USA », sur bild.de, (consulté le )
- (de) Ursel Hochmuth, Gertrud Meyer, Streiflichter aus dem Hamburger Widerstand 1933–1945, Francfort, Berichte und Dokumente, Zweite Auflage, (ISBN 3-87682-036-7), p. 420
- (de) Sibylle Bassler, Die Weiße Rose. Zeitzeugen erinnern sich, Reibeck, (ISBN 3-498-00648-7), p. 40
- (de) Peter Normann Waage, Antje Subey-Cramer (Traduction), Es lebe die Freiheit!: Traute Lafrenz und die Weiße Rose, Geistesleben, , 317 p. (ISBN 978-3825178093)
- Goetheanum, « Goetheanum | Traute Lafrenz Page », sur Goetheanum (consulté le )
- albert herszkowicz, « Traute Lafrenz, survivante allemande de La Rose Blanche, honorée à son centenaire », sur Club de Mediapart (consulté le )
- (de) « Traute Lafrenz-Page », sur Körber-Stiftung (consulté le )
Bibliographie
- (en) Richard Hanser, A Noble Treason: The Story of Sophie Scholl and the White Rose Revolt Against Hitler, Ignatius Press, 2012, 296 p. (ISBN 978-1586175573)
- (de) Peter Normann Waage, Es lebe die Freiheit!: Traute Lafrenz und die Weiße Rose, Urachhaus/Geistesleben, 2012, 317 p. (ISBN 978-3825178093)
- Didier Chauvet (préf. Thierry Feral), Sophie Scholl : une résistante allemande face au nazisme, Paris, L'Harmattan, coll. « Allemagne d'hier et d'aujourd'hui », , 200 p. (ISBN 978-2-343-03418-8, OCLC 887537995, lire en ligne).
- (de) Gunther Staudacher, Margaretha Rothe und die Hamburger Weiße Rose – Sichtweisen ihres Umfelds, Balingen, 2022 (ISBN 978-3-7549-4365-6)
- (de) Jasmin Lörchner: Weiße Rose in Hamburg - Und ihr Geist lebt trotzdem weiter. Spiegel Online, 18.02.2023.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :