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Transplantation corallienne

La transplantation corallienne est une opération consistant à transférer des colonies de coraux ou des fragments de colonies donneuses et à les transplanter directement sur un site dégradé[1]. C’est une des techniques de la restauration écologique des coraux, elle n'est pas valable pour reconstituer des zones dégradées à grande échelle.

Transplantation corallienne à Pom Pom Island, dans la Mer de Célèbes

Restauration Ă©cologique

Les récifs coralliens sont classés parmi les écosystèmes les plus productifs et biodiversifiés au monde. Ils jouent un rôle économique de premier plan pour les populations humaines en fournissant plusieurs biens et services économiques comme le tourisme, la protection des côtes et la pêche[2]. Ces milieux sont face à une crise globale due au réchauffement climatique, à la pollution et aux rejets divers, à la surexploitation des ressources et aux pratiques de pêche destructives (cyanure, dynamite)[3] qui affaiblissent leur capacité de rétablissement naturelle. La restauration écologique permet de rétablir d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit afin de le ramener au plus près possible de ses conditions d’origine. Il y a deux types de restauration une physique et l'autre biologique [4] dont la transplantation de corail.

Restauration physique

La restauration physique des récifs est axée sur la réparation de l’environnement récifal et peut coûter d'une centaine de milliers à plusieurs millions de dollars par hectare[5]. Des exemples d’actions de restauration physique sont les opérations de triages et de réparation des récifs endommagés et l’utilisation de récifs artificiels comme des blocs de calcaire, des modules conçus en béton (ex. ReefBall) ou en céramique (ex. EcoReef), minéraux (brucite et aragonite) déposés par électrolyse sur des structures métalliques maillées (ex. BioRock)[5]. Ce type de restauration pourrait être un prérequis pour augmenter les chances de réussite des restaurations biologiques[4].

Restauration biologique

La restauration biologique prend en considération tant l’environnement physique et biotique. Elle peut se faire sous forme de mesures de gestion indirecte ou passive à travers une gamme d’actions de gestion côtière qui réduisent les pressions anthropogéniques sur les systèmes coralliens, ou de mesures actives directes (le plus souvent la restauration active consiste à transplanter des coraux et autres biotes) sur un site dégradé. Lors du transfert il est crucial de minimiser les dommages aux zones récifales « donneuses » saines (ou moins dégradées) à partir desquelles les transplants sont obtenus, et de maximiser la survie des transplants sur le récif qui est restauré[4].

Technique de transplantation

Le corail est un animal, il ne se déplace pas aussi facilement qu’un morceau de rocher inerte et a des exigences au niveau de ses conditions de vie. Dans cette optique la transplantation corallienne doit faire attention à plusieurs conditions[6]:

  • la tempĂ©rature,
  • la luminositĂ©,
  • la salinitĂ©,
  • la propretĂ© de l’eau.

La transplantation des coraux est utilisée pour plusieurs types de prestations d'intérêt économique important comme le sauvegarde d'espèces menacées ou rares, la mise en valeur de sites touristiques et les mesures de compensation pour la destruction du milieu naturel[5].

Approvisionnement en transplants de corail

Fragments de corail destinés à la transplantation, fixés dans du ciment non toxique

Les transplants de corail sont collectĂ©s sous forme de petits fragments (3 Ă  10 cm). Ils sont utilisĂ©s pour minimiser les pertes puis ils seront Ă©levĂ©s pendant un temps in situ en nurseries benthiques oĂą ils peuvent ĂŞtre cultivĂ©s en petites colonies qui sont ensuite transplantĂ©es. Dans les cas oĂą les rĂ©cifs sont menacĂ©s par des travaux de remblaiement ou un dĂ©veloppement industriel (ex. centrale Ă©lectrique)[7], des zones entières de rĂ©cif peuvent ĂŞtre transplantĂ©es et des colonies entières dĂ©placĂ©es vers un site refuge. Cette mĂ©thode n'est pas recommandĂ©e Ă©tant donnĂ© la forte probabilitĂ© de mortalitĂ© des transplants. Les « coraux d’opportunitĂ© » qui sont des fragments de corail cassĂ©s reprĂ©sentent en gĂ©nĂ©ral une source de transplants[8]. Dans les colonies donneuses intactes l’approvisionnement en transplants ne doit pas utiliser plus de 10 % de leur surface pour minimiser le stress. Il n'est pas recommandĂ© de forer les colonies massives pour obtenir des transplants mais il est prĂ©fĂ©rable de prendre des fragments sur le pourtour des colonies[5].

Culture et fixation

Les coraux peuvent être cultivés avec succès à partir de fragments produits asexuellement ou de larves produites par la reproduction sexuée. La raison principale de la culture de fragments asexués est de maximiser les bénéfices à partir d’une quantité donnée de matériaux source et ainsi minimiser les dommages aux zones donneuses. Mais il reste des précautions à prendre pour assurer la diversité génétique des transplants cultivés. La culture à partir de larves a été effectuée de façon expérimentale mais nécessite davantage d’expertise technique que la culture asexuée[5]. Toutefois, la propagation sexuée en culture a le potentiel de produire d’énormes quantités de petits coraux. Le grand point d’interrogation reste si les coraux survivront bien quand transplantés sur un récif dégradé.

Les espèces qui naturellement se reproduisent par fragmentation sont capables de s’auto-fixer en quelques semaines, si elles sont transplantés dans des récifs stables. Sur des récifs exposés, une variété d’adhésifs époxy, de ciments, fils et serre-câbles sont utilisés pour fixer des transplants sur les zones de récif dégradées. Les matériaux comme les clous et agrafes sont à éviter dans l’environnement récifal[5]. La méthode la plus efficace dépendra de :

  • la taille et la forme de croissance des transplants ;
  • l’exposition de l’habitat aux actions des courants et des vagues ;
  • la nature du substrat du rĂ©cif.

Choix des espèces

Il est recommandé de transplanter des espèces ayant la capacité de survivre dans des conditions environnementales très similaires ou identiques à l'écosystème de référence. L'utilisation de mélange d’espèces peut créer un équilibre dans le site par exemple les espèces branchues ont un fort taux de croissance mais aussi une tendance à être plus sensibles au blanchissement, au stress de la transplantation et aux maladies. Alors que les espèces massives et sub-massives ont des taux de croissance plus faibles et une tendance à mieux survivre face à ces mêmes perturbations.

Tailles, densité et période de transplantation

Pour les transplants obtenus asexuellement (fragmentation) une taille minimum d’environ 5 Ă  10 cm peut offrir de meilleures chances de survie[5]. Par contre une taille de cm suffit pour cultiver des transplants produits sexuellement. Mais en gĂ©nĂ©ral les transplants plus grands semblent mieux survivre. La densitĂ© dĂ©pend de l'Ă©tat de dĂ©gradation du rĂ©cif ; par exemple sur un rĂ©cif prĂ©sentant dĂ©jĂ  une couverture corallienne d’environ 20 %, on peut transplanter deux individus/m² alors que sur des rĂ©cifs complètement dĂ©nudĂ©s de coraux il est recommandĂ© de transplanter environ 25 individus/m² [5]. La pĂ©riode optimale de la transplantation est quelques mois avant ou après les tempĂ©ratures maximales de l’ocĂ©an et en dehors des pĂ©riodes de ponte pour les espèces qui pondent de manière saisonnière.

Entretien

Le développement des récifs transplantés est un processus qui dure plusieurs années. Le suivi des projets de restauration est essentiel pour évaluer le succès et la rentabilité de la transplantation. Dans cette optique, les visites de maintenance sont recommandées ainsi que la collecte régulière des données.

Notes et références

  1. « La transplantation de coraux élevés en pouponnière, un nouvel outil de réhabilitation du récif corallien », Journal du département Science et Technologie (consulté le )
  2. Horoszowski 2009, p. iii
  3. « Management et restauration des récifs coralliens », System C (consulté le )
  4. Edwards et Gomez 2007, p. 3
  5. Edwards et Gomez 2007
  6. « L’avenir des coraux au Maurice et dans le monde », CNES (consulté le )
  7. Edwards 2010, Chapter 6 : « Methods of coral transplantation », p. 99-112
  8. Line Van Bever, Analyse comparative des différentes méthodologies de restauration des récifs coralliens dégradés (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Alasdair Edwards et Edgardo Gomez, Restauration RĂ©cifale : Concepts & Recommandations, The Coral Reef Targeted Research & Capacity Building for Management Program, , 38 p. (ISBN 978-1-921317-00-2, lire en ligne)
  • (en) Alasdair J. Edwards (Ă©diteur), Reef Rehabilitation manual, The Coral Reef Targeted Research & Capacity Building for Management Program, (ISBN 978-1-921317-05-7, lire en ligne)
  • (en) Yael Horoszowski, Aspects Ă©cologiques et physiologiques de la restauration des rĂ©cifs coralliens : transplantation de coraux de culture sur un rĂ©cif dĂ©gradĂ©, (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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