AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Traité de Tchernomen

Le traitĂ© de Tchernomen (en bulgare: Đ§Đ”Ń€ĐœĐŸĐŒĐ”ĐœŃĐșĐž ĐŽĐŸĐłĐŸĐČĐŸŃ€) fut un traitĂ© de dĂ©fense mutuelle entre l’Empire bulgare et l’Empire byzantin signĂ© vraisemblablement le par les empereurs Mikhail III Chichman Asen de Bulgarie et Andronic III PalĂ©ologue de Byzance. Nonobstant cet accord, les hostilitĂ©s entre les deux puissances reprirent dĂšs octobre de la mĂȘme annĂ©e et un nouveau traitĂ© dut ĂȘtre renĂ©gociĂ© en .

Traité de Tchernomen (1327)
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La Bulgarie et l’Empire byzantin en 1307.
Type de traité Accord de défense mutuelle
Signature
Lieu de signature Tchernomen
Parties Empire byzantin
Empire bulgare
Terminaison Renégocié l'année suivante

Contexte historique

Andronic III Paléologue (miniature du XIVe siÚcle)

Le dĂ©but de la dĂ©cennie 1320 fut marquĂ© par la guerre civile qui dĂ©buta Ă  Constantinople lorsque le jeune Andronic III (r. 1297 – 1341), couronnĂ© coempereur durant sa jeunesse, se rĂ©volta contre son grand-pĂšre, Andronic II (r. 1282 – 1328). Il devait en rĂ©sulter en un partage des pouvoirs : Andronic III rĂšgnerait sur la Thrace avec Andrinople comme capitale, alors qu’Andronic II continuerait Ă  rĂ©gner Ă  Constantinople et, en thĂ©orie, aurait la responsabilitĂ© de la politique Ă©trangĂšre. En dĂ©pit de cet arrangement, Andronic II n’eut aucun scrupule Ă  nĂ©gocier avec ses voisins bulgares et serbes. La trĂȘve ne devait durer que quelques mois et dĂšs les hostilitĂ©s reprirent entre Andronic II et son petit-fils. Profitant de cette querelle, le tsar bulgare Georges II Terter (r. 1322-1323) s’avança en Thrace, occupant Philippopolis[1].

En une nouvelle trĂȘve fut conclue entre Andronic II et Andronic III et peu aprĂšs Georges Terter, le dernier de sa lignĂ©e, mourait ouvrant une crise de succession en Bulgarie. Pendant l’interrĂšgne Byzance annexa une longue bande de terre au sud de la Bulgarie entre Sliven et Messembria, peuplĂ©e en grande partie de Grecs. Devant le danger d’une expansion de l’Empire byzantin, les boyards bulgares dont certains possĂ©daient des terres dans la rĂ©gion choisirent comme nouveau tsar Mikhail (Michel) III Chichman Asen (r. 1323 – 1330), despote de Vidin et partisan d’Andronic III. DĂšs son intronisation, celui-ci dĂ©clara la guerre Ă  Byzance et rĂ©cupĂ©ra une bonne partie du territoire perdu[2].

Le troisiĂšme protagoniste Ă©tait le roi de Serbie, Stefan UroĆĄ III Dečanski (r. 1321-1331), partisan d’Andronic II, et beau-frĂšre de Michel III Chichman, lequel avait Ă©pousĂ© sa sƓur, Anna Neda, alors qu’il Ă©tait despote de Vidin. Au cours des nĂ©gociations qui eurent lieu en 1323 ou 1324, Stefan UroĆĄ III fut convaincu, aprĂšs la mort de son Ă©pouse ThĂ©odora de Bulgarie, d’épouser Maria Palaiologina, petite-niĂšce de l’empereur Andronic II[3]. La Serbie s’éloigna ainsi de la Bulgarie, les deux pays soutenant chacun l’un des clans opposĂ©s dans la guerre civile de Constantinople.

Le traité

Michel III Chisman de Bulgarie.

Les sources diffĂšrent en ce qui concerne l’endroit oĂč le traitĂ© fut signĂ©. Jean CantacuzĂšne mentionne Tchernomen (aujourd’hui OrmĂ©nio en GrĂšce) alors que NicĂ©phore GrĂ©goras mentionne Didymotique (ville de Thrace au nord-est de la GrĂšce). Toutefois, CantacuzĂšne ayant participĂ© aux entretiens entre les deux empereurs, celui-ci est probablement la source la plus fiable. Ni l’un ni l’autre toutefois ne citent de date prĂ©cise; celle-ci est cependant mentionnĂ©e dans une autre chronique[4].

Michel III Chichman et Andronic III se rencontrĂšrent Ă  Tchernomen sur la frontiĂšre byzantino-bulgare en . DĂ©sirant garder leurs nĂ©gociations Ă  l’abri des informateurs d’Andronic II, ils prirent comme prĂ©texte une rĂ©union de famille, l’impĂ©ratrice byzantine Rita d’ArmĂ©nie dĂ©sirant retrouver sa fille, Maria Palaiologina qu’elle n’avait pas vue depuis vingt-trois ans alors qu’Andronic avait un Ă©gal dĂ©sir de revoir sa sƓur [5]. Dans son rĂ©cit de cette rencontre familiale, Jean CantacuzĂšne, prĂ©sent aux entretiens, se garde bien de mentionner leur vĂ©ritable raison d’ĂȘtre se contentant de dĂ©crire les huit jours de rĂ©jouissances et de fĂȘtes auxquels elles donnĂšrent lieu[5] - [6] - [7].

Au cours de ces huit jours, les deux empereurs et leurs dĂ©lĂ©gations tinrent plusieurs sĂ©ances de nĂ©gociations. Il devait en rĂ©sulter un traitĂ© d’assistance mutuelle contre leurs ennemis rĂ©ciproques : l’empereur bulgare devait porter assistance Ă  son collĂšgue byzantin, alors que ce dernier devait aider le Bulgare dans sa lutte contre les Serbes [6]. Il Ă©tait Ă©galement convenu que si Andronic III devenait seul empereur[N 1], il cĂ©derait Ă  la Bulgarie plusieurs territoires frontaliers en plus de verser une somme importante Ă  titre de dot[5]. Les deux parties y trouvant leur avantage, le traitĂ© fut conclu sans difficultĂ© : Michel III Chichman dĂ©sirait reconquĂ©rir la MacĂ©doine, alors qu’Andronic III se prĂ©parait pour l’ultime confrontation avec son grand-pĂšre[6].

Les suites

Stefan Uroƥ IV Duƥan (MonastÚre Lesnovo, Rép. de Macédoine).

En dĂ©pit de ce traitĂ©, les hostilitĂ©s reprirent dĂšs l’automne 1327 permettant Ă  Andronic III de se soumettre la MacĂ©doine et de capturer Thessalonique, la deuxiĂšme citĂ© en importance de l’empire, en [6] - [8]. Surpris par la victoire soudaine de son « alliĂ© », Michel Chichman se tourna vers Andronic II en Ă©change d’une remise de tous les territoires frontaliers et d’une importante somme d’argent. Il envoya aussi au vieil empereur une garde de trois mille cavaliers sous le commandement d’Ivan le Russe, prĂ©tend-il pour le protĂ©ger, en rĂ©alitĂ© pour le capturer et devenir maĂźtre de Constantinople. Andronic III cependant eut vent de la chose; le complot Ă©choua et le dĂ©tachement bulgare dut retourner dans son pays[9] - [10].

AprĂšs de nombreuses dĂ©monstrations de force et accusations de violations du traitĂ©, les deux empereurs renĂ©gociĂšrent celui-ci en . Les Bulgares s’engageaient Ă  ne pas s’emparer de territoires byzantins et obtenaient un large dĂ©dommagement monĂ©taire [11] - [12]. Alors que les relations entre la Serbie et la Bulgarie en venaient au point de rupture[8], les deux empereurs organisĂšrent une nouvelle rencontre Ă  Krimni entre Sozopol et Anchialos au dĂ©but de 1329 et conclurent « une paix dĂ©finitive et une alliance Ă©ternelle »[13]. Ils convinrent d’attaquer conjointement la Serbie, leurs deux armĂ©es devant se rejoindre en MacĂ©doine. Mais les Serbes rĂ©ussirent Ă  intercepter l’armĂ©e bulgare avant que celle-ci n’ait pu effectuer sa jonction et la Bulgarie fut vaincue Ă  la bataille de Velbajd le au cours de laquelle Michel III fut mortellement blessĂ©[14]. Apprenant la chose, Andronic III dĂ©cida d’abandonner la campagne contre la Serbie et se retourna contre la Bulgarie.

Voyant le danger, le nouvel empereur bulgare, Ivan Aleksander Asen dĂ©cida de se rapprocher des Serbes. En 1332, il conclut un traitĂ© de paix avec eux, confirmĂ© par le mariage entre le roi serbe Stefan UroĆĄ IV DuĆĄan et la sƓur de l'empereur, Elena. Au cours de l'Ă©tĂ© de la mĂȘme annĂ©e, les Byzantins rassemblĂšrent une armĂ©e et avancĂšrent Ă  travers la Bulgarie. Ils devaient toutefois ĂȘtre vaincus Ă  la bataille de Rusokastro, le [15] - [16].

Ce devait ĂȘtre la derniĂšre bataille entre l'Empire bulgare et l'Empire byzantin. Les Bulgares rĂ©cupĂšrent les territoires qu'ils avaient perdus en Thrace tout en renforçant leur position internationale. Le successeur de l'empereur bulgare Michael Assen, ĂągĂ© de 18 ans, Ă©pousa Maria, la fille de l'empereur byzantin Andronic III, permettant ainsi de cimenter la paix entre les deux États.

Bibliographie

  • (bg) Andreev, Jordan; Milcho Lalkov. The Bulgarian Khans and Tsars. Veliko Tarnovo, Abagar, 1996. (ISBN 954-427-216-X).
  • (bg) Bozhilov, Ivan; Vasil Gyuzelev . History of Medieval Bulgaria 7th-14th Centuries. Sofia, Anubis, 1999. (ISBN 954-426-204-0).
  • (fr) BrĂ©hier, Louis. Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L'Ă©volution de l'humanitĂ© », 1946 (ISBN 2-226-05719-6).
  • (fr) CantacuzĂšne, Jean-Michel. Mille ans dans les Balkans : chronique des CantacuzĂšne dans la tourmente des siĂšcles, Paris, Éditions Christian, 1992, 494 p. (ISBN 2-86496-054-0).
  • (en) Fine, J. The Late Medieval Balkans. A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest. Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1987. (ISBN 0-472-10079-3).
  • (bg) Greek Sources for Bulgarian History (GIBI), volume X. Sofia, Izdatelstvo na BAN, 1980.
  • (fr) Ostrogorsky, Georges. Histoire de l’État byzantin. Paris, Payot, 1983 [1956]. (ISBN 2-228-07061-0).
  • (en) Rogers, Clifford. The Oxford Encyclopedia of Medieval Warfare and Military Technology: Vol. 1, Oxford, Oxford University Press, 2010. (ISBN 978-0-195-33403-6).
  • (en) Shepard, Jonathan (ed). The Cambridge History of the Byzantine Empire c. 500-1492. Cambridge, Cambridge University Press, 2008. (ISBN 978-0-521-83231-1).

Notes et références

Notes

  1. Il fut co-empereur du 2 février 1325 au 23 mai 1328 et seul empereur du 23 mai 1328 au 15 juin 1341.

Références

  1. Fine (1987) pp. 250-251
  2. Fine (1987) pp. 269-279
  3. Fine (1987) p. 270
  4. Bozhilo, Gyuzelev (1999) p. 565
  5. Andreev (1996) p. 259
  6. Bozhilov, Gyuzelev (1999) p. 566
  7. GIBI (1980) p. 235
  8. Fine (1987) p. 252
  9. Andreev (1996) pp. 256-260
  10. GIBI (1980) pp. 255-259
  11. Andreev (1996) p. 261
  12. Bozhilov (1999) pp. 567-568
  13. Bozhilov (1999) p. 568
  14. Andreev (1996) pp. 263-264
  15. Andreev (1996) p. 269
  16. Rogers 2010, p. 288

Voir aussi

Liens internes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.