Accueil🇫🇷Chercher

Train de la mort

L'appellation Train de la mort (ou Convoi de la mort) désigne le convoi de déportés parti le du camp de Royallieu à Compiègne et arrivé à Dachau le . Il est resté tristement célèbre sous ce nom en raison du nombre élevé de morts survenues durant le transport.

Description

Le dimanche , vers 9 h 15, le train part de Compiègne, emportant 2 152 hommes, rĂ©partis dans 22 wagons Ă  bestiaux. Sous une chaleur caniculaire, sans eau, asphyxiĂ©s, une centaine de dĂ©portĂ©s meurent. Certains, pris d'une folie meurtrière, s'entretuent. Le , les Allemands ouvrent les portes pour faire Ă©vacuer les cadavres, achevant les mourants d'une balle dans la tĂŞte. Ces morts sont transportĂ©s dans des wagons vidĂ©s de leurs occupants[1]. Le , des infirmières de la Croix-Rouge allemande commencent Ă  distribuer de la soupe et de l'eau, mais sont interrompues par la reprise du trajet. Le train arrive Ă  la gare de Dachau le mercredi vers 15 h. Les morts sont transportĂ©s au crĂ©matoire sans ĂŞtre enregistrĂ©s[1].

Dans huit wagons, aucune victime n'a Ă©tĂ© recensĂ©e. Ces wagons se sont organisĂ©s autour d'un noyau de rĂ©sistants qui a su imposer la discipline. En revanche, dans les autres wagons, la « loi du plus fort » s'est instaurĂ©e et les victimes se sont comptĂ©es par dizaines. On a identifiĂ© 519 morts, corrigeant un peu le chiffre de Christian Bernadac de 536 morts[2] - [1].

Ce convoi était composé à 94 % environ de Français. Il comprenait également des Espagnols, plus nombreux devant les Polonais, les Italiens et les Belges[1].

Destins de déportés par ce train

  • Jean Bigot, mĂ©daillĂ© de la rĂ©sistance rĂ©seau RĂ©sistance Vienne, professeur d'allemand, arrĂŞtĂ© le Ă  Mignalou, meurt d'Ă©puisement pendant le trajet.
  • Albert Canac, rescapĂ©, auteur d'un rĂ©cit.
  • RenĂ© Carmille meurt du typhus Ă  Dachau le .
  • Jacques Damiani, rescapĂ©, auteur d'un rĂ©cit.
  • RenĂ© Fontbonne, syndicaliste CGT et militant communiste, meurt au camp de concentration de Hersbruck[3].
  • StĂ©phane Fuchs, mĂ©decin, rĂ©sistant des FFL, survit Ă  la dĂ©portation[4].
  • Raymond Jaouen, arrĂŞtĂ© Ă  Lyon avec RenĂ© Carmille, meurt Ă©touffĂ© pendant le trajet.
  • Claude Lamirault, crĂ©ateur du rĂ©seau « Jade Fitzroy », rescapĂ©, mais meurt peu après son rapatriement. Compagnon de la LibĂ©ration.
  • Victor Michaut, rescapĂ©, auteur d'un rĂ©cit.
  • Cyprien Quinet, dĂ©putĂ© communiste, assassinĂ© au camp de concentration de Hersbruck.
  • Charles Serre, chef national du mouvement « RĂ©sistance », après l’arrestation en de Jacques DestrĂ©e. Il participe Ă  Paris Ă  la crĂ©ation du Mouvement de LibĂ©ration Nationale (MLN). Compagnon de la LibĂ©ration. RescapĂ©.
  • Roger Taubert, membre de la Sixième-EIF Ă  Brive-la-Gaillarde, oĂą il participe aux missions de sauvetage et planquage. Il agit comme agent de liaison pour le mouvement Combat (RĂ©sistance). Il meurt de faim Ă  Dachau, le 20 avril 1945, Ă  l'âge de 22 ans. Croix de guerre 1939-1945 avec palme, Ă  titre posthume, MĂ©daille de la RĂ©sistance, Ă  titre posthume.
  • AndrĂ© Verchuren survit Ă  sa dĂ©portation.
  • AndrĂ© Delpech, rescapĂ©. PrĂ©sident du ComitĂ© International Dachau de 1991 Ă  2005 [5].

Nommés dans le récit d'Albert Canac

  • « Adjudant Didelot, mon fidèle collaborateur Ă  l'École militaire de Tulle », mort durant le transport
  • « deux jeunes garçons, maĂ®tres d'internat Ă  Tulle, Beaudiffier et AndrĂ© », idem
  • « mon camarade Boulant de Tulle. Le malheureux mourra d’œdème en fĂ©vrier 45, Ă  Dachau »
  • « Le troisième, seul vĂ©ritable rescapĂ©, est notre camarade GonzalĂ©z AndrĂ©, de Toulouse, âgĂ© de dix-sept ans Ă  l'Ă©poque... »
  • Policier allemand nommĂ© : « Notre train fut alors pris en charge par le capitaine de la Schutzpolizei Friedrich Dietrich de Schwetzingen (Bade-Wurtemberg). Ce dernier commandait pendant l'Occupation le secteur de police de Hagondange (Moselle)( ...) Ce dernier fut jugĂ©, Ă  la LibĂ©ration, Ă  Metz condamnĂ© Ă  mort et exĂ©cutĂ©. »
  • « C'Ă©tait un dĂ©tenu ancien, l'abbĂ© Fabing, de Montigny-les-Metz, qui appelait les noms »

Extraits du récit de Jacques Damiani

  • C’est par (le convoi) du , l’un des 29 de 1944 (14 convois de persĂ©cution dĂ©portant des Juifs et 15 convois de rĂ©pression composĂ©s de RĂ©sistants et d’otages), que, partant de Compiègne, après quatre jours et trois nuits d’une terrible Ă©preuve, nous sommes arrivĂ©s Ă  Dachau.
  • Une Ă©tude minutieuse a recensĂ© 546 noms de morts Ă  l’arrivĂ©e. Parmi eux il y avait deux fontenaysiens : Claude Beaupère, 17 ans et Pierre Diet, 42 ans.

Noms cités dans le récit de Victor Michaut

  • J’avais nĂ©anmoins retrouvĂ© Cyprien Quinet, l’ancien mineur, dĂ©putĂ© du Pas-de-Calais, qui devait finir Ă  Hersbruck, dĂ©chiquetĂ© vivant par les chiens.
  • A deux ou trois reprises, j’avais clandestinement Ă©tabli une liaison hâtive avec Roger Roue, une connaissance du temps de « l’Avant-Garde » et des Jeunesses Communistes de 1936.
  • Une cinquantaine d’anciens d’Eysses a quittĂ© Compiègne le : les trente-six venus de Blois et quelques malades (sauf Arthur Vigne et Esprit Armando gardĂ©s encore Ă  l’infirmerie et quand mĂŞme dĂ©portĂ©s un mois plus tard).
  • J’entends monter la colère de Marc Perrin.
  • Au milieu du wagon, je revois notre cher toubib, le docteur Fuchs, mon ami StĂ©phane du prĂ©au 2 et de la cellule 23, qui avait Ă©tĂ© aux cĂ´tĂ©s d’Henri Auzias[6], notre dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Ă  la Centrale, le porte-parole des droits et de l’honneur des dĂ©tenus rĂ©sistants. Avec lui, notre grand « Popol » de l’infirmerie d’Eysses, le Docteur Paul Weil, la bontĂ© faite homme.
  • J’entends toujours le mot de mon camarade Miguel Portolès, ancien maçon, rĂ©publicain espagnol, rĂ©sistant en France.
  • Que de bons camarades, dans mon entourage ! Parmi eux, mon compagnon de cellule de Blois, Jean Lautissier[7], qui n’allait pas me quitter jusqu’à la libĂ©ration des camps. Ă€ plusieurs reprises, il devait contribuer Ă  me sauver la vie, y compris en m’écartant des balles des SS, lors de notre Ă©vasion pendant le transfert des dĂ©portĂ©s de Blaichach Ă  travers le Tyrol, en pleine dĂ©bâcle des troupes allemandes en . Lautissier, donc, et Perrin, Portolès, RenĂ© Fontbonne, furent de ceux qui, avec les docteurs Fuchs et Weil se dĂ©pensèrent pour la survie des copains.
  • Cuisinier de mĂ©tier, Roannais d’origine, rĂ©sistant de la première heure en zone sud, Georges Luc avait tout naturellement Ă©tĂ© placĂ© aux cuisines quand le service gĂ©nĂ©ral de l’intĂ©rieur s’organisa Ă  Eysses sous la responsabilitĂ© du collectif des dĂ©tenus patriotes.
  • Dès le dĂ©part du train, j’avais sans conviction griffonnĂ© un bout de papier « nous partons pour l’Allemagne… », lâchĂ© ensuite au hasard dans la campagne avec prière de l’envoyer Ă  la seule adresse lĂ©gale de mon entourage, Ă  mon cousin Georges Bost dans le XIe arrondissement. Le mot est bien arrivĂ©. Six semaines plus tard, mon cousin tombait en pleine insurrection de Paris aux mains des Allemands. Il fut avec tout un groupe de rĂ©sistants , membres de la milice patriotique du XIe, affreusement massacrĂ© et fusillĂ© dans les fossĂ©s de Vincennes, le .
  • Deux des dĂ©tenus d’Eysses de ce convoi, malheureusement isolĂ©s de leurs camarades, les jeunes catholiques Blattes et Person, du prĂ©au I de la Centrale, qui s’entraidaient et priaient d’un mĂŞme cĹ“ur, ont fini atrocement dans le train de la mort.
  • Et parmi mes plus proches voisins de wagon, je pense Ă  deux camarades exemplaires Ă©voquĂ©s plus haut, envoyĂ©s sans retour de Dachau dans l’enfer d’HersbrĂĽck : RenĂ© Fontbonne[3], refusant de travailler dans un kommando, fut abattu sur place pour tentative de rĂ©volte. Et Georges Luc, le cuistot d’Eysses, le guetteur de notre wagon, frappĂ© par un kapo pendant une harassante corvĂ©e de briques, lui lança son poing dans la figure et pĂ©rit les reins brisĂ©s par cent coups de schlague.
  • La force particulière de ces liens, je l’ai ressentie quand nous fĂ»mes enfermĂ©s dans la mĂŞme cellule, le chrĂ©tien protestant StĂ©phane Fuchs[4], membre dès la première heure d’un rĂ©seau de la rĂ©sistance en rapport direct avec Londres, et moi le militant communiste membre de la dĂ©lĂ©gation du ComitĂ© central de mon Parti dans la zone sud oĂą nous organisions la rĂ©sistance, dès .

Notes et références

  1. Arnaud Boulligny et Thibault Letertre, « Récit complet », sur bddm.org.
  2. Christian Bernadac, Le Train de la mort, op. cit.
  3. Michel Brot, Michel Thébault, « Fontbonne Pierre, Fernand, René », sur maitron.fr.
  4. Fabrice Bourrée, « Stéphane Fuchs », sur museedelaresistanceenligne.org.
  5. « Général André Delpech », sur comiteinternationaldachau.com.
  6. Antoine Olivesi, Gilles Pichavant, « Auzias Henri, Julien », sur maitron.fr.
  7. Jean-Pierre Besse, Marc Giovaninetti, Jean-François Poujeade, « Lautissier Jean », sur maitron.fr.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.