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Tragédie de l'Estadio Nacional

La Tragédie de l'Estadio Nacional est survenue le au Stade Nacional de Lima au Pérou. Elle constitue la plus grande tragédie de l'histoire du football. Elle se produit lorsqu'un match entre les sélections amateurs du Pérou et de l'Argentine, qualificatif pour le tournoi olympique de Tokyo, dégénÚre en émeute en fin de rencontre, provoquant la mort de 328 personnes et faisant plus de 500 blessés.

Tragédie de l'Estadio Nacional
L'entrée du stade
L'entrée du stade

Type Bousculade, Ă©meute
Pays Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou
Localisation Estadio Nacional, Lima
CoordonnĂ©es 12° 04â€Č 02,2″ sud, 77° 02â€Č 01,4″ ouest
Date
Bilan
Blessés 500 - 4 000[1]
Morts 328

Contexte

PrĂšs de 47 000 spectateurs (60 000 selon des sources non officielles) s’attroupent au cours de la rencontre PĂ©rou – Argentine, match comptant pour les qualifications olympiques destinĂ©es Ă  dĂ©signer les reprĂ©sentants de l’AmĂ©rique du Sud aux JO de 1964 Ă  Tokyo. L'Argentine est dĂ©jĂ  en voie de qualification aprĂšs ses quatre victoires. Pour le PĂ©rou, la qualification dĂ©pend grandement des deux matchs qu’il lui reste Ă  jouer face au Chili et au BrĂ©sil[2].

DĂ©roulement des faits

Alors qu'un match nul suffit aux PĂ©ruviens, ce sont les Argentins qui dominent la rencontre, menant 1-0 Ă  quelques minutes du terme. Les 47 000 spectateurs de l'Estadio Nacional explosent de joie quand juste avant le coup de sifflet final, Ă  la suite d’un cafouillage, le ballon arrive dans les pieds de l’ailier gauche pĂ©ruvien VĂ­ctor LobatĂłn qui Ă©galise pour les siens. Pourtant, l'arbitre uruguayen Ángel Eduardo Pazos annule le but d'Ă©galisation pĂ©ruvien pour une faute inexistante, provoquant la colĂšre des supporters pĂ©ruviens.

Un attroupement se forme autour de l'arbitre. Pendant ce temps, deux spectateurs pĂ©ruviens parviennent Ă  entrer sur la pelouse, une bouteille en verre brisĂ©e Ă  la main. Parmi eux, VĂ­ctor Melasio Campos, un voleur et proxĂ©nĂšte, connu dans le monde du crime comme El Negro Bomba (« la bombe noire »), pĂ©nĂštre sur la pelouse pour aller frapper l’arbitre[2]. Une fois arrĂȘtĂ©, il est battu par les forces de l’ordre. Les deux spectateurs, inertes, sont traĂźnĂ©s sans mĂ©nagement vers les vestiaires sous le regard de la foule, ce qui dĂ©clenche la colĂšre du stade. Certains supporters envahissent le terrain pour se confronter aux policiers. Les joueurs sont alors raccompagnĂ©s aux vestiaires et les forces de l’ordre reçoivent l’ordre de calmer la foule. Face aux dĂ©bordements, ils font usage de gaz lacrymogĂšne et tirent en l'air. La plupart des spectateurs tentent de fuir vers la sortie mais la foule, paniquĂ©e, est bloquĂ©e Ă  la sortie du stade par des portes fermĂ©es, ce qui crĂ©e une bousculade meurtriĂšre. La plupart des victimes ont pĂ©ri asphyxiĂ©es, des femmes ont Ă©tĂ© projetĂ©es des travĂ©es vers le sol en ciment, ou asphyxiĂ©es par les nappes de gaz lacrymogĂšne devant les portes qui finiront par cĂ©der sous la pression humaine, mais beaucoup trop tard.

Les Ă©meutes se poursuivent hors du stade et l’appel au lynchage des forces de l’ordre se poursuit. Certains supporters se retournent contre les forces de l’ordre et des tĂ©moignages parleront ensuite de passage Ă  tabac et meurtres de policiers en civils. De nombreux supporters se dĂ©chaĂźnent : incendies, jets de bouteilles, les briques de soutĂšnement du grillage dĂ©mantelĂ© sont utilisĂ©es comme pavĂ©s. Pendant toute la nuit, des bandes de casseurs traversent le centre-ville, brisant les vitrines des magasins et incendiant quelques voitures. Deux policiers sont attrapĂ©s, battus puis pendus par la foule et plusieurs centaines d’étudiants reviennent au stade pour saccager les installations. Dans la confusion, plusieurs dizaines de dĂ©tenus s’évadent de la prison du palais de justice.

On redoute mĂȘme un possible coup d'État. DĂ©concertĂ©, le gouvernement dĂ©crĂšte l’état de siĂšge pour une durĂ©e de trente jours afin d’enquĂȘter et d’éviter de nouveaux dĂ©bordements, et envoie l’armĂ©e. Un couvre-feu est instaurĂ©. 318 morts sont dĂ©nombrĂ©s Ă  la suite de ce mouvement de panique et des Ă©meutes qui ont lieu dans la ville aprĂšs le match. D'autres sources Ă©voquent le nombre de 328 morts et de 4 000 blessĂ©s[1]. Le rapport de l'hĂŽpital Dos de Mayo de Lima a indiquĂ© que 90 % des victimes sont mortes d'asphyxie et le reste de diffĂ©rents types de traumatismes. L’arbitre, Ángel Eduardo Pazos, dira plus tard : « Si j’avais su que 300 personnes allaient mourir, j’aurais validĂ© ce but et arrĂȘtĂ© immĂ©diatement l’arbitrage »[2].

Conséquences

Le tournoi prĂ©olympique est suspendu. À Ă©galitĂ© de points, PĂ©ruviens et BrĂ©siliens disputent un match de barrage quinze jours plus tard Ă  Rio de Janeiro oĂč le BrĂ©sil se qualifie pour les Jeux olympiques, laissant l'Ă©quipe pĂ©ruvienne en deuil[3].

Plus de sept ans aprĂšs ces violentes Ă©meutes, les autoritĂ©s finiront par reconnaĂźtre le rĂŽle de la police et des dĂ©cisions de son commandant Jorge Azambuja dans le dĂ©clenchement de ces violents dĂ©bordements. MĂȘme si la tragĂ©die du ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme annonciatrice des Ă©vĂ©nements Ă  venir, de nouveaux soulĂšvements populaires Ă©clateront dans l'ensemble du PĂ©rou, Ă©galement rĂ©primĂ©s avec violence face Ă  une dĂ©mocratie instable. Quatre ans plus tard, Juan Velasco Alvarado rĂ©ussit son coup d’État et le PĂ©rou connaĂźt de nouveau la dictature[3].

Cette tragédie est notamment racontée par le romancier Mario Vargas Llosa dans Tante Julia et le scribouillard.

Annexes

Notes et références

  1. Sophie Bernard, « Les plus gros drames au sein des stades de football dans l'Histoire », sur www.gentside.com, (consulté le ).
  2. Marcelo Assaf et Thomas Goubin, « Horreur à Lima », sur www.sofoot.com, (consulté le ).
  3. (es) « 24 de mayo de 1964, Estadio Nacional de Lima », sur www.arkivperu.com, (consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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