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Tigrane V HĂ©rode

Tigrane V Hérode est un roi d'Arménie ayant régné de 6 (ou 10/11[1]) à 12 apr. J.-C.[2] - [3]

Tigrane V HĂ©rode
Illustration.
Monnaie de Tigrane V.
Titre
Roi d'Arménie
6 (ou 10/11) –
Prédécesseur Artavazde IV Ariobarzane III
Successeur Érato
Biographie
Dynastie HĂ©rodiens
Date de décès 36 (?)
Père Alexandre Hérode
Mère Glaphyra de Cappadoce

Éléments biographiques

Famille et enfance

Petit-fils d'Hérode le Grand, il est le fils aîné d'Alexandre[4], un des deux fils du roi et de Mariamne l'Hasmonéenne exécutés par son père. Sa mère est Glaphyra, fille du roi de Cappadoce Archélaos et d'une princesse arménienne inconnue[5]. Son frère cadet s'appelle aussi Alexandre[4]. Il a aussi une sœur plus jeune dont le nom est inconnu[6]. Son neveu Tigrane VI sera aussi brièvement un roi d'Arménie client des Romains pendant le règne de Néron[7] (de 59 à 61). Son père Alexander était un prince de Judée d’origine juive, nabatéenne et édomite et était un fils du roi de Judée Hérode le Grand et de sa femme Mariamne. Sa mère, Glaphyra, était une princesse cappadocienne d’origine grecque, arménienne et perse. Elle était la fille du roi Archélaos de Cappadoce[8] et sa mère était une princesse d'Arménie dont le nom est inconnu[9], peut-être une membre de la dynastie Artaxiade.

Le nom Tigrane était le nom royal le plus courant de la dynastie des Artaxiades et faisait partie des noms les plus anciens des rois arméniens, qui vient peut-être du côté de sa mère[10]. L'empereur Auguste mentionne l'ascendance arménienne de Tigrane dans son testament politique:

Quand il a été assassiné, j'ai envoyé dans ce royaume Tigrane (ca. 6), issu de la famille royale des Arméniens (Res Gestae Divi Augusti, V, XXVI, p. 390-391).

Tigrane est né et a grandi à la cour d'Hérode à Jérusalem. Après l'exécution de son père en 7 av. J.-C., Hérode renvoya sa mère en Cappadoce, la forçant à laisser ses enfants sous la garde exclusive du roi de Judée à Jérusalem. Tigrane et son frère sont restés sous la tutelle d'Hérode pour qu'il puisse contrôler leur destin[11]. Un autre fils d'Hérode, Antipater, s'inquiétait car il craignait que Tigrane et son frère atteignent un rang supérieur à celui de leurs pères décédés, en raison de l'aide qu'Antipater considérait probable de la part de leur grand-père maternel, le roi Archélaos de Cappadoce[12].

Hérode est mort en 4 av. J.-C. à Jéricho[13]. Après la mort d'Hérode, Tigrane et son frère ont décidé de quitter Jérusalem et de vivre avec leur mère et sa famille à la Cour royale de Cappadoce. Cependant, les liens familiaux avec la dynastie hérodienne se sont poursuivis. Leur mère Glaphyra s'est remariée avec Juba II de Maurétanie, mais elle a rapidement été répudiée. Elle épouse alors Hérode Archélaos, un demi-frère de son premier mari qui a succédé à Hérode en devenant ethnarque de la province romaine de Judée et qui divorce pour pouvoir l'épouser. Tigrane a été envoyé à Rome par son grand-père Archelaus de Cappadoce pour qu'il s'y instruise[14].

Roi d'Arménie

En l'an 6 de notre ère, Artavazde IV Ariobarzane, roi d'Arménie, est assassiné par ses sujets, car il était un dirigeant impopulaire auprès des Arméniens. Après la mort d'Artavazde IV, Auguste a révisé sa politique étrangère et a nommé Tigrane comme roi d'Arménie[15]. Pour imposer Tigrane comme roi d'Arménie vassal de Rome[16] il était accompagné par son grand père Archelaos, le roi de Cappadoce et par le jeune Tibère et a été installé comme roi à Artaxata[17] qui est devenue la capitale de Tigrane. Il a été nommé comme souverain unique. Mais comme ses deux prédécesseurs, il n'y rencontre aucune popularité[16] et les nobles arméniens qui n'étaient pas satisfaits de son règne se sont rebellés dès l'année de sa prise de fonction et ont rétabli la reine Erato sur le trône. À partir des années 6-12, Tigranes et Erato ont revendiqué simultanément le trône d'Arménie. Ce co-règne avec Erato n'est pas mentionné dans les sources antiques, mais est basé sur des preuves numismatiques[18].

Son règne sur l'Arménie est mal connu, même si certaines pièces de monnaie ont survécu après son règne[19]. Les monnaies qui nous restent sont le reflet de ses origines hellénistiques et ne respectent pas l'aniconisme des prescriptions du judaïsme de l'époque. Toutefois d'autres souverain juifs de l'époque ont aussi représenté leur image sur des monnaies: par exemple le roi d'Arménie Mineure Aristobule ou d'autres qui ont exercé leur souveraineté dans la région Palestine comme Agrippa Ier, son fils Agrippa II ou Philippe le Tétrarque. Son titre royal est en grec ΩΣ ΤΙΓΡΑΝΟΥ ΜΕΓΑΛΟΥ qui signifie « grand roi Tigrane ».

Tigrane est déposé par les nobles arméniens (vers 12), et Érato, la dernière reine artaxiade, remonte sur le trône, alors que le pays sombre dans l'anarchie[20]. Vers 59, un autre membre de sa famille, son neveu, sera brièvement roi d'Arménie sous le nom de Tigrane VI[21].

Il semble qu'il soit le Tigrane « autrefois souverain d'Arménie » évoqué par Tacite[22], qui est mis à mort en 36 pour sa participation à la conspiration de C. Galba, sous Tibère[23].

Arbre généalogique des Hérodo-Asmonéens


Bibliographie

Références

  1. Marie-Louise Chaumont, « L'Arménie entre Rome et l'Iran : I de l'avènement d'Auguste à l'avènement de Dioclétien », dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, 9.1, 1976, p. 82.
  2. La date est très incertaine, cf. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat, (1re éd. 1982), 991 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 137.
  3. Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, , p. 97 et 500.
  4. Kasher, King Herod: a persecuted persecutor: a case study in psychohistory and psychobiography, p. 353-354.
  5. Marie-Louise Chaumont, op. cit., p. 83.
  6. Robert Eisenman, "New Testament Code", chapitre 4.
  7. Redgate, The Armenians, p. 79.
  8. Dueck, Strabo’s cultural geography: the making of a kolossourgia, p. 208.
  9. Syme, Anatolica: studies in Strabo, p. 150.
  10. Hovannisian, The Armenian People From Ancient to Modern Times, Volume I: The Dynastic Periods: From Antiquity to the Fourteenth Century, p. 48.
  11. Kasher, King Herod: a persecuted persecutor: a case study in psychohistory and psychobiography, p. 349.
  12. Temporini, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt: Geschichte und Kultur Roms im spiegel der neueren Forschung, p. 315.
  13. Millar, The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ (175 B.C. - A.D. 135), p. 327.
  14. acsearch.info - ancient coin search engine: coinage information on Tigranes V & Tigranes VI.
  15. Temporini, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt: Geschichte und Kultur Roms im spiegel der neueren Forschung, p. 1164.
  16. Dédéyan 2007, p. 137.
  17. Syme, Anatolica: studies in Strabo, p. 323.
  18. Hovannisian, The Armenian People From Ancient to Modern Times, Volume I: The Dynastic Periods: From Antiquity to the Fourteenth Century, p. 62.
  19. acsearch.info ancient coin search engine: Kings of Armenia.
  20. Marie-Louise Chaumont, op. cit., p. 83-84.
  21. Marie-Louise Chaumont, op. cit., p. 107.
  22. Tacite, Annales, Livre VI, chapitre XL [lire en ligne (page consultée le 28 juin 2008)].
  23. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, chapitre 5 : « Tigrane, roi d'Arménie, mourut sans enfants pendant qu'il était accusé à Rome ».

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