The Hunter (film, 2010)
The Hunter (titre original : ێکۧ۱ÚÛ, Schekartschi) est un thriller dramatique germano-iranien rĂ©alisĂ© par Rafi Pitts, sorti en 2010.
Titre original |
ێکۧ۱ÚÛ Schekartschi |
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RĂ©alisation | Rafi Pitts |
Scénario | Rafi Pitts |
Acteurs principaux |
Rafi Pitts |
Pays de production |
Iran Allemagne |
Genre |
Thriller Drame |
Durée | 92 minutes |
Sortie | 2010 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le scĂ©nario est Ă©crit par Rafi Pitts d'aprĂšs une nouvelle de Bozorg Alavi. Le film met en vedette l'iranien Rafi Pitts qui joue le rĂŽle de Ali, un pĂšre de famille, dont la femme et la fille seront tuĂ©es par la police lors dâune manifestation. Le titre original en persan : ێکۧ۱ÚÛ (DIN 31635 : Ć ekÄrÄÄ«, Schekartschi) signifie « Chasseur ». Le film a Ă©tĂ© produit par Thanassis Karathanos (el). Le film a Ă©tĂ© tournĂ© en persan en Iran. Il a Ă©tĂ© diffusĂ© le au 60e Festival de Berlin, oĂč il fut projetĂ© en compĂ©tition[1] puis en France le Ă la CinĂ©mathĂšque française et le en DVD en version originale sous-titrĂ©e[2].
Synopsis
DĂ©but 2009, l'Iran oĂč les manifestations demandant davantage de libertĂ© individuelle et de dĂ©mocratie sont rĂ©primĂ©es par les forces de police dâune dictature paranoĂŻaque du gouvernement corrompu de Mahmoud Ahmadinejad, le pays est en pleine campagne prĂ©sidentielle. Le film commence sur la photographie dâun drapeau amĂ©ricain peint au sol que des motards des Gardiens de la RĂ©volution Ă moto sâapprĂȘtent Ă piĂ©tiner. Ali Khamenei, Guide SuprĂȘme des mollahs invective Ă la radio le prĂ©sident amĂ©ricain Obama pour le droit Ă la bombe nuclĂ©aire.
TĂ©hĂ©ran est une capitale citadine bĂ©tonnĂ©e, tumultueuse, bruyante, polluĂ©e, coupĂ©e de la nature, surpeuplĂ©e dâindividus se rendant aux salles dâattente impersonnelles et morbides du commissariat, dâoĂč partent les sirĂšnes nourrir le flux continuel de voitures sur les autoroutes tentaculaires qui crachent et ravalent les migrants qui rejoignent les usines le matin et leurs maisons le soir dans un mouvement de balancier en un vacarme permanent. Les mots se trouvent du cĂŽtĂ© de la loi (la police), du fonctionnariat (commissariat), des institutions (orphelinat), de la politique (enregistrement radiophonique du Guide SuprĂȘme). Le son appartient au menteur et au coupable qui impose le silence Ă la victime et Ă lâinnocent. LâIran a appris au peuple muselĂ© Ă se taire. En famille, pas un Ă©change verbal nâadvient entre lâhomme et sa femme ou sa fille. La communication familiale se fait par des signes non-verbaux[3] - [4].
Ali Alavi a une femme, Sara. Pendant son temps libre, il sâadonne Ă la chasse. Il ne donne pas lâimpression dâĂȘtre un dĂ©linquant sans Ă©ducation, mais sans que lâon en connaisse les raisons, Ali est emprisonnĂ©. Pour lâaider Ă tenir bon, Sara lui donne un enfant qui nâest pas le sien. Pieu mensonge ignorĂ© par Ali qui sort de prison aprĂšs sept ans de dĂ©tention[5] - [6].
Pour nourrir sa petite famille, avec sa souillure dâancien prisonnier, Ali est forcĂ© dâaccepter un travail de veilleur de nuit de sĂ©curitĂ© dans une usine de TĂ©hĂ©ran, oĂč il subit la violence verbale du directeur. Travaillant le quart de nuit, il est obligĂ© de vivre Ă contretemps de sa femme Sara â qui travaille de jour â et de sa fille de 7 ans, Saba, ce qui ne permet pas lâĂ©panouissement du bonheur familial. La vie de famille nâa lieu que le week-end, le reste de la semaine, il ne voit guĂšre sa famille. Ali compense son absence par des cadeaux. MalgrĂ© ses horaires de nuit, depuis sa prison, il lui semble ne jamais ĂȘtre lĂ pour elles. Ali est un collĂšgue agrĂ©able, un fils, mari et pĂšre aimant. Il profite de son temps libre pour chasser en forĂȘt[7] - [8].
Ă midi, aprĂšs son travail, Sara va chercher Saba Ă lâĂ©cole en ville, oĂč au mĂȘme moment a lieu une manifestation pour la dĂ©mocratie. La police rĂ©prime la manifestation qui tourne Ă lâĂ©meute. Sara et Saba sont prises dans les feux croisĂ©s entre la police et des rebelles, et sont tuĂ©es[9].
En rentrant de la chasse, Ali trouve lâappartement dĂ©sert. Ali attend Sara et Saba, mais lâappartement reste vide jusquâau soir[10] - [11].
Quand il n'en peut plus d'attendre, il va voir les voisins, mais pas de nouvelles. La police trouve les coordonnĂ©es dâAli dans le sac Ă main de Sara et lâappelle pour lui annoncer sa convocation Ă venir immĂ©diatement au commissariat. Ali se rend au commissariat ou le chaos rĂšgne[12].
AprĂšs trois heures d'attente, un commissaire suspicieux fait subir Ă Ali un interrogatoire de questions privĂ©es. Il lui apprend qu'il y a eu une fusillade lors d'affrontements entre la police et les manifestants et que Sara, qui se trouvait la par hasard dans la trajectoire a Ă©tĂ© tuĂ©e par une balle perdue, mais on ne sait pas encore par qui, il faut attendre les rĂ©sultats de dissections. Ali se rend Ă la morgue et reconnaĂźt le corps de Sara. Ali comprend quâelle a Ă©tĂ© abattue par la police qui lâinforme nâavoir aucune information sur Saba, sa fille qui passe pour disparue[13] - [14].
Ali recherche sa fille dans un Ă©tat de profond dĂ©sespoir. Il parcourt les rues en montrant la photo de Saba aux passants, puis il va dans un orphelinat, sans succĂšs. La police retrouve le corps de Saba tuĂ© par accident pendant l'Ă©change de tirs avec les manifestants. Ali se rend Ă la morgue une seconde fois, et reconnaĂźt le corps de sa fille. Ali comprend que lâĂtat est responsable de la mort de sa femme et de sa fille unique. Les policiers enregistrent le meurtre comme un accident, car la vĂ©ritĂ© ne se dit pas dans cette sociĂ©tĂ©. Le mensonge verbal dâĂtat oblige le chasseur au silence innocent dĂ©jĂ intĂ©riorisĂ© en prison. Le mensonge silencieux devient parlĂ© quand Ali ment Ă sa mĂšre, quand il doit broder sur des vies disparues Ă jamais, raconter lâexistence dâune femme et dâune fille qui lui sont devenues des rĂȘves ne vivant plus que dans son esprit, qui devient fou. Le diktat politique crĂ©e une censure muette, un mensonge silencieux qui est nuisible et toxique, transformant les humains en monstres capables de se retourner contre leurs crĂ©ateurs, humains prĂȘts à « pĂ©ter un cĂąble » et Ă exploser[15].
Ali a tout perdu. Cette perte injuste le fait souffrir dâune douleur qui ne peut trouver le repos dans le pardon silencieux, mais dans la vengeance explosive. Ali ne trouve consolation que par la punition des responsables des rĂ©pressions meurtriĂšres : les policiers aux mains de Mahmoud Ahmadinejad[16].
Ali prend son fusil Ă lunette et va sur un pylĂŽne Ă©lectrique prĂšs de l'autoroute urbaine. De nombreux vĂ©hicules civils passent, quand une voiture de police arrive, Ali tire tel un sniper et abat le conducteur puis lâofficier de police qui tente de sâĂ©chapper.
Ali monte dans sa voiture et va Ă lâhĂŽtel. Il prend sa voiture et va Ă la plage. Un hĂ©licoptĂšre de la police repĂšre la voiture. Ali va dans une casse oĂč lâhomme vient changer sa voiture pour tromper ses poursuivants[17].
Ali monte dans sa nouvelle voiture et fuit en direction des forĂȘts du Nord. Mais il est repĂ©rĂ© par une voiture de police qui le prend en chasse. Le chasseur tueur de flics devient chassĂ©, le chasseur devient proie[18].
Ali perd le contrĂŽle de sa voiture qui part en tonneau et fini dans un talus. Ali court dans la forĂȘt cherchant Ă se cacher parmi les arbres. Hassan et Nazem, deux policiers qui ne s'apprĂ©cient pas, et qui sont en confrontation verbale pourchassent Ali. Hassan et Nazem le repĂšrent, le poursuivent et le capturent[19].
Hassan et Nazem conduisent Ali en ville, mais ils se perdent dans la forĂȘt. Un conflit se crĂ©e entre les deux policiers : l'agent de police veut tuer Ali pour se venger de ses deux collĂšgues tuĂ©s, mais le jeune policier veut le faire condamner par la justice[20].
Les policiers trouvent une maison non habitĂ©e. Le jeune policier garde Ali dans la maison, pendant que lâautre policier part chercher de lâaide. Le policier attache Ali Ă un mur et fait un feu de bois pour se chauffer du froid. Pendant que les renforts arrivent, le jeune policier donne son pistolet et la clef des menottes Ă Ali en lui disant : « tu as dĂ©jĂ tuĂ© deux policiers, tu peux en tuer un troisiĂšme », puis il sâenfuit en courant. Ali se libĂšre et prend le pistolet. Le policier arrive et Ali lui prend son arme et ses vĂȘtements avec lesquels il s'habille. Ali attache le policier au mur avec les menottes et sort de la maison, le jeune policier qui est trop loin pour reconnaĂźtre qu'Ali sâest habillĂ© en policier, tire et tue Ali[21].
Fiche technique
- Titre original : ێکۧ۱ÚÛ (Shekarchi)
- Titre français : Le Chasseur
- Titre international : ModĂšle:Llangue
- RĂ©alisation : Rafi Pitts
- Scénario : Rafi Pitts
- Photographie : Mohammad Davudi
- Musique : Noemi Hampel
- Production : Thanassis Karathanos (el) et Mohammad Reza Takhtkeshian (coproducteur)
- Pays d'origine : Iran
- Langue originale : Persan
- Format : couleur - 35 mm - 1,85:1 - son Dolby Digital
- Durée : 92 minutes
- Dates de diffusion :
- Allemagne Zeit des Zorns : (60e Festival de Berlin)
- Iran ێکۧ۱ÚÛ (Shekarchi) : interdit de projection
- Canada The Hunter : (Toronto International Film Festival)
- Suisse romande Le Chasseur :
Distribution
- Rafi Pitts : Ali Alavi
- Mitra Hajjar : Sara Alavi, Ă©pouse d'Ali
- Saba Yaghoobi : Saba Alavi, fille de Ali
- Ali Nicksaulat : Nazem, Officier de police
- Hassan Ghalenoi : Hassan, Policier militaire
- Manoochehr Rahimi : Inspecteur
- Amir Ayoubi : Officier de police
- Gholamreza Rajabzadeh : Officier de police
- Mansour Dowlatmand : Officier de police
- Ebrahim Safarpour : Officier de police
- Said Hajmohammadi : Officier de police
- Javad Nazari : Policier
- Naser Madahi : Basiri, Veilleur de nuit 1
- Ali Mazinani : Reza, Jeune veilleur de nuit
- Hossein Nickbakht : RĂ©ceptionniste de l'hĂŽtel
- Sara Kamrani : InfirmiĂšre de l'orphelinat
- Shojaâedin Ghanaei : Le docteur
- Fatemeh Alijani : RĂ©ceptionniste de l'orphelinat
- Ossta Shah Tir : PĂšre de Ali
- Malek Jahan Khazai : MĂšre de Ali
- Ismaïl Amani : Sanam, Jeune homme dans l'entrepÎt de thé
Autour du film
« « Shekarchi » propose des images fortes dont l'intensitĂ© diminue malheureusement un peu dans les vingt derniĂšres minutes. Cela ne nuit guĂšre Ă l'Ćuvre dans son ensemble, car on garde l'impression d'un drame bouleversant avec une critique sociale sous-jacente. Il faut toutefois beaucoup de patience avant que le film n'ait un quelconque intĂ©rĂȘt »[22].
« Le rĂ©alisateur aurait certainement eu tous les arguments de l'Ă©poque en sa faveur pour faire de ce drame une Ćuvre vraiment trĂšs intĂ©ressante et trĂšs discutĂ©e. Mais le film est ennuyeux. Pendant 88 minutes, le spectateur suit un protagoniste dont les actes et les sentiments restent Ă©trangement Ă©loignĂ©s, dont l'intĂ©rioritĂ© n'est pas expliquĂ©e, dont la tristesse n'est pas mise en image »[23].
En 2008, le bureau de censure accuse le film d'ĂȘtre fortement critique contre le rĂ©gime du gouvernement iranien et d'ĂȘtre controversĂ© et subversif. Il met six mois pour signer le visa d'autorisation de tourner en Iran avec l'obligation de tourner avec la prĂ©sence permanente sur le lieu du tournage d'une personne de la censure. La campagne politique Ă la prĂ©sidentielle a sans doute facilitĂ© lâautorisation de la part dâune commission de censure en attente dâun remaniement. Le bureau a autorisĂ© la scĂšne oĂč Ali abat deux policiers, uniquement en faisant clairement apparaĂźtre qu'il Ă©tait devenu fou. Mais la police n'a pas donnĂ© l'autorisation Ă l'Ă©quipe de tournage du film qui a alors durĂ© quatre mois au lieu de 35 jours. La production s'est terminĂ©e quelques jours avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle iranienne de 2009. Pendant que Rafi Pitts prĂ©sente le premier montage de son film Ă ses producteurs allemands Ă Berlin, la victoire du prĂ©sident sortant Mahmoud Ahmadinejad, cause des manifestations populaires et des Ă©meutes violemment rĂ©primĂ©es par la police. Rafi Pitts est allĂ© recueillir les enregistrements sonores des tĂ©moins de la rĂ©pression de la rĂ©volution verte en Iran et les a intĂ©grĂ©s au film. Mais la censure revient sur sa dĂ©cision et interdit la projection et la diffusion en Iran. Rafi Pitts souligne que les similitudes entre le film et les Ă©vĂ©nements post-Ă©lectoraux sont inhabituelles. La douleur de lâexil : Rafi Pitts ne peut plus aller en Iran car il risque d'ĂȘtre condamnĂ© par le gouvernement comme Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof qui eux, sont interdits de tournage pendant vingt ans[24].
RĂ©compenses et distinctions
Le film a été présenté en premiÚre mondiale le au 60e Festival de Berlin. Le jury a proposé le film pour l'Ours d'or mais le prix ne lui a pas été décerné[1].
Le film a aussi été proposé pour le Meilleur Film au Festival international du film de Mar del Plata.
Notes et références
- « 60e festival international du film de Berlin: Programme », berlinale.de (consulté le )
- « fichesducinema.com/spip/spip.p⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « lesinrocks.com/cine/cinema-art⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- http://next.liberation.fr/cinema/01012320193-perse-et-police
- « cinema.ch/fr/films/le-chasseur⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « Critique : The Hunter », sur Critikat, (consulté le ).
- http://nivrae.fr/2013/04/30/critique-cinema-the-hunter-de-rafi-pitts/
- « Critique : The Hunter », sur Critikat, (consulté le ).
- https://www.trigon-film.org/fr/movies/The_Hunter/documents/Dossier_de_presse_F_The_Hunter_-_Shekarchi.pdf
- « The Hunter de Rafi Pitts », sur Les nuits du chasseur de films, (consulté le ).
- « The Hunter - Shekarchi », sur trigon-film.org (consulté le ).
- « Comment chasser...du vide! par Catwoman », sur SensCritique (consulté le ).
- « L'Obs - Actualités du jour en direct », sur L'Obs (consulté le ).
- « Cinéma : l'actu, les critiques et les séances des films en salles. », sur Télérama (consulté le ).
- « chronicart.com/cinema/chroniqu⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- Isabelle Fargette, « The Hunter », Le Figaro,â (lire en ligne).
- « Cinema - Studio Ciné Live », sur L'Express (consulté le ).
- Olivier de Bruyn, « "The Hunter" - Iran, année zéro », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- « TF1 INFO - ActualitĂ©s du jour en direct : ActualitĂ© en France et Ă lâInternational », sur Tf1 info (consultĂ© le ).
- « Article de presse »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- Jacques Mandelbaum, « "The Hunter" : allĂ©gorie de l'Ă©tau iranien », Le Monde,â (lire en ligne).
- critique sur outnow.ch, 18 février 2010.
- Cinéma iranien: The Hunter de Rafi Pitts sur moviepilot.de, 29 octobre 2010.
- http://www.rsp.fm/2011/03/01/partage-ton-pop-corn-12-avec-raffi-pitts-realisateur-de-the-hunter L'interview de Raffi Pitts sur la radio des Ă©tudiants de SciencesPo
Liens externes
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