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Théophile-Jules Pelouze

Théophile-Jules Pelouze, né à Valognes le et mort à Bellevue le , est un chimiste français.

Son père, Edmond Pelouze, après avoir dirigé plusieurs établissements industriels et été attaché à la manufacture de Saint-Gobain, dirigeait une fabrique de porcelaine fondée sur ses conseils à Valognes et fut l’auteur de divers ouvrages techniques[1] - [2] - [3]. Il avait écrit un grand nombre d'ouvrages sur les sciences appliquées, notamment sur la fabrication du fer, la minéralogie, l'art du fumiste, sur la fabrication du coke, sur les poteries, sur la machine à vapeur, etc. Il avait été directeur de forges du Creusot. C'est à lui que l'on doit l'idée de l'introduction de la culture du coton[4] en Algérie[5].

Biographie

Placé dans une pharmacie à La Fère, pour y faire son apprentissage, Pelouze en sortit plus tard, suivant les conseils de Vauquelin, qui portait un vif intérêt à son père. Vauquelin ayant interrogé le jeune Pelouze lors d’un voyage à Paris, sur ses études, il ne fut pas satisfait des connaissances pharmaceutiques qui lui étaient données et le recommanda à A. Chevallier chez qui se livra à l’étude avec zèle et sagacité, la pharmacie pratique était plutôt pour lui un délassement qu’un travail.

C’est dans l’officine de la place du Pont-Saint-Michel de Chevallier que Pelouze fit la connaissance de Lassaigne, qui, ayant reconnu son aptitude, le présenta à Gay-Lussac, qui le plaça comme assistant dans le laboratoire de Wilson, où il resta deux ans. Son caractère, son amour du travail et sa capacité y conquirent la bienveillance de Gay-Lussac, qui le traitait en ami plutôt qu’en élève.

Après être resté deux ans dans le laboratoire de Wilson, dirigé par Gay-Lussac et Lassaigne, Pelouze quitta ce laboratoire et, revenant à ses études premières, il se présenta, en 1829, au concours des hôpitaux de Paris pour l’internat en pharmacie, fut reçu et fit une partie de son internat à la Salpêtrière.

Pelouze, quoique ayant des devoirs à remplir comme interne, se livrait à son étude favorite, l’étude pratique de la chimie ; mais sa santé le força de donner sa démission d’interne. Il se borna alors à suivre les travaux du laboratoire de son maître. Là, de concert avec Gay-Lussac, furent faites de nombreuses expériences sur les essais d’or et d’argent, sur l’alcalimétrie, sur la chlorométrie, etc.

En 1830, Pelouze fut nommé à Lille professeur à la chaire municipale de chimie appliquée aux arts industriels, comme suppléant de Frédéric Kuhlmann. Cette chaire et son laboratoire, rue du Lombard (Lille), étaient soutenues par la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille dont il devint membre ; cette chaire deviendra ultérieurement l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille). Pelouze s’y occupa particulièrement de recherches sur le sucre de la betterave, sur sa production, sur sa pureté et montra qu'elle ne contient pas de glucose. Il démontra l'identité entre le sucre indigène et le sucre de canne.

De retour à Paris, il fut nommé répétiteur de chimie à l’École polytechnique et où il succéda ensuite à Gay-Lussac comme professeur. Comme répétiteur à l’École polytechnique, il fut le collègue de Dumas, auquel il avait voué l’amitié la plus vive et la plus sincère. Nobel fut son étudiant pendant un an.

Il enseigna ensuite au Collège de France. Pelouze s’était attiré l’estime et l’amitié des chimistes les plus distingués de l’époque, dont Berzelius et Justus von Liebig avec qui il collabora sur divers projets.

En 1837, Pelouze fut nommé membre de l’Institut, en remplacement de Deyeux. À cette époque, il suppléait le baron Thénard au Collège de France, où il occupa la chaire de chimie minérale de 1845 à 1850, et remplaçait momentanément Dumas à l’École polytechnique.

Nommé en 1833, à la suite du concours, essayeur à la Monnaie, il devint vérificateur des essais, et, en 1848, président de la commission des monnaies. Il a publié, avec son assistant Edmond Frémy, le Traité de chimie générale (1854-1857) abrégé en Cours de chimie générale (1848-1849).

Études chimiques et recherches

Il serait difficile d’énumĂ©rer tous les travaux de Pelouze, qui sont immenses. Le premier de ceux-ci, qui a pour sujet le solanum dulcamara, est signĂ© Jules Pelouze, Ă©lève en pharmacie, se trouve dans le Bulletin des sciences mĂ©dicales, publiĂ© par FĂ©russac, t. VI, p. 175. Il est guidĂ© dans ses premiers pas de chercheur par Antoine Boutron Charlard[6] (qui lui-mĂŞme avait fait ses armes auprès de Pierre Robiquet, le grand chimiste analyste[6]) qui l'associe Ă  une Ă©tude sur l'asparamide et l'acide asparamique (publiĂ©e en 1833). Ses travaux les plus importants se trouvent dans diverses publications scientifiques, tels sont ses travaux sur l’acide nitrosulfurique et les nitrosulfates, sur la glycĂ©rine, sur la fabrication du platine, sur l’acide hypurique, sur les produits de la dĂ©composition du cyanogène dans l’eau, sur la dĂ©shydratation des citrates et sur la constitution de l’acide citrique, sur une nouvelle combinaison du cyanogène et du fer, sur les corps gras, sur la dĂ©composition des substances organiques par la baryte (avec Millon), sur des huiles essentielles, sur l’émĂ©tique arseniquĂ©, l’urĂ©e, l’allantoĂŻne, sur les sucres de la betterave et du maĂŻs, sur l’acide hyperchloreux, sur l’acide butyrique, sur l’acide lactique, sur un nouveau mode de dosage du cuivre, sur la fabrication des amorces fulminantes, sur la composition de la pyrorylinc sur le tannin, etc. Il a dĂ©couvert les nitriles, qui sont caractĂ©risĂ©s par une fonction cyano : -C≡N. Il a dĂ©veloppĂ© le papier nitrĂ© comme explosif, un prĂ©curseur de la nitroglycĂ©rine. Il a dĂ©terminĂ© avec très grande prĂ©cision le poids atomique de plusieurs Ă©lĂ©ments.

En 1837, Pelouze est élu membre l’Académie des sciences et il est reçu à l’Académie de Rouen le . Pelouze était commandeur de la Légion d’honneur, de l’ordre du Christ du Portugal ; il appartenait à un très grand nombre d’Académies et de Sociétés scientifiques françaises et étrangères. Il fut nommé, en 1849, membre du Conseil municipal, où il a siégé jusqu’à son décès.

Ami de la jeunesse studieuse, Pelouze avait fondé, en 1846, un laboratoire-école, et, malgré ses nombreuses occupations, il donnait ses moments de loisir à la direction de cette importante création.

Pelouze n’avait que soixante ans lorsqu’il est mort, mort dont on a dit qu’elle avait été avancée par le chagrin qu’il éprouva de la perte de sa compagne. Très peu de temps avant sa mort, il s’était fait transporter dans une maison qu’il avait louée à Bellevue au naturaliste Dupont, qu’il avait souvent vu lorsqu’il était élève en pharmacie.

Publications

  • MĂ©moire sur les produits de la distillation des acides malique, tartrique et paratartrique, suivi de considĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur les acides pyrogĂ©nĂ©s, Paris, A. Saintin, (lire en ligne)
  • MĂ©moire sur le tannin et les acides gallique, pyro-gallique, ellagique et mĂ©ta-gallique, Paris, A. Saintin, (lire en ligne)
  • TraitĂ© mĂ©thodique de la fabrication du coke et du charbon de tourbe, Paris, Librairie de Maison, 1842
  • Cours de chimie gĂ©nĂ©rale, Paris, Vve Masson, 1848
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 1, Paris, Vve Masson, 1854, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 2, Paris, Vve Masson, 1854, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 3, Paris, Vve Masson, 1854, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 4, Paris, Vve Masson, 1855, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 5, Paris, Vve Masson, 1856, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie gĂ©nĂ©rale, t. 6, Paris, Vve Masson, 1857, Texte en ligne disponible sur IRIS
  • TraitĂ© de chimie, gĂ©nĂ©rale, analytique, Paris, Librairie Victor Masson, 1860
  • Recherches sur les eaux minĂ©rales des PyrĂ©nĂ©es, Paris, Baillière, 1848
  • MĂ©moire sur les produits de la distillation des acides malique, tartrique et paratartrique, suivi de considĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur les acides pyrogĂ©nĂ©s, page 287 des Annales de chimie et Physique - tome 56, sous la direction de MM. Gay Lussac et Arago, 1834 ; rĂ©-Ă©ditĂ© Ă  Paris, Saintin, 1836
  • Recherches expĂ©rimentales sur la vĂ©gĂ©tation. RĂ´le des nitrates dans l’économie des plantes. ProcĂ©dĂ©s nouveaux pour doser l’azote des nitrates, en prĂ©sence de matières organiques, Paris, Mallet-Bachelier, 1856
  • Antoine-François Boutron-Charlard et ThĂ©ophile-Jules. Pelouze, Memoire sur l'asparamide et l'acide asparamique, Paris, Ă©diteur Mme Veuve Thuau, , 24 p.

Hommages

Distinction

Notes et références

  1. Biographie de Théophile-Jules Pelouze- Société d'histoire de la pharmacie.
  2. L'art du maitre de forges, ou, Traité theorique et pratique de l'exploitation du fer, Edmond Pelouze, 1829.
  3. Secrets modernes des arts et métiers, Edmond Pelouze, 1840.
  4. William Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné, , 816 p. (lire en ligne), p. 320.
  5. Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispendables à tous, Volume 14, par William Duckett, Firmin Didot, 1868.
  6. Pascal Arnaud, « Théophile-Jules Pelouze (1807-1867). Un pharmacien pionnier de la chimie organique », sur Revue d'Histoire de la Pharmacie, , p. 82
  7. « Pelouze, Théophile Jules », base Léonore, ministère français de la Culture

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Baptiste Dumas, Éloge historique de Jules Pelouze, lu dans la sĂ©ance publique annuelle du , dans MĂ©moires de l'AcadĂ©mie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1873, tome 38, p. IX-LXVI (lire en ligne)
  • Journal de chimie mĂ©dicale, de pharmacie et de toxicologie, p. 446-7.
  • Eugène-Oscar Lami, Dictionnaire encyclopĂ©dique et biographique de l'industrie et des arts industriels, t. VII, Paris, Librairie des dictionnaires, (lire en ligne), « Pelouze (Jules ThĂ©ophyle) », p. 162

Liens externes

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