AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Thé jaune

Un thé jaune est un thé vert chinois qui a subi une post-fermentation légÚre. Ils sont trÚs prisés des amateurs de thé, car ils ont une réputation ancienne et prestigieuse, et sont produits en quantité trÚs limitée par une poignée de terroirs.

Thé jaune
Image illustrative de l’article ThĂ© jaune
Le Jun Shan Yin Zhen, un thé trÚs réputé.

Pays d’origine Chine
Type Thé post-fermenté
Degré d'alcool 0°
Thé jaune
Nom chinois
Chinois traditionnel 黃茶
Chinois simplifiĂ© 黄茶
Traduction littérale thé jaune
Nom coréen
Hangeul 황찚
Hanja 黃茶

Des thés verts ou blanc de grande qualité sont parfois aussi appelés « thé jaune ».

DĂ©nomination

Certaines sources permettraient de tracer l'origine du thé jaune sous les Song (960-1278) voire les Tang (618-907), mais comme elles ne décrivent pas leur méthode de fabrication, il est impossible d'en avoir la certitude[1].

Le qualificatif de « thĂ© jaune » s'applique en effet Ă  diffĂ©rentes catĂ©gories de thĂ©s. La couleur jaune Ă©tant associĂ©e aux empereurs, un thĂ© dit « jaune » est originellement un thĂ© impĂ©rial, thĂ© d'une qualitĂ© exceptionnelle destinĂ© Ă  ĂȘtre consommĂ© par l'empereur, offert par les provinces productrices de thĂ© en guise de tribut. La dĂ©nomination est restĂ©e aprĂšs la fin de l'Ă©poque impĂ©riale, pour dĂ©signer des thĂ©s verts et blancs de qualitĂ© supĂ©rieure. NĂ©anmoins Ă  l'Ă©poque moderne le « thĂ© jaune » est aussi une catĂ©gorie de thĂ©s Ă  part, distinguĂ©e des thĂ©s verts par son mode de fabrication[2].

La Corée produit aussi un thé désigné comme « jaune », mais il est différent du thé jaune chinois[3].

Fabrication

Le thĂ© jaune se prĂ©pare d'abord de la mĂȘme maniĂšre qu'un thĂ© vert : on entame le processus d'arrĂȘt de son oxydation, par cuisson, puis on le roule. Mais au lieu de procĂ©der Ă  une dessication finale qui va dĂ©finitivement stopper leur oxydation, les bourgeons et feuilles de thĂ© sont rapidement passĂ©es Ă  la vapeur, puis enroulĂ©es dans une toile humide. C'est le processus appelĂ© menhuang « Ă©touffer pour faire le jaune »/« le scellement du jaune » ou mendui, littĂ©ralement « entasser dans une chaleur Ă©touffante ». Le thĂ© vert jaunit car il n'a pas sĂ©chĂ© immĂ©diatement. L'entassement du thĂ© humide et son Ă©chauffement entraĂźnent des rĂ©actions chimiques qui vont donner les caractĂ©ristiques du thĂ© jaune[4] - [5] : « une grande partie de la cellulose est dĂ©truite tandis que la teneur en sucres simples et aminoacides augmente. Les polyphĂ©nols s'oxydent. Les feuilles jaunissent. Plus le taux d'humiditĂ© de la feuille est important, plus l'Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature Ă  l'intĂ©rieur du tas se fait rapidement[6]. » OxydĂ© de 10 Ă  20 %, le thĂ© jaune est considĂ©rĂ© comme un thĂ© faiblement « fermentĂ© »[7].

Le processus de fabrication du thĂ© jaune est similaire Ă  celui qui sert Ă  produire les thĂ©s « sombres » (comme le Pu-erh), mais il est plus lĂ©ger, et de plus courte durĂ©e, de telle sorte que le thĂ© jaunit mais ne noircit pas[8]. Le processus ne dure en gĂ©nĂ©ral qu'une journĂ©e[6], mais il peut parfois prendre plusieurs jours[5]. Le savoir-faire de celui qui fabrique le thĂ© va ĂȘtre dĂ©terminant pour les saveurs du produit final : la phase de passage Ă  la vapeur peut ĂȘtre plus ou moins prolongĂ©e, rĂ©pĂ©tĂ©e, de mĂȘme que l'« Ă©touffement »[5] : « comme pour la plupart des thĂ©s artisanaux, le thĂ© jaune ne peut pas ĂȘtre prĂ©parĂ© en regardant une horloge ou en rĂ©glant une minuterie - le maĂźtre du thĂ© doit dĂ©cider (par l'odeur, l'apparence et la sensation) quand le processus a opĂ©rĂ© sa magie sur la feuille[9]. »

Production

Le thé jaune est exclusivement produit en Chine. Les principales provinces productrices sont l'Anhui, le Hunan et le Sichuan[3].

La récolte des bourgeons et feuilles employés pour fabriquer du thé jaune a lieu a début du printemps. Une technique de récolte consiste à prélever les bourgeons avant qu'ils ne se déploient pour former des feuilles. Ils sont privilégiés parce qu'ils sont tendres et juteux, et qu'on considÚre qu'ils ont de meilleurs effets sur la santé. On emploie aussi les méthodes traditionnelles prenant un bourgeon et deux premiÚres petites feuilles de la ramille (maofeng), ou le bourgeon et la premiÚre feuille (maojian). Quelle que soit la méthode de cueillette choisie, il s'agit d'une méthode intensive en travail et moins productives que celles employées pour les thés verts[10].

La production de thĂ© jaune est trĂšs limitĂ©e : sur les 2 095 717 tonnes des thĂ©s produits en Chine en 2014 selon la FAO, les thĂ©s jaunes ne constituent que 234 tonnes[11].

La production de thés jaunes a tendance à se réduire, face à l'augmentation de celle de thés verts, et le nombre de maßtres du thé ayant le savoir-faire nécessaire pour les produire a diminué, faisant craindre à certains une disparition des thés jaunes[12].

Variétés

Les thés jaunes sont produits en quantités trÚs limitées, en trÚs peu d'endroits. Ce sont des crus réputés et trÚs recherchés, revendiquant une histoire trÚs ancienne et prestigieuse.

  • Le Huo Shan Huang Ya 霍珊黃雅, « Bourgeon jaune de Huoshan », provenant du mont Huo Ă  l'ouest de l'Anhui. Le thĂ© de cette rĂ©gion est cĂ©lĂšbre depuis l'Ă©poque des Tang, il fait partie des thĂ©s du tribut donnĂ©s Ă  la famille impĂ©riale. Les empereurs Song y crĂ©ent des jardins de thĂ©. Le climat est propice Ă  la bonne vĂ©gĂ©tation des thĂ©iers. La cueillette prĂ©lĂšve le bourgeon et une ou deux feuilles de la ramille. C'est un thĂ© prisĂ© et rare[13] - [14].
  • Le Mengding Huangya è’™éĄ¶é»„èŠœ, « Bourgeon jaune des Sommets brumeux », les monts Mengding au nord-ouest de la province du Sichuan. Ce thĂ© remonterait aux Tang et constitue un thĂ© du tribut impĂ©rial jusqu'Ă  la fin de l'Empire chinois. Il est fabriquĂ© en principe exclusivement Ă  partir des bourgeons du dĂ©but du printemps, cueillis sur des thĂ©iers de la variĂ©tĂ© Mengdingshan Qunti. C'est un thĂ© extrĂȘmement rĂ©putĂ©, qu'il est trĂšs difficile de se procurer[15] - [16].
  • Le Jun Shan Yin Zhen ć›ć±±é“¶é’ˆ, « Aiguilles d'argent du mont de l'Empereur », est rĂ©coltĂ© dans la province du Hunan, sur la petite Ăźle de Jun Shan situĂ©e au milieu du lac Dongting. ConstituĂ© de bourgeons, c'est un thĂ© trĂšs rĂ©putĂ©, produit en quantitĂ©s trĂšs limitĂ©es et cher. Une partie de son renom vient du fait que, lors de l'infusion, les bourgeons commencent Ă  flotter Ă  la surface avant de redescendre, puis de remonter et de redescendre, trois fois de suite[17].

Préparation et dégustation

Selon les goûts et les avis, et les variétés ainsi que leur qualité, les thés jaunes se consomment en plusieurs infusions successives courtes (moins d'une minute) à 85-90°C[18], jusqu'à 4 infusions de 30-40 secondes à 75°C dans un zhong[17], ou plus longues (1 min 30) pour 2 ou 3 infusions à 75-80°C[3]. Leur coloration va du vert au jaune doré[19].

Les arĂŽmes doivent ĂȘtre rafraichissants[19]. Le Mengding Huangya a un goĂ»t lĂ©gĂšrement herbacĂ©[13], mais moins qu'un thĂ© vert, et il est Ă©galement moins acide, doux et sucrĂ©[20].

Références

  1. (en) H. T. Huang, Science and Civilisation in China : Volume 6, Biology and Biological Technology, Part V: Fermentations and Food Science, Cambridge, Cambridge University Press, , chap. (f) (« Tea processing and utilisation »), p. 552, note 98.
  2. Christine Barbaste, François-Xavier Delmas et Mathias Minet, Le guide de dĂ©gustation de l'amateur de thĂ©, Paris, Éditions du ChĂȘne, , p. 77
  3. Heiss et Heiss 2010, p. 79.
  4. Rougeventre 2017, p. 24 et 182.
  5. Heiss et Heiss 2010, p. 81.
  6. Rougeventre 2017, p. 182.
  7. Rougeventre 2017, p. 24.
  8. Rougeventre 2017, p. 182-183.
  9. « As with most fine artisan-made tea, yellow tea cannot be made by watching the clock or setting a timer — the tea master must decide (by smell, look, and feel) when the process has worked its magic on the leaf. » : Heiss et Heiss 2010, p. 81.
  10. Heiss et Heiss 2010, p. 80.
  11. Rougeventre 2017, p. 86.
  12. Heiss et Heiss 2010, p. 79-80.
  13. Heiss et Heiss 2010, p. 76.
  14. Rougeventre 2017, p. 226-227.
  15. Heiss et Heiss 2010, p. 77.
  16. Rougeventre 2017, p. 381.
  17. Barbaste, Delmas et Minet 2018, p. 178.
  18. Rougeventre 2017, p. 227.
  19. Heiss et Heiss 2010, p. 78.
  20. Barbaste, Delmas et Minet 2018, p. 381.

Bibliographie

  • (en) Mary Lou Heiss et Robert Heiss, The Tea Enthusiast's Handbook : A Guide to the World's Best Teas, Ten Speed Press,
  • Katrin Rougeventre, L'empire du thĂ© : le guide des thĂ©s de Chine, Paris, Michel de Maule,

Lien interne

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.