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Tentative de coup d'État de Cao Mao

La tentative de coup d'État de Cao Mao a lieu en 260 Ă  Luoyang, la capitale du Royaume de Wei, pendant la pĂ©riode des Trois Royaumes de l'histoire de la Chine. Cao Mao, l'Empereur en titre du Wei, tente de renverser Sima Zhao, le rĂ©gent du Wei, qui est de fait le vrai maĂźtre du royaume. Cette tentative Ă©choue et se conclut par la mort de Cao Mao ainsi que par un renforcement du pouvoir personnel de Sima Zhao, soit le rĂ©sultat inverse de celui recherchĂ© par les conspirateurs. Cao Huan, qui succĂšde Ă  Cao Mao, n'est plus qu'un prĂȘte-nom du clan Sima, sans rĂ©el pouvoir. Finalement, en 265, Sima Yan, le fils de Sima Zhao, le chasse du pouvoir et fonde la dynastie Jin.

Tentative de coup d'Ă©tat de Cao Mao
Informations générales
Date 260
Lieu Luoyang, Chine
Casus belli Usurpation du pouvoir par les membres du clan Sima
Issue Échec du coup d'État, mort de Cao Mao, extermination du clan Wang
Belligérants
Cao Mao, la garde personnelle de Cao Mao, divers conspirateursSima Zhao et divers soldats
Commandants
Cao Mao †
Wang Shen (fait défection)
Wang Jing
Wang Ye (fait défection)
Sima Zhao
Sima Zhou
Jia Chong
Cheng Ji
Wang Shen (aprÚs avoir fait défection)
Wang Ye (aprÚs avoir fait défection)
Forces en présence
300 soldats

Guerres des Trois Royaumes

Batailles

Yiling/Xiaoting - Campagne contre le Wu - Campagne du Sud - Hefei (231) - Hefei (233) - Expéditions de Zhuge Liang - Hefei (234) - Shiting - Liaodong - Offensive du Wu - Xingshi - Koguryo - Gaoping - Expéditions de Jiang Wei (Didao) - Dongxing - Hefei (253) - Shouchun - Cao Mao - chute du Shu - Zhong Hui - Chute du Wu

Cette tentative de coup d'État est aussi mentionnĂ©e dans le roman historique Les Trois Royaumes de Luo Guanzhong, qui raconte de maniĂšre romancĂ©e les Ă©vĂ©nements allant du dĂ©clin de la dynastie Han Ă  l'annexion du royaume de Wu par la dynastie Jin. Le roman dĂ©crit les Ă©vĂ©nements de 260 quasiment de la mĂȘme maniĂšre que les sources historiques.

Situation au sein du Wei avant la tentative

Le royaume de Wei est fondĂ© en 220 par Cao Pi, fondation qui marque le dĂ©but de la pĂ©riode des Trois Royaumes. AprĂšs la mort de Cao Rui, le deuxiĂšme empereur du Wei, l'autoritĂ© de la famille rĂ©gnante est lentement sapĂ©e par des luttes de pouvoir au sein de la cour, luttes qui se concluent en 249 par l'incident des tombes de Gaoping, un coup d'État qui permet au corĂ©gent Sima Yi de prendre le pouvoir en Ă©liminant l'autre corĂ©gent, Cao Shuang. Sima Yi meurt en 251 et est remplacĂ© par ses fils Sima Shi et Sima Zhao, qui gardent le contrĂŽle du gouvernement du Wei.

En 254, Sima Shi dĂ©pose Cao Fang, le troisiĂšme empereur du Wei et installe Ă  sa place sur le trĂŽne Cao Mao, un enfant de 13 ans. DĂšs le dĂ©but de son rĂšgne, le nouvel empereur fait preuve d'hostilitĂ© et de mĂ©fiance envers le clan Sima, en refusant de recevoir le sceau impĂ©rial directement des mains de Sima Shi. Lorsque ce dernier meurt en 2255, Cao Mao tente de se dĂ©barrasser de Sima Zhao, en lui donnant l'ordre de rester Ă  Xuchang, pour surveiller Shouchun[1], oĂč le clan Sima venait juste d'Ă©craser la rĂ©bellion de Guanqiu Jian et Wen Qin. Suivant les conseils de Zhong Hui et Fu Jia, Sima Zhao ignore l'ordre de Cao Mao et rentre Ă  Luoyang, la capitale du Wei. Pendant que Sima Zhao gĂšre les affaires du royaume, Cao Mao tente de s'attirer les faveurs des lettrĂ©s de la cour en rencontrant certains officiels pour parler de littĂ©rature. À ces rĂ©unions, on pouvait trouver Sima Wang, le cousin de Sima Zhao, Wang Shen (王æȈ), Pei Xiu et Zhong Hui. Cao Mao fournit Ă©galement Ă  Sima Wang un chariot et un escorte formĂ©e de cinq soldats de sa garde personnelle, car ce dernier vit beaucoup plus loin du palais que les autres.

En 258, Sima Zhao incite ses partisans à forcer Cao Mao à lui offrir publiquement les neuf sacrements ou Jiu xi[2], cadeaux qu'il refuse ostensiblement dans une démonstration "d'humilité". Un an plus tard, Cao Mao entend des rumeurs parlant de dragons jaunes aperçus dans deux puits. Il écrit alors un poÚme décrivant les dragons comme étant piégés dans les puits, avant de s'identifier aux dragons. De plus en plus suspicieux, Sima Zhao force à nouveau Cao Mao à lui offrir le jiu xi , avant de refuser à nouveau les cadeaux. Cao Mao voit dans cette demande le signe qu'il doit agir au plus vite s'il veut reprendre le contrÎle du gouvernement du Wei.

La tentative de coup d'Ă©tat

En 260, Ă  l'Ăąge de 19 ans, Cao Mao rĂ©unit ses partisans, Ă  savoir Wang Shen, Wang Jing, Wang Ye, et 300 soldats de sa garde personnelle. Il leur dĂ©clare son intention de faire une ultime tentative pour se dĂ©barrasser de Sima Zhao et du clan Sima, mĂȘme si ça doit lui coĂ»ter la vie. Durant cet entretien, il leur dit : "N'importe quel passant dans la rue peut vous dire ce que Sima Zhao a en tĂȘte" (ćžéŠŹæ˜­äč‹ćżƒïŒŒè·Żäșș皆矄). Cette citation devint fameuse, au point d’ĂȘtre utilisĂ©e pour dĂ©crire une situation ou les intentions/ambitions d'une personne sont tellement Ă©videntes que tout le monde le sait.

Wang Jing met en garde l'empereur pour le faire changer d'avis, mais Cao Mao ne l'écoute pas et part informer l'impératrice douairiÚre Guo[3] de son plan. Pendant son absence, Wang Shen et Wang Ye désertent discrÚtement et partent révéler le complot à Sima Zhao, laissant Wang Jing comme seul soutien du jeune empereur.

Cao Mao prend la tĂȘte de ses gardes et se rend au domicile de Sima Zhao. LĂ , ils trouvent Sima Zhou, le jeune frĂšre de Sima Zhao, qui tente de s'opposer Ă  eux, avant de se rendre lorsque les gardes lui demandent comment il peut oser dĂ©fier l'empereur. Au mĂȘme moment, Jia Chong, le bras droit de Sima Zhao arrive sur place et intercepte la petite troupe de Cao Mao, sans pour autant oser s'en prendre directement Ă  l'empereur. C'est alors que Cheng Ji (æˆæżŸ), un officier militaire sous les ordres de Jia Chong, demande Ă  son supĂ©rieur ce qu'il doit faire. Jia lui donne alors l'ordre de dĂ©fendre le clan Sima, quelles que soient les consĂ©quences. Cheng Ji s'approche alors de Cao Mao et tue l'empereur avec sa lance.

Conséquences

AprĂšs la mort de Cao Mao, le public demandait l'exĂ©cution de Jia Chong comme punition du rĂ©gicide qu'il venait de commettre. En guise de rĂ©ponse Ă  cette demande populaire, Sima Zhao force l'impĂ©ratrice douairiĂšre Guo Ă  priver Cao Mao de son statut impĂ©rial de maniĂšre posthume, ce qui fait automatiquement tomber l'accusation de rĂ©gicide contre Jia. Ensuite, il donne l'ordre d'exĂ©cuter Wang Jing et tout son clan. Le jour suivant, Sima Zhao cĂšde aux suppliques de son oncle Sima Fu, et demande Ă  l'impĂ©ratrice douairiĂšre Guo, de donner Ă  Cao Mao le titre de "Duc de Gaogui" (高èȮ鄉慬) Ă  titre posthume. AprĂšs cela, il organise pour Cao Mao des obsĂšques dignes d'un prince. Cao Huang, le Duc de Changdao (澾道鄉慬), est choisi comme successeur de Cao Mao et monte sur le trĂŽne. Quelque temps plus tard, le nouvel empereur change de nom et prend celui de Cao Huan. Dix neuf jours plus tard, Sima Zhao finit par faire exĂ©cuter Cheng Ji et sa famille pour apaiser la colĂšre populaire, mais il Ă©pargne Jia Chong.

Sima Zhao rĂ©ussit donc Ă  consolider son pouvoir Ă  l'issue de cette tentative de coup d'Ă©tat, tout en Ă©liminant ses derniers opposants au sein de la cour du Wei; le jeune Cao Huan n'Ă©tant plus qu'un prĂȘte-nom sans pouvoir, aux ordres du clan Sima. Zhao ne monte pas sur le trĂŽne du Wei, mais reçoit le titre de "Roi de Jin" (晉王), ce qui fait thĂ©oriquement de lui un roi vassal de l'empereur. Finalement, en 264, Sima Zhao accepte le jiu xi des mains de Cao Huan, mais meurt en 265 sans avoir pris le pouvoir. Son fils Sima Yan lui succĂšde et, la mĂȘme annĂ©e, force Cao Huan Ă  abdiquer en sa faveur avant de fonder la Dynastie Jin.

Voir aussi

Notes et références

  1. ćŁœæ˜„ ce qui correspond au Xian de Shou, Lu'an, Anhui
  2. Jiu xi (äčéŒ«) - RĂ©compenses que l’empereur offre Ă  ses mandarins les plus mĂ©ritants. Avec le temps, recevoir le jǐu xÄ« devient une sorte de passage obligĂ© pour quiconque veut usurper le trĂŽne impĂ©rial. Selon le Classique des rites, ces neuf sacrements Ă©taient :
    1) don d’un chariot et de chevaux : le mandarin est modeste dans sa dĂ©marche et n’a plus besoin de marcher
    2) don de vĂȘtements : le mandarin Ă©crit Ă©lĂ©gamment et montre ses bonnes actions
    3) don d’une partition musicale : le mandarin a l’amour en son cƓur et enseigne la musique aux siens
    4) don d’une porte rouge : le mandarin gĂšre bien sa maisonnĂ©e, et a le droit d’utiliser une porte rouge pour montrer que sa maison est diffĂ©rente des autres
    5) don d’une rampe : le mandarin fait ce qui est appropriĂ©, il peut marcher en usant de la rampe pour maintenir sa force
    6) don de gardes : le mandarin est brave et prĂȘt Ă  dire la vĂ©ritĂ©, il doit ĂȘtre protĂ©gĂ©
    7) don d’armes, d’un arc et de flĂšches : le mandarin a bonne conscience, il reprĂ©sente le gouvernement et Ă©crase la trahison
    8) don d’une hache cĂ©rĂ©monielle : le mandarin est fort, sage et loyal envers le clan impĂ©rial, il doit exĂ©cuter les criminels
    9) don de vin : le mandarin fait preuve de piĂ©tĂ© filiale et doit offrir des libations Ă  ses ancĂȘtres
  3. Il s'agit de la veuve de Cao Rui, le second empereur du Wei et grand-pĂšre de Cao Mao

Bibliographie

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