Tangué
Le Tangué est un objet d'art des chefferies Sawa - communément utilisé comme mât de beaupré des pirogues chez les Sawa.
Artiste |
Artisan Sawa |
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Civilisation | |
Type |
Sculpture |
Technique |
Sculpture |
Dimensions (H Ă— L) |
Variable Ă— Variable cm |
Localisation |
Musées ethnographique dans les empires coloniaux et Musée maritime de Douala (Empires coloniaux et Cameroun) |
Le Tangué de Lock Priso Bell fut emporté à la suite de l'expédition punitive de Max Buchner, infligée à Lock Priso, chef de la communauté Douala de Hickory Town (auj. Bonabéri[1]).
Description
Contexte et place des pirogues dans la culture Sawa
Les Duala, qui vivent sur les berges Wouri, étaient en contact étroit avec les Européens même à l'époque précoloniale. Pour les Duala, le transport sur les eaux et par pirogue était indispensable à leur emprise commerciale au XIXe siècle. Les Duala ont joué un rôle essentiel dans le commerce entre l'arrière-pays et les navires européens amarrés sur la côte.
Les Duala ont organisé des compétitions, festivals entre leurs tribus, situées aux bords des estuaires, et mangroves du Littoral du Cameroun, dans l'actuel golfe de Guinée.
Pendant les festivals, dans ces pirogues, il y a 40 à 70 rameurs. Il existe des rituels sacrificiels aux esprits de l'eau qui ont été faits à partir de ces pirogues.
Place du Tangué
Le Tangué est fixé à la proue de la pirogue[2]. Il représente le prestige et la puissance économique du groupement ou de la tribu Duala qui l'a construit.Il est décrit par Max Buchner ainsi :
"Es ist das (Holzschnitzen) eine der vielen unnützen Beschäftigungen, die dem tändelnden Sinne des Negers besonders zusagen. Am hervorstechendsten unter den Erzeugnissen dieser Kunst, sind die erwähnten complicirt aussehenden Ornamentstücke, die bei Wettfahrten vorne an den Kanus befestigt werden. Als Motive derselben findet man hauptsächlich europäische Formen, phantasievoll untermischt mit afrikanischen Thiergestalten. Jeder Häuptling oder Kanubesitzer trägt dabei eine andere Gruppierung der verschiedensten Gegenstände zur Schau, so dass man von einem kleinen dunkeln Beginn afrikanischer Heraldik sprechen könnte. (Buchner1887:40)"[3].
Ces sculptures sur bois sont l'une des nombreuses activités inutiles; la bagatelle qui occupe le Nègre. Le meilleur de cet art sont les pièces d'ornement complexes qui sont fixés à l'avant de la pirogue de course. Les motifs seront principalement des formes européennes, mélangées avec des formes d'animaux africains imaginées.
Eléments constitutifs
Le Tangué est une grande œuvre sculptée en bois[4]. Il est décoré de motifs géométriques peints de couleurs vives et sculpté de formes d'animaux. Monté à la proue, il est décoré d'animaux héraldiques tels des félins, serpents, et de quelques autres motifs dérivés des symbolismes locaux et impérial (influence de la colonisation allemande). Les chiffres ne sont pas peints.
Les modèles de bateaux dans les collections de musées en occident avec un drapeau allemand à la poupe datent de la période coloniale allemande 1884-1914.
Il existe des modèles réguliers chez les marchands d'art, à Bruxelles et à Amsterdam.
Artiste |
Artisan Douala (Bonabéri) |
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Date |
Seconde moitié des années 1800 |
Civilisation | |
Type |
Sculpture de bois peint |
Technique |
Bois Sculptés, Peintures |
Propriétaire | Propriétaire officiel : Musée de Munich Propriétaires Légitimes : Peuples Sawas de Bonabéri (Hickory Town) |
Localisation |
Le Tangué de Lock Priso Bell de Hickory town
Pour le Tangué de Lock Priso Bell, c'est la proue princière (Le Tangué[5]) de Lock Priso, qui sera envoyée à Munich[6].
Ce bec naval Douala du XIXe siècle montre des techniques de menuiserie européennes et des peintures à l'huile aux couleurs vives, adoptés par les sculpteurs locaux. Ils fusionnent des éléments étrangers et traditionnels dans leur trésor de formes. La trinité des couleurs blanc-rouge-noir joue un rôle dans le culte des dieux du fleuve.
Le Tangué de la pirogue des Hickory de Bonabéri a été volé par le médecin allemand Max Buchner en 1884 dans la maison du souverain local Kum’a Mbape Bell (Lock Priso Bell). Son petit-fils, Alexandre Kum'a Ndumbe III, essaie d'obtenir sa restitution.
Forme et Signification
Sa forme est le reflet de l'influence étrangère et des multiples contacts des Douala avec les commerçants étrangers. Un style mixte a émergé dans l'art, au contact avec les sociétés commerciales européennes, les formes et couleurs exotiques[3].
C'est un exemple d'appropriation créative des éléments de style européen. Il indique la direction et l'ordre hiérarchique du chef de famille et est une expression publique de leur pouvoir politique et économique[3].
Fabrication
Le nom de l'artisan reste traditionnellement inconnu[3].
Notes et références
- « Déclaration Solennelle Sur Le Tangué De Kum’a Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International », sur www.africavenir.org (consulté le )
- « Les courses de pirogues coutumières chez les Duala ou Pembisan a Myoloo Duala », p. 82, 83
- (de) Barbara Johanna Heuermann, Der Schizophrene Schiffsschnabel: Biographie eines kolonialen objektes und diskurs um seine rĂĽckforderung im postkolonialen MĂĽnchen (lire en ligne)
- « Art: Le «Tangué» du roi Lock Priso en passe d’être rapatrié au Cameroun », sur Actu Cameroun, (consulté le )
- « Sur les traces de Lock Priso - Ô cameroun ! », sur neoindependance.canalblog.com, (consulté le )
- « Bonaberi.com : Le trésor que l’Allemagne doit au Cameroun », sur Bonaberi.com (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- (de) Parfait Bokohonsi, Ulrike Hamann, Stefanie Michels (et al.), « Not make us plenty trouble! Warum hängt der Tangué aus Kamerun », in iz3w, 2010, no 319, p. 38-40
- Pierre Harter, « Les courses de pirogues coutumières chez les Dualas ou Pembisan à Myoloo Duala », in Bulletin de l'Association française pour les recherches et études camerounaises, tome 2, 1966, p. 34-45 [lire en ligne]
- (de) Barbara Johanna Heuermann, « Der schizophrene Schiffsschnabel: Biographie eines kolonialen Objektes und Diskurs um seine Rückforderung im postkolonialen München », in Studien aus dem Münchner Institut für Ethnologie, vol. 17, Munich, 2015, 88 p. (ISBN 978-3-945254-11-0) [lire en ligne].
- (de) Isabel Pfaff, « Unter falscher Flagge. Ein afrikanischer Schatz hängt seit 1885 im Münchner Völkerkundemuseum », Süddeutsche Zeitung, , p. 11
- (de) Joachim Zeller, « Die Königsinsignien von Kum'a Mbape aus Kamerun. Der Streit um koloniales Raubgut im Münchener Völkerkundemuseum », in Ulrich van der Heyden und Joachim Zeller (dir.), Kolonialismus hierzulande – Eine Spurensuche in Deutschland. Sutton Verlag, Erfurt, 2007, p. 328–329 (ISBN 978-3-86680-269-8)
- (en) Rosalinde G. Wilcox, The maritime arts of the Duala of Cameroon : images of power and identity, University of California, Los Angeles, 1994 (thèse)