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Talayot


Un talayot est une construction préhistorique, en forme de tour, propre aux îles de Majorque et de Minorque, en Espagne, où l'on en dénombre près de 300. Si leur fonction principale demeure inconnue, elles constituent toutefois un véritable marqueur de l'Âge du bronze (début du Ier millénaire av. J.-C.) dans les îles Baléares, donnant ainsi leur nom à la culture talayotique.

Talayot tronconique de Cornia Nou, Minorque.

Étymologie

Le nom talayot (du terme catalan « talaiot ») est un diminutif populaire désignant les « atalayas », petites tours en pierre visibles exclusivement sur les îles de Majorque et de Minorque[1].

Talayot tronconique de Torelló, Minorque.
Talayot circulaire de sa Canova, Majorque.

Architecture

Le talayot est un édifice de forme généralement ronde ou tronconique construit en appareil cyclopéen de grands blocs assemblés sans mortier, et semblable au nuraghe de Sardaigne et à la torra de Corse. Bien que le monument soit généralement de forme tronconique, la grande variabilité des formes observées ne permet pas de définir un talayot type. Les édifices différant aussi selon leur taille, leur plan interne ou leur emplacement, toute tentative de typologie demeure assez vaine. Au mieux, on peut distinguer deux grands ensembles assez homogènes, l'un sur l'île de Majorque, l'autre sur celle de Minorque[1].

Les talayots construit à Majorque sont de plan circulaire ou carré et le plus grand d'entre eux atteint 17 m de diamètre. A Minorque, les talayots sont de plan circulaire ou elliptique et leur taille moyenne est bien supérieure, les plus grands (Trepucó, Torelló, Cornia Nou) atteignant environ 26 m de diamètre. Le talayot majorquin comporte une salle en rez-de-chaussée avec une grande colonne centrale supportant la toiture, composée de dalles en pierre (Son Fornés) ou d'un assemblage de poutres en bois, de branches, de pierres et de boue. La plupart des talayots minorquins ne disposent pas d'un espace utile en rez-de-chaussée : le corps central de l'édifice est un massif en pierre, pouvant éventuellement comporter de petites niches, entouré d'un couloir circulaire et la seule pièce utilisable est située à l'étage. Le mode d'accès à la partie supérieure du talayot est aussi très variable : rampe (Binicodrell de Dalt) ou escalier (intérieur ou extérieur au monument), échelle en bois, accès en escaladant les murs. Enfin, plusieurs talayots minorquins incluent dans leur structure des couloirs menant nulle part ou une porte, située au sommet de l'édifice côté sud, ouvrant sur le vide[1].

Essais d'interprétation

Les talayots sont édifiés au sein de villages plus ou moins grands mais certains sont isolés. Les grands villages peuvent comporter plusieurs talayots (Torre d'en Galmés, Torelló)[2].

Dans son ouvrage Histoire naturelle et civique de l'Isle de Minorque publié en 1752, l'officier anglais John Armstrong estime que les talayots sont destinés à marquer l'emplacement des tombes des personnages importants et qu'accessoirement ils servent de tours de surveillance et de communication étant souvent covisibles entre eux. En 1818, Joan Ramis dans Antigüedades célticas de la isla de Minorque réaffirme l'opinion selon laquelle les talayots seraient les tombes de personnage importants, les monuments les plus petits étant selon lui réservés aux femmes et aux enfants, mais il récuse la fonction de tour de guet. En 1892, Émile Cartailhac recense toutes les hypothèses précédemment émises sur le rôle des talayots et les récuse une à une : compte tenu de leur architecture ouverte, les talayots ne peuvent correspondre à des ouvrages défensifs ; le volume réduit des espaces intérieurs ne permet pas de les utiliser ni comme habitat ni comme lieu de stockage[Note 1] ; quant à l'usage funéraire, il doit être exclu en l'absence de découverte de restes humains (fonction par ailleurs dévolue aux navetas). Dans la première moitié du XXe siècle, la thèse la plus couramment admise accorde alors aux talayots une fonction funéraire principale et une fonction secondaire de tour de guet ou d'édifice de prestige. Dans les années 1960, Maria Lluïsa Serra, en observant la destruction d'un talayot, suggère que l'édifice n'avait aucun usage funéraire et servait uniquement de piédestal à la maison du chef du village installée sur la plateforme terminale[1].

A ce jour, peu de monuments ont été fouillé et les quelques fouilles entreprises n'ont apporté aucun résultat significatif en dehors de leur période de construction au Ier millénaire av. J.-C.. Les objets découverts lors de fouilles archéologiques sont pour la plupart des outils destinés à la transformation des matières premières, d'origine animales ou végétales (meules, mortiers, poinçons, percuteurs...). A contrario, la faible présence des armes y est significative si l'on considère que celles-ci sont des symboles de l'existence d'une classe dominante[3]. Selon M. Fernández-Miranda, l'existence d'une hiérarchie sociale au sein de la société talayotique n'est pas prouvée et les talayots pourraient avoir eu uniquement une fonction utilitaire de productions domestiques et de surveillance du bétail. La fonction principale des talayots demeure donc inconnue mais leur utilisation, à titre secondaire, comme tour de guet et de communication est généralement admise[1].

Notes et références

Notes

  1. Les résultats de la fouille du grand talayot de Cornia Nou où des concentrations d'aliments et d'objets manufacturés ont été observées contredit le raisonnement de Cartailhac sur ce point.

Références

Annexes

Bibliographie

  • Émile Cartailhac, Monuments primitifs des îles Baléares, Toulouse, Privat, , 80 p. (lire en ligne)
  • Elena Sintes Olives, Guide Minorque talayotique : La Préhistoire de l' île, Sant Lluis, Triangle, , 319 p. (ISBN 9788484786405), p. 65-68

Articles connexes

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