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Taisho Shinshu Daizokyo

Le Taishō shinshū daizō-kyō (大正新脩大藏經; « Version révisée du Canon [bouddhiste], compilée pendant l'ère Taishō »[1]), aussi appelée Taishōzō (大正藏) ou Taishō (大正), est une version du Canon bouddhiste mahâyâna[2] compilée au Japon de 1924 à 1935[3] (soit au cours de l'ère Taishō), considérée au XXe siècle comme la référence standard[4]. Il s'agit d'une des éditions les plus fréquemment consultées aujourd'hui par les érudits et chercheurs[1].

Il constitue la source principale des textes anciens du bouddhisme mahāyāna qui sont accessibles en ligne.

Compilation

Le travail fut entrepris sous la direction de Takakusu Junjirō (高楠順次郎 1866-1945) et Watanabe Kaigyoku (渡辺海旭 1872-1932), avec l’assistance de Ono Genmyō (小野玄妙) et la coopération de toutes les universités bouddhiques japonaises.

Le Taishō est basé principalement sur le Tripitaka Koreana, édition survivante la plus complète du Canon mahayana. Pour les textes non inclus dans le Koreana, plusieurs versions existant au Japon ont été comparées ; le texte de référence est précisé dans les notes ou l’index final. Quelques textes provenant de Dun Huang ont été inclus. Les éditeurs ont également tenu compte des connaissances de l’époque en matière de philologie et de critique textuelle. Une ponctuation élémentaire par points a été ajoutée.

Bien que constituant une référence très appréciable, le Taishō n’est pas exempt de critiques[5] car la publication se voulant rapide (un volume par mois), tous les textes n’ont pas été révisés avec la même attention, des passages ont échappé à la relecture et des corrections furent reprises directement de l’édition antérieure Dainippon kotei Daizōkyō (大日本校訂大蔵経 1880-1885). La ponctuation de certains passages est contestée.

Les textes du Zokuzōkyō (續藏經), supplément d’une version antérieure, n’ont pas été intégrés dans le Taishō.

Composition

L’ensemble comprend 100 volumes — chacun comptant environ un millier de pages — 3 360 œuvres[4] - [1] : 55 volumes pour les textes chinois et 30 volumes pour les textes composés au Japon, douze volumes d'iconographie et trois volumes pour l'index.

Volume Sutra Chinois Translittération Sanscrit Description
T01-0201/01/51阿含部āhán bùĀgamaAgama
T03-04152-219本緣部běnyuán bùJātakaVies du Bouddha
T05-08220-261般若部bōrě bùPrajñapāramitāTextes prajnaparamita
T09a262-277法華部fǎhuā bùSaddhammapundarikāTextes en rapport avec le Sutra du lotus
T09b-10278-309華嚴部huáyán bùAvataṁsakaTextes en rapport avec le Sutra Avatamsaka
T11-12a310-373寶積部bǎojī bùRatnakūṭaTextes Ratnakuta
T12b374-396涅槃部nièpán bùNirvāṇaTextes concernant le parinirvana
T13397-424大集部dàjí bùMahāsannipātaGrande collection
T14-17425-847經集部jīngjí bùSūtrasannipātaSutras divers
T18-21848-1420密教部mìjiào bùTantraTextes mikkyo
T22-241421-1504律部lǜ bùVinayaTextes du vinaya
T25-26a1505-1535釋經論部shìjīnglùn bùSūtravyākaraṇaTraités d'explications des canons
T26b-291536-1563毗曇部pítán bùAbhidharmaTextes d’analyse
T30a1564-1578中觀部類zhòngguān bùlèiMadhyamakaTextes madhyamika
T30b-321579-1627瑜伽部類yúgā bùlèiYogaTextes yogacara
T321628-1692論集部lùnjí bùŚāstraTraités
T33-391693-1803經疏部jīngshū bùSūtravibhāṣaÉclaircissements sur les sutras
T40a1804-1815律疏部lǜshū bùVinayavibhāṣaÉclaircissements sur le vinaya
T40b-44a1816-1850論疏部lùnshū bùŚāstravibhāṣaÉclaircissements sur les traités
T44b-481851-2025諸宗部zhūzōng bùSarvasamayaÉcoles
T49-522026-2120史傳部shǐzhuàn bùTextes historiques et biographiques
T53-54a2121-2136事彙部shìhuì bùMélanges
T54b2137-2144外教部wàijiào bùTextes non bouddhistes (littéralement, non religieux)
T552145-2184目錄部mùlù bùCatalogues
T85a2732-2864古逸部gǔyì bùTextes anciens
T85b2865-2920疑似部yísì bùTextes douteux
T86-97圖像部túxiàng bùIconographie
98-100昭和法寶總目錄zhāohé fǎbǎo zǒngmù lùIndex

Mise en ligne

Le Taishō est devenu la source essentielle des projets de mise en ligne des textes bouddhistes mahayana anciens. Celle-ci a démarré à la fin des années 1990 avec la création du SAT (abréviation de Samganikikrtam Taisotripitakam, « numérisation du Tripitaka Taishō » en sanscrit), coopération entre les universités japonaises et le JAIBS (Association japonaise d’Études indiennes et bouddhistes). Le travail, commencé en 1996, a été achevé en 2006.

Vers la même époque, différents organismes comme l’Academia Sinica mirent en ligne des textes du Tripitaka chinois, mais fragmentaires, assortis de limitations d’accès ou incompatibles avec certains systèmes. En 1998, Maître Heng-ching de l’université nationale de Taïwan et Maître Hui-min de l’institut national des Arts fondèrent l’Association chinoise de Textes bouddhiques en ligne (CBETA) dont le siège est à Taipei. Travaillant en coopération avec le SAT, elle se charge de la relecture, correction et lisibilité informatique des divers textes chinois déjà en ligne.

Notes et références

  1. (en) Paul Harrison, « Canon », dans Robert E. Buswell Jr. (Ed.), Encyclopedia of Buddhism, New York, Macmillan Reference, , 1000 p. (ISBN 978-0-028-65718-9), p. 111-115
  2. La majorité des textes du Canon mahayana sont en chinois classique ; il comprend aussi des textes hinayana dont les équivalents se retrouvent dans le Canon pali : Vinaya Pitaka, les quatre premiers nikayas, le Dhammapada, l’Itivuttaka et le Milindapanha, pour l’essentiel.
  3. (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, xxxii+1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3) p. 888
  4. Damien Keown, A Dictionary of Buddhism, Oxford, Oxford University Press, 2003, (ISBN 978-0-192-80062-6) p. 60.
  5. Endymion Porter Wilkinson, Chinese history, Cambridge (MA), Harvard University Press, coll. « Harvard-Yenching Institute Monograph Series », 2000, p. 578.

Voir aussi

Paul Demiéville, Hubert Durt et Anna Seidel (compil.) : Répertoire du canon bouddhique sino-japonais, édition de Taishō (Fasc. annexe du Hōbōgirin, éd. rév. et augm.), Paris, Adrien Maisonneuve / Tōkyō, Maison Franco-Japonaise, 1978.

Liens externes

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