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Swan Hennessy

Swan Hennessy, né le à Rockford dans l'Illinois et mort le à Paris[1], est un compositeur et pianiste américain d'origine irlandaise qui vécut à Paris une grande partie de sa vie[2].

Swan Hennessy
Description de l'image Swan Hennessy.png.
Nom de naissance Edward Swan Hennessy
Naissance
Rockford Drapeau des États-Unis États-Unis
DĂ©cès (Ă  62 ans)
7e arrondissement de Paris
Activité principale Compositeur
Style Musique classique
Tombe du compositeur Hennessy au cimetière du Montparnasse à Paris.

Biographie

Swan Hennessy est né à Rockford (Illinois) et a grandi à Chicago. Son père, Michael David Hennessy (1837-1919), né à Cork, fut président de la Chicago City Railway Company (Compagnie des tramways de Chicago), avant de devenir avocat en 1874. La mère de Hennessy, Sarah J. Swan (v. 1833-1880), était la fille de Joseph Rockwell Swan (en), juge à la Cour suprême des États-Unis et membre fondateur du Parti républicain. La famille s’installe à Chicago au plus tard en 1870, où Hennessy passa son enfance et son adolescence. Il n’existe pas de preuve de l’affirmation du Baker’s Dictionary selon laquelle il aurait étudié les « matières générales » (general subjects) à Oxford, mais il se peut qu’il ait brièvement fréquenté l’une des public schools (écoles privées) de cette ville avant d’aller suivre des études musicales en Allemagne, au Conservatoire de Stuttgart, de 1879 à 1986. Hennessy y étudia la composition dans une classe anglophone avec le professeur américain Percy Goetschius, ainsi que le piano avec Edmund Alwens[3].

Après avoir terminĂ© ses Ă©tudes, Hennessy s’installe Ă  Londres (1886-1892) oĂą il se marie, a deux enfants, puis divorce (1893). S’ensuivent dix annĂ©es de voyages, notamment en France, en Belgique, en Suisse et en Irlande, Hennessy Ă©tant alors basĂ© en Italie ; il s’installe Ă  Paris vers 1903[4]. En , Hennessy Ă©pouse Claire Przybyszewska (1883-1947), une Polonaise rencontrĂ©e Ă  Bruxelles, dont la mère Ă©tait cousine de l’écrivain symboliste StanisĹ‚aw Przybyszewski. Le fils du couple, Patrice Hennessy (1910-1973), devint plus tard un homme de lettres rĂ©putĂ©, expert de la RĂ©volution française.

Bien que n’étant pas breton, Hennessy rejoignit avant la Première Guerre mondiale l’éphémère Association des compositeurs bretons dont il continua de fréquenter les membres — dont Paul Le Flem, Paul Ladmirault, Maurice Duhamel, Louis Aubert, Louis Vuillemin, Lucien Haudebert — tout au long des années 1920. C’est principalement grâce à cette association que le public français put découvrir le nom d’Hennessy[5]. Au début des années 1920, Hennessy connut également une brève période où il fut joué en Irlande à plusieurs reprises, à la suite de la première exécution, en , de son Deuxième Quatuor à cordes, op. 49 (1920) au « Congrès mondial de la race irlandaise » à Paris[6]. Le quatuor est dédié à la mémoire du révolutionnaire irlandais Terence MacSwiney.

Hennessy meurt en 1929 d’une embolie consécutive à une opération de routine[7] ; le compositeur Georges Migot prononça l’éloge funèbre[8]. Hennessy et sa famille sont enterrés à Paris, au cimetière du Montparnasse, division 28, section III.

Musique

La musique de Swan Hennessy d’avant 1900 est fortement marquĂ©e par le caractère conservateur de son Ă©ducation et la prĂ©dilection de ses professeurs pour la musique de Robert Schumann. Au moment de son installation Ă  Paris, il Ă©tait Ă©galement admirateur de Max Reger. Bien que, postĂ©rieurement Ă  cette Ă©poque, sa musique montre l’influence de plusieurs courants stylistiques contemporains, il ne s’est jamais dĂ©parti de cette profonde empreinte des romantiques allemands. De 1907 Ă  1913, Hennessy se rapproche de plus en plus d’une manière impressionniste, avec une sĂ©rie abondante d’œuvres pour piano et de mĂ©lodies dans une veine descriptive et programmatique inspirĂ©e par les sons de son environnement, notamment la nature, le trafic ferroviaire et l’industrie. Il excelle Ă©galement dans les pièces humoristiques et satiriques, comparables Ă  celles de Satie, mais sans ĂŞtre redevables Ă  celui-ci. Un critique contemporain a pu Ă©crire de lui : « Il fut un humoriste d’une verve drue dont la drĂ´lerie Ă©tait faite Ă  la fois d’observation et d’invention, de fantaisie et de psychologie[9]. » Cependant, malgrĂ© une rĂ©ception favorable dans la presse musicale française et allemande, il ne rĂ©ussit pas au dĂ©but Ă  faire jouer sa musique.

Cette situation n’a Ă©voluĂ© qu’à partir de 1912, après son adhĂ©sion Ă  l’Association des compositeurs bretons, et l’intĂ©gration dans sa composition d’élĂ©ments de musique traditionnelle irlandaise, Ă©cossaise et bretonne. Interrompu par la Première Guerre mondiale (qu’il a passĂ©e en Suisse, près de Montreux), c’est surtout dans les annĂ©es 1920 qu’il dĂ©veloppe ses penchants celtiques. De nombreux morceaux de Hennessy dont les titres se terminent par des Ă©pithètes tels que « celtique », « gaĂ©lique » ou « irlandais » sont inspirĂ©s de mĂ©lodies ou de rythmes traditionnels ; il cite toutefois rarement des airs folkloriques rĂ©els. La plupart de ses Ĺ“uvres de musique de chambre, dont plusieurs duos, trios et quatuors, datent des annĂ©es 1920. Ces Ĺ“uvres lui valent la rĂ©putation de compositeur « celtique » au point que sa musique originale pour piano d’avant-guerre tombe dans l’oubli. Une nĂ©crologie française contemporaine l’appelle « le barde de l’Irlande » et lui attribue le mĂ©rite d’avoir sauvĂ© « l’ancienne mĂ©lodie celtique[9] ». Henry Woollett Ă©crit Ă©galement dans le Dictionnaire encyclopĂ©dique de la musique de chambre : « L'influence de la musique traditionnelle irlandaise et de ses modes spĂ©cifiques se ressent dans la plupart de ses Ĺ“uvres. »[10]

Hennessy était très critique envers l’avant-garde, en particulier Arnold Schönberg, et rédigea de nombreuses lettres et commentaires tant sarcastiques que pessimistes pour la presse musicale. Pour lui, une solution à ce qu’il percevait comme une crise musicale était de se tourner vers les traditions populaires régionales et de les intégrer dans les œuvres savantes. À partir de son installation à Paris, la musique d’Hennessy est principalement publiée par Eugène Demets puis, à partir de 1923, par Max Eschig (qui a repris le fonds Demets). Parmi les autres éditeurs, en particulier concernant ses premières œuvres, on trouve Augener (Londres) et Schott (Mayence).

Principales Ĺ“uvres

Musique de chambre

  • Lieder an den Mond. Romantische StĂĽcke, op. 10, pour violon, violoncelle, piano (Londres : Augener & Co., 1888)
  • Sonate en style irlandais, op. 14, pour violon et piano (Londres : Schott & Co., 1904 ; comme Sonate en Fa (style irlandais): Mayence : B. Schott's Söhne, 1905)
  • Premier Quatuor (Suite), op. 46 (Paris : E. Demets, 1913)
  • Deuxième Quatuor, op. 49 (Paris : E. Demets, 1920)
  • Rapsodie celtique, op. 50, pour violon et piano (Paris : E. Demets, 1915)
  • Petit trio celtique, op. 52, pour violon, alto, violoncelle (Paris : E. Demets, 1921)
  • Trio, op. 54, pour deux clarinettes et basson (Paris : E. Demets, 1921)
  • Variations sur un thème de six notes, op. 58, pour flute, violon, alto, violoncelle (Paris : Max Eschig & Cie, 1924)
  • Quatre Pièces celtiques, op. 59, pour cor anglais, violon, alto, violoncelle (Paris : Max Eschig & Cie, 1925)
  • Troisième Quatuor Ă  cordes, op. 61 (Paris : Max Eschig & Cie, 1926)
  • Sonatine celtique, op. 62, pour alto et piano (Paris : Max Eschig & Cie, 1924)
  • Rapsodie gaĂ©lique, op. 63, pour violoncelle et piano (Paris : Max Eschig & Cie, 1925)
  • SĂ©rĂ©nade, op. 65, pour quatuor Ă  cordes (Paris : Max Eschig & Cie, 1925)
  • Deux Morceaux, op. 68, pour alto saxophone et piano (Paris : Max Eschig & Cie, 1926)
  • Trio, op. 70, pour flute, violon, basson (Paris : Max Eschig & Cie, 1926)
  • Quatre Morceaux, op. 71, pour alto saxophone ou alto (op. 71 bis) et piano (Paris : Éditions Max Eschig, 1929)
  • Pièce celtique, op. 74, pour violoncelle ou basson et piano (Paris : Éditions Max Eschig, 1928)
  • Quatrième Quatuor Ă  cordes, op. 75 (Paris : Éditions Max Eschig, 1930)
  • Deuxième Sonatine, op. 80, pour violon et piano (Paris : PropriĂ©tĂ© de l'auteur, 1929)
  • Sonatine, op. 81, pour violoncelle et piano (Paris : PropriĂ©tĂ© de l'auteur, 1929)

Musique pour piano

  • Variations sur un thème original dans le style irlandais, op. 12 (Londres : Augener & Co. 1902 ; nouvelle Ă©dition comme Variations on an Original Theme in the Irish Style, Augener & Co., 1903)
  • Au bord de la forĂŞt, op. 21 (Paris : E. Demets, n.d. [1907])
  • Étude, op. 25 (Paris : E. Demets, 1907)
  • Nouvelles feuilles d'album, op. 27 (Paris : E. Demets, 1908)
  • Variations sur un air irlandais ancien, op. 28 (Mayence: B. Schott's Söhne, 1908)
  • Croquis de femmes, op. 33 (Paris : F. Durdilly, Ch. Hayet, successeur, 1911)
  • Petite suite sur les notes Mi Do Mi Fa Si Mi, op. 34 (Mayence : B. Schott's Söhne, 1911)
  • FĂŞtes. Deux Morceaux descriptifs, op. 36 (Mayence : B. Schott's Söhne, 1911)
  • En passant... (Études d’après nature), op. 40 (Paris : E. Demets, 1912)
  • Valses caprices, op. 41 (Paris : E. Demets, 1912)
  • Sonatine, op. 43 (Paris : E. Demets, 1912)
  • Sentes et chemins (Nouvelles Ă©tudes d'après nature), op. 44 (Paris : E. Demets, 1912)
  • Pièces celtiques, op. 45 (Paris : E. Demets, 1912)
  • Croquis parisiens, op. 47 (Paris : E. Demets, 1913)
  • Impressions humoristiques, op. 48 (Paris : E. Demets, 1913)
  • Sonatine celtique, op. 53 (Londres : Evans & Co. 1924)
  • Épigrammes d'un solitaire, op. 55 (Londres : Evans & Co., 1924)
  • Trois Pièces exotiques, op. 57 (Paris : E. Demets, 1922)
  • Étude de concert, op. 60 (Paris : Max Eschig & Cie, 1924)
  • Rapsodie irlandaise, op. 67 (Paris : Éditions Max Eschig, 1929)
  • Banlieues ... Six Petites pièces, op. 69 (Paris : Max Eschig & Cie, 1929)
  • Ă€ la manière de ..., 5 cahiers (Paris : Éditions Max Eschig, 1927-1928)

Chant et piano

Bibliographie

  • Henri Collet, « La Musique chez soi – XCVII. Ĺ’uvres de Swan Hennessy », ComĹ“dia, , p. 4, en ligne ici (consultĂ© le ).
  • Lucien Chevaillier, « Un Entretien avec Swan Hennessy », Le Guide du concert, , p. 791-793, en ligne ici (consultĂ© le ).
  • Guy Ferchault, « Hennessy, Swan », Die Musik in Geschichte und Gegenwart (MGG), 1re Ă©dition, Friedrich Blume (dir.), tome 6 (Kassel : Bärenreiter, 1957), col. 152-153.
  • Axel Klein, « An Irish-American in Paris : Swan Hennessy (1866-1929) », Journal of the Society for Musicology in Ireland, 13 (2017-2018), p. 47-78 ; en ligne ici (consultĂ© le ).
  • A. Klein, Bird of Time. The Music of Swan Hennessy (Mayence : Schott Music, 2019) ; (ISBN 978-3-95983-593-0) (Ă©dition reliĂ©e).
  • A. Klein: « "L'indĂ©pendance n'est pas le meilleur chemin vers la gloire". Une rĂ©trospective de Swan Hennessy », Euterpe no. 36 (avril 2021), p. 8-16.
  • A. Klein: « Swan Hennessy : Eine Suche nach der verlorenen Zeit », Piano News 26 (2022) no. 1 (janvier-fevrier), pp. 24-28.
  • Harry White: « 25 January 1922: Premiere of Swan Hennessy's Second String Quartet, Paris. Art Music and the Struggle for Independence », Darragh Gannon & Fearghal McGarry (dir.), Ireland 1922. Independence, Partition, Civil War, (Dublin : Royal Irish Academy, 2022), pp. 33-39.

Discographie

  • Quatre Pièces celtiques, op. 59, arrangement pour cor anglais et orgue, par Manfred Hoth (cor anglais) et Ulrich Leykam (orgue) : K&M Records, CD [sans date][11].
  • Trio, op. 54, pour deux clarinettes et basson, Trio d'Ance di Bolzano : Rainbow RW 98107, CD (1999).
  • Quatre Pièces celtiques, op. 59, arrangement pour cor anglais et orchestre de cordes, Rachel Tolmie (cor anglais), Bourbaki Ensemble : Wirripang Wirr 018, CD (2008).
  • Trio, op. 54, pour deux clarinettes et basson, Trio Pleyel : bremenradiohall records brh cd 1305, CD et tĂ©lĂ©chargement (2013).
  • Quatuors Ă  cordes (intĂ©grale), RTÉ ConTempo Quartet : RTÉ lyric fm CD 159, CD (2019). Avec Suite, op. 46 ; no 2, op. 49 ; no 3, op. 61 ; no 4, op. 75 ; SĂ©rĂ©nade, op. 65 ; Petit trio celtique, op. 52.
  • Ĺ’uvres choisis pour piano, par Moritz Ernst : Perfect Noise PN 2006, CD (2020). Avec : Au bord de la forĂŞt, op. 21 ; Croquis de femmes, op. 33 ; FĂŞtes, op. 36 ; En passant ... (Études d'aprĂ©s nature), op. 40 ; Valses caprices, op. 41; Sonatine, op. 43 ; Pièces celtiques, op. 45 ; Croquis parisiens, op. 47 ; Banlieues ..., op. 69 ; quatre sĂ©lections de Ă€ la manière de ...: Borodine, Chabrier, Debussy–Godard, Ravel.
  • Viola and Piano Works 1, par Marcin Murawski (alto) et Anna Starzec-Makandasis (piano), on Acte PrĂ©alable AP 490 (CD, 2020). Avec : Berceuse, op. 13 ; Au village, op. 22 ; Valses caprices, op. 41 ; Rapsodie celtique, op. 50 ; Sonatine celtique, op. 62 ; Deux Morceaux, op. 68 ; Pièce celtique, op. 74.

Notes et références

  1. « Archives numérisées d'état civil de Paris, 1929, 7e arr., acte de décès n° 1876, vue 19/31 » (consulté le )
  2. Axel Klein, Bird of Time. The Music of Swan Hennessy (Mayence : Schott Music, 2019).
  3. Klein, Bird of Time, p. 29-33.
  4. Klein, Bird of Time, p. 61.
  5. Klein, Bird of Time, p. 195.
  6. Klein, Bird of Time, chapitre 8, p. 249 sqq.
  7. Comœdia, 28 octobre 1929, p. 2, à lire en ligne (consulté le 23 avril 2020).
  8. Journal des débats politiques et littéraires, , p. 4, à lire en ligne (consulté le 23 avril 2020).
  9. L'Européen, 12 février 1930, p. 3, à lire en ligne (consulté le 23 avril 2020).
  10. Henry Woollett, «Hennessy, Swan» , dans Walter Willson Cobbett et Colin Mason, , vol. I : A–J, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, 803 p. (OCLC 43700186), p. 698.
  11. Voir Bielefelder Katalog : http://www.bielekat.info/index.php?action=showdetail&id=39451.

Liens externes

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