Susenyos d'Ăthiopie
Susenyos (nĂ© en 1572 et mort en 1632) - en langue guĂšze á±á”ááźá” (SĆ«sinyĆs) - fut Negusse Negest de l'Empire Ă©thiopien sous les noms de Seltan Sagad et Malak Sagad de 1604 Ă 1632.
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David II d'Ăthiopie (grand-pĂšre) |
Biographie
Il est le fils de gram Fasil, un petit-fils du roi (NegusĂ€ nĂ€gĂ€st) Lebna Dengel (1508-40) connu sous le nom de rĂšgne de Dawit II. Il doit lutter pour accĂ©der au trĂŽne en 1607. Enfant, il Ă©tait tombĂ© aux mains des Oromo, dont le chef, avant quâil soit repris, lâĂ©leva comme son propre fils. Adolescent, il Ă©chappa au sort habituel des princes candidats Ă la succession, enfermĂ©s dans le monastĂšre-forteresse de GuĂ©chĂ©n. Il accompagne le souverain Sarsa Dengel dans sa derniĂšre expĂ©dition, et sâenfuit Ă la mort de ce dernier quand les grands mettent sur le trĂŽne Yaqob, encore enfant, jugĂ© plus maniable. Il se rĂ©fugie alors chez les moines du Godjam et du Choa, puis chez les Oromo, qui lui fournissent ses premiĂšres armĂ©es. GrĂące Ă ces alliĂ©s, il soumet progressivement Choa et Bizamo, rançonne les gouverneurs musulmans, sâassure Oualaqa, le MerabiĂ©tiĂ© et lâIfat.
Pendant ce temps le jeune Yaqob supporte difficilement la tyrannie des nobles et entre en lutte avec eux. Il est déposé et exilé sous les prétextes de paganisme et de magie.
Za Dengel, intelligent et courageux, lui succĂšde. Mais comme il incline vers le catholicisme, lâAbuna PĂ©tros lâexcommunie, les grands le pourchassent et, malgrĂ© lâappui des soldats descendants des Portugais, lâEmpereur est laissĂ© pour mort sans sĂ©pulture sur le champ de bataille (1604).
Ă la mort de Za Dengel, Susneyos a assez dâappuis parmi les grands pour recevoir la couronne Ă Martula Maryam (dĂ©cembre 1604). Mais dâautres seigneurs rappellent Yaqob. Le plus puissant alliĂ© de Yaqob, Za-SellasiĂ©, est dĂ©fait et se soumet. Yaqob lui-mĂȘme est vaincu dans le Godjam. Susneyos Ă©tablit aussitĂŽt sa rĂ©sidence Ă GubaĂ©.
Susneyos est couronnĂ© Ă Aksoum en 1608. Il lutte contre les ennemis du dehors : il arrĂȘte la poussĂ©e des Oromo et amĂšne lâassimilation dâune partie dâentre eux. Il combat les Agaw et rĂ©prime la rĂ©volte du Falacha GĂ©dĂ©on. Il entre en guerre contre le royaume musulman des Foundj, au Soudan, par oĂč passe la route des caravanes du Sennar, qui rejoint le Nil. Il envoie comme prĂ©sent Ă BaĂądy, sultan des Foundj, entre autres cadeaux, des bracelets dâor, emblĂšme de vassalitĂ©. En retour, BaĂądy lui offre deux vieux chevaux aveugles et boiteux, ce qui provoque une sĂ©rie dâexpĂ©ditions punitives du nĂ©gus.
Susneyos et le catholicisme
En 1613, Susneyos est dĂ©cidĂ© de tenir la promesse quâil considĂšre que ses prĂ©dĂ©cesseurs ont fait de se rallier Ă lâĂglise de Rome lors de lâintervention portugaise de 1541. La mer Rouge Ă©tant impraticable, le pĂšre AntĂłnio Fernandes propose de gagner par voie de terre MĂ©linde, aux bouches du ZambĂšze, oĂč les Portugais ont des Ă©tablissements, soit quatre mille kilomĂštres. LâexpĂ©dition marche jusquâaux limites du Kaffa, mais doit faire demi-tour aprĂšs avoir atteint le cours du GuibiĂ©[1] et visitĂ© le roi du GingĂ©ro, perchĂ© sur une sorte dâobservatoire dâoĂč il procĂšde Ă des sortilĂšges.
MalgrĂ© lâĂ©chec de lâexpĂ©dition, malgrĂ© les opposants qui tentent de le faire excommunier publiquement par lâAbouna, Susneyos persiste et commence par interdire lâobservation du sabbat. Les grands dâĂthiopie se rallient en nombre Ă l'Ăglise catholique des JĂ©suites qui ont su rendre accessible la religion en lâexprimant dans la langue du peuple, qui font progresser lâarchitecture et la peinture sacrĂ©e. Lâaction politique des derniers mĂ©tropolites coptes et le relĂąchement de leurs mĆurs, qui sâopposent Ă la rigueur et Ă la science des JĂ©suites, achĂšve de les convaincre[2].
En 1621, Susneyos se confesse auprĂšs du pĂšre jĂ©suite Pedro PĂĄez, faisant ainsi profession de foi catholique. Puis, le , il fait proclamer la religion romaine Ă Aksoum oĂč le grand majordome lit lâĂ©dit impĂ©rial en prĂ©sence des grands, dont beaucoup sont dĂ©jĂ convertis[3].
Le patriarche Afonso Mendes, nommĂ© par le roi du Portugal (en vertu du principe de 'Padroado'), impose des mesures rigides et intransigeantes qui sont immĂ©diatement impopulaires : re-baptĂȘme des chrĂ©tiens Ă©thiopiens, re-consĂ©cration des Ă©glises dont les Arches (les tabot traditionnels), sont bannis. Il fait abandonner sans transition la liturgie traditionnelle en langue ge'ez pour la messe en latin que nul ne comprend, et renoncer au culte des saints Ă©thiopiens, dont parfois les restes sont dĂ©terrĂ©s et jetĂ©s hors des sanctuaires. Des sanctions terribles (langue coupĂ©e, bĂ»cher ou pendaison), frappent ceux qui se rebellent contre l'empereur, provoquant en retour une rĂ©volte gĂ©nĂ©rale. DĂšs 1621, Ras Sela-Christos, le plus catholique des grands, doit tailler en piĂšces une foule rebelle comprenant nombre de religieux.
En 1632, la rĂ©bellion contre la religion romaine imposĂ©e en 1621 devient guerre civile. Sous les ordres de MĂ©lkas-Christos, une armĂ©e, constituĂ©e surtout de montagnards du Lasta, marche contre les troupes impĂ©riales, qui connaissent dâabord un Ă©chec. Les soldats veulent bien sauver lâempire, mais refusent de dĂ©fendre la religion Ă©trangĂšre. Susneyos cĂšde, et les troupes impĂ©riales Ă©crasent les vingt-cinq mille rĂ©voltĂ©s Ă OuaĂŻna-Dega. La bataille fait huit mille victimes. Susneyos abdique alors en faveur de son fils Fasiladas le et rĂ©tablit la religion nationale. Il meurt le suivant.
Sources
- Paul B.Henze Histoire de l'Ăthiopie, l'Ćuvre du temps Traduction de Robert Wiren. Ăditeur: Moulin du Pont Paris (2004) (ISBN 2845865376).
- Hubert Jules Deschamps, (sous la direction). Histoire générale de l'Afrique noire de Madagascar et de ses archipels Tome I : Des origines à 1800. p. 411-412 P.U.F Paris (1970);
- Jean Doresse, Au pays de la reine de Saba : l'Ăthiopie, antique et moderne, A. Guillot, (lire en ligne)
Notes et références
- Un des principaux affluents de l'Omo.
- Jean Doresse, Histoire de l'Ăthiopie, Presses universitaires de France, (prĂ©sentation en ligne)
- Luigi Mezzadri, Paola Vismara Chiappa, Paola Vismara, La Chiesa tra Rinascimento e Illuminismo, Città Nuova, , 390 p. (ISBN 978-88-311-0340-4, présentation en ligne)
Liens externes
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